JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3769.
37me année
7??.SS, 12 Novembre.
DISCUSSION DU BUDGET COMMUNAL.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Ypies, rue de Lille, 10, près la Grand
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DE L'ABOVNEIIEVT, par trlnieMre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° 25 c.
Le Propagateur parait le SAIIEIII et le MERCREDI
de chaque semaine. (Insertions 19 centimes la ligne.)
Le moniteur de l'ex-conseil communal s'est
enfin décidé publier son compte-rendu de la double
séance du mercredi 26 octobre, dans laquelle s'est
débattu la quesiiou du budjet de l'exercice 1854.
On sait que jusqu'ici il s'était excusé sous le futile
prétexte que la balance du budjet n'était pas
définitivement arrêté. Au reste, la confusion
et l'ambiguité qui régnent en ce document trahis
sent l'évidence l'embarras du confrère et la
situation équivoque où nous l'avous engagé. Ce
que nqus y trouvons de plus clair, c'est que, pour
nous servir des propres termes du Progrès,
3o,ooo fr, sont prévus emprunter pour
l'exécution des travaux pour faciliter l'accès
de la station et une partie des subsides votés
pour construction des nouvelles routes.
Ainsi, voila donc une nouvelle couvée d'emprunts,"
et tout cela encore en faveur de nouvelles roules?
comme si les fameuses routes, que l'on sait,
n'avaient pas suffisamment dégoûté les contribua
bles de l'espèce entière. Au reste, quelles sont elles
ces roules?
Au chapitre des recettes ordinaires du trésor, le
moniteur de l'hôtel - de-ville avoue que sous les
ministères conservateurs et catholiques de M\l. de
Theux, Nolhomb, Deschamps, Malou le fisc com
munal jouissait du chef de l'indemnité de caserne
ment d'une recette de 20 a 5o,ooo fr. tandis que
cet article descendu en i852 au chiffre de io,3o8
fr. n'est plus inscrit que pour 4,388 fr.
D'un antre côté le produit de l'octroi est des
cendu de 118,000 fr. 90,000 fr., et encore serait-
il tombé plus bas sans les profits que rapporte la
présence des ouvriers du chemin de fer et ceux des
travaux de démantèlement. En somme, d'après le
Progrès les receltes ordinaires sont diminuées
d'environ 5o,ooo fr. Il est vrai toutefois que ce
même journal porte la recelte actuelle fr.
147,250-76 et celle de i84o h 1849 de 180,000
165,ooo fr.; puis encore qu'il faut ajouter la
première la somme de io,5oo fr. provenant des
nouveaux centimes additionnels ce qui ne consti
tuerait, si nous calculons juste, qu'une perte de
22,25o 7,25o fr. Voilà une contradiction que
nous ne savons comment concilier.
La somme totale des receltes est évaluée h fr.
236,441-81.
A la division des dépenses, l'assemblée diminue
quelques crédits affectés aux travaux ordinaires,
l'éclairage public, et supprime le subside de 3,000
fr. en faveur des aliénés et les secours aux sourds-
muets et aveugles. Nous ne voyons pas qu'il soit
fait mention d'autres économies.
L'assemblée voie les allocations en faveur de
l'école primaire, de l'école moyenne, du collège
communalde l'académie de dessin et de l'école
gardienne.
Parmi les dépenses ressortissant de la troisième
division sous la rubrique dette nouvelle, travaux
extraordinaires et dépenses facultatives, nous avons
remarqué une somme de i5,ooo fr. portée en
acompte sur les subsides volés pour construction
de nouvelles routes.
Enfin, dans la séance du 5 novembre, le budjet
a été définitivement arrêté dans les termes sui
vantes
Recettesfr. 236,44i-8i
Dépensesfr. 236,363-52
Excédant du budjet fr. 78-29
Il nous reste encore signaler le grand incident
de la séance du 5 novembre, cause plus ou moins
sérieuse de la démission géuérale du conseil com
munal on comprend que nous voulons parler des
négociations entamées par nos édiles avec le dé
partement de la guerre. Déjà au 26 octobre, une
lettre avait été adressée au titulaire de ce départe
ment en réponse une missive ministérielle en date
du 12 du même mois; le.conseil déclarait qu'à
défaut d'un accueil favorable, il y aurait lieu
d'examiner, de sa part, ài d'autres mesures ne
sont point devenus indispensables dans l'intérêt
de la dignité personnelle de ses membres.
Voici en quels termes le compte-rendu de la
séance du 5 novembre rapporte le dénouement de
cette importante question
M. le président donne lecture d'une lettre de M. le mi-
nistre de la guerre, en réponse celle qui lui a été adressée
au nom du Conseil. Elle est conçue en ces termes
Messieurs,
Ainsi que j'ai eu l'honneur de vous le faire connaître, par
ma dépêche en date du 12 Octobre dr, n° 57/178, je suis dis
posé donner suite au projet de placer, Ypres, l'École des
enfants de troupe, dès que vous serez en mesure d'offrir cet
effet un local convenable, mais je me vois regret dans l'obli
gation de vous informer, qu'à défaut d'allocation au budget
sur laquelle pourraient être imputées les dépenses qui résul
teraient de l'appropriation du dit local, mou département ne
saurait en supporter la charge.
Agréez, etc.
(Signé) Anoul.
Comme il avait été entendu que la translation de l'École
des enfants de troupe était cousentie en guise de compen-
sation des pertes subies par la ville, en même temps qu'elle
aurait eu une garnison de cavalerie, le Conseil est doulou-
reusement impressionné par celte malveillance avec laquelle
on traite la ville d'Ypres. D'ailleurs des dépenses s'élevant
plus de 5o,ooo fr. ont été faites pour le Cours d'équitation
militaire, qu'on s'est empressé de supprimer saus cotupen-
sation aucune, et comme le Conseil a lieu de craiudre qu'on
pourrait agir d'une façon semblable, il envisage ces exi-
gences comme dérisoires, d'autant plus que les promesses et
engagements des miuistresde la guerre sont, pour la plupart
du temps, scandaleusement violés, sous prétexte d'intérêt
général, et cela saus donner lieu des dommages-intérêts.
Eu présence de la situation qui est faite au Conseil, tous
les conseillers déposent individuellement leur démission, et
les membres du collège demanderont au Roi d'être déchargés
i) de leurs fonctions. Une circulaire sera distribuée aux habi-
tants de la ville d'Ypres pour faire connaître les motifs qui
ont engagé les membres du Conseil résigner le mandat
qui leur était confié.
Depuis quelque temps déjà les comptes-
rendus des séances du Conseil communal, tels
que l'organe habituel de l'assemblée, le confi
dent connu de plus d'un membre influent les
dorme lui même, revêtent coup sur coup chez
nos édiles un amer dépit envers le pou
voir central, dépit qu'ils ne se gênent pas
de manifester au grand jour. Ainsi te gouver
nement communique t-il l'assemblée les piè
ces relatives l'érection de la nouvelle ville de
Léopoldslad, en face d'Anvers et aussitôt
l'assemblée s'empresse, en séance publique du
24 octobre, de répliquer par un sarcasme in
jurieux.
Le Conseil, dit son organe, est d'avis, qu'on
ne peut trop se hâter de créer de nouveaux
centres de population, puisqu'on se liale d'en
ruiner quelques-uns, sous prétexte d'intérêt
général.
Le gouvernement propose-t-il aux adminis
trations urbaines d!abroger de commun accord,
en vue de venir en aide aux classes pauvres,
les droits de douane et d'octroi sur le bétail, et
le conseil de reprendre ce ton de persiflage qui
va si mal un corps qui se respecte Le Con-
seil, nous raconte de rechef son organe, est
d'avis de laisser indemne de tous droits, les
viandes salées et fumées qu'on pourrait intro-
duire dans le pays des rives de la Plala et qui
pourraient être débitées raison de 25 5o cen-
mes leirilôgramme.
Nos édiles se montrèrent moins facétieux, pa
rait-il, lors des négociations entamées avec le
département de la guerre pour l'augmentation
de notre garnison. On sait quels sont les points
en litige la lettre du général Anoul, que nous
donnons ci-dessus, et les remarques du Progrès
qui accompagnent, les établissent clairement.
Certes nous n'avons garde de donner tort en ce
débat nos édiles mais ont-ils fait preuve
en ces circonstances difficiles sans doute, de la
moindre habilité, du tact le plus vulgaire Ce
n'est point vraisem blable si tant est qu'il faille
rechercher dans les compte-rendus du Progrès
le reflet des opinions manifestées en séance par
les gros-bonnets de la fraction prépondérante.
En effet, ce journal qui accusait déjà le mi
nistre de la guerre de manœuvres déloyales,
et cela sans trop d'ambiguïté, propos d'une
séance publique du Conseil tenue alors que les
négociations étaient pendantes encore, ne se
gène plus présentement pour crier au scandale,
la malveillance, au beau-milieu du compte-
rendu de la dernière réunion du Conseil.
Or, qu'on nous dise ce qu'il reste espérer
du résultat d'une négociation poursuivie sous
l'empire de pareilles préoccupations et que
sert-il d'avoir de son coté les plus solides rai
sons faire valoir, lorsque, faute de savoir se
taire propos, on semble prendre tache d'ai
grir ceux qu'il s'agit de gagner?
Nous avons citer un nouvel acte du zèle et de
l'activité que met la police de cette ville, décou
vrir les traces des coupables. Elle a arrêté, celte
semaiue, uu jeune homme étranger la localité, et
dépourvu de papiers. D'après les investigations,
cet individu se serait rendu coupable d'un vol de
163 francs. Commis Zillebeke au préjudice de la