9 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. No 3622. 35me année. 7PEES, 16 Juin. Vous vous élèverez par les passions; mais vous périrez par elles! C'était en 1845 que M. Nolhomb adres sait ces prophétiques paroles aux chefs de l'opposition libérale. Depuis lors, les pré visions de ce grand homme d'État se sont réalisées de tout point. Le débordement des passions anti-gou vernementales porta au pouvoir le minis tère du 12 août. Mais aussitôt qu'installé, il lui fallut affaiblir sa conquête en excluant du parlement les fonctionnaires salariés par l'Etat. C'était en effet jeter sur les pou voirs publics une inévitable déconsidéra tion que de supposer capables de prévari cation et dignes de défiance ceux qui en étaient revêtus. Lorsque le libéralisme doctrinaire s'ap prêtait escalader les cimes du pouvoir, il sut s'élayer des passion® anti-relig-œiisp? machiavéliquement surexcitées par l'en tremise des clubs et des journaux sa dévotion; mais aussi, peine arrivé ses fins, on le vit traquer la charité chrétienne par une nouvelle et absurde interprétation des lois; on le vil sacrifier la liberté de l'enseignement l'intolérance haineuse du vollairianisme vainqueur. Ne le fallait-il pas pour correspondre aux exigences des démagogues ses patrons, qui réclamaient leur grosse part de butin? Dans le domaine des intérêts matériels, mêmes engagements d'abord, mêmes con cessions ensuite. Afin de se faire un nom, d'éblouir les sots, de se concilier les rêveurs de la nouvelle école, la politique nouvelle adopta imprudemment les creuses utopies de la liberté commerciale par l'abolition des droits protecteurs. Néanmoins se dé fiant sans doute de ce prétendu panacée, elle eut soin de l'appliquer d'abord aux produits agricoles; les campagnards ne jouissant, comme on sait, que de ses plus médiocres sympathies. L'expérience fut ruineuse pour nos fermiers; le blé russe, le bétail hollandais inondèrent nos marchés et avilirent considérablement la valeur des produits indigènes. Mais que faire? Les engagements contractés la veille et le jour même du 12 août étaient formels; il fallut bien que le cabinet s'exécutât. Alors ce fut le tour du commerce anversois de passer sous les fourches caudines du libre-échan ge; il protesta, mais rien n'y fit; et qui sait si les houilles et les fers, qui aujour d'hui encore dorment tranquillement l'abri de droits prohibitifs, n'y passeront pas bientôt comme le reste. Le ministère, quoi qu'il fasse, porte la peine de son origine. Les passions subver sives ont mis sa barque flots; il ne lui est guère possible de résister au roulis des vagues houleuses qui l'entraînent. A plus d'une reprise, il parut cependant recher cher des parages plus sûrs et plus calmes, et c'est ainsi qu'en 1848 il s'applaudit du concours des conservateurs. L'organe des républicains, la Nation le lui rappelle au jourd'hui sous forme d'avertissement: Le ministère, dit-elle, a commis de grandes fautes. Il faut qu'il reste son poste pour les réparer. Trop de conces- sions l'ennemi ont produit l'échec du 8. II faut que la victoire revienne com- plèle l'idée progressive, par une mar- che sans peur dans la voie abandonnée en 1848. Là est le salut, là est la revan- che, là est la réparation; là est, avec l'oubli du passé, l'honneur de l'avenir libéral. Ainsi l'ultimatum que pose la Nation est net et formel aujourd'hui que le libéralis me ministériel a perdu tout crédit; aujour d'hui qu'il est reconnu que les républicains seuls ont sauvé quoiqu'à grande peine le cabinet d'un désastre électoral complet; l'organe du parti révolutionnaire pose, comme condition de concours, la guerre outrance contre Popînion modérée! Ses vues il les développe au grand jour. Déjà l'issue des élections du 8, il ex primait le vœu que le parti encore maî- tre des affaires et de l'opinion osât mettre en œuvre dès demain la compression contre les libertés nationales et contre l'indépendance même du sol, dans le sens du progrès et pour le salut public, et, ajoutait-il, il aura rempli un de- voir réparateur du passé et sauveur de l'avenir. En conséquence le même journal engage le ministère imiter, dans l'instruction publique de l'Etat, l'égard du clergé l'exemple du Tessin et des spoliations du grand-conseil de ce canton. Il propose l'expulsion du prêtre de l'enseignement moyen et de l'enseignement primaire: dût l'enfance s'étioler désormais dans l'incré dulité. La Nation ne s'arrête pas en aussi bon chemin; elle propose encore la suppression du budjet des cultes c'est-à-dire, le retour pur et simple aux traditions hideu ses de 95, dont le salaire accordé par l'Etat certains membres du clergé avait en vue de réparer, quoique bien impar faitement, les spoliations commises au pré judice de l'Eglise. Le ministère prêtera-t-il l'oreille aux perfides suggestions du radicalisme? Mais s'il s'y refuse; alors il faut qu'il meure; car le concours de ces forcenés est bien sa dernière planche de salut. La situation est donc grave au dernier point; sous peine de forfaiture, tout bon citoyen, tout vrai patriote doit veiller ce qui se passe; le parti subversif s'apprête tenter un suprême effort, dût-il en conver tissant la Belgique en un foyer de désor dres, amonceler contre elle les justes dé fiances, et les puissantes animadversions de l'Europe conjurée sa perte! Après l'échec électoral que subit en 1845 le cabinet Nolbomb, cet homme d'Etat crut devoir se rélirer, bien qu'il conservât dans les deux chambres une imposante majo rité. Voici la classification actuelle de la Chambre des Représentants. Sous un ciel Sombre et menaçant sans cesse, la procession du S' Sacrement a fait Dimanche son parcours avec pompe, mais sans une goutte d'eau. Trois reposoirs at tendaient le religieux cortège aux endroits habituels, au tournant de la rue de Liège, la Grand'Place et devant S' Pierre. La superbe brigade de gendarmerie cheval ouvrait la marche. Plus loin on remarquait le brillant uniforme des artilleurs de la garde civique. Les élèves des deux collèges accompagnés de leurs professeurs et un grand nombre de bourgeois portaient des flambeaux. Presque toutes les fenêtres on remarquait des bougies et cierges allu més. Plusieurs musiques alternaient d'une manière harmonieuse avec les chants li- VÉRITÉ ET JUSTICE. On s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Grande Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre, Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un u° 25 c. Le Propagateur païaît le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. (Insertions 19 centimes la ligne.) Afin de mettre la suppression de ce budget en rapport avec la Constitution qui la consacre, la Nation imagine de voter une somme dérisoire de quelques mille fraucs. DÉPUTÉS MINISTÉRIELS-RÉPUBLICAINS. Rogier, Veydt, Loos, Verhaegeu, Orts, Anspach, Prévinaire, Cans, Thiefry, Debrouckere, Desien- bault, Mascart, Tremouroux, Devaux, Sinave, Peers, Vandenpeerebooin Debreyiie, Van Ise- ghem, VandenpeereboomAlphonse, Delfosse, Lesoine, Deliège, Frère, Destriveaux, Depiiteurs, Tesch, Pierre, d'Hoffschinidt, Moxbon, Debaillel- Lalour, Manilius, Marlens, Vaurernoortere, Van- horebeek, Lange, de Royer, Laubry, Deqnesne, Lehoo, Allard, Lebeau, d'Anirebande, Moreau, David, Closset, Lejeune, H. Debaillel. Total 48. DÉPUTÉS CONSERVATEUS INDÉPENDANTS. Vandenbranden deReetb, Cooinans, de Merode Wesierloo, de Man d'Aileorode, Landeloos, de Lacoste, de Woulers de Merode, Mercier, Boulez, Debaerne, Clep, Rndenbach, Duinortier, Lebailly de Tilleghem, De Meulenaere, Van Reoynghe, Malou, Verineire, De Deckere, de Denterghem, de TheuxVilain XU1I, Orban Thibaut, de Liederkerke, Monchenr, de Nayer, de Rnddere, Deporleinont, Magherman, Thienpont, Vander- doncke, Desmaisières, Jaussens, Vanoverloop, de T'Serclaes, de Secus, Brixhe, Descbamps, de Cbirnay, Faignart, Mathieu, Osy, Pirinez, Visart. Total 46. DÉPUTÉS LIBÉRAUX MODÉRÉS, NEUTRES ET ANTI-MINISTÉRIELS. A. Roussel, de Renesse, Julliot, Vangrotven, Jouret, Ch. Rousselle, Ansiau, Dumont, de Brou- wer de Hogendorp, Lelièvre, de Perceval, Dele- hay, Kind de Nayer, Jacques. Total i4.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1852 | | pagina 1