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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3680.
36me année.
QU'AVONS-NOUS GAGNÉ!
Lorsque la Chambre, en écartant M. Ver-
haegen du fauteuil présidentiel, eut re
couvré son indépendance et sa dignité, un
ministère surgit qui tout d'abord inscrivit
Sur son drapeau la devise unioniste: Mo-
dération, prudence, conciliation!
Nous applaudîmes cet acte, qui déno
tait en ceux qui le posèrent la connaissance
intime des vœux et des besoins véritables
de la nation, et la pensée patriotique de
mettre un terme au règne de l'esprit de
parti érigé en système gouvernemental et
parquant les Belges en deux camps rivaux
où l'État se trouvait être le mandataire des
clubs et l'antagoniste obligé de la Religion.
D'immenses réparations restaientà faire.
La Belgiques'étaitvufroisserdanscequ'elle
avait de plus sacré et dans ses conditions
d'existence les plus vivaces, dans ses inté
rêts matériels et moraux, dans sa liberté
et dans sa Religion.
Au nom de celte modération proclamée
tout haut, on s'attendait voiries nouveaux
ministres faire cesser la position anormale
et désavantageuse où les prétendues re
formes introduites dans la loi électorale et
dans notre système douanier avaient placé
les populations rurales.
Au nom de la prudence, on se disait que
le ministère n'aurait garde d'envénimer la
plaie du socialisme, en condamnant le ri
che legoïsme, le pauvre l'envie. On
espérait que la charité publique serait libre
désormais; que les errements où MM. De
Haussy et Tesch s'étaient fourvoyé, cesse
raient avec leur pouvoir.
Au nom de la conciliation, on croyait que
les réclamations des pères de famille ren
contre de la loi sur l'enseignement moyen
seraient enfin écoutées et que l'argent du
trésor servirait autre chose qu'à élever
une partie de la jeunesse Belge dans les
principes du libéralisme, mélange grossier
de suffisance et de faiblesse; fier et intrai
table quand le gouvernement est faible,
lâche et plat quand il est fort; n'ayant foi
qu'à la logique des bayonnettes et faisant
bon marché de toute autorité morale.
On croyait donc, et nous voulons croire
encore, la modération, la prudence,
l'esprit de conciliation dont le cabinet De-
brouckere se disait animé. Mais s'est-il
bien rendu compte ce cabinet de ses actes
ou de ses paroles; alors qu'il s'est rallié
complètement la loi anti-nationale et
anti-catholique sur l'enseignement moyen;
alors que dans une occasion récente il a
suivi au détriment de la liberté des bonnes
oeuvres la voie nouvellement frayé par M.
De Haussy; alors, en un mot, qu'il a blessé
au vif le grand parti conservateur dans le
double et principal objet de ses luttes et
de ses constantes sympathies la bienfai
sance et l'enseignement. Eh! qu'on nous
dise, pourquoi nous avons combattu si
longtemps; et pourquoi de toute part les
pétitions affluèrent la. Chambre lors de
la discussion sur l'enseignement moyen;
qu'on énumère nos premiers griefs, qu'on
se rappelle ce que nous désirons, ce que
nous exigeons avant loùt. N'est-ce pas la
liberté des bonnes œuvres et de l'enseigne
ment? N'est-ce pas une éducation offrant
des garanties religieuses, un pays pro
fondement catholique?
Serait-ce en vain peut-être qu'à trois
reprises diverses le pays consulté par la
voix du scrutin, aurait condamné la poli
tique nouvelle de MM. Rogier, Frère et
Tesch? Serait-ce en vain que le peuple des
villes et des campagnes aurait frappéde ré
probation la loi sur l'enseignement moyen
en laissant déserts les collèges de l'État?
Serait-ce en vain que la Chambre répon
dant au verdict non-équivoque de la na
tion aurait renversé le cabinet Rogier et
éliminé de son bureau les signataires du
manifeste-Verhaegen f"
Sans doute nous sommes prêts, nous
conservateurs et catholiques, accepter
toutes les transactions compatibles avec
notre dignité et avec uos principes; nous
sommes disposés faire nos antagonistes
de larges et honorables concessions. Mais
ce n'est pas pour tout céder, que nous
avons combattu et triomphé.
D'ailleurssi le ministère est libéral, pour
quoi nous condamne-t-il sur le terrain de
la liberté? S'il est franchement modéré,
pourquoi n'est-il pas des nôtres quand
nous défendons les droits des pères de
famille et la moralisalion de la jeunesse
Belge?
Il paraît peu près arrêté que la station
du chemin de fer se trouvera décidément
dans les fortifications extérieures de la
ville faisant face la rue des Bouchers.
Une porte en grillage serait percée au fond
de celle dernière rue et remplacerait la
porte du Temple qui serait supprimée.
Enfin un pavé partant de la nouvelle sor
tie se relierait la chaussée de Poperinghe,
là où la chaussée actuelle décrit une courbe
très prononcée, près du premier moulin
qui se trouve sur la roule d'Ypres Pope
ringhe. A l'intérieur de la ville, l'ex
propriation du bâtiment l'an dix et d'un
pâté de maisons avoisinantesétablirait aux
alentours de la porte nouvelle une petite
place ouvrant une large voie de commu
nication entre la rue des Bouchers et la
rue au Beurre.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonue Ypres, rue de Lille, 10, près la Grande
Place, et chei les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DE L'AROSKCMEIIT, par trimestre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n- a5 c.
Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque seuiaiue. (Insertions 19 centimes la ligne.)
7P3.SS, 5 Janvier.
La Gazette fédérale suisse a publié une cor
respondance qui annonce qu'à la suite de négocia
tions qui viennent d'avoir lieu, Mgr. Marilley
rentrera bientôt dans son diocèse. Quoique les affai
res ne soient pas si avancées, s'il faut en croire la
Gazette de Baie, quelque chose serait cependaot
passé dans ce sens. Le gouvernement doit avoir
député vers l'Évéque Divonne, MM. Comte-
Vaudaux et Frossard avec des instructions fort
conciliantes qui auraient permis de venir un ac
cord sur les questions les plus importantes. A la
suite de ces pourparlers, Mgr. Marilley se serait
mis en route pour Rome, afin de s'entretenir avec
le Saint-Père et de connaître sa résolution,
Les conditiousque l'Évêque impose et auxquelles
les délégués du gouvernement seraient disposés
accéder sont les suivantes, d'après la Gazelle de
Lausanne: i° L'Evêque ouvrirait son séminaire
sur les bases indiquées par lui et quand il le jugerait
convenable; 2" il pourvoirait toutes les places
de professeurs et d'administrateur; 5* il nomme
rait les curés et les vicaires et se bornerait donner
avis de ces nominations au conseil d'Etat; 4° il se
rendrait 'a Rome pour demander l'envoi d'un autre
prélat avec lequel uu concordat pût être couclu.
On écrit d'Audenarde, le 3o décembre:
Les fortes pluies qui nous sont arrivées, depuis
quelques jours, ont transformé notre ville en une
véritable île. Nous avons de l'eau partout. Nous
espérons, cependant, être délivrés bientôt de ce
que l'on appelle la grande inondation. L'écoule
ment des eaux s'effectue avec régularité et avec
force. Elles ne rencontrent plus comme les autres
années, des obstacles en aval.
Si l'on peut en croire les on dit, qui semblent
basés sur des correspondances, mais confidentielles,
une compagnie (laquelle?) aurait consigné les
fonds nécessaires, et, avant trois jours, la conces
sion du chemin de fer d'Audenarde Nazareth
serait accordée. Puisse cet on dit n'être pas ce
qu'il est presque toujours.
Nous avons annoncé l'arrestation d'une fem
me dénaturée qui avait séquestré un jeune enfant
de trois ans et demi. Les détails que nous avons
recueillis sur ce méfait sont terribles et peine
croyables. La belle-mère de ce malheureux enfant
le laissait seul toute la journée, tandis qu'elle allait
mendier dans les environs. C'était Hal, près de la
chaussée d'Enghien,b une courte distance du pont
bascule. Bien souvent les voisins avaient entendu
pleurer le pauvre petit qui était rélegoé dans un
trou qui avait servi pour y loger un porc.
L'innocente victime était attachée au moyeu
d'une corde et se trouvait dans un état de ma
rasme et de dépérissement vraiment hideux. Le
corps était couvert de contusions provenant des
coups que sa belle-mère lui infligeait au moyen
d'un bâton;le ventre était considérablement euflé.
Des taches de sang se voyaient sur la chemise de
l'enfant.
Des épis de blé lui servaient de nourriture
Quand on l'interrogea, ce petit martyr raconta
les tortures qu'il lui avait fallu subir. Qu'on juge
de la douloureuse pitié et de l'indignation qu'en
éprouvèrent les assistants.
Une lucarne de ce réduit donnait sur la voie