9 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. IN'" 3704. 36me annce. 7PF.ES, 30 Mars. Les injures et la méchanceté de la sottise ont été de tout temps le lot réservé aux défenseurs de la vérité, parce que la vérité blesse la méchanceté et déplait la sottise. La méchanceté et la sottise ne nous ont guère épargné leurs insultes et leurs sar casmes, depuis le jour où nous montâmes sur la tribune publique, pour y défendre les intérêts matériels et sociaux de notre ville, de l'arrondissement, de notre chère patrie. Aussi, dans la pénible tâche de journalistes, qu'un pur dévouement la bonne cause seul, nous a fait entreprendre et continuer, nous puisâmes dans cette idée d'être continuellement en butte aux outrages des hommes dont nous combat tons les doctrines et les lendauces, une consolation bien douce n'ayant cessé d'être injuriés et bafoués par nos adver saires nous avons la conviction de n'avoir point failli notre devoir. Ce que les cris, le persiflage et les ana- thèmes d'une presse aveugle et passionnée ont été pour nous en d'autres circonstan ces, ils le sont encore présentement; et s'il est vrai que le cœur nous soulève parfois aux qualifications dégouttantes de jésuite, de clérical, de bazile, qu'on nous dessert satiété, notre ardeur l'instant se retrempe la vue de la faveur sans cesse croissante dont le public nous entoure et nous ho nore. Cette assertion n'est guère gratuite elle repose sur un témoignage irrécusable, sur le chiffre de plus en plus satisfaisant de nos lecteurs, et sur l'approbation particu lière que plusieurs de nos concitoyens viennent d'émettre propos des critiques que nous exposâmes contre la gestion financière de notre Conseil communal. Faisant le bien pour le bien, sans cher cher d'autre satisfaction que celle de notre conscience, nous nous serions abstenus volontiers de rendre compte au public de ces marques de faveur, et jamais nous n'eussions levé le voile ce sujet, s'il n'ar rivait que vérité parfois doit confondre le mensonge, et que le Progrès ne se fût per mis de nous dépeindre dans ses colonnes, comme l'objet du dédain et des répugnan ces de tout homme honnête. Effectivement, parcourez d'un regard celte feuille pamphlétaire, et n'y verra-l-on point lancés notre adresse, les reproches les plus odieux, les balivernes les plus plates que dicte seul le plus abject esprit de parti? Tantôt c'est aux dépens du tronc des pauvres que nous vivons et existons; tan tôt c'est comme un chien gâieux dont tout le monde évite l'approche et la présence qu'on dépeint notre journal! Plus d'une fois, le public a pu lire dans le Progrès des aménités de cette force. Ce sont là encore les gentillesses dont se sert le champion du libéralisme yprois, en ré ponse aux plaintes unanimes de la bour geoisie dont nous nous sommes faits l'écho. Ces procédés honnêtes et concluants n'au ront point échappé aux observations de tout homme sage; mais ce que le lecteur n'aura point assez remarqué peut-être, c'est la lettre de recommandation que le Progrès se donne lui-même et l'air d'im portance qu'il affiche, c'est la couronne de bonne renommée qu'il se place sur la tête, en osant faire entendre que lui seul est digne des honneurs d'avoir communication avec quelque membre de la Régence, l'exclusion de toute autre feuille. N'est-ce pas là la pensée de l'écrivain du Progrès, lorsqu'il se demande dans son numéro du 16 de ce mois, si un conseiller communal peut bien se permettre d'adresser une let tre la Rédaction du Propagdleur, et s'il est un homme honnête en ville qui voudrait avoir le moindre rapport avec notre journal? Singulière demande vraiment! et quel les terribles armes le Progrès exbibe-t-il contre nous? Plaisanterie part; il faut convenir que de pareils irails sont impuis sants nous atteindre, et ne sauraient blesser que ceux-là même en l'honneur desquels, cet ignoble folliculaire en use. Quel est en effet le Progrès pour qu'il se targue de mériter seul l'amour et le respect de la régence? quel est-il; n'est-ce point ce pamphlet de bas étage qui, subissant la loi des clubs et des loges, propage et dé fend les funestes doctrines d'une coterie haineuse et ennemie de nos libertés de 1830; n'est-ce pas lui qui divorçant avec la dignité publique poursuit de ses atta ques incessantes et couvre de sa bave vollairienne tout homme qui porte l'habit sacerdotal? n'est-ce pas lui qui, fidèle au précepte de l'écrivain type de l'impiété du 18mesiècle, prête sa main perfide pour battre en brèche la religion, ce ciment indispen sable de l'édifice social? N'est-ce pas lui encore qui prodigue le sarcasme aux dis ciples de S'Ignace, et brûle l'encens devant le cynique Sue; qui revêt de son approba tion toute mesure contraire aux vœux des contribuables, pourvu qu'elle émane de l'i nitiative libcraliste; quel est-il le Progrès? n'est-ce point celle production politique qui, servant d'organe au soi-disant libéra lisme d'Ypres, se bouffit de grossièretés l'adresse de quiconque ne partage guère ses opinions exallées; n'est-ce point ce ra massis de lurlupinades et de quolibets gros siers qui marche la suite des Méphislo- phelès, de l'Artevelde, du Weergalm, et qui comme eux probablement partagera l'hon neur de comparaître devant la cour d'as sises pour s'y entend recondamner peut-être la juste peine dûe aux calomniateurs pu blics. Et c'est devant une feuille aussi ignoble qu'il faudraitquelaRégences'incline! c'est entre ce pamphlet et l'autorité communale qu'il doit, audace! exister de l'union, du commerce, de l'accord, et des relations sym- palbiques?Magistrats communaux, ne rou gissez-vous pas de la communauté de vue que te Progrès tend établir entre vous et lui? ne rougissez-vous des prétentions de la feuille vollairienne? S'il n'en était ainsi, nous rougirions pour vous et la grande majorité de la ville partagerait notre bonté. Nous venons d'examiner les litres du Progrès la sympathie de l'autorité com munale; voyons aussi quels seraient les griefs qui nous attireraient le dédain de nos édiles et leshuéeset la déconsidération des gens honnêtes A cette fin, nous décla rons tout d'abord qui nous sommes: Ca tholiques, vrais Belges, Bourgeois. Gomme tels, nous avons agi en toute circonstance, com me tels nous agirons toujours. C'est par attachement au Catholicisme quenous avons pris la plume en main pour défendre la religion, sa morale, ses minis tres contre leurs nombreux adversaires. Par amour pour la patrie, nous avons vaincu nos répugnances personnelles, pour monter sur la brèche l'effet d'opposer une digue aux tendances d'un parti révo lutionnaire et liberticide. Par respect pour les droits de la bour geoisie nous blâmâmes sans cesse haute ment toutes les mesures contraires aux intérêts de cette classe de la société dont nous faisons partie. C'est ce sentiment qui nous ont fait for muler les critiques les plus sevères eontre l'établissement de l'impôt odieux des 10 centimes additionnels que l'on vient de faire peser sur la ville. C'est ce sentiment qui nous fait demander depuis longues an nées des économies réaliser notamment par la suppression d'un collège inutile au quel les 3/4 de la ville refusent leur sym pathie; qui ne compte qu'une soixantaine d'éléves coûtant près de 500 francs chacun; et qui dans l'espace de 10 ans a absorbé 180,000 francs des contribuables. Et bien! sont-ce là des motifs qui doi vent nous aliéner la sympathie de nos con citoyens? nous n'y trouvons pour notre part que des sujets de la colère et de la malédiction du Progrès et de ses acolytes. Quand ce journal nous accable donc de ses lazzi, et de ses reproches, il ne saurait s'agir que du mécontentement de ses pà- Irotis aux abois, mais nou pas de la défa veur publique. La raison et le bon sens ne s'arment guère de colère; ils opposent des arguments aux arguments qu'on présente. Or aucune allégation de notre part, n'a été combattue par le Progrès que par des irails puisés dans son vocabulaire d'injures Cette conduite corrobore nos critiques fortifie serieuseraent nos plaintes, et doit nous faire grandir dans l'opinion publique; car les temps ne sont plus, où l'on prenait les VÉRITÉ ET JUSTICE. On s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Grand Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre, Ypres fr. 3. Les aulres localités fr. 3-5o. Un n° n5 c. Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. (Insertions 19 centimes la ligne.)

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Le Propagateur (1818-1871) | 1853 | | pagina 1