les trottoirs de cette vaste rue pour adorer la Sainte-
Hostie.
Nous empruntons k la Gazette des Hôpi
taux quelques de'tails sur les inconvéniens de la
fabrication des préparations de plomb: Il est
entré dans les hôpitaux de Paris, pendant les dix
années 1838 k 1847, 5,i42 individus atteints de
maladies dites saturninesparmi lesquels 11 2 ont
succombé. Ce serait donc une movenne annuelle de
3j4 malades et de 11 morts. Mais cette moyenne
est évidemment inférieure la moyenne réelle. On
peut, en prenant une évaluation très-modérée,
porter 4oo le nombre des malades traités dans
les hôpitaux de Paris pour des maladies saturnines,
et h 1 5 le nombre des morts. Les trois cinquièmes
des malades inscrits sur les états de l'administra
tion sont des ouvriers occupés dans les fabriques de
céruse et de minium; les deux autres cinquièmes
sont des ouvriers qui emploient ces produits (pein
tres, broyeurs, fabricants de cartes dites porce
laine, etc.)
Ces chiffres, ajoutés k ceux que fournit la
statistique des fabriques de province, conduisent k
un total de plus de 2,000 malades et d'environ 80
décès. Si la fabrication de la céruse pouvait être
supprimée, l'absence des maux qu'elle produit al
légerait d'autaut les charges de la charité publique
et privée; les hôpitaux de Paris, en particulier,
économiseraient annuellement 16 a 17,000 jour
nées de malades, et les hospices seraient dégrevés
d'un certain nombre de ces malheureux incurables
pour lesquels, ou le sait, nos établissements hospi
taliers soot loin d'être suffisants. Tel est le triste
état des choses que ferait disparaître la suppression
des fabriques de céruse.
On lit dans VAlliance de Nantes
M. Janvier de la Motte, président du tribunal
civil de Nantes, a donné k l'administration exté
rieure de la justice, une dignité de détails k laquelle
nous étions déshabitués.
Ainsi les longues barbes des avocats et des
avoués ont été coupées;
Les juges, organes du ministère public, avo
cats, avoués, greffiers, huissiers, etc., doivent
porter le pantalon noir et la cravate blanche;
Les avoués ne peuvent pas quitter la barre,
durant la plaidoierie des avocats qui les assistent.
Ces réformes, dont les unes ne peuvent
qu'ajouter k la majesté de la justice, et dont la
dernière est inspirée par un sentiment exact des
devoirs, ont été très favorablement accueillies de
tous les membres du tribunal du barreau et des
autres intéressés.
Une lettre de Tulle apprend que, le 7 au soir
un déplorable événement est arrivé k Beaulieu. Le
pont suspendu nouvellement construit dans cette
localité, sur la Dordogne, s'est écroulé sous la pres
sion de l'épreuve imposée par le cahier des charges
aux concessionnaires.
L'arche du milieu aurait fléchi, dit-on, k cause
de la mobilité du terrain de l'île sur laquelle elle
était établie. Les matériaux de la pile auraient,
ajoute-t-on, enseveli une femme qui se trouvait Ik
par hasard. C'est la seule victime de ce déplorable
accident. Le pont était chargé depuis la veille. Cette
opération avait eu lieu en présence du préfet et
des ingénieurs.
Le Moniteur du Loiret rapporte le fait
suivant
Lundi dernier, une honnête famille d'ouvriers
était reunie dans une chambre rue Drufin, quar
tier S'-Laurent; il s'agissait d'un mariage projeté,
et après etre tombé d'accord sur la question d'in
térêt, on couvint que les deux fiaDcés iraient le len
demain matin k la mairie pour faire afficher leur
ban. Quelques minutes k peine venaient de s'écou
ler, le jeune homme chancelle et tombe de sa chaise
k la renverse. La joie se change bientôt en larmes,
le pauvre jeune homme venait de succomber k une
attaque d'appoplexie foudroyante.
Adolphe Rousseau, c'est le nom de cet infor
tuné, était un excellent ouvrier qui sera regretté
de tous ses camarades et de tous ceux qui l'ont
connu.
Il y aura deux pleines lunes pendant le mois
de juillet prochain, le 1" et Ie5i. Cette circon
stance ne s'était pas rencoutrée depuis l'année
1776 il y eut, cette année-là, pleine lune le 1"
et le 5o.
Le préfet de police vient de rendre l'or-
dounance suivante
Considérant que de nombreux inconvénients
et de graves dangers peuvent résulter de l'inexécu
tion des règlements sur la police des chiens, et qu'il
y a lieu d'en rappeler les dispositions au public;
Vu les arrêtés du gouvernement des 12 mes
sidor an 8 et 3 brumaire an 9;
Ordonnons ce qui suit
Les dispositions de l'ordonnance de police du
27 mai i845, concernant les chiens et les boules
dogues, seront de nouveau imprimées et affichées
dans Paris et dans les communes du ressort de la
préfecture de police, ainsi que l'avis du conseil de
salubrité annexé k ladite ordonnance.
Suivent les 12 articles de cette sage ordonnance
qui interdit aux boules dogues la sortie de l'attache
et qui oblige tous les propriétaires de chiens de ra
ces moins dangereuses et de ne les laisser sortir que
munis d'un collier portant le nom du propriétaire,
muselés et tenu en laisse.
Cette ordonnance est elle-même suivie de l'ex
cellente instruction du conseil de salubrité pour le
cas de morsure d'un animal soupçonné d'être en
ragé.
Nous trouvons dans le Messager du Midi
du 10, des détails affligeans sur les désastres qui
viennent d'affliger ces contrées:
Mardi, dit ce journal, en plein mois de juin,
quand ordinairement un soleil brûlaut dessèche nos
campagnes et tarit nos sources, les nuages se sont
amoucelés au-dessus de notre ville, le ciel a ouvert
ses catarastes, et le fléau de l'inondation, presque
inconnu dans nos contrées, est venu les ravager.
Grossi subitement, le Les a débordé sur ses
rives, qu'il a ravagées par la rapidité inouïe de ses
eaux, élevées en moins d'une demi heure k cinq
mètres au-dessus de leur niveau ordinaire.
Un pareil débordement n'avait pas eu lieu
depuis le mois de septembre 1810. Nous ignorons
encore toute l'étendue des pertes qu'il a causées;
toutefois, nous avons été a même d'en apprécier
une partie, depuis le moulin de Sauret jusqu'au
port Juvénal. Ces pertes sont malheureusement
très considérables.
L'établissement des bains tenu par M. Louis
a été entièrement détruit, sauf la maison d'habita
tion. Les fonds de bois, les bateaux pour bains de
dames, la passerelle en planches, les canots de
promenade ont été emportés vers la mer, brisés
par le choc, sans qu'il ait été possible de s'opposer
k l'entraînement qui les a arrachés du rivage.
Au port Juvénal, les désastres ont été plus
grands encore. Un des hangars de l'entrepôt du
port, qui contenait 4oo sacs de farine, a été envahi
par le torrent, qui les a balayés en partie, de même
que 60 a 80 tonneaux de vin, récemment débarqués
sur le bord. Les arbres, les moissons, les vignes
situées sur la rive gauche du Lez, ont été broyés en
quelques instaus, et sans le courage de MM. Au
guste Pagès, employé k la mairie de Montpellier,
etGalot, ouvrier maçon, quatre femmes et un en
fant auraient péri, noyées dans une des chambres
du premier étage d'une maison où elles avaient
cherché un abri contre les dangers qui les rnena-
caieut.
MM. Anguste Pagès et Galot travaillaient
déjà depuis une demi-heure sur le toit d'une petite
construction k moitié submergée, au moyen d'un
trou pratiqué dans les combles, k enlever une quan
tité considérable de linge qui y avait été déposé par
les blanchisseuses, lorsque des cris de détresse ont
appelé leur attention sur un autre point du théâtre
du sinistre.
C'étaient la veuve Bonnier, ses deux filles,
une autre femme et son enfant, que menaçait l'eau
sans cesse croissante, qui s'élevait déjà jusqu'à leur
ceinture. La malheureuse mère appelait au secours
avec des cris d'angoisses, en élevant son enfant au-
dessus de sa tête.
La foule qui se pressait dans les chantiers
voisins frémissait de leurs dangers, sans que per
sonne dans cette foule avisât au moyen de les
secourir, lorsque, bravant le péril, les deux coura
geux citoyens dont nous avons cité les noms se sont
élancés vers la maison envahie par le débordement,
et ont été assez heureux pour sauver, l'un après
l'autre, d'une mort certaine, les quatre femmes et
le petit enfant.
Le chiffre des dommages éprouvés par les di
vers propriétaires et négocians au port Juvénal est
très considérable: il l'aurait été bien davantage
sans le zèle déployé par les autorités militaires et
municipales, qui se sont multipliées sur tous les
points avec un empressement au dessus de tout
éloge, sans le courage et le travail des braves sol
dats de l'artillerie et du génie, du 5e léger et de
quelques ouvriers.
A Cette, les ravages occasionnés par l'orage de
cette journée n'ont pas été moins grands qu'à
Montpellier.
Un douanier a été tué par la foudre k deux heu
res du matin. A midi, un pêcheur génois assis sur
son bateau dans le voisinage du chemin a été tué
de la même manière.
A Lune), la grêle et la pluie out causé les plus
grands dommages.
Pendant que ces faits désastreux se produisent
dans le Midi de la France, le Nord se plaint avec
raison des pluies torrentielles qui l'affligent k cette
époque ordinairement favorisée par de beaux jours.
PARIS, le ta Juin.
Nous avons annoncé que le Conseil d'Étal devait
statuer samedi sur le conflit élevé dans l'affaire des
biens de la famille d'Orléans.
Par suite d'une indisposition de M. Léon Cor-
nudet, conseiller d'État, rapporteur, l'affaire a été
ajournée mardi prochain.
On annonce de nouveau que le gouverne
ment s'occupe d'un projet de loi ayant pour objet
de déclarer la liberté du commerce de la boucherie.
Le jugement qui condamnait M. le vicomte
d'Arlincourt k 800 fr. d'amende sur la plainte du
prince de Canino, et l'occasion de l'ouvrage in
titulé VItalie rouge, ayant été réformé, le prince
a en recours k la voie civile et a réclamé 20,000 fr.
de dommages intérêts. M. Chaix d'Est-Ange, pour
le prince de Canino, et M. Lachaud pour le vicomte
d'Arlincourt, ont plaidé pendant deux audiences.
Le ministère public a conclue en faveur de la ré
clamation. Le jugement de la première chambre
sera prononcé k huitaine.
Les découvertes aurifères augmentent cha
que jour. Des nouvelles récentes de la République
de l'Ëquateur nous apprennent que la rivière du
Napo et ses afflueuls le Curaray, le Guarico et le
Coca venaient d'être explorées avec soin et qu'on
y avait constaté la présence de sables aurifères
abondants. Le Napo qui, après un cours assez long
se jette dans l'Amazone, prend sa source dans la
chaîne des Andes La province qu'il arrose touche
k la Guyane brésilienne et est voisine de la Guyane
française. Ces circonstances méritent d'être signa-