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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3627
35me année.
TFFlES, 3 Juillet.
Qui ne se rappelle les lamentations, les
menaces et les injures qu'exhalaient nos
libérâtres Yprois, alors qu'en 1846 le gé
néral Prisse, ministre de la guerre, s'avisa
d'affaiblir notre garnison de cavalerie. Un
détachement d'artillerie montée remplaça
les deux escadrons et le dépôt d'un régi
ment de cavalerie, et un corps nombreux
de fantassins avec état-major et dépôt tint
garnison dans nos murs. Ce n'était pas
assez aux yeux du parti libéraliste; puis-
qu'à cette époque on visait exclure de la
Chambre M. Jules Malou, alors ministre
des finances. II parut donc de bonne guerre
nos meneurs de jelter les hauts cris dans
les journaux et les estaminets, au sein des
clubs et des réunions particulières. Déci-
demment M. Malou était la cause de tout
le mal M. Malou avait juré la ruine de sa 1
ville natale, par l'entremise de son collè
gue de la guerre.
Enfin, la politique nouvelle s'est instal
lée au timon des affaires; la politique qui
se vantait d'enrichir tout le monde; et pour
surcroit de bonheur, un des membres les
plus influents du cabinet se trouve être
l'ami de cœur d'un de nos représentants,
ainsi que celui-ci le déclarait dans une cir
constance récente. Cependant qu'y a gagné
notre ville en fait de garnison? L'école
d'équitalion, dont on a fait sonner si haut
les avantages, se trouve toujours sous la
menace d'une suppression prochaine; tan
dis que le nombreux corps d'infanterie en
garnison dans nos murs, d'abord considé
rablement affaibli, ne cousisLe plus depuis
quelques mois qu'en une poignée de sol
dats. Entre-temps on vide l'arsenal, on
embarque canons et boulets, et sans doute
l'un de ces jours la demie-batterie d'artil
lerie de siège, désormais inutile dans une
ville démantelée, recevra l'ordre de plier
bagage.
Le motif de tout ceci nous semble bien
facile saisir. Aux termes du traité de paix
des 24 articles, les fortifications de Menin
doivent être démolies. Mais le ministère
viserait imposer en échange ce sacrifice
la ville d'Ypres, dont les travaux de
fortification sont moins complets et exigent
pour leur défense un corps plus nombreux
de troupes. Peut-être encore est-ce un sys
tème chez lui de masser les forces militai
res du pays dans les grands centres de
population. Quoiqu'il en soit de cette dou
ble probabilité, le désarmement d'une ville
aussi richement pourvue de munitions de
guerre, indique ne pouvoir s'y mépren
dre le projet indubitable de la démanteler.
En cet état Ypres, malgré ses superbes
casernes, ses bâtiments militaires de toute
sorte, ses plaines d'exercices, etc., n'aura
guère plus de droits une garnison que
Courtray, Fumes ou Poperinghe.
Il faut bien le reconnaître, le dévoue
ment sympatique que notre conseil com
munal a voué au ministère, ne porte pas
bonheur ses administrés.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DR L'ABONNEMENT, par trimestre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° 25 c.
Le Propagateur païaît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine. (Insertions 11 cent*-m es la ligne.)
M. Van Houte, prêtre au se'minaire, est nommé
vicaire a Westvleteren.
D'après un recueil complet sur la législation
des travaux publics en Belgique par M. Labye,
sous-ingénieur Liège, notre pays compte mille
lieues métriques de route, 325 lieues de voies na
vigables, 110 lieues de chemin de fer et 25,ooo
lieues de chemins et sentiers communaux dont 600
sont pavés ou empierrés.
On nous assure que M. le général-major
E.-J.-V. Crossée, commandant la province du
Hainaut, est appelé au commandement d'une bri
gade au camp de Beverloo.
On lit dans la Feuille de Tournai: Parti
de Lille lundi, vers 4 heures et demie après-midi,
le ballon de M. Descbanips qu'accompagnaient plu
sieurs intrépides voyageurs, est venu planer sur
Tournai pendant quelque temps, la grande sa
tisfaction d'une foule de curieux qui s'étaient
rendus sur les remparts pour admirer l'aérostat.
Poussé par le vent d'ouest, le ballon s'est ensuite
dirigé vers le canton de Leuze et, six heures et
demie, M. Deschamps et ses compagnons opéraient
leur descente sur le territoire de la commune de
Moustier. A sept heures et demie ils étaient a
Leuze et, profitant du chemin de fer, ils entraient
10 heures dans la station de Lille, après un
voyage des plus agréables.
Avant hier matin, vers dix heures, le popu
leux quartier situé entre la rue royale et la rue de
Louvain,à Bruxelles, a été mis en émoi par la nou
velle d'un affreux et douloureux accident. Uu pi-
queur du Roi, le sieur Dingelhoof, dit Gérard,
était monté sur le siège d'une voiture de service de
la cour, conduite par le nommé Fessin. Arrivés h
la hauteur de la rue de la Batterie, sur le boule
vard de l'Observatoire, leur cheval s'emporta et,
tournant trop court pour passer de la voie latérale
a la chaussée du milieu, se jelta dans les arbres
d'un allée. Une des roues de derrière accrocha l'un
des arbres: le choc fut d'une telle violence, que
Gérard et Fessin furent lancés hors de la voiture.
Celui-ci fut relevé ayaul le visage horriblement
meurtri et la mâchoire eu partie fracassée. Il n'a
vait pas pourtant perdu couuaissance. Le piqueur
du Roi fut plus cruellement blessé. Il a une forte
blessure au frout et sur le reste de la face, et, ce
qui n'est pas moins grave, plusieurs cotes et une
épaule fracturées. Les deux blessés sont dans uu
état inquiétant.
Une lettre de Rome du 24 juin, adressée au
Journal des Débats, annonce que le Pape est
souffrant; cependant rien n'est changé dans ses
occupations habituelles.
Des nouvelles de la capitale du monde chré
tien, reçues aujourd'hui Bruxelles et venant de
la meilleure souice, parlent tl'un bruit semblable
qui avait circulé dans un cercle de Rome sur de
fausses informations; elles disent que pas la moin
dre altération ne s'est manifestée daus la santé de
Pie IX dont les forces physiques lui font supporter
sans gêne les travaux multipliés de la Papauté.
Journal de Bruxelles.)
La Russie comptait en i85o 71 salles d'a
sile et 36 procuratelles provinciales, en tout 107.
Aujourd'hui elle a plus de deux cents de ces éta
blissements. En i85o, 54 de ces établissements
avaient leurs maisons en tonte propiiété et possé
daient un capital de 2,080,000 fr.
On lit dans le Tipperary- Findicalor
Il est arrivé mardi dernier, dans l'église ca
tholique de Nenaghun incident dont tout le
monde parle et qui parait incontestable. Une pau
vre femme, Marguerite Clifford, pleine de piété
et aveugle depuis six ans, a recouvré la vue en
présence de tous les assistans. Il y avait dans cette
église un beau tableau de la Vierge, qui devait être
mis en loterie au profit des Sœurs de la Merci. Con
duite devant ce tableau, elle se mit genoux, puis
se relevant au bout de quelques secondes, elle s'é
cria que Dieu, par l'intercession de sa Sainte Mère,
avait daigné lui rendre lu vue. Ce fait est étrange
mais tons ceux qui connaissent Marguerite Clif
ford y ajoutent une foi entière.
FRANCE. Paris, 50 Juin.
Plusieurs journaux ont parlé d'un concile qui doit avoir
lieu Paris dans le courant de l'année. Rien n'est encore dé
cidé cet égard.
On dit que l'affaire relativement au testament et la
mort du duc de Bourboudont on parle depuis si longtemps,
el qui a été flétrie par les légitimistes sérieux, va paraître sous
une nouvelle face; on parle du séquestre qni serait mis pro
chainement sur les biens du duc d'Aumale, jusqu'à ce que les
clauses du testament législativement annulées, soient exé
cutées Le Times annonce ce fait comme accompli, et comme
devant être suivi prochainement de la mise en vente d'une
certaine partie, jusqu'à concurrence de 100,000 francs, appli
cables l'établissement d'Ecouen il prétend même que celte
vente serait faite le 5 juiltet prochain. Correspgénérale.)
Les lettres arrivées Marseille par le Caradacanuon-
ceut que la Chambre des Députés de Corfou a été entièrement
délutuile par uu incendie. Ou ne sait encore si l'on doit attri
buer ce désastre la malveillance.
Le bruit s'est répandu Paris qu'un complot venait
d'être découvert. Vingt-cinq individus, surpris en flagraut
délit de fabrication de poudre et de munitions de guerre, ont
été arrêtés par les soins de la police. On assurequeoes individus
sont des affiliés des anciennes sociétés secrètes et que quelques-
uns d'entre eux sont arrivés récemment de Londres.
La Gazette du Midi contient les observations suivantes sur
le repos du dimanche:
L'observation géuérale des jours consacrés par la religion
peut désormais être considérée en France comme une simple
question de temps. Elle est dans tous les esprits; des actes
collectifs auxquels ont pris part des corporations tout entières
l'ont déjà réalisée sur plusieurs poiuts de la France, et le
moment u'est pas loiu où ceux qui s'opouiâtreraient rester
en dehors de la règle finiront par rougir d'uu isolement qui
ne sera pas même compensé par uu bénéfice suffisant. Celte
vérité est si bien lecounue, que beaucoup de marchands sont
décidés fermer leurs magasins le dimanche, sans attendre
qu'il y ait unanimité parmi leurs confrères pour celte réso
lution.
Nous pourrions citer plusieurs maisons dont le genre de
commerce est peiil-êlre celui qui expose le plus la tentation
de vendre pendant les jours de fêtes, c'est-à-dire les marchands
d'habits confectionnés. Déjà, il y a quelque temps, le plus
grand nombre d'entre eux s'étaient mis d'accord pour ne plus
ouvrir leurs magasins pendaut les jours fériés et, ne pouvant
obtenir l'assentiment universel, ils obtinrent du moius la clô
ture pour l'après-midi. Aujourd'hui quelques-uns d'entré eux
vont droit au but et sout tésolus faire leur devoir, advienne
que pouria.
h Nous 11e saurions donner trop d'éloges cette résolution,
et nous aimons croire qu'ils aurout tout lieu de s'eu ap
plaudir. Il est bien raie que l'on gague quelque chose se
heurter la conscience publique; or, daus ce tnomeut, la
conscience publique est toute l'observation des fêles chré
tiennes; "l'aspect des magasius ouverts blesse au lieu d'attirer,
et tôt ou tard le gouvernement comprendra que laisser forcer
au travailpar la peur de la concurrence, des citoyens qui ne