JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Si nous ne savions la haine tenace, les
ardentes rancunes que le pseudo-libéra
lisme nourrit l'encontre de la Religion et
de ses ministres, nous nous étonnerions
bon droit des violentes diatribes que les
feuillesdu parti fulminentdeconcert contre
la convention conclue entre le gouverne
ment et l'épiscopat, au sujet de l'applica
tion de l'art. 8 de la loi sur l'instruction
moyenne, convention ratifiée par la Cham-
breà lapresque unanimitéde sesmembres.
Lorsque, sous le cabinet Rogier-Frère,
lecorps épiscopal convié un arrangement
dérisoire, se vit contraint de s'abstenir, la
presse libérale s'écriait toute d'une voix
que ce refus de concours n'était qu'une
chicane, un calcul intéressé; que les Pré
lats n'avaient en vue, sous un spécieux
prétexte, que d'enlever aux institutions de
l'Etat la confiance des pères de famille et
d'assurer la position des collèges fondés
sous leurs propres auspices.
Aujourd'hui, cependant, que ces accu
sations haineuses reçoivent un éclatant
démenti, aujourd'hui que nos vénérables
Pasteurs, oublieux des intérêts des col
lèges sous la direction du Clergé, condes
cendent patronner en quelque sorte des
institutions créées en haine d'eux et de
leurs œuvres; aujourd'hui encore, mêmes
allures provocatrices de la part des folli
culaires du soi-disant libéralisme, mêmes
colères, mêmes doléances hypocrites sur
1 ambition des prêtres et leurs empiéte
ments dans le domaine de la société laïque.
Sans doute, nous nous contenterions de
signaler en passant au mépris public ce
triste dévergondage d'une presse sans pu
deur; surtout nous ne ferions pas au l'ro
grès de celle ville l'honneur de nous occuper
de lui, ni même de le citer, si les étroites
accointances qu'on lui connail, d'une part,
avec des hommes dont l'i n fluence est grande
I hôtel de-ville, de l'autre avec MM. du
collège communal, ne donnaient ses pa
roles une portée immense dans une ques
tion d enseignement, question qui intéresse
au premierchef le bien être moral et même
matériel de la Cité.
Ainsi la feuille libéraliste n'a point de
termes assez durs, de paroles assez outra
geantes pour qualifier la convention inter
venue. Eu vain l'opinion publique, Ypres
surtout, applaudit elle cet acte de conci
liation, où les pères de famille trouvent
pour leurs enfants quelques garanties d'in
struction religieuse, et qui, aux yeux des
contribuables permetterait de rabattre de
taucoup les frais exorbitants qu'emporte
d'année en année le maintien du collège
actuel, peuplé qu'il est de boursiers et d'é
lèves prix réduit. En vain un ministère
libéral, en vain les gros bonnets du parti,
si l'on excepte MM. Frère et Verhaegen,
ont-ils voté le projet et prêté les mains
son exécution; le dépit des clérophobes,
qui patronnent le l'rogrès, et des pédago
gues qui le rédigent, est plus fort cent fois
que les cris descontribuables, queles vœux
des pères de famille; sa haine est plus te
nace, plus opiniâtre que les rancunes in
vétérées des Rogier et des Lebeau, des
Devaux et des Delfosse.
Dans deux articles consécutifs, le dépit
(comme il s'exprime lui-même) qui le pos
sède, se fait jour en invectives ridicules
ou repoussantes et contre le Cabinet, et
contre la majorité libérale, et contre le
Sacerdoce. A l'en croire il n'est aucun ar
ticle de la convention qui ne soit inconsti
tutionnel. En effet, dit-il, les ministres
dun seul culte sont admis l'établisse-
ment pour y donner l'instruction reli-
gieuse, tandis que d'après notre Cortsli-
tution, toutes les religions doivent jouir
de la même liberté et par conséquent avoir
les mêmes facilités de se manifester.
Plus loin, ce n'est plus tel ou tel article de
la convention, c'est (le croirait on?) l'in
struction religieuse elle-même qui est
contraire au droit constitutionnel! Car,
observe le judicieux commentateur, par-
mi les livres pour l'enseignement reli-
gieux catholique, il en est qui attaquent
violemment l'instruction religieuse pro-
lestante.
Contentons nous, pour être brefs de
signaler ces pitoyables arguties la risée
publique; elle en fera sans doute bonne
justice. Mais si les droits si étrangement
compromis des luthériens, des juifs, des
mabométans et des boudhistes Belges in
spirent ces ridicules soucis au pédanlesque
rédacteur, par contre, il fait bon marché
des droits une éducation religieuse de la
jeunesse catholique, c'est-à-dire, de la pres
que totalité de la jeunesse Belge. L'en-
seignemenl de l'Etat, dit-il, est simple-
ment philologique et scientifique. L'in-
slruction religieuse appartient un
autre ordre d'idées. Argutie pitoyable,
dangereux sophisme, qui séparant l'élé
ment religieux de la nourriture intellec
tuelle des classes lettrées, enserre le culte
dans les bornes étroites d'une froide et
stérile théorie, sans application la vie
réelle; enlève la science la céleste lu
mière qui doit guider ses pas, aux lettres
la vivifiante chaleur qui les doit animer;
enfin ravale littérature et science aux
proportions d'arts mécaniques.
On le voit, la feuille inféodée au collège
communal, qui, il y a_ quelques mois
peine, la rentrée des cours notamment,
se démenait avec une indignation hypo
crite contre le clergé l'occasion du refus
de la part de celui-ci d'intervenir en quoi
que ce fut dans les affaires de cet institut,
la même feuille se passerait aujourd'hui
volontiers non seulement de ce concours,
mais de toute intervention religieuse en
matière d'enseignement. Deux phrases ré
sument sa pensée
Dans ses relations avec le pouvoir spi
rituel le pouvoir laïque, dit-il, doit se ré-
signer rester au second plan, contrai-
rement au principe, que le tout est plus
grand que la partie, la caste cléricale,
Que le lecteur relise celte citation, et
qu'il nous dise si sons ces phrases entor
tillées et obscures, il est impossible de
méconnaître l'expression d'un vœu, auquel
on aurait peine croire si 95 n'était là,
l'expression cynique d'un vœu infâme, et
digne en tout point d'un disciple de Vol
taire, qui, lui aussi, aurait bien voulu pendre
le dernier des rois avec les boyaux du dernier
des prêtres!
Nous le répétons, nous n'aurions eu garde
de remuer cette fange, d'étaler toutes ces
misères sous les yeux de nos lecteurs, nous
aurions voulu répondre aux diatribes du
convulsionnaire libérâtre par le silence du
mépris; mais il nous a paru opportun dans
la situation actuelle d'appeler l'attention
publique et celle en particulier des pères
de famille sur les dispositions, hostiles jus
qu'au délire, au concours du clergé, de
l'organe fort connu de certains matamores
de celte ville, et que rédigent les doctes du
collège communal. A la veille de voir s'ou
vrir peut-être des négociations avec l'auto
rité ecclésiastique, il importe évidemment,
pour peu que l'on s'intéresse leur réus
site, de sonder les dispositions secrètes ou
déclarées des parties contractantes. Inutile
d'en faire la remarque, le langage agressif
du moniteur de l'hôlel-de-villeest de nature
jeter les doutes les plus légitimes sur les
dispositions dont nos édiles sont animés
par rapport tout pacte de conciliation.
TÉRITÉ ET JCSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près U Grand
Place, et cher les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIT l»E L'ilBOUMMEIIT, par trlmeatre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n- c.
Ije Propagateur paraît le HIWMM et le tlliltt'llt'.ltl
de chaque semaine. (Inaertlona »3 rentlmes la ligne.)
7??.SS, 22 Février.
1NTOLÉR41MCE ET PALINODIE.
fraction du peuple, par orgueil est su-
perbe, tend a se mettre au dessus de toute
la nation, qui, SI ELLE VOULAIT, la
réduirait en poussière et la disperserait
a tous les vents.
La Chambre a voté samedi le projet de loi por
tant cession de terrains et de bâtiments militaires
aux villes d'Ypres, de Menin, d'Ath, de Philippe-
ville, de Marienbourg et de Bouillon.
La nécessité de cette indemnité n'a été contes
tée par personne. La discussion qui s'est élevée, et
laquelle oui pris part MM. Jouret, de Baillet—
LatourDe Haerne, Alp. Vaudenpeereboom
Coomans et M. le Ministre des finances, a seule
ment porté sur le caractère de celle compensation.
En droit strictil est permis de douter que les
villes dont il s'agit, pussent prétendre h une ré
paration quelconque; mais elles avaient faire
valoir des considérations d'équité que le gouver
nement et la législature ne pouvaient méconnaître.
Les villes démantelées se sont imposées autrefois
des sacrifices considérables en vue d'avantages dont