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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N° 3741
37me année.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Grand
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.|
PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Uu n° $5 c.
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine, (insertions 19 centimes la ligne.)
7PB.ES, 9 Août.
EXAMINEZ~ËT JUGEZ.
Le rapport de la députaiion permanente du
Conseil provincial, sur l'instruction moyenne sug
gère k la Gazette de Tfiiell des réflexions qu'il
importe de ne pas laisser inaperçues dans notre
ville. De l'examen du dit rapport fait par le
journal précité il résulte que l'État possède dans
notre provioce quatre établissements d'instruction
moyenne.
i° L'Athenée de Bruges;
Et 2° les Écoles moyennes, de Bruges, d'Ypres
et de Furnes.
L'Athenée de Bruges au 5i octobre comp
tait. 126 élèves.
l'École moyenne de la dite ville. 202
Idem de Furnes100
d'Ypres66
Le total des élèves des 4 établis
sements s'élève k4ç4
Le subside alloué par l'État a l'A
thénée de Bruges et au Collège d'Y-
pres est defr. 38,000
On remarque d'après le même
rapport qu'il existe dans la Flan
dre occidentale5 établissements
d'instruction moyenne patronés par
la commune.
Le Collège de Courlrai 208 «lèves.
Idem d'Ostende147
Idem de Thielt46
Total. 4oi
Ces trois établissements qui ne coûtent aucune
obole k l'État, reçoivent des communes fr. 7,000
Ceci établi, récapitulons quelques chiffres.
L'Athenée de Bruges et le Collège d'Ypres ont
ensemble192 élèves.
Ces deux établissements reçoivent
de l'Étatfr. 38,000
Én évaluant le supplément de subside
voté par les communes k une somme égale
defr. 58,ooo
on arrive au chiffre total defr. 76,000
D'où il suit que les contribuables sont tenus de
payer pour les 1 92 élèves qui fréquentent les insti
tutions libérales de Bruges et d'Ypres l'énorme
somme de soixante seize mille francs, ou a peu
près 4oo francs par élève. Ainsi que le remarque
la Gazette de Thielt n'est-ce pas la, un gaspil
lage des plus criants?
Le rapport après avoir consacré 9 pages aux
établissements de I 'ÉAat, passe sous silence les éta
blissements libres. Ainsi il donne une idée incom
plète de l'état de l'instruction moyenne dans noire
province. Suivant encore la Gazette de Thielt,
nous compléterons l'examen de la question pré
sente, en publiaut sur les maisons d'éducation li
bres, les détails qui sont k notre connaissance.
En dehors des établissements indiqués dans le
rapport provincial, la Flandre occidentale compte
encore 1° le petit Séminaire de Roulers.
Chiffre des élèves3oo
Le Collège S' Louis k Bruges. 25o
Le Collège de Menini3o
Le Collège S* Vincent d'Ypres. 160
Le Collège de Poperinghe120
L'École moyenne de Courtrai 135
Idem de Furnesio5
Idem de Dixmude 85
Idem de Thourout85
Total 1,870
Tous ces établissements sont dirigés par le clergé,
et De coûtent aucun centime ni k l'État, ni aux
communes.
Les trois collèges patrônés par la commune dont
nous avons parlé sont également dirigés par le
clergé.
Par conséqnent le nombre d'élèves des établis
sements d'instruction moyenne dirigés par l'auto-
torité ecclésiastique est de1,771
Et celui des étudiants fréquentant les
institutions de l'État est de494
Différence en faveur des collèges ecclé
siastiques de1,27 7
On voit par cette statistique, que nonobstant
les criailleries et les manœuvres de sectaires du
libéralisme, l'enseiguement libre, basé sur la reli
gion n'en continue pas moins de reconlrer la sym
pathie pour ainsi dire, universelle des pères et
mères de famille, et que les principes de la nou
velle loi sur l'enseignement ne s'accordent guère
avec le caractère et les vœux des chefs de famille.
Quand la législature corapreodra-t-elle cette vé
rité Jusqu'à quand coolinuera-t on k dépenser
follement l'argent des contribuables pour l'eutre-
tien d'établissements dépourvus de la confiauce des
pères et des mères catholiques qui comprendront
toujours, que sans la religion, il n'y a pas de bonne
éducation possible.
En attendant que la raison et le bon droit triom
phent en cette matière, nous engageons le journal
de la clique k méditer les chiffres produits ci dessus,
cela, toutes les fois que l'envie lui prend de chanter
la prospérité de l'enseignement libéral et la déca
dence de l'enseignement catholique.
quelques aperçus sur l'origine des
fêtes et réjouissances
en vogue en l'époque actuelle.
De tous temps les fêtes communales des provin
ces Belges furent célèbres et renommées. Autrefois
surtout rien n'égalait l'éclat de ces réjouissances
civiques, dont les programmes de nos kermesses
actuelles se réduisent k offrir le spectacle décoloré.
Ainsi nos carrousels, nos tirs k la perche, nos
festivals, nos cortèges ne sont que des réminis
cences affaiblies d'autrefois.
Au sortir de ces époques de lutte qui signalèrent
notre histoire au i3m° et au i4n" siècle, alors que
les communes Belges eurent pris leur plus puissant
essor, nos francs-bourgeois, fiers de leur opulence,
fiers surtout de la liberté conquise, osèrent disputer
le prix de la lance k la noblesse féodale, et les
puissantes villes du pays, Ypres notamment, ou
vrirent ces joutes de la Table Ronde et de l'Ours
Blanc où les plus nobles Princes ne dédaignaient
pas de descendre. La haute bourgeoisie de nos
communes, qui combattait k cheval k l'instar des
En ne portant le chiffre des élèves du collège S1 Vin
cent d'Ypres qu'à ii5 la Gazette de Thielt a été induite en
erreur. 160 élèves fréquentent les oours de notre belle insti
tution épiscopale.
gentilshommes, pouvait de droit se mesurer avec
eux dans les tournois chevaleresques et les splen-
dides carrousels.
A un dégré plus bas de la société, quoique encore
nu sein de la classe aisée, les gildes fameuses
d'archers et d'arbalétriers, avaient aussi leurs fêtes
k peine moins brillantes. Antiques confédérations,
armées d'abord pour la défense des droits et de la
sécurité publique, les gildes du moyeu âge étaient
destinées k transmettre parmi le peuple, avec
l'amour de la liberté si naturel aux Belges, ce goût
si déclaré pour les tirs k l'arbalète et k l'arc k maio,
que l'ou retrouve de nos jours encore vivace et
persistant au sein des moindres communes de
Flandre. Ajoutons que des concours de poésie,
d'éloquence, de chant s'entremêlaient agréablement
aux fêles brillantes de la gilde dont la rudesse
belliqueuse trâhissait parfois l'origine essentielle
ment guerrière.
Au reste, ces réjouissances d'autrefois n'ont
laissé parmi nous que des vestiges affaiblis, et dont
bien peu se soucient de rechercher la trâce. Il eu
est d'autres, plus durables dans les souvenirs de la
nation, parce qu'elles se rapportent inoins k des
institutions tombées en désuétude, qu'elles ne
s'adressent au sentiment le plus fortement enraciné
dans l'âme des hommes, an sentiment religieux, ou
que tout au moins elles se trouvent placées sous son
égide. Entre ces dernières brillent ces processions
historiques, ces cavalcades ou ommegangen, qui
encore de nos jours attirent des flots de peuple sur
leur passage et excitent k un si haut dégré la
curiosité et l'intérêt général. Naturellement enclin
k donner k ses souvenirs ou k sa pensée une expres
sion sensible et allégorique, le Belge du bon vieux
temps se plaisait, en ces sortes de solennités, k
associer aux objets du culte religieux les objets du
culte national làil étalait sous les yeux de
l'étranger la fastueuse opulence de la patrie et de
la commune; là, il saluait l'image des héros et des
princes restés chers dans la mémoire du peuple; là,
il retrouvait k la fois les symboles de sa puissance
industrielle, les souvenirs de sa vieille gloire mili
taire, et jusqu'aux figures traditionnelles, aux
réminiscences pieuses ou fantastiques des légendes
qui avaient bercé son enfance et charmaient encore
l'imagination populaire.
Aujourd'hui que l'envahissement des idées pré
tendues positives oot desséché au cœur des masses
tant de sources fécondes d'inspiration Vomme-
gang antique, grâces k l'élément religieux qu'il
renferme, u'est pas totalement tombé en désuétude,
bien que la foule n'y voit qu'une énigme dont la
clef est perdue.
Bieu mieux que ces débris d'autrefois, se sont
conservées jusqu'à dous les fêles qu'une pensée
religieuse fit éclore, et dont par elle la tradition
s'est transmise glorieuse jusqu'aux temps actuels.
C'est ainsi que, parmi tam de solennités dont la
mémoire elle-tnème s'efface, dont la signification
et l'origine soûl du domaine des seuls érudits,
c'est ainsi que la Tuyndag d'Ypres ramène non
seulement une épogue de fêtes, mais rappelle
encore, k travers les siècles, des souvenus toujours
vivaces, toujours chers aux habitants. Ailleurs se
donnent, k grand renfort de subsides, des fêtes plus
brillantes sans doute aucune cependant ne revêt
un caractère plus élevé, aucune n'éveille des pen
sées plus nobles et plus patriotiques.
Les observations que uous avons consignées dans
notre dernier N° au sujet des scènes qui avaient eu