JOURNAL D'YFRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. N» 3631. Samedi, 17 Juillet 1852. 35me année. Un des premiers actes de la politique nouvelle fut d'introduire un cens électoral uniforme pour les villes et pour les cam pagnes aux comices parlementaires. Ce fut en vain qu'on lui objecta les traditions du congrès; en vain invoqua-t-on l'esprit qui animait les fondateurs de l'indépendance Belge, dont la loi en vigueur était l'œuvre et par conséquent devait rendre plus fidè lement la pensée. Mais la politique nou velle ne comprit jamais le congrès national et ne sut pas se dégager des fatales étrein tes de ce trop fameux congrès libéral, où l'on vit une minorité factieuse se substituer effrontément avec ses calculs de vanité et d'ambition, son égoïsme, son intolérance atout un peu pie avec ses droits, ses besoins, ses traditions. Les partisans du cens différentiel disaient encore, et avec raison, que le nombre de représentants devant être proportionnel la population, il est parfaitement juste que nos trois millions d'habitants des campa gnes, qui forment les trois quarts de la population du pays, fournissent une quote- part proportionnelle au corps électoral. En effet les trois quarts de la représenta tion nationale tenant leur raison d'être (qu'on nous passe le mol) du chiffre élevé de la population des campagnes, il serait absurde évidemment que les électeurs ur bains étendissent leur part d'influence jus- ques sur la nomination des mandataires naturels des classes agricoles. Mais le libéralisme qui se soucie fort peu des populations rurales, se rétranche derrière une prétendue égalité devant la loi, qui en définitive consacre une inégalité flagrante de prérogatives et de faveurs; le libéralisme confond le droit la représen tation avec la richesse, et tend convertir nos institutions si libérales (dans le vrai sens du mot) en une oligarchie financière et bourgeoise. Toutefois si ce parti tient se montrer conséquent avec lui-même et s'il est de bonne foi dans son erreur rien n'empêche qu'il ne s'entende aujourd'hui avec nous sur un terrain commun. 11 est évident en effet que les électeurs des cam pagnes contraints souvent, s'ils tiennent exercer leurs droits, une absence de toute une journée, des débours toujours onéreux, souvent même exposés dans cer tains centres d'arrondissement des ava nies et la malveillance d'agents stipendiés par l'émeute, il est évident, disons-nous, que les électeurs campagnards sont loin de jouir des mêmes faveurs que les élec teurs urbains, qui demeurant proximité du bureau électoral n'ont pour exercer leur droit essuyer aucun des inconvé nients que nous signalons. Afin de remédier cette inégalité cho quante de faveurs et de prérogatives, il serait donc utile de multiplier par tout l'arrondissement les bureaux sécondaires, de les dessirainer de distance en distance, ou tout au moins d'en établir dans chaque chef-lieu de canton. La dépouillement de tous ces votes réunis s$ffectuerait comme présentement au chef-lieu de district. C'est en ce sens que se trouve conçue la propo sition qu'un conseiller provincial d'Anvers, M. Bris, a soumis récemment au conseil de cette province. Un autre membre de cette assemblée, M. Keysers, propose de son côté l'érection d'autant de collèges électoraux séparés qu'il y a de députés élire; chacun de ces collèges renfermant (au terme de la Con stitution) une population d'environ les 40,000 âmes. Par ce moyen l'on ne verrait plus dans certains arrondissements une seule ville imposer aux campagnes plus populeuses, mais moins favorisées en cen sitaires, la liste complète de ses candidats; et ces dernières localités n'en seraient pas réduites voir invariablement leurs inté rêts les plus chers et les plus vivaces la merci de quelques meneurs d'un club ur bain. Rien assurément de plus juste et rai sonnable que ces diverses propositions. Elles doivent sourire également aux vues de ceux qui se posent en partisans de l'éga lité devant la loi, aussi bien que de qui conque a cœur la défense des intérêts agricoles. iNous ne doutons pas qu'elles ne soient destinées recueillir de puissantes sympathies au sein d'une nation éminem ment logique et équitable. La température excessive qui sévit en ce moment donne un certain intérêt d'ac tualité la liste suivante de toutes les années citées depuis onze siècles par les historiens comme ayant éprouvé des cha leurs extraordinaires. En 738, les chaleurs de l'été furent si grandes en France et en Europe, que la plupart des sources tarirent et que des mil liers de personnes moururent dans les tourments de la soif. En 879, les moissonneurs qui se hasar daient sortir dans le milieu du jour tom baient morts dans les champs. En 990 et 994 les moissons furent tota lement brûlées. Une affreuse famine s'en suivit. En l'an 1000, de fameuse mémoire, tou tes les rivières et les sources furent des séchées en Allemagne. Le poisson mourut, se putréfia et donna lieu une épidémie. Au dire des populations crédules, le feu devait être l'agent de la destruction du monde. En 1022, un nombre incalculable d'hom mes et d'animaux moururent de chaleur. En 1132, la terre se fendait, les rivières et les sources disparurent en Alsace. Le Rhin fut sec. En 1152, plusieurs œufs furent cuits dans le sable. En 1160, la bataille de Bela, un grand nombre de soldats moururent de chaleur. En 1276 et 1277, en France, manque absolu de fourrage par suite des chaleurs. En 1303 et en 1304, la Seine, la Loire, le Rhin et le Danube furent traversés pied sec. En 1393 et en 1394, les animaux tom baient morts de tous côtés, les récoltes furent grillées. En 1440 grandes chaleurs. Pendant quatre années successives, en 1538, 1539, 1540 et 1541, chaleurs exces sives qui tarirent presque entièrement nos rivières. En 1556, grande sécheresse dans toute l'Europe. En 1615 et 1616, chaleurs accablantes en France, en Italie et dans les Pays-Bas. En 1646, on compta successivement cin quante-huit jours de chaleurs excessives. En 1678 chaleurs très fortes. La première année du dix huitième siè cle et les deux suivantes furent excessive ment chaudes. En 1718, il ne plut pas une seule fois du mois d'avril au mois d'octobre; les ré colles furent brûlées; les rivières se dessé chèrent, et les théâtres durent fermer par ordonnance du lieutenant de police; les thermomètres marquèrent 36 degrés réau- mur. Dans les jardins susceptibles d'être arrosés, les arbres fruitiers fleurirent deux fois. En 1723 et 1724, les chaleurs furent ex trêmes. En 1746, été très chaud et très sec qui grilla les récolles. Pendant plusieurs mois, il ne tomba pas d'eau. En 1748,1754, 1760, 1767, 1788, les chaleurs furent excessives. En 1811, année de la célèbre comète, l'été fut très chaud et le vin délicieux, mê me Suresnes. En 1818, pendant près d'un mois, les théâtres restèrent fermés. Le maximum de chaleur atteignit 35 degrés. En 1830, pendant qu'on se battait les 27, 28 et 29 juillet, les thermomètres mar quaient 36° centigrades. En 1852, pendant le combat des 5 et 6 juin, te thermomètre atteignit 55°. En 1835, chaleurs accablantes, le ther momètre marqua 54° centigrades. La Seine fut presque sec. En 1850, au mois de juin, lors de la se conde apparition du choléra, le thermo mètre s'éleva 34° centigrades. On s'abonue Y près, rue de Lille, 10, près la Grande Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre, Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Uu n° 25 c. Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaiue. (Insertions 19 centimes la ligne.) 7PF.ES, 17 Juillet. -..T.i-fe-g-qr r ÉTÉS CÉLÉBRÉS. mm i» VÉH1TÉ ET JUSTICE.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1852 | | pagina 1