JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. \o 3800. 37me année. 7PP.SS, 1" Mars. Entre le projet de loi sur .les dons et legs charitables dont la chambre aura s'occuper, et le système que M. de Haussy avait établi par arrêtés, il existe sans con tredit une parfaite affinité de principes. I.a loi proposée, de même que les interpréta tions erronnées de M. de Haussy qui sou levèrent de si justes réclamations,consacre un système entièrement hostile l'accom plissement de la plus noble inspiration du cœur humain placé vis-à-vis de la misère et de l'infortune, et s'attaque visiblement l'esprit chrétien, tel qu'il s'est toujours manifesté, et qui consiste combattre la misère morale avant de remédier la mi sère physique. Une telle loi, faut-il le dire, par ses ten dances autant que par les effets qu'elle est destinéeà produire, ne saurait mériterl'as- senlimenl national. Non, la Belgique ce payssi bienfaisant par caractère,cette terre si féconde en exemples de charité ne sau rait applaudir jamais une lai qui entrave le sentiment de charité chrétienne, senti ment inhérent la nation, qui de tout temps réclame justement le plus de liberté pour que la charité se produise et se déve loppe. L'expérience déjà, maintes fois, s'est chargée de faire voir où conduit un sys tème qui confisque la liberté individuelle, et arrête la volonté privée en matière de legs etde donations. On a puse convaincre, par des faits analogues ceux qui se pas sent en la commune de Vlamerlinghe con- tigue notre ville, combien il est contraire aux intérêts de la classe malheureuse de comprimer les nobles élans de la bienfai- faisance individuelle, et l'on voudrait im poser au pays une législation qui réserve pour l'avenir de nouveaux fruits de nature aussi préjudiciable? En vérité, si nous ne' trouvions dans l'esprit qui anime nos as semblées législatives des gages qui nous permettent d'espérer que la doctrine pro fessée par le ministère Faider la suite des ministères de Haussy, Tesch et Frère, en fait de charité, ne passera guère dans nos codes, nous gémirerions amèrement sur le sort des populations malheureuses déjà si cruellementéprouvées par la cherté des denrées alimentaires; nous nous de- manderionsce que deviendrait en Belgique la charité individuelle, comprimée dans ses élans et dans son action? Éclairé sur la position faite l'ensei gnement public depuis que l'esprit libéral avait banni le prêtre des collèges et des athénées, le cabinet actuel s'est prêté aux justes réclamations, aux doléances univer selles des pères et des mères de famille; comment se fait-il, qu'en matière de cha rité, comme en matière d'éducation il ne reconnaisse les torts irrécusables de ses devanciers dont les principe0 politiques ont été condamnés par le pays en mainte circonstance solennelle; comment se fait- il, disons-nous, que, peu docile 11 voix de la raison et de l'équité, il ne répudie, pour la mise en pratique d'une des lois les plus longtemps attendues, le triste héritage de doctrine d'un cabinet tombé sous le poids de la désapprobation générale? Si la voix du présent, si l'expérience de quelques années du reste n'était capable de mieux inspirer le cabinet; le passé plus éloigné ne pouvait-il lui servir de leçon; Évidemment n'est-il pas reconnu par tout le inonde que les fondations charitables avaient considérablement diminué jus qu'en 1824, et qu'elles ont pris au con traire un nouvel essor, dès que par le règlement de celte année, les testateurs ont recouvré la liberté et ont eu l'assu rance que leur volonté serait respectée? C'est un fait que constata dans la séance du 26 novembre 1834, M. le vicomte Des- manet de Biesme. Pourquoi, raison de quel intérêt, ex poser les pauvres de nouveau et le pays un pareil résultat? Pourquoi, pour nous servir des expressions du comte Félix de Mérode, de cet excellent citoyen, aussi estimé pour sa franchise qu'aimé pour son patriotisme et la générosité de son cœur, pourquoi, désirer par une légalité qui tyrannise les tendances sociales, gêner les œuvres de la bienfaisance? Nous vivons dans un siècle où bien des choses ont été mises en question; la pro priété la famille elle-même n'ont pas échappé aux attaques des ennemis de l'or dre social, et c'est dans un pareil moment qu'on verrait surgir un système qui peut avoir pour résultat de refouler au fond des cœurs les sentiments de bienfaisance, et de détourner de ces voies où la charité, semant des bienfaits, recueille la recon naissance, la réconciliation et la paix? Confiant dans la sagesse de la majorité de nos Chambres, nous osons émettre l'es poir, qu'après les rudes épreuves que l'esprit libéral a fait subir au pays, en lui imposant la loi odieuse sur les successions paternelles, la loi sur l'enseignement et d'autres, la Belgique ne sera point réduite voir porter une atteinte nouvelle ses mœurs et son caractère, en ce qui con cerne le libre exercice de la charité; et que modifié dans ses principes, son esprit et ses dispositions la loi sur la bienfaisance et la charité ne sortira de la législature qu'après avoir été mise en rapport avec les besoins et les vœux du public. Monsieur Begerem, secrétaire de la Chambre de Commerce d'Ypres, vient d'envoyer sa démission au Roi. En examinant les rôles des contributions foncières pour celte année, les contribua bles y remarqueront une nouvelle aug mentation de i franc 52 p. sur 'a Part perçue par l'État et d'une pareille somme sur les quotes-parts payées au profit de la province et de la commune. Depuis que le pays l'insigne bonheur d'être administré par les grands génies du libéralisme, aug mentation des contributions, c'est là l'étren- ne ordinaire que reçoit le public si dési reux de voir alléeer les charges et les impôts. Est arrivé dans nos murs, Florimond Caretle, physicien, natif de Louvain. Sa medi dernier, allant acheter des œufs, il eu cassa un et en fit sortir une pomme. La marchande, tout effrayée, ne voulut point lui en vendre, croyant qu'elle avait faire un sorcier. FOIRE AUX CIIEYAIJX. VÉRITÉ ET JUSTICE. On s'abonne Yprès, rue rie Lille, »o, près la Grand Place, et chez 'es Percepteurs îles Postes du K'tyautne. i* Il i m: i;a»0\1F,NR.%T, par trln»e*trc, Yprès fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n# a5 c. Le Propiitfatrur paraît le N%11FI5I et le 111'. Il C II F. Il I de chaque semaine. (Insertion* 1' centime» In limite.) Notre foire d'aujourd'hui était fort bien appro visionnée. Les chevaux étaient en plus grand nombre que l'année passée, ils étaient très recher chés par les marchands français, ils les enlevaient presqu'à tout prix. Jeudi 23 février les maîtresses de l'école pauvre dentellière de Dickebusch s'acheminaient paisible ment vers la ville, pour aller délivrer chez M. Briinfaut-Bourgeois le produit de leurs élèves, quand arrivées au: Kruisstraet les douaniers de service en cet endroit, les visitèrent et saisirent leur petite charge de dentelles, parce qu'elles ne s'étaient point munies d'un passe-avant. Cette aventure qui serait ridicule si elle n'était de na ture tracassière, a vivement mécontenté le public qui se plaint bon droit depuis longtemps, d'être astreint la formalité de faire parfois un parcours de deux lieues l'effet de se procurer uu passe- avant chez le receveur qu'on risque certains jours de ne trouver dans son bureau, et cela pour faire le transport des plus modiques objets, la plus pe tite distance. Dans l'intérêt public, il serait k dé sirer qu'il soit apporté des modifications promptes aux lois qui obligent le public aux courses au passe-avant, principalement pour les communes rnrales, où ces mesures sont généralement impo pulaires. On lit dans l'Émancipation La section centrale chargée d'examiner les deux projets de loi sur la charité, se trouve composée de trois adversaires de ces projets (MM. de Theux, de Decker et de Liedekerke), et de trois partisans de l'œuvre ministérielle (MM. Tesch, Orts et Ans- pach). C'est donc le président, M. Delfosse, qui fera pencher la balance. Si M. Delfosse n'avait pas ôté M. Vilain Xllll la présidence de cette section ceutrale, les deux projets auraient été condamnés par elle. Mais nous avons d'autres remarques "encore présenter.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1854 | | pagina 1