JOURNAL D'YFRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3725.
36rae annee.
7FB.SS, H Joe*.
Les journaux de Bruxelles, qui nous
sont arrivés aujourd'hui nous apprenent
que dans la séance de la Chambre du 8
juin, MM. Alph. Vandenpeereboom, Malou
et Van Renynghe, ont prononcé des dis
cours fortement écoutés par le gouverne
ment, sur les pertes qu'occasionnerait
notre ville le retrait de la garnison, et la
démolition de nos fortifications. MM. le
ministre des affaires étrangères et des fi
nances répondant aux interpellations faites
ce sujet par nos trois Représentants,
ont promis d'examiner sérieusement la
question et M. Liedts a donné en même
temps l'assurance M. Malou, que la ville
d'Ypres sera de sa part l'objet d'une gran
de bienveillance et sollicitude.
Nous regrettons que le défaut de temps
nous oblige pour le moment passer si
rapidement sur cette discussion intéres
sante; dans notre prochain numéro, nous
réproduirons in extenso, d'après les Annales
parlementaires les trois discours prononcés
par nos députés. Entretemps, nous aimons
exprimer hautement nos sentiments de
reconnaissance envers MM. Alph. Vanden-
fieerebooin, Malou et Van Reninghe, pour
e zèle qu'ils ont bien voulu déployer dans
la défense des intérêts et des doits de leurs
commettants. Peut-être par leurs efforts
réunis, parviendront-ils sauver la ville
d'Ypres, de la triste position qu'on lui
prépare.
La discussion du budget de la guerre
pour l'exercice 4855 a donné lieu l'ho
norable M. Deneckere, notre concitoyen et
sénateur de l'arrondissement de Roulers,
d'appeller l'attention particulière du gou
vernement, sur la nécessité généralement
reconnue d'accorder la ville d'Ypres une
garnison belle et convenable. Voici les pa
roles prononcées ce sujbt par M. Denec
kere, dans la séance du Sénat du 8 juin:
Messieurs, le projet de loi que le Sénat
a adopté dans sa séance du 7 de ce mois,
et qui établit l'organisation de l'armée,
permettra au département de la guerre de
fixer les divers emplacements que l'armée
doit occuper dans le pays.
La ville d'Ypres, dans la prévision que
sa forteresse ne serait jamais désignée pour
être démolie, put se croire destinée con
server une garnison.
Pénétrée decetteconviction que partagea
alors le gouvernement, l'administration
communale s'imposa des sacrifices consi
dérables pour satisfaire aux besoins qu'exi
geait une garnison.
Il serait déplorable, si celte ville dut se
voir enlever le fruit de ses sacrifices.
Je saisis l'occasion de la discussion du
budget de l'armée pour soumettre cette
observation l'attention sérieuse de M. le
ministre de |a guerre et le prier de vouloir
prendre dans la fixation des emplacements
pour l'armée, les mesures les moins défa
vorables la ville d'Ypres, en tâchant de
combiner les besoins du service avec la
possibilité de lui conserver une garnison
en compensation des dépenses auxquelles
la construction des édifices militaires ont
donné lieu, et pour lui donner la preuve
que le gouvernement désire vivement coo
pérer la prospérité de celte ancienne
place de guerre qui peut s'honorer de sou
venirs glorieux et dévoués ses souve
rains.
Le prochain mariage de S. A. R. M*' le
duc de Brabant avec S. A. I. et R. M™8 l'ar
chiduchesse Marie-Henriette-Anne d'Autri
che, est désormais un fait avéré, dont il a
été donné communication aux Chambres,
et dont la nouvelle est répandue sur tous
les points du pays. Partout, dans nos pro
vinces, au sein des villès opulentes comme
dans les modestes bourgades, dans les pa
lais luxueux comme dans les p)us humbles
chaumières, cette union a causé la joie la
plus vive el fait éclater les purs sentiments
de patriotisme qui unissent le peuple sa
dynastie royale.
Aussi, quels justes sujets de joie et de
noble fierté, le mariage de tiolre Prince-
Royal n'offre-t-il pas la Belgique? Par sa
naissance, la future compagne de l'héritier
de notre Trône, appartient une maison
souveraine qu'a illustrée l'éfelat de ses ver
tus non moins que la grandeur de ses des
tinées: Fi llecadellede feu l'archiduc Joseph,
palatin de Hongrie; petite-fille de l'immor
telle Marie-Thérèse dont le nom sera tou
jours vénéré des Belges, l'archiduchesse
Marie d'Autriche, joint un esprit éclairé,
un profond, admirable, el énergique senti
ment religieux. Elévation de l'esprit, bonté
du cœur, attachement inviolable l'église
catholique, romaine, quelles perles plus
précieuses el plus brillantes sauraient ja
mais orner la couronne de Belgique? quels
titres plus beaux, une Princesse saurait-
elle offrir pour avoir droit l'omour d'un
peuple éminemment religieux et brave?
C'est la noblesse d'âme, jointe au respect
pour la religion de nos pères, précieuses
qualités que possédaient un si haut degré
les Isabelle, les Marie-Thérèse, les Louise-
Marie, qui rendit ces souveraines si chères
au peuple, el immortalisa leur nom et
leurs bienfaits. C'est l'amour que ne cessa
de témoigner notre monarque chéri en vers
son peuple; c'est la prudence avec laquelle
il sulconslamraenl aller audevanl des vœux
de ses sujets; c'est la fermeté et la justice
avec lesquelles il sut maintenir intactes nos
libertés publiques et notamment nos li
bertés religieuses qui jetèrent tant d'éclat
sur le règne de Léopold et gravèrent son
nom si profondément dans tous les cœurs.
Et maintenant, encore qu'est-ce qui fait de
nos jeunes princes, de notre vertueuse
princesse Charlotte des idoles d'amour et
de vénération générale? Ne sont-ce pas les
vertus que leur ont léguées leur auguste
Père, leur sainte Mère? Nous osons le de
mander aux philosophes de bonne foi, aux
hommes politiques au courant de notre
histoire, tous ceux qui se disent les amis
de la vérité, ne trouve-t on point les mo
tifs qui expliquent l'étroite union du peuple
Belge avec ses souverains, dans le cordial
accord quesurent mettre ceux-ci entre leur
voionlé et celle de la nation, et notamment
dans leurs dispositions favorables au ca
tholicisme?
On peut donc prédire que l'aimable fille
de la maison de Habsbourg Lorraine mé
ritera la confiance el l'amour d'une nation
dont ses ancêtres ont pendant si longtemps
assuré le bonheur. Et cet amour s'il le fal
lait les Belges comme les Hongrois en 4745
en donneraient des preuves, en marchant
au combat, au cri généreux et héroïque:
moriamur pro rege nostro Mariâ Tlieresia!
Dès présent populations Belges saluent
son arrivée sur nos frontières d'un seul et
même cri d'alégresse. Le peuple en masse
se portera audevanl de sa future Souve
raine, pour lui donner un témoignage
spontané de dévouement et de respect, et
pour la conduire aux pieds de ce Trône
élevé sur l'amour des Belges, el qu'ombra
gent et défendent le drapeau tricolore et
la bannière triomphante du catholicisme
contre les bras régicides. Spectacle so
lennel, épisode mémorable de notre his
toire!
Maintenant plus que jamais la Belgique
a lieu d'être fière de son passé, plus que
jamais elle peut se réposer confiante sur
ses lauriers de 4850. Far l'union qui se
préparp, le pays entier verra se raffermir
les gages de son repos et de son indépen
dance, comme il trouvera dans le mariage
de notre héritier du Trône avec l'archi
duchesse Marie d'Autriche une garantie
nouvelle de paix el de bonheur. Car, s'il
se faisait, ce qu'à Dieu ne plaise, que dans
quelques années la mort venait briser le
sceptre paternel du meilleur des monar
ques, le peuple Belge dans sa douleur uni
verselle, trouverait une consolation bien
grande en voyant monter sur le Trône un
Prince et une Princesse du sang et de la
religion de Marie-Thérèse et de Louise la
bien-aimée.
Plusieurs journaux et correspondances
publient la nouvelle du mariage de l'Em
pereur d'Autriche avec notre Princesse
Charlotte. Nous empruntons cette nouvelle
sans la confirmer toute fois, bien qu'un
journal la donne comme très probable,
ajoutant que les seules princesses de Ba
vière et de Saxe pourraient prétendre la
main de l'Empereur, mais que des raisons
particulières s'opposeraient cette union.
VÉRITÉ ET JCSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Grand
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRI\ DE L'ABO.%!IE»IRIT, par trimestre,
Ypre3 fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° 25 c.
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine, (iusertlons 19 centimes la ligne.)