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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N<> 3662.
Mercredi, 3 Novembre 1852.
36me année.
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Tandis qùe le commerce et l'industrie
s'émeuveni et attendent avec impatience
une solution satisfaisante, au différend
qui existe entre notre pays et la France;
tandis que les populations ouvrières des
Flandresémigrent en masse, demandant
l'étranger du travail et du pain que vaine
ment elles réclament dans leur patrie;
tandis qu'en général le pays observe avec
indignation et dégoût, les dernières repré
sentations de la politique clubiste-maçon-
nique, il est devenu sinon ridicule tout au
moins inopportun pour les séïdes du soi-
disant libéralisme de prôner et d'exalter
les faits et gestes de la politique Rogier-
Frère.
Malgré toute l'inanité du système dont
le corps électoral, fidèle représentation du
pays, a prononcé plusieurs reprises la
condamnation et la déchéance, il est pour
tant des journaux qui oublient les conve
nances jusqu'à publier des dithyrambes
continuelles l'adresse de cette même
politique nouvelle; qui s'ingénient vouloir
prouver que leurs patrons ont bien mérité
de la patrie, et que les doctrines prati-
queés depuis 1847 sont les seules encore
qui soient parfaitement en harmonie avec
les besoins de l'époque.
Malheureusement pour les aveugles
adulateurs du ministère déchu, il doit être
acquis que la vérité perce travers leurs
mille sophismes et que le bandeau des illu
sions est tombé de bien des yeux. Non, ni
les mensonges, ni les promesses, ni les
insultantes vanteries des journaux la
gage des conciliabules révolutionnaires ne
sauraient plus faire aucune dupe, et le
règne du gouvernement d'un parti est
jamais fini en Belgique. Telle est la signi
fication des voles récents de la Chambre,
et quelques soient les hommes qui pren
dront en main le pouvoir, ils seront tenus
de tenir compte de celte haute manifesta
tion nationale, sous peine de tomber sous
le poids de la réprobation publique.
Trop longtemps les hauts et puissants
seigneurs de la franc-maçonnerie exploi
tèrent le budjet et le pouvoir au profit de
leurs serviles créatures. Tout citoyen ja
loux de conserver les principes de justice
et d'égalité inscrits dans notre Constitution
de 1850 éprouve une aversion manifeste
contre l'œuvre clubiste si habilement an
noncée et si funestement suivie depuis
cinq années. C'est donc en vain que la
presse et toute l'engeance soi-disant libé
rale médite la réhabilation de la politique
Rogier-Frère. Les faits sont là qui attestent
combien il a été fatal aux Beiges d'avoir
religué un instant les hommes de 1850,
pour sonner le pouvoir des ambitieux
sans titre ni mérites. Qu'on déploie donc
tant que l'on voudra, le drapeau du Con
grès de 1847, et qu'on y inscrive les plus
brillantes-promesses, dorénavant la Belgi
que ne reconnaît pins de drapeau, que
celui de 1830. C'est autour de ce trophée
national qu'elle couvre tous ses enfants,
c'est ce drapeau qu'elle veut que le pou
voir arbore, parce que lui seul est le sym
bole de notre bien-être, de notre repos,
de notre gloire, tandis que la bannière
clubiste maçonnique sera jamais le sym
bole de nos troubles intérieurs, et de la
violation de nos intérêts les plus chers, de
l'affaiblissement de la fortune privée et
publique.
On nous informe que le comité de t'As-
socialion libérale de notre ville, se propose
de concourir l'idée émise par la franc-
maçonnerie Bruxelloise, de frapper une
médaille en l'honneur de l'ex-président
Verhaegen, et qu'une liste de souscription
sera présentée tous les membres. Il ne
manquait plus l'adorateur du cinique
écrivain du Juif-Errant, que le témoignage
d'estimé des gros bonnets d« c+ub d'Y près.
Cet hommage sera une perle nouvelle
sa couronne, comme il sera un sujet de
mérite et d'honneur pour tous ceux qui
contribueront de leurs deniers, ce projet
déshonorant pour la catholique Belgique.
r-TJ o a o—
Déjà plusieurs fois nous avons avancé
queleCollége communal, tel qu'il se trouve
organisé, pressurait annuellement environ
les 30,000 francs aux contribuables, et que
cet établissement ne comptait pas 80élèves.
Jusqu'ici l'organe du libéralisme-maçon
nique de notre ville ne conteste ces don
nées qu'en insinuant que les jésuites sont
des captateurs de testaments et que le curé
d'Hollebeke, a encouru les disgrâces de la
presse progressiste, pour s'être opposé aux
réunions nocturnes, aux bals et aux orgies,
ces écueils si funestes pour les bonnes
mœurs et la décence ces arguments comme
on le remarquera ne sont point de nature
refuler avec gain de cause. Ils sont dignes
tout au plus, de la haute dialectique des
rédacteurs déconfits de la feuille libéraliste.
g
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'ahoune Ypres, rue de Lille, io, près la Grande
Place, et cliet les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX l»F. L'ABONNEMENT, par trimestre,
Yprès fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° 25 c.
Le Propagateur païaît le PIAXIKDI et le NHRCREUI
de chaque semaine, (insertions 13 centimes la ligne.)
7??.2S, 3 Novembre.
M. Jules Malou vient d'adresser une lettre
M. De Decker, auteur de la brochure de l'Esprit
de parti et de l'Esprit national. Nous regrettons
vivement de De pouvoir mettre dès aujourd'hui
sous les yeux de nos lecteurs celte pièce d'une
haute portée politique. Mais nous la publierons
dans notre prochain numéro.
On nous écrit de Comines-Belgique, le 5o oc
tobre.
Vendredi dernier on a célébré avec une pompe
extraordinaire, dans l'église de Comines-Belgique,
les funérailles de M. J.-B. Tillieu, curé de celte
commune. Né a Tieghem eu 1786, il avait éié
ordonné prêtre b Malines, et nommé vicaire Rol-
leghem en 1812 en 1821 il fut nommé la cure
de Bas-Warnêtou, et deux ans après b celle de
Comines.
A peine connut-on la maladie de ce digne curé,
qu'irn pénible sentimgftt dlioquiélude préoccupa
tous les esprits; des prières publiques se firent pour
son rétablissement, et un deuil général acceuillit la
nouvelle de sa mort.
Exposons en peu de mots ce que fit pour Co
mines le saint prêtre dont nous pleurons la perle.
Notre ville, divisée en deux parties par le traité
d'Utrechl appartint b l'évêché de Tournai jusqu'au
concordat depuis cette époque, Comines-Belgique
fut enclavée dans le diocèse de Gand, et plus lard
dans celui de Bruges. La nouvelle paroisse n'avait
pas d'église: M. Tillieu, pauvre et saus ressources,
sut en élever une qui fait aujourd'hui l'admiration
des étrangers. Notre Hospice était desservi par des
laïques: le zélé curé fonda la Congrégation des
Sœurs de la Charité de S. Jean-Baptiste, qui
donnent aujourd'hui leurs soins b nos malades et
b nos vieillards, et la nouvelle Institution fut ap
prouvée peu aptès par un arrêté royal. La jeunesse
fut toujours l'objet de sa tendre sollicitude: une
école gardienne et une école pour les filles adultes
furent fondées dans la nouvelle maison Je S. J.-B",
et un nouveau local construit par ses soins, sert
encore aujourd'hui d'école quotidienne et domini
cale pour les indigents.
Le digne pasteur, que Dieu vient de nous ravir,
est mort saintement comme il avait vécu, martyr
de son zèle et de son dévouement pour ses pau
vres. De légères infirmités, auxquelles viot se
joindre la fièvre typhoide, qu'il contracta dans
l'exercice de son ministère, nous l'ont enlevé après
là jours de maladie, b l'âge de 66 ans. C'est de lui
qu'on peut dire en toute vérité, qu'iV passa en
faisant le bien.
Les obsèques qu'oD lui fit furent des plus solen
nelles: une foule immense y était accourue pour
lui payer un dernier tribut de reconnaissance. M.
Fr. Demade, bourgmestre de la commune, cheva
lier de l'ordre de Léopold, membre du CoDseil
supérieur d'Agriculture, etc., a prononcé d'une
voix très émue, sur la tombe de son ami, on dis
cours qui fit couler les larmes de tous les assistants.
Mieux que toutes nos paroles, il montrera les vertus
du défunt;on nous saura gré de le reproduire ici:
Discours prononcé par M. Fr. Demade, sur la
tombe de M. J.-B. Tillieu, nommé curé de
Comines en 1823,y décédé le 27 octobre i8Ô2.
Messieurs
La tombe va se refermer pour jamais sur la dé
pouille mortelle de notre bien aimé Pasteur... Il
nous est ravi notre père commun, notre ami dé
voué, le protecteur des orphelins, le bienfaiteur
des pauvres, le consolateur des affligés, le secours
de toutes les infortunes....
Permettez-moi d'exprimer, au noin de la com
mune, nos sentiments unanimes de profonde vé
nération et de douloureux regrets, et, par nos