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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3680.
36me année.
7PP.ES, 9 MARS.
LA RÉGENCE A LIEU D'ÊTRE FIÈRE!
Désormais il est avéré que le journal
voltairien, qui se publie Ypres, sous le
nom de Progrèssert d'organe officiel ou
officieux de l'administration communale.
Bien plus, ne ressort-il pas clairement du
dernier numéro de ce pamphlet, que non
seulement la Régence d'Ypres s'abaisse ati
point de pâlroner et d'encourager une pro
duction politique dont le dévergondage
anti-religieux fait rougir les consciences
quelque peu honnêtes; mais que nos ho
norables édiles lui servent de pourvoyeurs
dans la personne d'un ou de plusieurs de
leurs collègues?
Que tout homme sage examine la lettre
adressée au Progrès, la date du 1er, en
guise de réponse aux griefs justement fon
dés que nous exposâmes nos mandataires
communaux,concernantleurgaucheriead-
ministralive et leur gestion financière rui
neuse; et quelles remarques spontanées
la lecture de ce plaidoyer aussi vide que
fastidieux, ne frapperont point tout d'abord
son esprit? N'est-ce pas une parfaite iden
tité de pensées, une entière conformité de
langage, avec le mode d'argumentation ha
bituel du Progrès. C'est en trempant sa
plume dans le fiel, c'est en insultant ses
adversaires, c'est en ricanant avec une se
crète aigreur les choses saintes et les per
sonnes honnêtes, que l'orateur établit sa
défense, et invoque l'approbation publique!
Ainsi s'y prend d'ordinaire le Progrès;
défaut d'arguments, leconfrère entasse l'un
sur l'autre sarcasmes et faux-fuyants, et
la raison lui faisant embarras, il y supplée
en cherchant dans son vieil arsenal, quel
ques pierres jeter la tête du clergé.
Maintenant, quel est ce champion qui,
en style de bas étage, en dialectique de
carrefour, plaide si haut la cause critique
de nos conseillers communaux endettés;
quel est ce personnage fameux qui s'arme
du sarcasme et de l'algarade pour briser
le ressort de l'indignation publique soulevé
par une aggravation d'impôt des plus impo
pulaires? Quel est-il? Ne dirait-on pas que
c'est un conseiller communal tnême?ou plu
tôt que c'est le rédacteur en chef du Progrès
cherchant cacher sa plume pamphlé
taire sous les replis de la toge magistrale.
Vaine précaution! car il est du rédacteur
du Progrèscoiffé de sa robe administrative
comme de l'âne paré de précieux orne
ments. L'un et l'autre se trahissent au lan
gage-
Cette remarque saute aux yeux des moins
c|airvoyants. Une considération de plus
haute importance ressort de plus, de la
mercuriale de Chonorable affublé en conseil
lerc'est l'autorité qu'il se donne de pren
dre le verbe si haut eu ces circonstances au
nom des magistrats; c'est la solidarité étroi
te et avouée qu'on ne décline bas entre le
Progrès et l'hôtel de ville; car c'est sans dé
tour ni ambages que le rédacteur ou signa
taire de la pièce en question (fcclare qu'en
élevant la voix du hautdu trépiedde la feuil
le voltairienne il se constitue l'organe de
tous ses collègues. Cet aveu naïf ainsi fait,
et ce compliment si flatteur adressé nos
seigneurs de la Régence, il doit tarder au
public de savoir quelles sont les explica
tions que l'administration communale pro
duit dans le but de se justifier vis vis des
contribuables, et quelles sont en même
temps les vérités établies, et pour la dé
monstration desquelles le rédacteur du
Progrès se constitue garant conjointement
avec toute la Régence.
Nous passons cette analyse, après avoir
félicité serieusement notre conseil com
munal des honneurs dont il est l'objet de
la part de son mandataire aussi naïf que
compromettant.
Qu'avons nous dit d'abord, pour trou
bler le repos des écrivailleurs du Progrès?
Deux choses: Que la conduite financière
de nos édiles est imprévoyante attendu
qu'avec un revenu de 209,009 francs ils
obèrent le trésor; qu'il est d'une indélica
tesse inouie de chercher les moyens de
combler le vide financier en pressurant da
vantage la bourgeoisie souffrante et gênée.
Là dessus, le Conseil communal devait
ou garder le silence, ou opposer des docu
ments valables l'appui de sa défense. 11
ne recourt son journal officiel que pour
donner le coup de pied de l'âne, aux congré
gations, au clérical, au collège S1 Vincent,
un brasseur honorable, sans oublier les
rédacteurs du Propagateur. Argumentation
victorieuse et digne d'une Régence! Ah!
messieurs les conseillers, décidément vous
avez bien raison de crier triomphe, et il ne
vous reste plus qu'à produire les preu
ves qui anéantissent nos plaintes, car de
tous les griefs produits, il n'en est aucun
qu'on ait réussi pour vous ébranler.
Passons plus avant: la feuille religieuse,
dit l'honorable conseiller, trouve qu'on
peut réaliser une économie de 10,000 sur un
budget de 209,000 francs autrement qu'en ne
payant pas les dettes.
Plus loin il ajoute en termes exprès
croit-on par exemple que sur ces dé
penses ordinaires de 160, 180,000 fr. par
an, la ville puisse, durant 5 4 ans, éco
nomiser chaque année.... même 10,000
francs? le dire serait avouer qu'on est un
El bien! dût le Progrès et son correspon
dant nousgratifier de cette épithète banale,
nous trouvons ce moyen d'économie pos
sible et facile. Supprimez votre malencon
treux collège communal; supprimez l'inu
tile musique des pompiers; réduisez le
traitement de votre secrétaire l'ancien
chiffre et déjà vous aurez réalisé d'un coup
de plume une diminution des dépenses de
plus de 20,000 francs par an! Mais faut-il
bien s'attendre l'exécution de ces mesu
res utiles de la part d'une administration
qui, composée d'une quinzaine de mem
bres, plie sous l'influence arbitraire d'un
ou de deux personnages, et se laisse en
chaîner leurs pieds comme, le prouve
bien la docilité moutonnière avec laquelle
elle se laisse personnifier dans le rédacteur
du Progrèsvociférant contre la religion
et ses ministres? Non, du tout; la Régence,
du reste, au dire de son organe est ffère
du collège communal; elle désire que notre
jeunesse soit mise même de faire de bonnes
études! Singulier contraste entre la con
duite et le langage des hommes de l'hôtel
de ville!
1! semble nous que, lorsqu'on est fier
d'Une institution, on ne devrait pas borner
son zèle, forcer la bourgeoisie dépendante
d'y mettre ses enfants, mais qu'il convient
avant tout, d'y envoyer les siens. Cepen
dant les enfants de MM. les conseillers
lweins, CardinaelYanden Boogaerde,
Boedt, ont-ils fait, et font-ils leurs huma
nités sur les bancs du collège d'Ypres? Les
motifs qui existent pour éloigner ces jeu
nes gens, n'existent-ils pas aussi pour les
pères et mères de la classe bourgeoise?
Et cependant le Conseil communal est
fier de son collège! Ah! en vérité il a bien
raison de l'être! Si nous ne craignons de
compromettre le fils d'un fonctionnaire
haut placé, qui est même de connaître
en détail les hommes et la marche de cet
établissement nous énumérerions quelques
motifs de plus la confiance dont ils l'ho
norent. Il suffit du reste que l'on sache
qu'une soixantaine d'élèves payant, peuplent
cet établissement décrépit qui absorbe
50,000 francs des contribuableset que les
cours latins qui comprennent 5 profes
seurs et un préfet d'étude comptent vingt
étudiants, soit 4 élèves par maître!
N'est-ce pas là line situation prospère,
et nos magistrats n'ont-ils pas lieu d'être
fiers vingt-cinq fois, comme le déclare leur
défenseur complaisant! Vraiment, c'est
rompre de fierté, comme la grenouille de
la fable.
Du reste que l'administration commu
nale soit fière autant qu'elle le veut êlre;
elle n'aura jamais autant raison de l'être
que le Progrès, du succès avec lequel il
est venu bout de museler la bourgeoisie.
Pour notre part, déplorant les dilapida
tions commises au préjudice du trésor,
nous pouvons au moins en cette humilia
tion publique nous rendre le témoignage
consolant de n'être point du nombre des
esclaves rampants aux pieds des hauts et
puissants seigneurs du libéralisme, et
d'avoir été assez perspicaces pour appré
cier la valeur de nos Colbert communaux
avant qu'ils eussent mis leur main fiscale
dans la bourse publique.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abouue Ypres, rue de Lille, 10, près la Grand
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DR L'AHOVIEHi:.\Tpar trimestre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° 25 c.
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine. (Insertion!* M 9 centime» la ligne.)
NIAIS.