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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N« 3757
37me année
7FRES9 i" Octobre.
SOUSCRIPTION
POUR L'ÉGLISE DE POLLINCHOVE.
Une dentellièrefr. 00 50.
Un militaire00-30.
Un particulier00-70.
Une servante00-50.
Une religieuse00-50.
Un particulier00-75.
Un jeune ecclésiastique 1-00.
Un inconnu00-75.
L'une des remarques les plus saillantes,
qui frappent aux yeux de quiconque ob
serve impartialement les hommes et les
choses qui caractérisent cette époque, c'est
l'étroite affinité de vues, la grande confor
mité dépendances du libéralisme voltairien
du 18° siècle, avec les doctrines longtemps
déguisées, mais souvent transparentes de
cette phalange d'esprits haineux et into
lérants qui constituent l'une des diverses
sectes bariolées dont se compose l'école
soi-disant libérale de nos jours.
Le but que le libéralisme du 18e siècle
poursuivit travers les excès qu'il commit,
n'est inconnu personne Les uns, témoins
de ses passions délirantes, frisonnent en
core d'horreur, au souvenir de ses terribles
exploits; les autres, d'un âge plus récent,
demeurent épouvantés la vue des pages
sanglantes et lugubres, que l'histoire con
sacre au récit de la révolution de 1793.
Ainsi, tel qu'il est établi, le projet que
nourrirent les adeptes du libéralisme de
l'école de Voltaire, ne saurait être un mys
tère pour personne: ce fut la destruction
de la société chrétienne, la haine du chris
tianisme et non pas, la réalisation de cer
taines formes constitutionnellesou de telles
libertés politiques: Ils ont fait tomber la
tête de Louis XVI, comme l'observe un
écrivain distingué, non pas autant cause
de la couronne monarchique qu'elle por
tait, que pareeque l'autorité catholique en
avait ceint le front. A coté des droits de
l'homme qui devaient émanciper le ci
toyen, ils plaçaient la constitution civile
du clergé, qui déclarait le prêtre esclave.
Tolérants envers le culte de la raison qui
permettait que l'on encensât sur ses autels
des courtisanes nues, ils réservaient au
sacerdoce du Christ, les noyadesde la Loire
et les e'chafauds.
Le but de la mise en pratique des doc
trines soi-disant libérales du 18° siècle,
celait bien évidemment la haine du chris
tianisme, haine qui a été formulée par le
libéral Cabanis la tribune nationale, et
qui était que le nom de Dieu ne pût plus
être prononcé dans la république. Le vieux
libéralisme avait cru que ta religion ne re
posait que sur le trône et en abattant le
trône, c'était surtout l'autel qu'il voulait
détruire.
Sans doute, nous sommes loin d'imputer
au libéralisme actuel, en général, le re
proche flétrissant de vouloir renouveller
tes scènesdu cannibalisme sauvagedontles
philosophes libéraux de 1793 se rendirent
coupables; parmi cette foule que le libé
ralisme Belge a enrôlée sous ses drapeaux,
il en est beaucoup dont les intentions
autant que les principes ne sont guère
suspects, et qui, emportés par de tristes
préjugés, marchent sans comprendre quel
est l'ennemi contre lequel ils s'acharnent.
Mais, en dehors de ces libéraux de bonne
foi, il n'est pas rare, de rencontrer aussi,
parmi ceux que le libéralisme nourrit dans
son sein, de malheureux déserteurs de nos
croyances religieuses, dont les vues d'hos
tilité contre le catholicisme apparaissent
dans toutes leur force, pour ne pas dire
dans toute leur laideur et leur violence.
C'est cette fraction querevient le triste hon
neur d'avoir recueilli l'héritage de haine
contre lecalholicisme,qui emporta unena-
tion voisine dans de si pénibles excès et qui
rallumée aujourd'hui, serait capable de
conduire les masses aux plus coupables
débordements, dans un pays moins attaché
ses antiques croyances, que ne l'est la
Belgique.
Nous le savons, convaincus des senti
ments éminemment religieux qui animent
le peuple, les porte-queue de Voltaire n'ont
osé jusqu'ici avouer leurs tendances. Affi
chant un respect hypocrite pour les droits
et les libertés publiques, au lieu de vouloir
ruiner l'Église, ils débutèrent par se dé
clarer les partisans zélés de ses intérêts et
de sa puissance. La contradiction entre la
conduite de ses hommes et les principes
qu'ils avaient professés de bouche ne tarda
pas trahir bientôt leur pensée secrète; et
personne aujourd'hui ne se doute que cette
importante fraction du libéralisme actuel
n'a du respect pour la religion, ni de la
vraie liberté que le masque sous lequel
elle se grimme.
Étranges amis de la liberté religieuse et
de la conscience, en effet, qui du commun
apanage exceptent toujours la liberté de
l'Église!
Etranges amis de la liberté d'enseigner
qui excluent des collèges et des écoles
ceux qui le Christ a dit: Allez et en
seignez; qui affectent des sommes consi
dérables au soutien d'établissements où la
voix de la religion ne se fait pointentendre
et qui n'accordent l'enseignement des
vérités religieuses la place qu'on assigne
même l'enseignement de la danse et de
la gymnastique!
Étranges amis de la liberté, qui s'oppo
sent l'émancipation catholique d'un peu
ple; qui prennent parti et cause pour un
roi protestant qui opprime la conscience
de ses sujets défendant leurs droits avec
courage et énergie; qui n'ont faire valoir
aucun mol de blâme contre les mesures
tendantes dépouiller le Clergé, exciter
lesEvêques, supprimer les communautés
religieuses; mais qui excusent au contraire
les projets sanguinaires des Carbonari ita
liens et les attentats liberlicides et sacrilè
ges des radicaux de Fribourg et du Valais.
Oui, étranges amis de la liberté reli
gieuse,que les libéraux Belges de l'école de
Voltaire! car, comment le christianisme
est-il connu du peuple sinon pareeque le
sacerdoce le lui annonce? Sans la parole
sans cesse retentissante de l'Eglise, l'E
vangile peut-il faire germer dans le coeur
des masses, ses maximes, sa morale bien
faisante; et cependant, les prêtres pour
nos libéraux ne sont-il point l'objet de
moqueries journallières, d'amères déri
sions et de continuelles insultes? Telles
sont, ne doit-on pas l'avouer, les disposi
tions du faux libéralisme envers la religion
catholique!
Cette hostilité, bien qu'elle soit de na
ture éveiller l'attention et le zèle de tout
bon catholique, bien loin de nous troubler
doit au contraire raffermir notre confiance.
Car la persécution est l'un des sceaux de
vérité apposés sur le front de l'Église. Elle
est la marque de l'avènement d'une époque
de triomphe et de gloire pour cette reli
gion sans cesse attaquée et toujours vic
torieuse, et qui réduit tous ces ennemis
qui lui viennent s'écrier après l'empe
reur Julien: Galiiéen, lu as vaincu!
Déjà nous le constatons avec une sa-
tisfaclion sensible, la réaction contre les
doctrines libéralistes se montre de jour en
jour plus tranchée, et nous croyons que,
grâce au sans gène par trop prononcé
dont ce parti a fait preuve en matière d'en
seignement et de charité privée, le pays
s'achèvera de s'éclairer, et que le temps
n'est pas loin, où il sera impossible d'in
fliger tout vrai Belge ami de sa religion
et de ses libertés, une insulte plus cho
quante qu'en le nommant du litre de li-
béralisle, cause des excès dont ce parti
s'est souillé.
Dans le courant de la semaine, nous
avons eu le bonheur de posséder en nos
murs M®' Delebecque, évêque de Gand.
L'auguste prélat était venu passer quel
ques jours au sein de sa famille, l'occa
sion des messes anniversaires pour le repos
de I aine d'une tante qu'il chérissait beau-
cou p, Mme Morel-Delebecque. Le lendemain,
Mgr Delebecque a daigné faire l'instruction
mensuelle aux membres de l'association
de l'adoration perpétuelle, établie en l'E
glise S' Jacques. On sait que Mgr de Gand
a occupé autrefois la place de vicaire de
celle paroisse.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Grand
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIT. DE CABOTA'EMEUT) par trimestre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Uu n° a5 c.
Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine. (Insertions 19 centimes la ligne.)