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JOURNAL D'YPRES ET SE L'ARRONDISSEMENT.
No 3778.
37me année
7?i^SS, 14 Décembre.
La discussion d'un projet de transfert
au budget de la guerre, a donné lieu aux
interpellations suivantes de la part de nos
représentants MM. Alph. Vaudenpeere-
boom et Malou, au sein de la Chambre,
concernant le démantèlement de notre for
teresse; le retrait de la garnison et les pé
nibles conséquences qui en résultent pour
notre ville:
VÉRITÉ ET JUSTICE.
Ou a'.bouue i Ypres, rue de Lille, 10, prés l-< Graud
Place, et che» les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX. DE L'AIIO.IIVEMRNT, par trimestre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° a5 c.
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le .MERCREDI
de chaque semaine. (Insertions II centimes la ligne.)
M. Alph. Vanden Peereboom. Messieurs,
l'interpellation que j'aurais voulu adresser b M. le
ministre de la guerre et que je puis adresser aux
autres membres du cabinet qui voudront bien sans
doute la lui communiquer, n'est pas relative aux
inconvénients qu'amène la conslrnction des forte
resses pour les propriétés voisines: elle a un objet
tont contraire; il s'agit des inconvénients qui ré
sultent pour les villes, de la démolition de leurs
fortifications.
Vous savez qu'à la fin de la session dernière une
discussion assez lougue a eu lieu dans cette enceinte
au sujet de la démolition de quelques-unes de nos
places fortes. Alors comme aujourd'hui nous som
mes parfaitement d'accord que si l'intérêt général
exige cette démolition, nous n'avons qu'à nous y
soumettre, car l'intéiêt général constaté doit do
miner toujours. Mais je pense que, dans l'exécution
de cette mesure d'intérêt général, il est indispen
sable qu'on ménage autant que possible les iuléiêts
individuels, surtout les intérêts des communes que
l'on néglige trop souvent et que trop souvent
même ou traite avec un dédain injustifiable. Dans
mon opiuiou doue, et j'aime b croire qu'elle sera
partagée par la chambre, la démolition des forte
resses ne peut amener pour les villes aucuue charge,
aucune dépense de quelque nature que ce soit.
N'est-ce pas assez, eu effet, de leur enlever des
avantages essentiels dont elles jouissaient depuis
longtemps? Faut-il encore faire injustement peser
sur elles des charges que les règles les plus élé
mentaires de l'équité ne peuvent admettre!
En ce moment on exécute avec précipitation, et
je dirai avec uue ardeur inconcevable, certaines
forteresses. Tout tombe sous la pioche des démo
lisseurs, rien n'est respecté, ainsi par exemple, dans
la ville chef-lieu de l'arrondissement que je repré
sente plus spécialement, ici, on démolit non-seu
lement les ouviages avancés, les forts extérieurs et
le mur d'euceinte, mais on détruit encore les portes
d'entrée actuelles, de sorte qu'après le démantèle-
meut, la ville ne sera plus close, b moins qu'on ne
subsiiiue aux portes démolies des grillages ou bar
rières qui sont indispensables pour pouvoir perce
voir les taxes municipalesqui forment la principale
ressource de la commune. Qui supportera les frais
de ces constructions? Il est évident qu'on ne peut
les imposer a la ville.
J'ajouterai qu'une des portes que l'on démolit
en ce moment b Ypres est, sinon un monument,
du moins une construction qui mérite d'êire con
servée et que l'on devrait n'autant moins la démolir
qu'elle remplace une porte antique construite au
trefois aux frais de la: commune d'Ypres.
Je crois donc que le gouvernement doit con
server les anciennes portes de la ville, et qu'il doit
en tout cas les remplacer b ses frais par une aulre
clôture, soit par des grillages, soit par des barrières
cooveuables et comme on en trouve dans les aunes
villes ouvertes du pays.
Un autre objet sur iequel j'appelle l'atteDlion
du gouverueraeut, c'est que dans les villes où l'on
démolit les fortifications qui garauiissaieut si bien
la perception de l'octroi, il est indispensable que
l'on conserve des fossés, et non des fossés déri
soires, mais des fossés assez larges pour rendre
possible la surveillance des employés des taxes de
l'octroi. Or, dans la ville d'Y près, au lieu de fossés
qui avaient 5o b 4o mètres de large, ou en construit
qui ont 3 mètres au plafond, et que pendant l'été,
loisqu'il y aura peu d'eau, on pourra franchir fa
cilement. Dans les petites villes il y a un personnel
de surveillance beaucoup moins giand que dans
les villes plus importantes, dans ceriaiues forte
resses démolies celle surveillance deviendra impos
sible.
Un troisième point sur lequel j'appelle l'atten
tion du gouvernement, c'est que pour reudre cette
surveillance de l'octroi possible, il est indispensable
d'avoir des boulevards ou au moins des chemins de
ronde. Or, messieurs, pareil travail ne peut s'exé
cuter sans faire d'assez grands frais; ces frais, dans
mon opiùiou, ne peuvent tomber a charge des
commuues: ils doivent être supportés par l'Etat
qui, eu détruisant les murs d'euceinte des villes, a
rendu la création de ces boulevards nécessaire.
Je prie le gouvernement de vouloir bien exa-
miuer ces divers points avec bienveillance et sur
tout dans uii bref délai; il faut que cet examen
soit proiupt, car comme ou démolit rapidemeul, il
pourrait se faire, si ou examine un peu longue
ment, que tout le mal fut fait avaut que l'examen
lût terminé.
M. le ministre des affaires étrangères. Je
ne répoudrai qu'un seul mot b l'honorable mem
bre: c'est que le gouveruemeul examinera avec
soin et avec bieuveillauce les observations qu'il
vient de faire.
M. Thiéfry. Je ferai une observation: c'est
que le gouveroemeut avait fait la même promesse
il y a uu au, et il paraît l'avoir oubliée.
M. le ministre des affaires étrangères. Le
gouvernement u'a rien oublié. Le gouvernement
s'est engagé par mon organe b faire, pour les villes
dont on démolirait les fortifications, tout ce qui
serait en son pouvoir et si, b l'occasion du budget
de la guerre, on veut soulever une discussion sur
le poiut de savoir si le gouvernement s'est fidèle
ment exécuté, nous répoudrons b tous les reproches
qui pourront nous être adressés. Nous répon
drons particulièrement en ce qui concerne la ville
d'Ypres.
M. Thiéjry. M. le ministre promettait tout
b l'heure d'examiner la question et les travaux
exécutés prouvent que cet examen b eu lieu.
Ce point intéresse fortement la ville d'Ypres,
qui se trouve exposée b faire de grandes dépenses
pour établir une nouvelle enceinte qui assure la
percepiiou de l'octroi. Les travaux de démolition
marchent avec rapidité. Il me paraît que ce projet
aurait dû être examiné plus tôt.
M- A. Vandenpeereboom. Dans la dernière
session, M. le ministre des affaires étrangères avait
pris l'engagement formel d'indemniser, dans les
limites du possible, les villes lésées par la démoli
tion de leurs fortifications.
Quelles sont les indemnités accordées depuis
cette époque? Tout le inonde l'ignore, car elles
sout nulles.
Aujourd'hui, je viens demander qu'on exécute
les travaux de démolition de manière b leser le
inoins possible les communes en se contentant
d'ôter aux forteresses leur valeur comme défense;
celte demande est bieu modeste.
M. le ministre des affaires étrangères promet
d'examiner avec bienveillance cette allaire et me
permet de nourrir l'espoir qu'elle recevra une so
lution favorable; pour ma part je désirerais trouver
chez le gouvernement UDe bienveillance plus pra
tique et plus efficace je suis charmé sans doute du
bon vouloir du gouvernement, mais je serais plus
charmé encore si l'on consentait b laisser b la ville
d'Ypres des fossés d'une largeur convenable et
qu'on y fît exécuter des chemins de ronde indis
pensables; je suis très-heureux aussi de la sym
pathie que M. le ministre témoigue, mais je
demande qu'elle soit un peu inoins stérile, qu'elle
ait pour effet, par exemple, de conserver b cette
ville ses portes actuelles; je deinaude enfin que les
travaux de démolition ne s'exécutent pas de ma-
oière b causer aux villes condamnées des préjudices
qu'elles devraient et ne pourraient peut-être pas
financièrement réparer.
Je n'entrerai pas pour le moment dans plus de
détails; j'espère que le gouvernement ne perdra
pas de vue des réclamations très-légitimes dont je
suis l'orgaoe; j'aime b croire aussi que l'examen b
faire par le cabinet sera promptement terminé.
Quant b la question des compensations; je les
réserve quant b présent; lors de la discussion du
budget de la guerre, je reviendrai sur cet objet, et
je suis convaincu que d'honorables amis qui ont b
défendre comme moi des intérêts de même nature,
sérieusement compromis, répondront alors comme
moi b l'appel que M. le ministre des affaires étran
gères vient de uous faire aujourd'hui.
M. le ministre des affaires étrangères. L'ho
norable M. Vandenpeereboom a déjà répondu en
grande partie aux observations de l'honorable M.
Thiéfry. Nous avons pris l'engagement de faire <e
qui nous serait possible pour indemniser les villes
qui se croiraient lésées par la démolition de leurs
fortifications je répète ce que j'ai dit tout b l'heure:
nous nous sommes exécutés vis-b-vis de la ville
d'Y'pres; nous avons pris une première mesure;
nous eu avons offerts une deuxième, mais relative-