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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3670.
Mercredi, 1er Décembre 1852.
36me année.
Les dernières séances de la Chambre des
Représentants, depuis la reprise de ses
travaux parlementaires, ont fait déchoir
de plus en plus dans l'opinion la politique
inaugurée au 12 août 1847. Désormais le
double cachet de l'ineptie et du ridicule
consacre le souvenir d'une administration
que le pays et les Chambres ont tour tour
et diverses reprises solennellement con
damnée. JV
Ineptie et ridicule, tel est le double ca
ractère dont les actes politiques et ad
ministratifs de MM. Rogier, Frère furent
constamment revêtus. Citons en quelques
faits qui en fassent foi. Au jour de son
avènement le cabinet libéraliste déclare
que le salut des Flandres est une question
d'honneur pour lui. Et dans le cours de sa
longue administration il se borne insti
tuer en faveur de l'industrie principale de
ces provinces, ces exhibitions niaises con
nues sous le nom d'expositions de navets
et carottes. Puis se croyant quitte appa
remment envers les Flandres et les intérêts
agricoles, il se bâte d'ouvrir les portes du
pays la concurrence ruineuse des grains
russes et du bétail hollandais.
Ainsi donc, la faveur de cet étrange
système, les marchands étrangers se virent
libérés de taxes dont le produit venait en
richir le trésor; et par contre les recettes
de l'État se trouvant amoindries, il fallut
décréter de nouveaux impôts, et tel point
que les successions en ligne directe eux-
mêmes, s'y virent soumises par la fameuse
loi dite des larmes. Grâces la politique
étrange de MM. Frère et Rogier, l'orphelin
fut appelé solder les bénéfices concédés
au marchand Russe et Hollandais! i
Mentionnonssanslesdiscuterlesatleinles
portées la liberté de l'enseignement et
celle de la bienfaisance. Mesures marquées
au coin de l'ineptie; en ce qu'elles vont di
rectement l'encontre du sentiment na
tional eldu sentiment religieux des masses;
et qui seraient en ce sens ridicules, si elles
n'étaient profondement odieuses.
Des faits nouveaux se sont dernièrement
produits âu grand jour au sein du parle
ment; elles portent sur la gestion finan
cière de l'ex-ministre de l'intérieur qui
non-seulement se permettait de disposer
d'avance de l'exercice des années subsé
quentes (jusqu'à celui de 1857), mais dé
pensait obstinément des sommes plus fortes
que la législature ne jugeait propos d'en
allouer. Aussi, s'en est-il fallu de bien peu
que la Chambre (sans distinction de partis)
ne frappât d'un blâme non-équivoque ces
façons d'agir lestes et cavalières d'un ca
binet promoteur prétendu d'un système
d'économies. Ajoutons que M. Rogier, qui
prétendait en 1847 et depuis inaugurer une
politique nouvelle, n'a su alléguer pour sa
défense que l'exemple de son prédécesseur
M. de Tbeux. Mais ce dernier ne lui a pas
même laissé ce misérable subterfuge; il a
prouvé que sa conduite lui n'avait rien
de commun avec celle de M. Rogier, et
qu'en un mot les actes de la défunte poli
tique constituaient en réalité une politique
nouvelle.
Ne sachant de quel bois faire flèche, le
chef du dernierministèreessaya également
de passionner le débat en évoquant le fan
tôme du cléricalil se déchaîna donc contre
le clergé et laissa clairement comprendre
qu'à ses yeux l'Etat était l'ennemi naturel
de l'Eglise et que le prêtée ne pouvait pré
tendre aux droits du dernier des citoyens.
Sans doute ces récriminations amères au
ront trouvé de l'écho dans les colonnes des
feuilles voltairiennes et révolutionnaires;
puisque ces digues organes du libéralisme
maçonnique non seulement ne se sont ja
mais fait faute de réleguer le prêtre au bau
de la société en lui déniant la jouissance
de ses droits civiques; mais même osent
lui contester le libr»exercice de ses devoirs
sacerdotaux, notamment dans la question
de l'enseignement. Mais, nous le constatons
avec bonheur, sur les bancs de la Chambre,
les attaques de M. Rogier n'ont provoqué,
outre l'adhésion de M. Pierre, que les cha
leureuses et pulvérisantes réfutations dont
M. Malou, M. deTheux, M. Du Mortier les
ont accueillies, en les tournant contre leur
auteur. Ces honorables membres ont non
seulement défendu les droits civiques du
prêtre; ils ont de plus invoqué en celte ma
tière l'exemple et les antécédents de M.
Rogier lui-même, qui en 1831 et depuis
solicitait humblement l'appui du clergé et
le provoquait descendre dans l'arêne
électorale. M. Rogier, comme on le conçoit,
se trouva fort embarrassé pour répondre
cet argumentum ad hominem, et que pou
vait-il faire en effet le pauvre homme, si
ce n'est reconnaître et confesser que la
soif du pouvoir, le désir de briller au pre
mier rang d'un parti l'ayant induit renier
les principes unionistes, il était fort naturel
qu'il ne se montrât plus conséquent désor
mais avec ses actes et ses paroles d'au-delà
sa désertion.
Samedi dernier trois jeunes filles de la
campagne dont l'aînée âgée de 22 ans, ont
été arrêtées en sortant de la porte de Lille,
munies de 23 aunes de coton, 4 tartans,
une paire de gants, deux écharpes, un
morceau de viande de cochon et un cabas
qu'elles ont volés dans trois boutiques dif
férentes de celte ville.
11 paraît qu'elles venaient en ville sou
vent le samedi, jour de marché, qu'elles
parcouraient les boutiques se faisaient mon
trer les marchandises et sortaient souvent
sans rien acheter; une perquisition faite
leur domicile n'a rien fait découvrir.
VÉRITÉ ET JVSTtCE.
Ou s'iInKine Vprès, rue de Lille, 10, |>rès la Grande
Place, et chez, les Percepteurs des Postes du Royaume
PRIX RE L'ABOWKMKNT, par trimestre,
Y près fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° a5 c.
le Propagateur parait le BAMEIII et le HKIICHKDI
de chaque semaine. (Insertions IV centimes la ligne.)
7P3.3S, 1" Décembre.
Une ploie abondante mêlée de neige est tombée
pendant la nuit de londi mardi. Le lendemain,
de Kemmel a Cassel en France les montagnes
étaient couvertes de neige. En se fondant, les ava
lanches étaient précipitées de leur sommet et se
transformaient en torrents impétueux. Les com
munications se trouvèrent interrompues en beau
coup d'endroits. La petite ville de Sleevoorde,
eocaissée dans une vallée profonde au pied du
Mont-Cassel se trouva envahie de plusieurs côtés.
Le ruisseau qui la traverse roulait ses flots débordés
avec fracas ils heurtaient le pont en jaillissant au
loin des flocons écumeux avec une telle violence
qu'on craignait que la voûte ne fut soulevée et
emportée. Les caves étaient remplies jusqu'au cin
tre, des pots de beurre jetés les uns contre les autres
et brisés. Les tonneaux de bière, de vin et d'autres
liquides élaieut ballotés pêle-mêle. Plusieurs caba
rets se trouvèrent privés de bière pour le débit.
Le long du tracé de la nouvelle route de Pope-
ringhe Westvleteren, on avait de l'eau ca et là
jusqu'à la ceinture.
Partout les acquedncs étaient insuffisantset
souvent les vagues passaient par dessus les chaus
sées. Du pont d'Elzendamwe ou n'apercevait
qu'une vaste mer. Des dommages seront de non-
veau considérables: les semailles sont encore faire
en de nombreuses localités et sont ainsi forcément
retardées encore d'une quinzaine de jours. Nous
n'avonsapprisaucun malheur arrivé aux personnes.
Le prix des houblons tend s'améliorer. Il va
de 6o 70 fr. En cinq jours il y a eu hausse de 10
francs.
Hier et avant-hierdans la grande ferme
de Korlewilde se célébrait une de ces noces fla
mandes et patriarcales qui répandaient plossouvent
la joie chez nos aïeux. C'était la D11' Boocquey
d'Abeele qui se mariait avec M. Mostaert. On
avait abattu pour cette fête un bœuf, deux veaux
d'un an, un ou deux porcs et un ou deux moutons.
Le nombre des villageois invités s'élevait cent
cinquante au moins. Six sacs de blés fureut em
ployés pour fournir le pain, les gateaux, les tartes
et les autres pâtisseries. De tous côtés on voyait
des chariots couverts d'une tenture blanche et
ornés de rubans se diriger vers la métairie. Plusieurs
arcs de verdure étaient élevés sur les chemins. Les
pauvres participèrent abondamment aux largesses
des nouveaux mariés.
La Chambre des Représentants a continué sa
medi la discussion du budget de l'intérieur. Le
crédit pour les fêtes nationales a été augmenté,
contrairement anx conclusions de la section cen
trale. C'est un résultat qui n'aurait point été obtenu
sous le ministère déchn, car M. Rogier avait poussé
le mépris de l'autorité des Chambres au point
d'oser avaocer que si l'augmentation n'était point
admise, il en dépasserait néanmoins les limites.
Aujourd'hui sera discuté le projet de loi relatif
la conversion de la rente 5 p. c.