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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3762.
37me année.
7??.SS, 19 Octobre.
Dans la séance publique du conseil com
munal, tenue le 14 courant, la commission
chargée de la révision du tarif de l'octroi
a fait connaître par l'organe de son rap
porteur quelques résolutions arrêtées en
son sein. Ainsi, la restitution de la taxe,
avec déduction de 10 p. o/o, serait accordée
aux marchands de bois patentés, sur les
bois de construction bruts, exportés par
quantités d'un demi-mètre cube.
Sur les réclamations de MM. les bras
seurs, il a été décidé en principe que le
nouveau système en vigueur depuis un an
était reviser. Toutefois le mode actuel de
perception du droit d'octroi serait main
tenu jusqu'à un moment plus opportun, et
la prorogation en serait demandée au gou
vernement pour le courant de l'année 1854.
Les conclusions oui été approuvées par le
conseil.
L'assemblée a pareillement décidé, en
conséquence du rapport de la commission,
que les droits sur les flacons et bouteilles
ne frappe pas la marchandise vide et neuve,
introduite par quantités de vingt cinq au
moins, sans restitution l'exportation.
LA LÉGENDE DE BLANKENBERG.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonue Yprès, rue de Lille, 10, près la Grand
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre,
ïpres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Uu n° 25 c.
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque seiuaiue. (insertions 19 centimes la ligne.)
La presse anticatholique de la ville vient de
démoDtrer, et cela d'une manière pe'romptoire,
disent ses partisans que l'euseignenient religieux
se donne au collège communal. Voici a quoi se
résument les preuves pour le constater Nous
apprenons aux élèves le texte du catéchisme, et
On voit des effets dout on ne sait pas toujours
les causes.
Lahothe-Levater.
Adolphe de La Marck, prince-évêqne de Liège,
régnait depuis près de vingt ans sur ses turbulents
sujets, lorsqu'il se décida vendre la ville de Ma-
lioes, dont la seigneurie appartenait 'a l'évêché de
Liège, mais qui était gouvernée par des avoués
puissants,Les Berthold, qui tiurent tête plus
d'une fois aux ducs et aux comtes leurs voisins. Louis
deNevers, comte de Flandre, déjà d'accord avec
Adolphe de La Marck, avait acheté les droits et le
litre d'avoué de Malines, de l'héritier du dernier
Berthold; et le 5 décembre de l'année 1333, il
iraita av,ec le prince-évêque, de sorte que la ville
de Malines devint sa propriété et son domaine,
condition pourtant qu'elle resterait fief de l'église
de Liège et soumise l'hommage féodal.
Mais cette vente n'eut pas lieu sans exciter de
grands mécontentements. Les bourgeois de Malines
avaient de l'antipathie pour Louis deNevers; ils
nous leur donnons la faculté de remplir leurs
devoirs religieux.
Permettez, Messieurs les libéraux, que nous vous
fassions cet te simple question têtes vous intimement
persuadés que l'enseignement religieux consiste en
ces deux points? S'il en st ainsi, nous ne dispu
terons pas longtemps avec vous; nous vous laisse
rons tout l'honneur d'une telle éducation; parce-
que jamais nous ne nous sommes placés ce point
de vue, quand nous avons avancé que l'instruc
tion religieuse était bannie des établissements de
l'État.
Selon vous donc, Messieurs les libéraux, l'en
seignement religieux se réduit tout au plus, 'a un
exposé purement théorique des vérités consignées
dans le catéchisme? Vous croyez donc qu'un
professeur de religion suffit pour enseigner la
religionabsolument comme un professeur de
géographie suffit pour enseigner la géographie? Ce
professeur, d'apiès votre appréciation, n'aurait
donc qu'à fixer les vérités de la religion dans la
mémoire de ses élèves, peu piès comme un pro
fesseur de mathématiques
d'Algèbre? Ho! dans un cercle d'idées aussi étroit,
nous concevons facilemeu
y fixerait tut théorème
que les libétaux s'ar
rogent le droit tPénseignena religion salis mission,
et même malgré l'Église.
Ce système selon nous, et c'est là l'opinion de
Mgr. l'évêque de Bruges, dont vous vous plaisez
citer l'autorité, ce système est non seulement faux,
mais il détruit l'idée même de la religion, en la
confondant avec les sciences profanes et les créa
tions éphémères de l'esprit humain.
Laissons parler Mgr. Malou lui-même; et que
le public sensé juge.
D'après l'Église catholique, dit-il, l'enseigne
ment religieux se distingue des sciences profanes
par trois caractères essentiels, le caractère d'auto
rité, le caractère d'obligation, et le caractère pra
tique.
se mutinèrent. Ils envoyèrent des députés au peu
ple de Liège, qui, daus des rassemblements tu
multueux, désapprouvant la couduile du prince,
passa du blâme aux murmures, et des murmures
l'émeute. Jean 111, duc de Brabaut, qui avait sur
Maliues des préteotious de voisinage, fomentait
les troubles. On se battit Malines; on se battit
plus sérieusement dans les rues de Liège. Les ré
volutions, grandes ou petites, ne manquent jamais
de mettre deux partis en présence.
Adolphe de La Marck avait senti que l'adminis
tration et le patronage de la ville de Malines lui
étaient plus préjudiciables que profitables, cause
de l'éloignement il sentit aussi qu'il ne pouvait
reculer sur une vente consommée; il dut s'obstiner
la maintenir. Ses officiers parlèrent au peuple;
mais ils ne le calmèrent pas. Dans un moment de
sédition, le comte de Looz,qui avait été mambour
de Liège ou gouverneur du pays révolté contre
son évéque, insulta le comte de Hermal, vieux
seigneur austère et plein de vertu, qui teuait le
parti du prélat. Hermal cherchait câliner les
mécontents; il moulait pour cela au perrou, qui
était déjà le forum des libertés liégeoises; il vou-
Le caractère d'autorité. Les vérités de la
religion chrétienne n'ont pas été jetées dans le
monde connue un système philosophique dont
chacun peut tirer parti sa manière. Elles ont été
apportées sur la terre par ordre de Dieu, et con
fiées l'Église catholique, comme un dépôt sacré
et inviolable. L'Église qui conserve ce dépôt, est
une société spirituelle fondée par le Sauveur, et
hiérarchiquement organisée pour se gouverner
elle-niêine. Jésus-Cbrist lui a imposé, dans la per
sonne de ses chefs, la mission d'interpréter et de
propager cette doctrine. Après sa résurrection, le
Sauveur apparut ses disciples et leur dit Allez,
enseignez toutes les nations... apprenez-leur
faire tout ce que je vous ai ordonné. En vertu de
ces paroles, les évêques comme snccessenis des
apôtres, interprètent la doctrine sainte, et la ré
pandent avec autorité. Ils communiquent aux au
tres ministres de l'Église, la mission qu'ils ont
reçue... Tous ceux qu'ils délèguent d'une manière
expresse ou tacite, enseignent aussi la doctrine
chrétienne avec autorité, et comme une partie du
dépôt sacré. Mais torts ceux qui l'enseignent sans
mission, ou nralgré l'Église, la dépouillent de son
caractère diviu et l'abaissent art niveau des doc
trines humaines. Ce n'est plus la doctrine divine,
traditionnelle, qu'ils exposent, c'est on système
religieux dénué de tout caractère d'autorité. Leur
enseignement est même hypocrite, car ils le don
nent pour l'enseignement de l'Église, quoique
l'Église le désavoue...
Par ce caractère d'autorité la doctrine chré
tienne se distingue donc manifestement des scien
ces profanes elle s'en distingue encore par un
caractère d'obligation.
Je veux dire que cette doctrine ne nous pro
pose point seulement des vérités croire, mais
aussi des préceptes observer. Dans plusieurs de
ses parties, elle a toute la valeur d'une législation,
lait annoncer la foule des paroles de paix; le
comte de Looz se jeta sur lui et le contraignit
descendre, avec uu mot outrageant que le vieil
lard ne put supporter. Les deux champions tirè
rent leurs dagues au milieu de la foule, et quoique
Looz fût le plus robuste et le plus jeune, le comte
de Heimal l'étendit ses pieds.
Aussitôt la multitude poussa des hurlements de
fureur; elle éleva eu l'air le corps du comte de
Looz en criaut vengeance, pendant que les gardes
de l'évêque faisaient sauver Hermal avec un bon
heur inespéré. Le peuple en effet, après quelques
minutes de cris féroces, chercha celui qu'il appe
lait l'assassin, quoiqu'il n'eût agi qu'en légitime
défense; comme s'il eût disparu par enchante
ment, on ne le trouva plus. La foule exhala plus
vivement alors ses cris de rage. On promena par
toutes les rues le corps du mort; ou alla en dé
sordre au palais du Prince-Evèque, où les bourg
mestres de Liège signifièrent leur seigneur que
le peuple allait prendre les armes, si le meurtre
qui venait d'être commis restait sans vengeance.
Tout n'était pas rose eu ce temps-là dans l'état
de prioce.