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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N« 3682.
36me année.
7FP.ES, 12 Janvier.
LA JEUNESSE ET M. PAUL DEVAUX.
Le discours de M. Paul Devaux la Cham
bre des Représentants,et sa lettreà la Pairie
sur le peu de ressources d'instruction reli
gieuse qu'offre le clergé aux jeunes gens
après leurpremièrecomraunion,endehors
de certains collèges, ont fait le tour de la
Belgique avec une expression unanime de
blâme. M. Devaux ne doit s'en prendre qu'à
ces préjugés libéralistes qui ont pour con
séquence de faire constamment prendre le
change surla vérité,dèsqu'ils'agitdechoses
touchant de loin ou de près la religion
ou ses ministres. La religion appelle-
t-elle le peuple dans ses temples, il ne faut
pas écouler sa voix, elle ferait de tout le
monde des cagots. Desire-t-on dans les con
seils suprêmes de la nation des hommes
favorables la religion plutôt que des im
pies qui résistent ses lois et portent aux
nues ce qu'elle condamne, ne fût-ce que par
esprit d'opposition les remontrances les
plus simples au sujet des élections sont dé
peintes comme des intrigues de l'ambition
cléricale, cherchant tout dominer. La pa
role religieuse ne se fait-elle entendre que
dans l'enceinte des églises, on accuse d'une
vie molle ces ministres de Dieu, vivant
tranquillement leur aise aux dépens du
budget. Qu'est-ceque les pretres s'avisent de
s'élever contre des plaisirs et des amuse
ments autorisés par la coutume? Ils sont
encela moins les organes d'un Dieu de paix
que des brouillons. Défendre des journaux
sous prétexte qu'ils sont mau vais, s'est s'im
miscer induement dans la politique, et pro
noncer l'analhême contre la société secrète
des Franc-maçons qui ne fait que du bien
aux pauvres, c'est par fanatisme proscrire
la vertu. Voilà quelques uns des paradoxes
l'aide desquels le libéralisme trompe la
bonne foi du public, et mine dans les cœurs
l'attachement la foi catholique.
Des esprits vulgaires ne sont pas seuls
la chaîne de ces sophismes. Combien de
fois n'a-t-on pas vu des hommes élevés en
dignité, distingués par leur talent, capa
bles de rendre de grands services la re
ligion, tourner le dos ses intérêts et ses
doctrines, pour se ranger sous les drapeaux
de ses ennemis; déclamer contre les jé
suites, guerroyer contre le clérical, nuire
l'influence religieuse partout où ils la
rencontraient, -et user ainsi inutilement
leur carrière?
Bien des réflexions de ce genre coule
raient sous notre plume, si nous voulions
sérieusement et sévèrement engager un dé
liât avec M. Paul Devaux. Nous lui deman
derions entr'aulres où il est arrivé et où il
va avec ses bouderies, ses pétulances et ses
morsures anti-cléricales. Mais nous nous
bornons actuellement un seul point, c'est
de lui demander raison du fondement qu'il
a trouvé son assertion hardie, qu'après la
première communion la jeunesse ne reçoit
en général pas d'instruction religieuse en
Belgique.
D'au ires journauxont répondu pour d'au
tres villes, et M. Devaux s'est peut-être con
solé par le silence de celles qui ne disent
rien. Il ne commettrait qu'une erreur de
plus en se faisant illusion sur ce silence.
Le bien est sobre en paroles et agit sans
imiter le caquetage de la libéralerie. La re
ligion est d'ailleurs en butte des attaques
si multipliées et si absurdes, que le petit
nombre de feuilles périodiques qui pren
nent cœur de la défendre, ne suffisent
pas constamment pour la venger mesure
qu'elle est battue en brèche. Parfois les
agressions s'entre détruisent par elles mê
mes. C'est ainsi que M. Devaux qui ne
trouve pas le clergé assez occupé, réfute
M. Verhaegen qui est embarrassé de son
concours dans l'instruction primaire. D'au
tres fois le bou sens finit par faire justice
des excès, mais souvent après beaucoup de
ravages: c'est ainsi que le feuilleton de ra
pine et de prostitution a perdu son pres
tige, malgré le fameux encouragement de
la plume d'or. Il arrive enfin que la seule
notoriété universelle suffit pour anéantir
une assertion mensongère. Avec toute la
politesse possible, nous fesons observer
Al. Devaux que nous touchons de près
son cas, relativement la ville d'Ypres
surtout.
Loin d'être abandonnée elle même sans
ressources d'instruction religieuse, la jeu
nesse d'Ypres a dans sa ville natale de
grandes facilités pour s'instruire, et elle
ne doit pas être taxée d'ignorance dans les
matières de religion aussi légèrement que
M. Devaux se l'imagine.
Depuis environ un siècle, M. Vander-
meersch chanoine de la cathédrale de S'
Martin a fondé l'établissement de Loye
principalement pour l'enseignement de la
doctrinecbrétienne des jeunes gens qui ont
fait leur première communion et qui ap
prennent ou exercent des métiers.
Hebdomadairement il se fait pour les
adultes S* Pierre, dans la paroisse où de
meurent le plus d'ouvriers, un cours de
catéchisme approfondi, après l'office divin.
A S1 Nicolas, M. le chanoine Dubayon a
créé un fonds qui sert distribuer annuel
lement un très grand nombre de prix,
consistant en livres et en vêtements aux
jeunes gens des deux sexes qui ont con
tinué l'étude de la religion jusqu'à deux
ou trois ans après leur première commu
nion.
Ce sont des prêtres de la paroisse de S1
Jacques qui ont établi la congrégation de
S1 Louis de Gonzague. Elle se réunissait
d'abord dans le petit oratoire des Dames
irlandaises. Devenue trop nombreuse, elle
s'installa dans l'église de Notre Dame,
l'Hôpital de la Grand'Place. Voulant ac
quérir plus de stabilité et de développe
ment, elle alla occuper un local qui lui est
propre près du Palais de justice, et son
étal florissant a été maiulefois signalé par
Je Progrès. Celle congrégation est fré
quentée par des jeunes gens de tout âge,
après la première communion.
Pour les filles, a coté de l'immense école
fondée parla pieuse DemoiselleZuydpeene
Lamotle, qui compte de quatre cinq cents
élèves, il y a l'institution de la S14 Fa
mille, dirigée par M. l'abbé Slruye, et
l'institution de S' Joseph. Dans tous ces
asyles d'instruction, présidés par le clergé,
c'est l'enseignement religieux qui sert de
base tous les exercices et toutes les oc
cupations, et ce sont de jeunes personnes
<le treize vingt ans qui les peuplent pres
que intégralement.
Aux deux écoles pauvres de garçons et
de filles, des Sloutses et de S" Elisabeth,
même âge, même enseignement.
Quels sont les jeunesgens d'Ypres, M. De
vaux, qui manqueut les ressources d'in
struction religieuse, part les malheureux
élèves du collège communal, qui un cruel
et stupide libéralisme les enlève, la honte
du pays et du siècle?
Ouvrez les yeux, M. Devaux, et si vous
êtes dévoué votre patrie, reconnaissez
que depuis vingt ans vous êtes le jouet
d'une opinion qui ne vit que de super
cherie, hâtez vous d'employer vos talents
combattre et réparer le mal qu'elle a
fait, et auquel vous avez contribué.
Nous croyons en attendant par ce peu
de lignes laver notre clergé du reproche
de ne pas procurer des ressources d'ins
truction religieuse, et la jeunesse de notre
ville de l'imputation injurieuse de croupir
dans l'ignorance de sa foi, faute de savoir
où s'adresser pour la connaître. Pas un
jeune homme de la ville ne resterait en
défaut de prolester de toutes ses forces
contre cette inqualifiable aberration. On
voit bien que le libéralisme est en déca
dence, quand il pousse son aveugle ou ire-
cuidance jusqu'à cet excès de ridicule.
vébité et justice. -
On s'abonne Yprès, rue de Lille, 10, piès la Graud
Place» et chez, les Percepteurs des Postes du Royaume.
PBI\ DE LMBO.\h:ni;WT, par trimestre,
Y près fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Uu n° c,
IAi Propagateur païaît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine. (Insertions 19 centimes la ligne.)
L'article suivant nous est parvenu trop lard pour
être iuséré dans notre dernier nume'ro.
On nous écrit de WarnêtoD, 7 janvier: Hier,
vers les dix heures du matin, un incendie a éclaté
h la ferme occupée et exploitée par les époux Car-
pentier-Spenninck, et appartenant au sieur De-
langre, négociant Afraenlières (France). Le corps
de logis, la grange et les étables, contruits partie
eu briques, partie en charpente, et couverts en
chaume, ont été réduits eu cendres, avec tout ce
qu'ils contenaient, savoir 18 20 sacs de fro
ment, 19 sacs de pommes de terre, g,000 gerbes
de froment, quantité de foin, de paille, etc.
La nommée Eugénie Spenniock, épouse en troi
sième noce dé Louis Carpeutier, cultivatrice, âgée