9
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
J. BALDISSERONI,
No 3684.
Mercredi, 19 Janvier 1853.
36me année.
sa
ont trouvé créance dans les rangs même
des catholiques étrangers. De là, l'opinion
erronée qu'un Prélat Savoisien exprime
notre sujet dans une lettre une feuille
Helvétique; de là, les assertions renou
velées de VUnivers, mettant en doute, par
une confusion complète du véritable état
des choses, le patriotisme national des
catholiques Belges, et plus encore leur
dévouement traditionnel aux libertés po
litiques. Et cependant, ponr peu que l'er
reur déplorable où le libéralisme s'ingénie
induire les nations étrangères, vint
prendre racine dans l'opinion, quelles
méfiances redoutables la Belgique ne se
verrait-elle exposée, si jamais la paix eu
ropéenne se trouvait compromise? Quelle
garantie de durée offriront aux Puissances
nos institutions constitutionnelles et le
trône lui-même; si jamais elles demeurent
convaincues que le parti catholique qui
fonda ces libertés et cette dynastie, et qui
seul par sa sagesse sut inspirer aux cours
Européennes confiance dans la Belgique
de 1830; si jamais, disons-nous, elles de
meurent convaincues que ce parti catho
lique vient désespérer de son œuvre;
qu'il abandonne et répudie trône et consti
tution, indépendance et liberté! Telles
sont néanmoins les déplorables conséquen
ces qu'amoncèlent fatalement sur la patrie
les incriminations menteuses et coupables
des feuilles libéralistes.
P. S. L'article précédent était écrit
lorsque nous avons lu dans le Progrès un
factum reproduisant les mêmes incrimina
tions auxquelles nous avions pris tâche
de répondre. A l'appui desa thèse la feuille
libéraliste apporte deux preuves préten
dues. D'abord certains articles de deux
journalistes français dont il impose gra
tuitement la responsabilité aux catholiques
Belges. Ensuite, une sortie contre la Pa
trie, de Bruges, qu'il accuse d'avoir eu
l'effronterie de publier que la Belgique
formait une lâche rouge au milieu de la
carte de l'Europe, et qu'il importait de
la faire disparaître
A la première allégation du Progrès nous
nous abstiendrons de répondre jusqu'à ce
que ce journal ail jugé propos d'appuyer
son dire de quelque preuve un peu sérieuse.
Pour refuler la seconde il nous suffira de
reproduire la réplique qu'adressait ce
sujet la Patrie quelques feuilles pam
phlétaires, avant que le Progrès se fil l'écho
de leurs mensonges.
On lit dans la Patrie:
PEINTRE ITALIEN, DE VENISE,
ACTUELLEMENT A YPRES,
A l'honneur d'annoncer au public qu'il
quittera cette ville sous peu de jours. Les
personnes qui désirent lui rendre visite,
voudront se rendre chez M. Lambin-Ver-
waerde, rue de Lille, qui leur fera voir des
portraits bien connus.
Bustes d'hommes, trois crayons fr. 25.
Bustes de femmes, fr. 30.
7PRES, 19 Janvier.
Au sein du parti libéraliste, parmi ceux
qui se donnent mission de combattre l'in
fluence religieuse, la connexion étroite que
le Belge sut toujours établir entre sa Re
ligion et son indépendance politique et ci
vile, a dû éveiller de fortes animadversions
contre cette dernière. Aussi vit-on, pour
ne parler que des faits historiques les plus
récents, les Voltairiens de la fin du 18me
siècle soutenir les empiétements absolu
tistes de Joseph 2, appeler de leurs vœux
le joug des Français, et depuis, sous le
pseudonyme de libéraux, applaudir au des
potisme hollandais, entraver la révolution
de 1830, combattre outrance les libertés
que le Congrès national s'apprêtait sanc
tionner, puis les honnir, finalement les
corrompre, les escamoter et les compro
mettre. Ce furent ces libéraux, qui dans
les rangs de l'apposition s'écriaient Ou
la Constitution sera revisée légalement, ou
vous serez abattus révolutionnairement. (t)
Ce furent eux qui, devenus ministériels et
sentantchanceler leur pouvoir, s'efforçaient
d'ameuter les esprits contre le Sénat, l'ap
pelaient un anachronisme, (2) et surent mé
riter les sympathies compromettantes des
Républicains de la Nation. Ce furent tou
jours ces mêmes libéraux-ministériels qui
avouaient sans pudeur ni vergogne qu'ils
eussent fait un 24 février si la Belgique n'a
vait eu le 10 juin!.... (3)
Sur ces entrefaites le coup d'État de dé
cembre 1851 éclate, et Louis Bonaparte
renverse les libertés politiques des Fran
çais. Les fils de Saint Louis avaient doté
leur beau royaume d'institutions constitu
tionnelles, en rapport avec les besoins du
temps; mais les fils de Voltaire s'étaient
donné le mot pour corrompre et putréfier
la source fécondante d'où devait découler
sur la nation les bienfaits de la liberté.
Aux yeux donc des plus clairvoyants et
des plus modérés la mesure extrême qu'as
suma le Président de la République était
dans les circonstances d'alors une rigueur
nécessaire: d'ailleurs les suffrages des mas
ses sanctionnèrent diverses reprises cet
acte anormal. Maitre du pouvoir suprême
Louis-Napoléon fit droiten plusieurs points
aux justes réclamations des catholiques
français. Alors un journal de Paris, de
couleur catholique, que le talent réel de
ses rédacteurs a mis en grand renom, mais
dont la polémique imprudente et atrabi
laire a plus d'une fois déjà semé le trouble
et la discorde parmi ses amis, a soulevé
bien des préventions, aigri bien des ran
cunes, chez ses adversaires; alors, disions-
nous C Univers voyant, par l'initiative du
chef de l'État, redresser un un les torts
dont le catholicisme souffrait depuis long
temps, ne craint pas d'entreprendre l'apo
logie d'un régime antipathique aux mœurs,
aux vœux, aux besoins de la France con
temporaine. Trompé sans doute par l'éclat
de quelques faits récents, il prend pour
l'expression d'un besoin inérent l'huma
nité, ce qui n'est qu'une réaction prévue
mais passagère. L'Univers ne s'en tient pas
là; mais, saisi d'un beau zèle de prosély
tisme, il prétend étendre l'heureux régime
qu'il encense ses corréligionnaires poli
tiques de toutes les nations et leur prête
gratuitement des sentiments et des prin
cipes qu'ils repoussent et renient.
Personne n'ignore quelles proportions
colossales nos adversaires politiques ont
donné aux excentricités de la feuille pari
sienne; le pays tout entier a retenti des
clameurs des feuilles maçonniques et vol-
tairiennes, orangistes et républicaines. A
les en croire, l'Univers, dont ils avaient
jusqu'alors obstinément nié en tout la com
pétence ella véracité, l'Univers était l'oracle
du grand parti catholique. Sur ce thème,
il faisait beau entendre ces champions de
contrebande de la Constitution Belge s'a
pitoyer sur nos tendances absolutistes; il
faisait beau ouïr leurs doléances sur le
mauvais parti que nous reservions sour
noisement aux libertés nationales, dont ils
se constituaient d'office les champions, eux
les vaincus de 1830, les promoteurs de l'an
nexion du pays la France en 1831, les
organisateurs de loix hostiles ta liberté de
l'enseignement, les contempteurs de la li
berté des bonnes œuvres; eux, les orangistes
du Messager de Gand et du Journal de Liège,
les républicains de la Nation et de la Broe-
dermin, les hommes, en un mot, du Mé-
pliislofélès et de la Brugsche Vrye!
Meniez, mentez, disait Voltaireji ses adep
tes, il en restera quelque chose! Fidèles
l'apophthegme du maitre, les disciples
n'ont que trop bien réussi; ils ne visaient
qu'à tromper leurs dupes habituelles, mou
tons de Panurge par vocation; et leurs
mensonges intéressés, colportés par toute
la France dans les colonnes des journaux,
ÏÉBIIÉ ET JUSTICE.
Un de nos correspondants, réfutant hier quel
ques erreurs de la presse ciubiste, la rappelait aux
sentiments d'honnêteté qu'elle méconnaît constam
ment. L'impudeur, elle aussi, disait-il, a ses bor
nes. Il paraît que tel D'est point l'avis de
l'Impartial et du Journal de Bruges et que
le système dévergondé de leur ami et complice
Beeckinan est le seul qu'ils adoptent.
Il y a deux jours, nous disions au Précurseur
que c'était l'œuvre d'un faussaire de nous attri
buer une phrase que nous n'avons pas écrite telle
On s'.liouue Ypres, rue de Lille, 10, près la Graud
Place, et cliei les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIT DE I/AKOWEMENT, par trlmeatre,
Vpres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° 25 c.
Le Propagateur paiait le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine. (Insertions II centimes la ligne.)
PRIT DCB PORTRAITS)
A l'appui de ce que nous avançons ici, il serait superflu
d entrer eu de plus amples détails; les faits sont patents et
tout le monde lésa présents la mémoire.
(1) Journal de Liège»
(a) Messager de Gand,
(3) Journal de Bruges