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JOURNAL D'YPRES ET LE L'ARRONDISSEMENT.
N® 3673.
36me année.
il Décembre.
LIBÉRALISME A FAIT SOU TEMPS.
Les maux que le libéralisme a causés au
pays avec une rapidité effrayante, coup sur
coup, sont incalculables. Le décourage
ment a été semé dans l'armée. La pertur
bation a été jetée dans les finances. L'en
seignement aux frais de l'état, qui offrait
de si grandes ressources pour l'extention
des forteséludes, aétéperverti,démoralisé,
paralysé, frappé de stérilité et de déconsi
dération. L'hérésie et les doctrines désor
données ont été souffertes trônant honteu
sement dans des chaires d'université. Tout
a été infecté du souffle impur de l'épidémie
libéraliste sous prétexte de politique, au
cun frein de religion, aucune idée de mo
rale n'a plus retenu la presse les plus
graves organes du parti se décoraient des
Mystères de Paris, et donnaient Feu Briston
en prix. Une plume d'or fut votée, offerte
et pompeusement remise au scribe ordu-
rier qu'un coup de pied devait plus tard
expulser de la France. Celle plume d'or
n'empêcha pas l'homme qui se chargea de
l'ambassade Sue de présider un des grands
corps de l'état. L'ordre des avocats de la
capitale le choisit pour bâtonnièr. Lorsque
M. le Président Vandevin dît l'audience
qu'un avocat qui intente un procès pour
trois francs ne se respecte pas, cette asser
tion a été contestée: le conseil de discipline
de l'ordre, M. Verhaegen en tète, s'en est
ému. Que si M. Vandevin demandait si
l'envoi d'une médaille d'or au corrupteur
prix d'argent des mœurs publiques,
n'était pas plus compromettant pour la
dignité de la robe d'avocat, comment prou
verait-on que le silence d'alors s'accorde
avec l'éclat et le remue-ménage d'aujour
d'hui. Le courant des opinions a passé
sans gêne, quand l'hydre était dans sa
force, on lui laissa le chemin libre. Faut-il
rappeler ces souvenirs par un jeu d'enfant?
Les fonctionnaires ont été gâtés en les
détournant de leurs occupations sérieuses
pour courir les campagnes en émissaires
électoraux, pour déclamer contre le cler
gé, et pour susciter des entraves l'action
libre de la bienfaisance. Les services d'un
noble patriotisme ont été obscurcis par le
divorce d'hommes considérables avec un
passé plein de mérite. L'esprit de parti, la
passion contre les catholiques, le besoin
de créatures, a fait répandre l'argent du
pays en des mains indignes, en sorte qu'il
n'est resté ceux que le libéralisme a pré
cipité dans ces fol les'erreurs que lemur
mure du peuple et un repentir voilé.
La conciliation est le seul remède pour
redonner au travail sa puissance, au nom
belgeson prestige; pour inspirer confiance
l'étranger. Que le li re de catholique ne
soit plus une raison .d'exclusion, que le
libéralisme fasse plact l'amour sincère
du pays, que tous les (Torts tendent mé
nager des relations avantageuses avec les
nations qui nous entourent, et nous y
gagnerons infiniment plus en dignité, en
lumières, en richesses, qu'à nous entre-
déchirer du matin au soir, d'un bout du
pays l'autre, du commencement la fin
de l'année. On n'est pas éclairé par la prise
arbitraire d'un vain titre, comme celui de
libéral, mais par une application assidue
au genre de connaissances qu'on veut ap
profondir: et ces connaissances s'acquiè
rent indistinctement par le prétendu rétro
grade comme par le prétendu progressif,:
dix ans pour l'un valent dix ans pour l'au
tre, mais dix années de récriminations
sont dix années perdues.
Avant-hier étaient assis au banc correc
tionnel deux jeunes malfaiteurs Emile
Decaesemaker âgé de 17 ans né Bruges,
et François Grysou, né Caeskerke, âgé de
15 ans. Devant eux <xaient placés sur le
bureau, sous les yeux-du tribunal, deux
candélabres de cuivre brisés. Sans respect
pour le lieu saint, ils avaient vers le soir
enlevé ces deux objets l'église de Saint
Jacques. Ne sachant ensuite comment s'en
défaire, ils les avaient cassés en deux. Ils
présentèrent une de ces pièces chez un
chaudronnier. La femme du marchand
leur donna dix centimes, disant de revenir
quand son mari serait au logis. En atten
dant, elle retint la pièce, qui devait lui in
spirer du soupçonet quand les voleurs
retournèrent pour traiter de la vente, ils
tombèrent entre les mains de la police. De
petites condamnations les avaient déjà fa
miliarisés avec la prison. Le ministère
public, par commisération sans doute pour
leur jeune âge, le défaut absolu d'éducation
et leur étal d'abandon, se borna requérir
six mois de détention et un an de surveil
lance. Mais le tribunal, déterminé par les
considérations les plus graves, s'est cru
obligé de déroger ici ces habitudes d'in
dulgence,en prononçantquinze moisd'em-
prisonnemenl subir S'-Bernard, et une
surveillance en après de pareille durée. Le
scandale du vol dans un temple est en effet
beaucoup plus grand que celui d'un larcin
ordinaire, il décèle une dépravation plus
profonde, son caractère sacrilège le rend
plus odieux, et la facilité de le commettre
où l'on s'y attend le moins provoque d'avan
tage une légitime indignation. Une juste
sévérité doit empêcher que des méfaits de
ce genre se multiplient.
Lundi dernier la compagnie Spéciale
d'artillerie de la Garde Civique s'est réunie
un banquet l'hôtel du Parnasse, la plus
franche cordialité n'a cessé de regner pen
dant ce festin, des toasts ont été portés
notre Roi bien aimé et la famille royale,
au Major commandant, aux Officiers de ce
corps et Monsieur Honoré Antony-Van
Boeckxel, qui a réjoui les artilleurs par les
sons harmonieux de son instrument favori,
la guitare.
Vendredi dernier un vol a été commis
entre six et sept heures du matin, l'entrée
de la rue de Lille, se trouvait placée une
charrette, sur laquelle le propriétaire avait
déposé trois sacs en toile, pendant qu'il
prenait le déjeuner les sacs ont été volés.
Ce matin, un garçon brasseur, qui était
assis l'avant train de son charriot, en est
tombé accidentellement parterre. Heureu
sement le charriot a passé le laissant entre
les roues, sans l'atteindre.
Le 10 de ce mois, la nommée Reine-Vie-
loire Braem, domestique de ferme S1 Ni
colas Ypres extra mûros, âgée de 45 ans,
née Brielen, a été arrêtée et écrouée en
la maison d'arrêt de cette ville, sous pré
vention d'infanticide.
Il y a quelques jours le feu a pris dans la
boulangerieattenanteau cabaret ayantpour
enseigne de Pottyze, extra muros. Grâces
l'assistance des voisins on a pu maîtriser
les flammes. La perle est très minime.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'alionne Ypres, rue de Lille, 10, prés la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DE L'IBOIXEMKRIT, par trimestre,
Y'pres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Uu n° 35 c.
Le Propagateur paraît le NA1IKDI et le MERCREDI
de chaque semaine. (Insertions II centimes la ligne.)
LE
Il I|1 IR
convention provisoire conclue, le 9 décembre
1852, entre la belgique et la france.
M. le Ministre fies affaires étrangères a donné lecture, la
séance d'hier de la Chambre des Représentants, de l'exposé
des motifs suivants
Messieurs,
Dès l'arrivée du cabinet actuel anx affaires, des pourparlers,
officieux d'abord et ensuite offioiels, se sont engagés sur la si
tuation des rapports de commerce entre la Belgique et la
F rance.
J'ai l'honneur de vous en présenter le premier résultat.
Due convention provisoire a été signée aujourd'hui Bru
xelles.
Aux termes de cet arrangement, le traité du i3 décembre
i845 est remis en vigueur partir du i5 janvier prochain et
jusqu'à la conclusion d'un traité définitif, avec cette seule
modification que le déchet alloué en Belgique aux sels français
est ramené de 13 7 p. c.
L'échange des ratifications des conventions du 33 août i853
est ajourné jusqu'à la conclusion, entre les deux pays, d'un
traité de commerce définitif.
La négociation de ce traité sera immédiatement poursuivie.
Enfin, le décret du i4 septembre dentier, qui a élevé les
droits sur nos bouilles et nos fontes l'entrée eu France, ces
sera de produire ses effets en même temps que la convention
du g décembre entrera en cours d'exécution. Nous en avons
l'assurance officielle.
Telles sont, Messieurs, les conditions essentielles de l'accord
qui vient d'intervenir entre les deux gouvernements.
La convention provisoire ne préjugeant point les clauses qui
figureront dans le traité destiné la remplacer, les plus am
ples explications seraient, en ce moment, sans nécessité quant
au passé, sans opportunité quant l'avenir. Nous croyons
avoir fait ce que réclamaient les circonstances dans leur en
semble et nous avons la confiance que vous accueillerez avec
faveur uu arrangement qui est le gage de la bonDe harmonie
qui existe entre la Belgique et la France et du désir des deux
gouvernements d'arriver la conciliation de tous les iutéréts.
Le Ministre des affaires étrangères,
U. DE RROECKERE.