toire, que l'idée moderne de l'État absolu, si imprudemment adoptée par certains ca tholiques et même par certains théologiens, est née uniquement de la guerre contre l'Église. Le moyen âge catholique n'avait pas la moindre notion de la souveraineté mo derne, c'est dire d'une domination, d'une tutelle sans limites exercée sur tous les corps et tous les individus qui composent la société. C'est le droit moderne et ratio naliste qui a rescucité celte idée païenne, morte avec le Bas-Émpire, afin d'opprimer l'Église sous prétexte de la contenir. Par tout l'asservissement de l'Église et la dé cadence de son influence ont été en raison directe des progrès du despotisme. (Dans un autre endroit de son éloquent manifeste, M. de Montalembert dit encore:) Sous le gouvernement parlementaire, l'Église ne domine pas dans l'ordre poli tique, et je pense que cette domination n'est ni dans ses vœux ni dans son intérêt; mais elle a ce qui vaut mille fois mieux que le pouvoir, elle a des droits. Sous le pouvoir absolu, elle n'a rien, hormis ce qui lui est concédé par le bon plaisir du moment. Élle n'a pour appui que le bras séculier, qui le plus souvent se relire au moment où elle y compte le plus, ou ne se lève que pour la frapper. Toute l'histoire moderne est là pour le démontrer. Sous le régime parlementaire, il est vrai, les catholiques ne sont pas les maîtres: ils sont obligés de compter avec beaucoup de monde;mais, en revanche, on compte avec eux; et, ce qui vaut mille fois mieux, ils apprennent compter un peu sur eux- mêmes. A la longue, comme ce qu'ils ré clament est la fois légitime et sensé, ils finissent par avoir le dessus. Mais il faut savoir discuter, raisonner, combattre, attendre, user la fois de courage et de patience, tenir tête de redoutables ad versaires: je conviens qu'il est plus com mode et plus court de baisser la tête devant un maître, en implorant son appui; de ne parler que pour louer, avec l'espoir de parler un jour tout seul. Le tout est de sa voir par où cela finit. Bespice finem. Nous voudrions multiplier ces citations: mais le défaut d'espace nous oblige de nous restreindre. Concilions donc par ces quel ques lignes, en lesquelles se résume la pensée fondamentale du livre où nous les empruntons: Les libéraux portent en ce moment, dans toute l'Éurope, la peine d'avoir com battu ou méprisé la religion, d'avoir cru qu'ils pouvaient se passer de toute force spirituelle, et ne tenir aucun compte de l'ordre surnaturel. Les catholiques com mettraient leur tour une faute, qu'un prompt châtiment viendrait atteindre, s'ils voulaient abandonner la liberté. La liberté est une des forces vitales de l'humanité: elle existait toujours et par tout, l'état du regret ou d'espérance, là où elle n'est pas en réalité. Elle a deux ennemis, la révolution et le despotisme, ou plutôt elle n'en a qu'un sous deux for mes différentes. La religion est sa sauve garde, son contrepoids naturel et légitime. Ceux qui la font pencher outre mesure vers l'une ou l'autre des forces enne mies lui infligent un irréparable dommage. Quand elle semble bénir le despotisme, elle refoule la liberté vers la révolution, et le monde consterné perd son équilibre. Le Brugsche Vrye, ce sale pamphlet dont le nom seul faisait offense toute personne qui se respecte, a cessé de paraître. Samedi 8 de ce mois, le misérable apostat, rédac teur de ce journal, est monté pour la der nière fois sur sa cynique tribune, mais cette fois, ç'a été pour annoncer au public sa détermination prise, de cesser son igno ble métier, et en même temps pour faire réparation de sa conduite scandaleuse, en demandant pardon des nombreuses outra ges qu'il a commis contre la morale pu blique et notamment contre la Religion catholique dont il s'était constitué le mi nistre perfide. Sans aucun doute, tous les amis de la morale et de la presse honnête, se réjouiront la lecture de cette nouvelle, et tous les vrais enfants de l'Église catho lique, que les écarts du malheureux Beek- man ont tant de fois aitristés, trouveront aujourd'hui un juste sujet de consolation, en apprenant qu'une brébis égarée a jeté enfin un regard de retour vers la bergerie. En présence de cette amende honorable, et de ce désaveu solennel, il est selon nous un devoir essentiel qui incombe la presse et particulièrement aux journaux, qui se sont fait trop souvent les échos compali- sants des turpitudes du Brugsche Vrye. C'est l'obligation où ils se trouvent, de publier dans leurs colonnes la rétracta tion que fait l'écrivain de cette feuille, de tout ce qu'il aurait dit ou écrit de blâma ble durant sa longue et triste carrière. Nous appelions sur ce point l'attention spéciale du Progrès dVpres, dont les co lonnes maintes fois reproduisirent les dé goûtantes élucubrations du Brugsche Vrye. Voici cette pièce mon Doble maître. Et si je puis uu jour le voir lui- même de mes yeux, ce sera un graud honneur et tin beau souvenir. Vous souhaiteriez donc de le voir, votre prince? Qui ne mettrait pas sa joie h le contempler, messire, celui qui s'occupe si constamment de la prospérité du pays, qui veille ce qu'il nous soit fait a tous bonne justice, qui diminue tant qu'il le peut le nombre des infortunés, et qui ne cherche qu'à nous donner de bonnes lois? Mais si vous l'aimez ainsi, dit Baudouin, nn peu ému de ces éloges, je puis tout-à-l'heure vous faire paraître devant lui. Oh pardon. Je ne l'oserais maintenant. Com ment pourrais-je me cooteuir devant un si haut souverain C'est un homme qui n'est pas plus fier que moi. Si vous voulez me suivre, je vais vous faire Heden verschynt het Brugsche Vrye voor de laetsle keer. voir la cour rassemblée, au milieu d'elle Baudouin IX, comte de Flandre et de Haiuaut. Cela me fait battre le cœur, rien que d'y penser, dit le villageois. Mais n'importe; je me fie vous. Je serai heureux de voir une cour. Baudouin traversa donc de nouveaux apparte ments, suivi de son de'fenseur, qui, son aise avec lui, commençait marcher d'un pas plus assuré. Sans doute, reprit-il, monseigneur le comte sera tout vêtu d'or Pas du tout, dit Baudouin. Rien ne le distin gue de ses courtisans, et il est rare même qu'il soit aussi éclatant que quelques-uns d'entre eux. Hélas messiresoupira en s'arrêtant le villageois; et quoi le reconnaîtrai-je? A une circonstance, aux grandes politesses qu'on lui fera. Tout le monde se lèvera devant lui. Ély se mit réfléchir un moment, comme pour se bien pénétrer de cette indication, puis il se laissa De opsteller uitgever verlaet Brugge. Zeer zware en prctmende reden hebben hem gedwongen van zich uit het poliliek worstelperk te verwyderen, om den missc/iien nog zeer korten overblyvenden tyd van zyne reeds verre gevorderde jaren in rusl en voor God door te brengen. Hy neemt deze gelegendheid waer om te ontkennen al wat hy door zich zelven of door valsche vrienden opgemaekt, ooit ten onregte, zoude tonnen geschreven hebben tegen per- soonen of zaken, waerdoor hy godsdienst be- schadigdof vrede zoude kunnen stooren hebben, en vraegt opregl die, welke daer door gehin- derd konnen zyn geweest, zulks le willen ver se hoonen en vergeten. De abonnés die een vollen trimester van hunne inschryving vooruit betaeld hebben, van welken er nog maer eene of twee maenden verschenen zyn, mogen de wedergaef van het différent ten bfireele van het Brugsche Vrye reklameren, alwaer het zelve hun zal weder- gegeven worden. Voici la traduction de cette pièce Le Brugsche Vrye paraît aujourd'hui pour la dernière fois. Son rédacteur-éditeur quitte Bruges. De graves et pressantes raisons l'ont obligé de s'éloigner de l'arène politique, afin de passer en repos et pour Dieu le temps peut-être très court qu'il lui reste encore son âge avancé. Il saisit cette occasion pour désavouer tout ce que par lui-même ou instigué par de faux amis, il aurait pu écrire tort contre des persoonesou des choses, et tout ce qui aurait pu nuire la religion et tronbler la paix; il demande sincère- ment ceux qu'il aurait pu léser ainsi, de vouloir excuser et oublier ses torts. Les abonnés qui ont payé d'avance un tri— mestre entier, dont un ou deux mois seulement se sont écoulés, peuvent réclamer la différence au bureau du Brugsche Vrye, où elle sera res- tituée. Nos lecteurs savent que M. le docteur Lecluyse, de Poperinghe, a été condamné par la cour d'appel de Gand une amende, pour avoir refusé de faire connaître le nom de la mère d'un enfant naturel dont il avait fait la déclaration de naissance l'officier de l'état civil. Or, l'Association des mé decins de l'arrondissement de Liège vient de dé cider que dans le cas où M. Lecluyse porterait cette affaire devant la cour de cassation, l'Associa tion interviendrait dans les frais selon les limites de ses ressources. Samedi dernier, cinq vaches, appartenant au cultivateur Gheldolf,à Furnes, et paissant dans une prairie de Pollinckhove, ont été volées. La prairie était clôturée par une barrière fermée clé; le voleur, qu'on dit être un cultivateur de Loo, avait fracturé la serrure au moyen d'une lime. Les vaches volées étaient déjà vendues un prendre la main par son guide, qui, ouvrant loul- à-coup une porte, le fit entrer dans un vaste et riche salonoù toute la cour était rassemblée. Il y avait là des comtes, des barons, des marquis, des chevaliers, des juges et des pages; il y avait des dames radieuses. L'or, la soie, le velours, les pierreries étincelaient sur cette nombreuse com pagnie. Tout le monde se leva; tous les hommes saluèrent profondément, toutes les femmes firent de grandes révérences, en voyant paraître Ély et son conducteur. Le pauvre homme, interdit, se prit pâlir; il se serra contre le prétendu secré taire du Comte, et regarda avidement la noble foule, pour y chercher le souverain. Mais voyant venir toutes les politesses de son côté, il commença se sentir saisi d'un tremblement universel. U jeta les yeux sur celui qui l'avait introduit. Jésus! dit-il d'une voix mal assurée, en s'adressant Baudouin, ce serait donc vous, Monseigneur

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Le Propagateur (1818-1871) | 1853 | | pagina 2