9 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. N<> 3708. Mercredi, 13 Avril 1853. 36me année. TPF.BS, 12 Ax~ LA CALOMNIE RÉHABILITÉE. Les excès de la presse libéraliste ne sont un mystère pour personne; ce que, deux fois par semaine souvent, nous voyous le Progrès se permettre en fait de calomnies, indique assez quel point la démangeaison du mensonge et du dénigrement possèdeles oracles du pseudo-libéralisme. Plus d'une fois déjà nous avons relevé les incartades grossières du Progrès rencontre des hom mes les plus respectableset les plusrespectés de cette ville il nous suffira aujourd'hui de rappeler que, dans son n° du 3 courant, ce journal pamphlétaire consacra en tête de ses colonnes un article de fonds la naïve et bruyante manifestation de la joie sym pathique que lui causait l'acquittement du renégat Beeckman, son émuieen calomnies. Au reste, il n'a point suffit aux pamphlé taires libéralistes de semer la calomnie, il leur fallait encore frapper, pour ainsi dire, des médailles en son honneur. On n'a pas oublié, sans doute, avec quelle incroyable audace un président de la Chambre des Députés osa, la veille des élections, repré senter comme de mauvais citoyens une no- table partie de ses collègues, parmi lesquels figuraient les plus vaillants champions de la cause nationale, et les administra teurs les plus intègres et les plus habiles des affaires du pays. Justement indignée la Chambre élimina du fauteuil présidentiel le docile instrument des passions politi ques. Libéraux et catholiques avaient en effet vivement ressenti l'affront infligé la dignité du parlement. Or, c'est ce même ex-président, c'est M. Verhaegen, puis. SOEUR GENEVIEVE. qu'il faut l'appeler par son nom, c'est du chef même de l'outrage lancé par lui ses collègues et de la condamnation infligée sa conduite par les Représentants du pays, que, sous l'inspiration des loges maçon niques, une médaille est offerte au grand homme! Des listes de souscription se sont ouvertes partout, et les racoleurs du parti n'ont donné ni trêve, ni repos leurs dupes accoutumées qu'ils n'aient offert leurs deux mains aux menottes de force que le despo tisme orangisle et maçonnique s'efforcent d'imposerà la nation, qu'ils ne sesoientas- sociés lâchement aux graves incriminations du manifeste Verhaegen et au dépit harg neux que l'arrêt du parlement alluma au sein des clubs anti-religieux. Toutes ces menées sans doute auront abouti une immense déconvenue: le bon sens du peu ple Belge, l'esprit de liberté sage, qui est au fond de ses mœurs et de son caractère, nous en sont le sûr et précieox garant. Le Progrès, la vérité, porte 125 et au delà le nombredes signataires dans notre villeet dans les environs; mais nous ne craignons pas de nous inscrire en faux contre celte allégation hyperbolique, et nous maintien drons ce démenti aussi longtemps que l'or gane de la coterie orangisle n'aura publié la liste des signataires. Si ce qu'il avance est exact, cette exigence de notre part ne saurait paraître odieuse ou déraisonnable au confrère, puisqueiui-mêmèil publiâmes noms des pétitionnaires contre la loi sur l'enseignertient moyen, et qu'il formula le désir de connaître ceux-mêmes des élec teurs-campagnards demandant des modi fications fort légères et fort légitimes as surément la loi électorale. Les divertissements de cavalerie offerts, les 9 et 10 avril, par MM. le colonel-com mandant et les officiers de l'école d equita- tion, l'occasion du 18ème anniversaire de M*' le duc de Brabant, avaient, malgré le temps défavorable, attiré beaucoup de monde et notamment bon nombre de da mes et de personnes notables au cirque du cours d'équitation. L'excellent corps de musique des sapeurs-pompiers prêtait son concours cette brillante fêle équestre. Ajoutons que l'exécution des diverses par ties du programme a pleinement repondu l'attente générale, et que MM. les exécu tants sous-officiers et élèves ont excité de nombreuses reprisesles chaleureux applau dissements de tous les spectateurs. Mais ce sont surtout les figures du carousel si bril lantes, si variées et les luîtes individuelles d'escrime cheval, luttes vives et drama tiques, qui ont le plus vivement captivé l'intérêt général. Dans la matinée de dimanche a eu lieu la caserne une dis tribution extraordinaire de pains aux né cessiteux de la ville. En somme, Messieurs de l'école d'équi tation ont su, dans les journées du 9 et du 10, resserrer encore les liens d'étroite sym pathie que le colonel Ablay établit entre elle et la population d'Ypres dès le pre mier jour de son installation en nos murs. Dans la soirée de samedi, le temps de venu serein a parfaitement favorisé la retraite aux flambeaux et l'illumination gé nérale de la ville. Le cortège se composait de la musique de la garde civique et de celle des sa peurs-pompiers, d'un détache ment de ladite garde, du corps de pompiers et de divers pelotons de cavalerie. La foule affluait dans nos rues et nos places publi ques. Le lendemain, il a fallu, cause du mau vais temps, décommander la grande revue de la garde civique, qui devait avoir lieu la sortie du Te Deum. 11 nous est donné communication des pièces suivantes avec prière d'insertion. Bien qu'il puisse paraître assez étrange A peine la journée était-elle suffisante pour accomplir toutes ces obligations. VÉRITÉ ET JUSTICE. On s'abonne Yprès, rue de Lille, io, près la Grand Place, et chez, les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, pmr trimestre, Ypres fr. 3. Les antres localités fr. 3-5o. Uu n° 25 c. Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. (Insertions 19 centimes la ligne.) Les sœurs de la charité' vinrent s'établir dans cette ville aussitôt que dans Paris. Elles arrivèrent l'appel qui leur fut fait par la province entière, et partagèrent la misère qu'elles voulaient secou rir; logées dans une petite maison sombre et triste, réuuies plusieurs ensemble, vivant dans la pins grande union, dans la paix et la charité. Elles étaient sept ou huit, et avaient elles seules le soin de tous les pauvres de la ville. Une d'elles était chargée de l'iostructioa des enfants. De tous les côtés ils arrivaient l'école de la sœur de cha rité. Elle leur enseignait lire, écrire, et les pré parait a la première communion. Dans une pièce voisine, uue autre sœur recevait les jeunes filles plus âgées et les apprenait coudre, broder, et d'autres ouvrages qui devaient plus tard leur pro curer les moyens de soutenir elles et leurs familles. Elle avait aussi la surveillàoce d'uDe nombreuse partie des pauvres de deux paroisses. Ou l'appelait sœur Geueviève. Vouée la charité depuis l'âge de quinze ans, il y avait déjà près d'un demi siècle qu'elle servait les pauvres. Douce, boDne, forte et robuste, elle ne refusait jamais une peioe de plus, ni une sur charge d'occupation, du moment qu'elle pouvait l'éviter une de ses compagnes. Occupée toute la journée, soit avec les pauvres, soit avec les petites filles qu'elle élevait, on De la vit jamais se plaindre ni paraître en avoir trop. Dès le lever de quatre heures, après les prières de la communauté, chaque sœur se séparait pour vaquer ses occupations de charité. Sœur Gene viève partait, aussitôt le jour, munie d'argent et de secours, et allait faire la visite de l'arrondisse ment dont elle était chargée. Par la chaleur, par la neige, par l'intempérie de chaque saisonelle restait dehors jusqu'à onze heures ou midi. Pen dant ce temps-là, elle avait visité plus de vingt ou trente maisons de pauvres; pansé leurs plaies, raffermi leur courage, aidé quelques-uns suppor ter leur dernière heure. Elle rentrait, et de nouveaux soins l'attendaient au retour. C'étaient les médicaments préparer avec ses sœurs, la lessive des pauvres faire, des vêtements distribuer; dans l'hiver, du bois, des légumes, des provisions, des couvertures, etc., etc. Et tout cela pour les autres, tout cela donné gratuitement des gens qui ne s'en souviennent pas 1 Ce bien oublié, ce bien qu'on méconnaît, est devenu l'unique existence de la sœur de charité. Plus de passé pour elle, que celui de la veille qui prépare le jour d'après. Aucun souvenir de sa bienfaisance. Car, pour se sauver de l'amour-pro pre, elle a eu l'adresse de s'en faire un devoir. Dès là, c'est un crime d'y manquer, son accom plissement n'est qu'une obligation. Tout se ressent dans leur maison de la grandeur

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1853 | | pagina 1