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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3683.
36me année.
J. BALDISSEROND,
B
ACTUELLEMENT A YPRES,
A l'honneur d'annoncer au public qu'il
quittera cette ville sous peu de jours. Les
personnes qui désirent lui rendre visite,
voudront se rendre chez M. Lambin-Ver-
wacrde, rue de Lille, qui leur fera voir des
portraits bien connus.
Bustes d'hommes, trois crayons fr. 25.
Bustes de femmes, fr. 30.
11 est des gens aux yeux de qui la vertu
est une leurre, la bienfaisance uneduperie;
il est de ces esprits envieux et atrabilaires
qui dans les actes les plus louables ne re
connaissent que des calculs vils et inté
ressés
Voici les réflexions qu'inspirent au Pro
grès les lignes que nous consacrâmes dans
notre avant-dernier n° l'inauguration, en
l'église S'-Jacques, de l'œuvre de la Sainte-
Enfance:
Le Propagateur, dit-il, nous annonce
qu'on vient d'organiser une chinoiserie,
dont le premier acte a eu une réussite
complète, l'église de Sl-Jacques, où l'on
a fait la semaine dernière, une quête,
parmi les enfants, en faveur de petits chi-
nois, abanbonnés par leurs parents, pour
tirer ces petits malheureux des griffes de
Satan, et les placer dans le giron de 1 e-
glise catholique.
Plus loin le Progrès ajoute ce propos:
Les petits chinois sont un prétexte et
le nouveau moyen employé par le parti
clérical pour battre monnaie et soutirer de
l'argent,est d'autant plus habile,d'autant
plus ingénieux que tes dépenses ne sont sus-
ceptiblesd'aucun moyen de contrôle. Jusqu'à
preuve du contraire, nous sommes donc
autorisés croire que cet argent a une autre
destination, et qu'à l'insu de notre jeu-
nesse bienfaisante il soit utilisé gros-
sir le budjet des dépenses politiques du
clergé, et pour subsidier et entretenir les
écoles cléricales, afin de faire une con-
currence plus active et plus assidue aux
écoles du gouvernement.
Eh bien! est-ceclair?est-cecatégorique?
A travers ce persifflage indigne, travers
ces ricanements moqueurs a-t-on saisi
toute la pensée du haineux disciple de
Voltaire?...
L'œuvre de civilisation qui travers les
siècles se poursuit sur le sol de la Chine:
duperie
La bienfaisance gravée dès l'âge le plus
tendre dans le cœur de l'homme: duperie!
La propagation de la foi, que des milliers
de missionnaires, depuis le temps des apô
tres jusqu'à nos jours, fécondent de leurs
sueurs, de leurs souffrances et de leurs
vertus: duperie!
Et sans doute aussi, les Annales de celle
propagation sont un tissue de fourberies,
et le Sacré Collège de la Propagande lui-
même est un mythe; car si les Annales sont
autre chose que des fictions et si la Pro
pagande où les fonds doivent être versés
est en réalité une institution astreinte an
nuellement d'énormes frais et pourvue
d'une comptabilité régulière, comment le
Progrès a-t-il le front d'avancer que les dé
penses (des produits de la quête, etc.) ne
sont susceptibles d'aucun moyen de contrôle?
Comment oset-il se dire autorisé croire
que cet argent a une autre destination et qu'il
soit utilisé grossir le budjet des dépenses
politiques du clergé, et pour subsidier et en
tretenir les écoles cléricales, etc.?... Mais les
pamphlétaires du Progrès, en qui l'igno
rance des questions qu'ils traitent le dis
pute toujours la mauvaise foi, ne se
doutent guère sans doute qu'il existe et des
Annales et un Collège de la Propagande. Sur
ce, ils ont cru pouvoir mentir leur aise,
s'imaginant qu'on ne saurait les confondre
d'une manière péremptoire.
Au reste, c'est moins ces preuves con
cluantes que nous en appelons qu'à la
conscience publique et l'indignation de
tous les gens de bien. C'est eux qu'il
appartient de faire justice des calomnies
impudentes que déverse un insulteur ano
nyme sur le clergé d'une de nos paroisses
et sur le sacerdoce Belge tout entier. C'est
eux de décider quel est celui qui trompe
et qui abuse, ou du prêtre qui consacre sa
vie servir et éclairer les hommes, ou de
l'écrivain qui prend tâche de conspuer
l'autel et d'entraver en tout la mission du
prêtre. C'est la conscience publique
décider si c'est le clqrgé de S* Jacques qui
détourne frauduleusement comme le Pro
grès l'affirme, les dons des fidèles, ou si les
allégations gratuites du Progrès sont autre
chose qu'impostures et calomnies.
11 n'a donc pas suffi un libéralisme
menteurd'avoirchargé d'entraves les mains
de la bienfaisance, grâce l'initiative des
Haussy et de Tesch; il fallait encore, pour
contenter ses rancunes irréligieuses, que
le sarcasme et la calomnie aiguisassent
leurs traits contre elle là où l'arbitraire
ne saurait l'atteindre.
D'ailleurs mensonges et calomnies ne
coûtent rien cette feuille dévergondée,
alors qu'elle compte uuire la Religion
dans la personne de ses ministres. C'est
ainsi, pour ne citer que ce fait, que l'at-
tentât commis, il y a quelque temps, par
un misérable du nom de Debuck, sur la
personne du R. P. L'hoir n'inspire au Pro
grès qu'une violente diatribe contre les Jé
suites et le père L'hoir en particulier qu'elle
accuse de captation et d'avoir dépouillé de
malheureux orphelins de leur patrimoine;
tandis qu'il est notoire et constaté que l'as
sassin est un monstre d'ingratitude et que
le saint religieux qui faillit être sa victime,
ne lui avait rendu que de bons offices. Tel
est pourtant l'homme qui a su mériter
plusieurs reprises déjà le patronage et les
sympathies étranges du Progrès! Nous
abandonnons toutes ces misères la vin
dicte de l'opinion publique; c'est elle
qu'il appartient de les juger.
L'ouverture des travaux la section du
chemin de fer qui doit relier notre ville
la ligne aboutissant déjà Wervicq, a fait
affluer des flots de travailleurs venus de
plusieurs lieues la ronde pour chercher
du travail. Au moment où tant d'ouvriers
en nos murs et aux environs se trouvent
ÏKIIITÉ ET JCSTICE.
On s'abonne Ypies, rue de Lille, 10, près la Grand
Place, et cliea les Percepteurs des Postes du Royaume.
Pltl\ DE L'aBOXMKneVT, par trimestre,
ïpres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Uu n" u5 c.
Le propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine. (Insertions I* centimes la ligne.)
PEINTRE ITALIEN, DE VENISE,
PRIX DES PORTRAITS a
7PS.3S, 15 Janvier.
EMPIÉTEMENTS LIBÉRA LISTES.
La séparatioo de l'Église et de l'État fut long
temps le mot d'ordre que se vantait de tenir le
libéralisme anti-chrétien. Sur ce terrain nous
n'eussions jamais cessé d'être d'accord avec lui, si
sa cooduile eut répondu son langage.
Aujourd'hui, jetant le masque, une feuille qui
lui sert d'organe Ypres, réclame dans un article
ou réquisitoire en trois colonnes l'intervention du
pouvoir civil dans les affaires de l'Église et le con
trôle de la chaire de vérité par les agents de police.
Toutefois, rabattant un peu ses prétentions, si
dit-ilon ne peut atteindre les prédicateurs
disciplinaitement, au moins il est de toute jus
tice qu'on les frappe pécuniairementpar la
bourse, en leur retirant le traitement dont l'État
les pourvoit
Pour comprendre ceci, il faut se rappeler que
nos soi-disant libéraux s'obstinent a ne vouloir
comprendre que les fonds affectés, en vertu du
Concordat, au culte catholique, ne forment en réa
lité qu'une indemnité bien modeste des spoliations,
dont il fut victime, de la part des libéraux de 1792.
Aussi le Progrès assujettit-il, en termes formels,
le prêtre dans l'exercice du sacré ministère, au
régime de la discipline militaireet le corps
sacerdotal n'est pour lui qu'une catégorie b part
de fonctionnaires salariés. L'État a donc droit de
contrôle jusqu'aux pieds de la chaire évaugelique.
Mais alors qu'adviendra-t-il de la liberté de
l'Église, et de cette indépendance réciproque des
deux pouvoirs? Qu'il eu advienne que pourra
La coterie libéraliste n'a pas coutume de reculer
devant l'escamotage d'une liberté, le renoncement
d'un principe. C'est un fait dont ses organes ne
font pas mystère, et l'un d'eux formulait dernière
ment ses vœux en ces termes catégoriques
Que le parti encore maître des affaires et de
l'opinion, ose mettre en œuvre dès demain la
compression contre les libertés natio-
nales et contre l'ïndépendancb même du
soldans le sens du progrès et pour le salut
public, et il aura rempli un devoir repara-
teur du passé et sauveur de l'avenir.