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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3676.
Mercredi, 22 Décembre 1852.
36me année.
?P?.SS, 22 Décembre.
La coterie voltairienne qui s'intitule:
parti libéral, ne sait pas dissimuler la mau
vaise humeur que lui inspirent ses revers;
elle en est encore récriminer avec amer
tume contre le régime d'avant 1847, ex
haler des menaces chimériques, nourrir
follement l'espoir de revenir aux affaires.
Sa vanité déçue, son ambition inassouvie
sepiblent lui donner le vertige.
Condamnée diverses reprises et par le
pays et par le parlement, on se serait pour
tant attendu plus de reserve de sa part,
plus d'habilité surtout; on aurait cru
qu'elle lâcherait au moins de se faire ou
blier afin qu'on oubliât en même temps ses
maladresses et ses erreurs.
Cinq années durant, elle géra les affaires
du pays, l'aide d'une imposante majorité
parlementaire, et de toutes ces promesses
qu'elle prodiguait au jour de son avène
ment, elle n'a tenu compte que de celles
dont l'intolérance maçonnique exigeait
l'exécution; aux autres elle infligea un
éclatant démenti.
Les Flandres qu'elle s'engageait sauver
ont vu sous son administration les res
sources du trésor, les subsides pécuniaires
affluer vers d'autres provinces; elles ont
vu l'industrie linière au moment de tomber
sans retour par la rupture du traité com
mercial de 1845; elles ont vu les plus pré
cieuses ressources de leur population ru
rale, leurs grains et leur bétail, exposées
obstinément, pour obéir d'imprudentes
théories, la ruineuse concurrence des
produits exotiques.
Non moins que l'industrie linière, la
métallurgie et les houilles ont vu leurs
intérêts les plus vitaux gravement com
promis par suite de la rupture du traité
franco-belge, et l'on sait quel point éclata
en celte circonstance l'aveugle incurie et
l'outrecuidante inhabilité du ministère li-
béraliste.
Rappelons encore les prodigalités mi
nistérielles en primes d'encouragement,
médailles agricoles, subsides artistiques,
subsides aux journaux, mises la ré
irai te, etc. etc.
Mentionnons en outre les diminutions
multipliées que subit dans le courant de
sa gestion financière le revenu de l'État,
par suite de l'abolition du timbre des jour
naux, de l'abaissement du tarif du chemin
de fer, de la réforme postale, de la réforme
douanière: mesures d'une utilité minime,
contestable ou négative, qui nécessitèrent
d'onereux emprunts et finalement l'impôt
impopulaire et antinational sur les succes
sions en ligne directe. Mais nonobstant
ces remèdes extrêmes la situation finan-
cière du pays est énormément empiré.
Dans le domaine des intérêts moraux
des actes plus déplorables encore ont été
posés sous les auspices du libéralisme:
Ce sont les empiétements du pouvoir
civil dans le domaine de la liberté de la
bienfaisance; au moment même où la cha
rité chrétienne apparaissait tout obser
vateur impartial comme le seul boulevard
derrière lequel la société en péril pût trou
ver un abri contre les coups du socia
lisme.
C'est encore la liberté de l'enseignement,
cette noble conquête de 1830, que cimenta
le sang des Belges et que consacrent les
mœurs et les vœux unanimes de la nation,
la liberté de l'enseignement, qu'un libéra
lisme menteur s'est efforcé de restreindre
et d'anihiler en organisant contre elle la
redoutable concurrence du gouvernement,
et que, pour nous servir d'une parole de
M. Dumortier, il entreprit d'ensevelir sous
le poids de l'argent du trésor public!
Car il importe d'en faire la remarque,
lorsque les vrais intérêts de la liberté se
trouveut remis en question dans notre
patrie, c'est toujours contre elle que se
range le soi-disant libéralisme. Pareil
l'ancien Janus, il a, pour nous servir d'une
expression de M. de Mérode, deux faces
diverses, dont une se montre franchement
avec l'horrible laideur de l'oppression, et
dont l'autre couverte d'un masque lâche
ment hypocrite, grimace les traits de la
liberté.
Cependant les actes des hommes du 12
août ne sont pas moins contraires aux in
térêts religieux qu'à ceux de la liberté.
Caractérisons les encore une fois, en em
pruntant le langage incisif de M. de Mon-,
talemberl
En présence des dangers inouïes qui
menacent partout la société, ces profonds
politiques se sont avisés de commencer,
sans la moindre provocation, contre le
clergé, contre les populations religieuses,
contre tous ceux pour qui la foi catholique
passe avant tout, une guerre que regret
tent et que désavouent aujourd'hui tous
les hommes sensés et sérieux, parmi ceux
même qui ne partagent pas nos croyances.
Au moment même où la France par la
loi sur la liberté d'enseignement, donne
satisfaction aux plaintes des évêques et
des familles, ils ont été créer, en haine du
clergé, dans un pays déjà couvert d'éta
blissements d'instruction publique, un vaste
système universitaire qui impose l'Etat
la dangereuse responsabilité de l'enseigne
ment des clauses aisées, qui lève une nou
velle armée d'ambitieux mécontents et de
solliciteurs, qui répugne toutes les tra
ditions comme toutes les conditions de
la nationalité belge; enfin qui ramène la
vieille querelle où le roi Guillaume des
Pays-Bas a perdu sa couronne.
C'en était trop; les Belges, peuple pro
fondement catholique, éminemment doué
de bon sens, répudièrent enfin un régime
qu'ils ne pouvaient plus endurer. En vain
les feuilles libéralistes ne négligeaient-elles
rien pour rallumer les passions mauvaises
qui avaient jadis assuré le triomphe éphé
mère du parti; en vain les hommes du pou
voir s'accrochaient-ils leurs portefeuilles
avec une desespérante énergie; le verdict
national réitéré chaque retour des co
mices parlementaires, les accablait impi
toyablement du poids de leur sentence.
Enfin désunis entr'eux et désavoués par
leurs plus zélés partisans, ils dégringolè
rent bas, et une huée unanime salua les
funérailles de la politique qu'ils avaient
inaugurée.
Puis un ministère, libéral encore, mais
au moins dégagé de l'étreinte maçonnique
s'assit au limon des affaires. Il prononça
de nobles paroles de concorde et de paix;
il fit appel aux traditions unionistes. Les
conservateurs comprirent ce langage qui
n'était pas nouveau pour eux; ils l'accueil
lirent avec enthousiasme. Mais les vaincus
de la veille le repoussèrent avec aigreur;
c'étaient pour la plupart d'anciens antago
nistes ou des transfuges de l'union Belge,
dont une nouvelle défaite envenimait en-
encore les vieilles rancunes. Alors on en
tendit un ex-ministre, M. Rogier, bien
loin de correspondre l'appel conciliateur,
que le parti triomphant accueillait déjà
avec transport, exprimer le regret haineux
de n'avoir pas combattu avec plus de vi
gueur encore l'influence religieuse en ma
tière d'élections. Alors on vit un M. Ver-
haegen, évincé (on sait la suite de quels
faits) du fauteuil présidentiel par ceux-là
même qui l'y avaient appelé, se relever
tout meurtri de sa chute, afin de soulever
une discussion irritante propos de l'en
seignement primaire; on l'entendit for
muler un réquisitoire odieux et ridicule
contre le concours que prête l'autorité ec
clésiastique cette partie de l'instruction
publique.
Puis, l'unisson de ces deux oracles du
libéralisme voltairien, les feuilles aux ga
ges de la maçonnerie et de la défunte
politique nouvelle fontchorus et vomissent
leur bave impure contre le prêtre et l'au
tel, dignes objets de la vénération publique
et véritables éléments constitutifs de la na
tionalité Belge.
C
VÉRITÉ ET JVRTICE.
On s'àhoune Ypres, rue de Lille, 10, près la Grande
Plae.et citet les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DR L'AROWNEMENT, par trimestre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Uu n» uS c.
Le Propagateur paraît le StMEOI et le MERCREDI
de chaque semaine. (Insertions 13 centimes la ligne.)
Citons ici cette belle réflexion de M. De Decker Il ne
faut pas se poser en prophète pour dire que si nous n'assistons
pas d'ici peu de temps un immense et nouveau développe
ment de la charité, noua serons engloutis par ce flot moutaut
d'idées et de passiousqui viennent nous assaillir de toutes parts.
L'invitation faite au clergé en vertu de l'art. 8 de la
loi organisant l'enseignement moyen, n'était évidemment pas
sérieuse, puisque le ministère n'a jamais voulu accorder de
garanties, malgré les engagements contractés devant le Sénat.
Au reste le corps épiscopal par sa lettre au Sénat avait loya
lement averti le gouvernement, une des parties contractantes,
que le concours ecclésiastique ne pourrait être accordé 4 1*
loi, telle qu'elle était «oaçue.
Les abus et les dilapidations de l'ancienne poli
tique Rogier sont si multipliés qu'il ne se passe