que les dix pour cent ajoutés aux sept pour cent n'en feraient pas moins dix-sept pour cent de contributions additionnelles. Jamais nous ne pourrons nous convaincre que nous descendions dans la considéra tion de nos compatriotes, en portant le llambeau de l'examen dans les ténébreux mystères du libéralisme spoliateur qui sa crifierait tout sa haine anti-religieuse. Nous n'avons pour défendre les prêtres contre d'infâmes et de perpétuelles atta ques aucun intérêt particulier. Nous ne vivons pas de l'argent du prêtre, ni direc tement ni indirectement. Nous ne sommes pas comme le libéralisme, comme la presse libérale qui puise toutes les bourses, qui prélève sur toutes les caisses. Le libéralis me mène joyeuse vie aux dépens de ceux qu'il insulte comme aux dépens de ses dupes. Il exige, et après avoir obtenu, il fait succéder l'augmentation aux premiers gâteaux. De là cette rage dès qu'on s'élance courageusement entre Je vautour et sa vic time, qui est le peuple. De là ces violences écumantes dès qu'on démontre un peu clairement que ce haro au clergé n'est souvent que la poussière de la bataille qui habilement jetée en haut et obscurcissant la lumière, facilite le dé- trousseinent. L'intérêt que nous prenons au clergé est le senti ment d'une conviction indépendante qui repousse l'injustice dirigeant ses coups contre l'opprimé; il est cet intérêt général qui porte l'homme soutenir la religion qu'il professe; il est l'essor général d'une âme hère de se trouver dans les rangs d'une phalange invincible contre l'audace de la mauvaise foi dévergondée. Ces vues, si nous y sommes fidèles, ne sauraient nous perdre dans l'estime publi que. Le Progrès s'est mainlefois chargé de nous rassurer lui-même cet égard, et il le fait encore aujourd'hui. Il le fait aujour d'hui en ne trouvant pas au-dessous de la dignité du barreau que des membres de ce corps soient nos correligionnaires politi ques. Il l'a fait mainlefois par ces contradic tions que nous signalions tout l'heure. Combien de fois n'a-t-il pas fait au sujet de notre rédaction des suppositions, hasar dées la vérité et frappant faux, mais qui laissaient entrevoir une opinion tout notre avantage. Il a risqué mainlefois les tâtonnements les plus hardis de participa tion notre rédaction. Tantôt c'était un ancien membre du Congrès national, tan tôt c'étaient des avocats, des abbés, des juges même ou des membres de la législa ture qu'il taxait de pourvoyeurs de nos colonnes: toujours et sans exception c'é taient des hommes jouissant d'une juste considération. Jamais un homme taré n'a été indiqué par le Progrès comme appar tenant de près ou de loin au petit noyau d'amis qui alimentent nos publications. Comment donc 1 eProgrès peut-il préten dre que nous sommes démonétises et sans écho, puisque nous ne poursuivons qu'un but utile et honnête, et que rien de mal honnête n'approche de nous? Le libéralisme nous reproche le ton par fois un peu acéré de nos articles, mais celte verdeur de remontrance ne vaut-elle pas mieux que les charivaris de rue aux évê- ques, que le soufflet donné M. Onghena Garni, que la croix brisée sur le cimetière de TilfT, que les pierres jetées impunément Dixmude? Et pour parler plus spéciale ment d'Ypres, notre franchise flamande, contre la gabelle du budget moutardé dix-sept pour cent, ne vaut-elle pas mieux que le fameux sifflet lancé un vénérable vieillard, au père de l'Evèque, la majorité des électeurs indignés, la souveraineté nationale, sa volonté triomphante, dans l'acte et dans la salle même de l'élection? L'héroïsme du sifflet est sans doute un titre de considération devant lequel tout autre pâlit aussi avons-nous soin de nous en tenir distance. Celte distance, plus le Progrès l'élargit, plus il nous honore. Singulière doctrine nous perdons en considération parce que nous argumen tons, que nous réfutons et que nous prou vons; nous serions honorables si nous procédions envers l'autorité en charivari- sanl et en sifflant! Non, ce n'est pas ainsi que nous pourrions conquérir l'estime pu blique. A chacun son idée. LE LINGOT D'OR. A PROPOS DE CASQUETTES. A la suite de l'incendie qui dévora le magasin de M. Vandenbroele et des sous criptions charitables qui reparèrent spon tanément les dommages causés de nom breux ouvriers par la perte de leurs outils, nous émîmes le vœu que les divers mar chands de cette ville ne se vissent pas oubliés dans les commandes que le Conseil communal devait faire en conséquence. Il était temps, paraît-il, que nous pris sions cette initiative, car déjà des échan tillons avaient été commandés Bruxelles. Nous ne croyons pas avoir été aussi heureux dans une autre circonstance. En effet, l'on se rappelle que l'école commu nale offrit cet hiver une petite fête musicale et scénique, dont le produit lui devait valoir une nouvelle tenue. Or, on nous assure qu'une partie, au moins, des béné fices qui en devaient revenir aux habitants, s'est allé nicher dans la poche d'un Gan tois; en d'autres termes, que les képis brisés ou casquettes de l'école ont valu une importante commande certain com patriote de Charles-Quint, de nom M. Bouekaert. Doutant encore quelque peu de l'exacte vérité de ce qui se racontait, nous adressâmes une interpellation indi recte au Progrès, et demandâmes simple ment si déjà le costume projeté se trouvait en voie de confection. Sur ce, le moniteur de la Régence, qui peut-être n'avait pas compris où nous en voulions venir, nous assène quelques gentillesses de sa façon, telles que '.journal hargneux, coteriecama- rilla, et ajoutant que deux jours après l'apparition de notre article, les élèves de l'école ont défilé en grande tenue devant le bureau du Propagateur (ce que leurs coups de grosse caisse nous ont suffisam ment appris); que ces jeunes gens sont enchantés de leur uniforme (ce qui nous fait plaisir); que Messieurs les membres de la commission qui avaient organisé la fêle, se sont réunis, lundi dernier, la Tête (l'Or (ce qui u'est pas si mal imaginé). Bref, nous n'avons garde de trouver mau vais tout cela; mais il n'en saurait être ainsi alors que le Progrès demande si le Propagateur se figure que le draps des tuniques a été livré par des marchands de bois, que ces tuniques ont étéconfec- tionnés par des chaudronniers et les casquettes par des bottiers? Nous dirons donc au moniteur du Conseil com munal que le Propagateur ne se figure rien de pareil, mais tout simplement que les casquettes ont été confectionnées, sinon par un bottier, au moins par un étranger la ville, ce qui est bien pis qu'un bottier. Nous dirons encore notre moniteur que lorsqu'on a fait une bévue, il est toujours aussi inhabile qu'inconvenant de ne savoir se défendre qu'à l'aide d'un persifllage puéril; nous lui dirons, s'il l'ignore, que la bourgeoisie est lasse de voir traiter ses intérêts avec un pareil sans-façon, et que, dans l'étal de gêne où elle se trouve, ré pondre aux justes préoccupations de ceux qui s'intéressent son avenir, par de froids quolibets, par des plaisanteries sans portée, doit lui paraître un outrage que son hon neur lui défend d'endurer. Aux termes de l'art. 7 de la loi électo rale, c'est du 1" au 15 avril, que doit se faire tous les ans, la révision des listes des citoyens qui, d'après la présente loi, réu nissent les conditions requises pour être électeurs. Nous engageons en conséquence, toutes les personnes payant 42 fr. 52 cent, de contributions l'Etat, de faire valoir leurs litres électoraux, et de se faire ins crire sur les listes. Un grand nombre de cultivateurs réunissent ces qualités requi ses et ne sont point portés sur les rôles. Nous rappelons au public ces dispositions de la loi, afin que chaqu'ayant droit use Si la Régence d'Ypres avait pris un numéro a la loterie du lingot d'or Paris, elle aurait tout d'un coup pu rétablir ses finances. On nous répondra avec raison, comment une administration commu nale se justifierait-elle de jouer la loterie? Ce n'est pas ce que nous voulons dire; mais si la Ré gence a le lingot d'or sous la main et refuse de l'utiliser, que doit-on en juger Vaut-il mieux de pressmer les malheureux contribuablesque de tirer du coffre un capital mort? Le lingot d'or, c'est la suppression du collège communal qui'a perdu toute ombre d'utilité a l'heure qu'il est, et qui absorbe aunuellemeut les intérêts durement payés d'un ca pital énorme, lequel employé avec intelligence et dans une autre direction, guérirait aisément toutes les plaies du passé. Cette masure replâtrée du gou vernement déchu de Guillaume n'est plus qu'un cancer nos finances, et une cause permanente de division. Le roi Guillaume organisait des collèges en passant sous les pieds l'autoiité catholique parce que, calviniste lerveut et craignant la Frauce, il lâchait de détacher les Belges de leur religion afin d'opérer la fusion enir'eux et les Hollandais, et afin d'éteindre leurs sympathies pour la puissance catholique du midi. Les idées du prosélytisme s'alliaient au désir de raffermir sa puissance. Ses plans furent néanmoins déçus. Main tenant qu'est- ce que nous avons a chamailler entre uoits pour maintenir debout un pan ruiné de l'édifice ci-devant élevé contre uous par l'étranger que nous avons expulsé? "laut qu'un enseignement complet avec toutes les garanties possibles u'avait pas été orga nisé dans nos murs et n'avait point fait ses preu ves, les libéraux fanatiques prodigues de l'argent d'autrui, et poussés par leur aversiou impie envers la religion, pouvaieut entretenir l'erreur daDS les esprits. Mais maintenant il devient impossible de prendre le change: le collège organisé avec la combinaison du principe religieux présente abon damment toutes les ressources scientifiques de l'au tre c'est donc une pure sottise de soutenir celui-ci 'a force de sacrificés, et les parents qui y envoient leurs enfants, en même temps qu'ils renoncent volontairement au bénéfice des garanties religieu ses, rendent un fort mauvais serviceà leurs cocon- tribuables et eux-mêmes.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1853 | | pagina 2