JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N° 3648.
Mercredi, 15 Septembre 1852.
36me année.
Depuis cette époque néfaste, où le minis
tère soi-disant libéral qu'enfantèrent les
loges et les sociétés secrètes eut déployé
son drapeau révolutionnaire et révélé ses
tendances absurdes en matière d'éducation
publique, nous ne cessâmes d'élever la
voix contre les abus et les funestes consé
quences qu'un enseignement matérialiste
doit nécessairement produire. Soucieux
des intérêts et du bonheur commun de la
patrie, nous vîmes dès lors grandir nos
craintes, dans une proportion effrayante,
et pour nous acquitter du devoir que nous
impose la tâche pénible d'écrivains con
sciencieux et indépendants nous nous trou
vons dans la triste nécessité de redoubler
nos cris de douleur et d'alarme.
Tout le monde qui pense et qui raisonne
voit ce qui se passe autour de nous, au
sein de la catholique et sage Belgique. Le
principe catholique, cet élément de vie,
de force et de stabilité publiques, ce gage
essentiel et assuré du bien-être des familles
comme des individus est battu furieuse
ment en brèche. Argent, promesses, mena
ces, intrigues, manœuvres de toute sorte,
rien n'est épargné de la part du cabinet
Rogier-Frère et de ses acolytes, afin de
discréditer et de ruiner les institutions
dédiées la jeunesse, sur le fronton des
quelles une enseigne religieuse se trouve
gravée, et toute la pression et la violence
imaginable est exercée de nos jours pour
amener les pères et les mères de famille
coopérer dans cette lâche entreprise. Et
dans quelle fin, nos hommes d'Etat pour
suivent-ils cette croisade d'espèce nouvelle?
Le but est palpable et facile saisir un
cri d'analhème, un cri de guerre contre
l'autorité religieusecontre sa morale
contre ses doctrines s'est fait entendre
dans les conciliabules maçonniques et
ceux qui, au pouvoir, dans la presse,
dans les carrefours vivent de 1 appui
des faveurset des passions de celte
secte infernale, se sont empressésd'exé
cuter ce mot d'ordre subversif. C'est là,
personne ue saurait le nier, c'est dans les
maximes maçonniques qu'il faut chercher
l'explication et le but de cette guerre
outrance et injuste livrée contre l'ensei
gnement religieux et libre.
L'observateur judicieux ne saurait s'y
méprendre, les moyens qu'emploie la ma-
çonnerie, qu'on peut appeler la faction des
démolisseurs sociaux sont partout et tou
jours les mêmes, pour accomplir leur
œuvre infernale. Voltaire d'ailleurs, cet
apôtre de l'impiété, pour parvenir bout
d'écrasser l'infâme, ne déclara-t-il pas hau
tement qu'il fallait avant tout, enlever
l'éducation aux prêtres, et purger les col
lèges et les écoles de l'influence et de la
doctrine religieuse?
Mais, se demande-t-on peut-être, les ad
versaires de l'éducation religieuse réussi
ront-ils faire adopter leurs systèmes, par
les pères et mères pénétrés pour la plu
part, de l'importance d'un enseignement
catholique pour la jeunesse. Jusqu'ici,nous
avons la joie de constater le contraire.
Plus nos fameux politiques se mettent en
campagne et en frais pour recruter des
élèves, plus les chefs de familles font preu
ve d'énergie et de sagesse, en confiant leurs
fils chéris des maîtres religieux et offrant
toutes les garanties désirables. Mais c'en
est trop encore de voir un certain nombre
de jeunes gens catholiques fréquenter des
collèges, privés de tout enseignement reli
gieux donné par l'autorité ecclésiastique;
et pour la gloire et l'honneur de la Belgi
que, il serait souhaiter, que le vide com
plet des établissements organisés en dehors
de la sphère religieuse, forçât nos gouver
nants changer immédiatement leur dé^''
plorable système.
Noqs apprenons que M. l'abbé de Mont
pellier, chanoine honoraire de lacalbédrale
de Namur, est nommé evêque de Liège.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, io, près la Grande
Place, et che» les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DE L'1 BO.V.%' KM EST par trimestre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Uu n° 25 c.
Le Propagateur pat ait le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine. (Insertions 13 centimes la ligne.)
7PESS, 15 Septembre.
nomination d'an évéque de Liège.
Od écrit de Frasmes, au Journal cCAth
Lundi 6 septembre courant,une réconciliation
de partis qui devrait être imitée dans l'intérêt du
pays, a eu lieu a Frasnes. La société électorale de
l'endroit donnait son dîner annuel, auquel assis
taient les principaux électeurs du canton et où
conservateurs, libéraux, vainqueurs le 8 juin avec
ceux-ci et libéraux vaiucus, se trouvaient frater
nellement réunis. Au dessert, M. le marquis
d'Auxy, prié de porter un toste, a présenté la santé
du Roi, de la famille royale, de la Belgique et de
son indépendance.
On écrit de Rumbeke
Mardi 7 de ce mois, a été célébré, ici, le mariage
de M. le comte Amédée de Courtebourne, avec
Mu° la'comtesse Astérie deThienues, fille cadette
de M. le comte de Tbiennes de Rumbeke.
Les témoins étaient pour M. le comte de Cour
tebourne: M. le comte deNédoncbel, son oncle,
et M. le comte de Lichtervelde, cousin des deux
époux; et pour MUé la comtesse deThiennes: M.
le baron deRoisin, et M. le comte Ducbaslel de la
Hovarderie, ses oncles.
On mande de Hal Hier matin dimanche
vers 6 heures, un crime a eu lieu sur la personne
dn docteur Leclercq de cette ville. Un jeune fer
mier, la Jenette, était arrivé cheval ce matin 5
heures, pour consulter le médecin. A peine intro
duit le fermier tua 'a bout portant M. Leclercq,
d'uD coup de pistolet. La mort a été presque instan
tanée. L'assassin est allé ensuite prendre la goutte
dans un cabaret voisin, et il a avoué que c'était lui
qui avait tué le docteur Leclercq. Le coupable a
été arrêté et écroué h la prison de Hal.
Voici quelques nouveaux détails sur ce terrible
événement
Hier matio, vers 6 heures, un crime horrible
a été commis en cette ville sur la personne dn doc
teur Leclercq. Le fils du maître des postes du ha
meau de la Jenette, sous Turbize, le nommé Paul
Neunez, qui avait été autrefois traité par le docteur
pour une maladie du cerveau, avait juré une haine
implacable M. Leclercq, prétendant qu'il avait
répandu le bruit qu'il était fou, et ainsi, attaqné
son honneur. Depuis trois mois il avait déjb dif
férentes reprises fait le voyage de Haï pour at
tenter aux jours du médecin; mais il avait été
empêché par les circonstances.
Il y a trois semaines il s'était rendu Bruxelles
dans le but unique d'acheter chez le sieur Man-
geot, arquebusier, au passage St.-Hubert, un pis
tolet deux coups qui devait servir au crime.
Il avait voulu s'en servir déjà lundi dernier au
bal de la kermesse où il avait cru rencontrer M.
Leclercq, mais celui-ci empêché par une cure la
campagne n'avait pas paru a cette fête où l'atten
dait son assassin.
Mais le projet homicide était fermement ar
rêté dans l'esprit de Neunez.
Hier matiD, vers 5 heures et demie, il se
rendit a Hal h cheval, et s'étant informé de l'heure
laquelle M. Leclercq sortait de chez lui, il s'as
sura qu'il était encore b son domicile; il alla son
ner, et après avoir été introduit, demanda une
consultation; pendant qne M. Leclercq rédigeait
une ordonnance, il loi tira presque bout portant
un coup de pistolet derrière l'oreille gauche: la
balle a traversé la tête de part en part.
La mort fut presque instantanée; M. Leclercq
se débattit un moment dans les convulsions de l'a
gonie et alla battre les murs de son cabinet jusqu'à
ce que la vie se retirant par degrés avec le sang, il
tomba la tête renversée en arrière sur le seuil de la
porte de la cour. C'est Ib que M1" Leclercq le
trouva.
On se figure aisément l'impression terrible
qu'elle dût en recevoir.
L'assassin était sorti de la maison et était
entré dans un estaminet où il avait demandé de
l'eau pour laver le sang dont il était couvert en
disant: c'est le sang de ce jeanfde Leclercq
que je viens de tuer. A ce propos on se jeta sur
lui et bientôt après il fut arrêté et conduit en
prison.
Pendant toute la journée et dans les interro
gatoires qu'il a eu b subir de la part des agents du
parquet de Bruxelles, M. le substitut du procureur
du Roi Amproeset M. le juge d'instruction Bergh-
mans, il n'a manifesté aucun repentir de son crime,
et disait au contraire, différentes reprises, qu'il
était tout prêt a recommencer. Quant b la veuve,
ajoutait-il, j'en suis fâché pour elle; je lui ferai
une pension.
Il a été conduit, hier soir, sons bonne escorte,
b la prison de Bruxelles, n
Un accident arrivé, un peu au-dessus de
Courtrai, b la machine remorquant le convoi de
France, nous a fait éprouver ce matin un retard de