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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N° 3788.
3Çme année.
En face de la pénible situation où les
rigueurs de l'hiver, la pénurie de travail,
la cherté des denrées alimentaires ont ré
duit une portion si notable de nos popula
tions laborieuses; en face des éventualités
plus tristes encore, peut-être, que recèle
l'avenir, un appel unanime la bienfai
sance s'est faitenlendre dans nos provinces;
de toute part circulent des listes de sous
cription, et l'autorité civile, la première,
stimule les élans de la charité privée.
Cependant elle n'est pas tellement re
culée cette époque d'aveuglement funeste
et de déplorable intolérance, où l'on vi
sait hautement enrayer les plus nobles
instincts de l'humanité dans les rouages
rétrécis d'une gestion purement adminis
trative; théorie bizarre et insensée qui ne
tendait rien moins qu'à ravaler l'œuvre
de la bienfaisance, toute spontanée de sa
nature, au niveau d'une simple mesure de
police. Du jour où elle osa se traduire en
acte, grâce l'initiative de M. de Haussy,
l'opinion publique avait énergiquement
désavoué un système ou plutôt un rêve
barbare que la Religion, l'humanité et les
mœurs du pays repoussaient la fois.
Mais il était réservé ces temps de crise et
de misère de voir le libre essor de la cha
rité privée briser les tristes entraves que
forgea un libéralisme menteur en haine du
catholicisme.
Et en effet, cette récrudescence nouvelle
dans la pratique des bonnes œuvres où le
zèle bienfaisant des particuliers supplée si
généreusement l'impuissance des admi
nistrations charitables, que ne prou ve-l elle
pas contre les apologistes partiaux de la
bienfaisance légale? Mais surtout quel dé
menti éclatant les admirateurs bien connus
du système de Haussy et-Tesch, n'infligent-
ils point leurs patrons?
Alors que les classes ouvrières et indi
gentes trouvaient tant bien que mal de quoi
se procurerdu pain, il faisailbeauentendre
les comptenteurs de la liberté des bonnes
œuvres,d'une part, exaltant la bienfaisance
administrative et officielle, de l'autre, dé
niant le libre exercice de la charité ceux-
là même qui par état et par vocation se
trouvaient appeilés entre tous au soulage
ment des maux du prochain. Aujourd'hui,
cependant, que les choses sont changées!
C'est celte charité privée, dont hier en
core on contestait les heureux fruits, que
l'on adresse les appels les plus chaleureux.
C est de ce meme Clergé, objet hier encore
de tant [d'injustes défiances, de ce Clergé
dont l'envi on dénaturait les intentions,
oncalomniait lecaraclère,c'est de ce même
Clergé qu'on sollicite aujourd'hui l'appui
sympathique et le concours désintéressé.
La leçon sera-t-elle comprise comme elle
le devrait être? L'hommage involontaire
rendu la bienfaisance privée par ses ad
versaires même, les eclairera-l-il enfin sur
l'inanité de leurs tristes théories?
Nous ne le croyons pas; et cependant,
outre ce que leur propre expérience leur
vient d'apprendre, l'exemple du ministère
hollandais, dont naguère ils choyaient l'in
tolérance protestante, devrait leur en dire
quelque chose. Fidèle aux traditions con
stamment suivies dans l'interprétation de
la loi, depuis sa promulgation jusqu'à la
gestion de M. de Haussy, sous les régimes
républicain, impérial, néerlandais et belge,
le ministère du royaume des Pays-Bas s'ex
prime propos de l'intervention du Clergé
Catholique en des termes trop remarqua
bles pour ne les point citer. Voici en effet,
ce qu'on lit dans les considérants de la nou
velle loi qu'il vient d'élaborer, sur l'exer
cice de la charité
Maintenant, quelle que soit l'opinion
que l'on ait sur la manière dont l'Eglise
remplit cette partie importante de sa
mission, fût-on même d'avis qu'il y a
sous ce rapport des améliorations in-
troduire, celte conviction ne peut pas
changer le principe, ni donner l'État
le droit de se substituer l'Eglise pour
l'accomplissement de celte tâche, ni for-
cer l'Eglise sacrifier ses vues celles
du gouvernement; cela est surtout inad-
missible quand on réfléchit que ce n'est
pas l'État mais l'Eglise seule qui peut
avoir de l'influence pour faire obtenir
aux institutions religieuses les ressources
nécessaires au soulagement des pauvres,
et que ces ressources devant être don-
nées librement, échappent l'action du
législateur.
Une rixe au sortir du cabaret s'est en
gagée Kousbrugghe dans la nuit de lundi
dernier entre deux anciens militaires, les
nommés Bossue et Debacker. Dans l'obscu
rité, et sous l'influence de la boisson, les
deux champions sont entrés dans une pâ
ture voisine. Debacker, le plus faible des
deux a porté son robuste adversaire un
coup de poing qui a terrassé celui-ci pour
ne plus se relever. S'effrayant tout-à-coup
de ce que Bossue restait sans résistance ni
mouvement terre, il en avertit des pas
sants qui leur tour en informèrent le
brigadier des gendarmes. Bossue ne don
nait plus signe de vie et Debacker, arrêté
chez sa mère a été transporté Furnes.
Ce malheureux événement a fait Rous-
brugge la plus péniblesensation. L'autopsie
du cadavre laquelle l'on a eu tort de
laisser (probablement et par l'inattention
qu'engendre le saisissement du moment)
assister une foule de personnes a montré
que le défunt avait des lésions la tête et
la poitrine.
VÉRITK ET JUSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, io, près la Grand
Place, et cher les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° a5 c.
Le Propagateur paraît le SAMEC5I et le MERCREDI
de chaque semaine, (insertions 19 centimes la ligne.)
7PB.ES, 18 Janvier.
Eq ce moment même le procès intenté deux Dames
charitables de S' Josse-teu-Noode est fait sans doute pour
corroborer cette thèse.
RECONN AISSVACi:.
Le pauvre élait assis sur le bord de la tombe,
Pour la dernière fois, luttant contre la mort;
Il redisait bien haut: Pitié car je succombe;
Ayez pitié, mon Dieu, de mon malheureux sort
Celle voix retentit tout 'a coup sur la terre;
Le riche est en émule peuple en est louché;
Chacun fait une aumône, un don k la misère,
Et des bras de la mort le pauvre est arraché.
Combien il est touchant d'entendre cette mère,
A qui votre bon cœur vient de rendre un époux,
Prononcer votre nom dans une humble prière
Que, devant une croix, elle dit a genoux!
Voyez ce jeune enfant aimable créature,
Il connaît vos bienfaits, vous nomme son sauveur.
N'êtes-vous pas heureux quand sa belle figure,
Souriant devant vous, exprime le bonheur?
Que le ciel vous bénisse, âmes compatissantes,
Qui venez secourir vos frères malheureux!
Le peu que vous donnez aux familles souffrantes,
Vous le retrouverez quand vous serez aux cieux.
On mande de Gand L'établissement du
Phœnix dans notre ville, compte parmi ses nom
breux ouvriers une centaine de pères de famille
que la crise que nous traversons, a réduits k un état
voisin de la misère. Leurs compagnons ont voulu
leur venir en aide. A cet effet, ils ont disposé des
fonds de la caisse de prévoyance, annexée k l'éta
blissement. Ces ressources ont permis de donner h
chacun des ouvriers nécessiteux trois bons de pain,
quatre livres de viande et une certaiue quantité de
combustible. Cet acte de bienfaisance est au-
dessus de toute éloge.
On écrit de Venlo que la Société Dubois-
Nihoul vient de verser la garantie de 5oo,ooo flo
rins, exigée parle gouvernement néei landais pour
la concession du chemin de fer de Middelbourg
Venlo. On commencerait, par conséquent, les
travaux de cette nouvelle voie ferrée au printemps
prochain. Il est aussi question d'un chemin de fer
de Venlo Maestricbt. Comme dans cette dernière
ville, le génie de Venlo s'occupe de faire embar
quer pour le Nord les pièces de canon de cette
forteresse.
On écrit de Courtrai
Le triste et navrant spectacle de la misère, qui
règne aujourd'hui dans toute l'étendue des deux
Flandres, fait singulièrement surgir l'esprit de
charité chrétienne d'un grand nombre de familles
riches. Courtrai n'est pas restée en arrière des
autres villes, peu s'en faut.
Dans les communes aux environs de Courtrai,
la charité y est une source inépuisable de secours.