9
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
>0 3810.
SIÈGE D'YPRES,
37me année.
7??.3S, 5 Avril.
Dans le rapport présenté la chambre
des représentants, par M. le ministre de
l'intérieur sur les taxes établies sur les en
grais, la sortie des villes, nous lisons les
particularités suivantes relatives la ville
d'Ypres:
A Ypres, une taxe d'octroi frappe indis
tinctement toute espèce d'engrais, la sor
tie de la ville.
Sans aller plus loin, faisons d'abord re
marquer combien est mal assise une taxe
qui ne tient aucun compte de la valeur in
trinsèque des matières frappées, et qui n'est
pas, comme dans d'autres villes, simple
ment nominale, mais bien réelle et toujours
payée, la ville n'ayant eu en la frappant,
aucun désir d'exploiter elle-mcme eu mo
nopole.
Cette taxe est de fr. 0, 10 pour une
charrette un âne. 0, 20 un cheval.
0, 50 deux colliers.
C'est environ fr. 1, 03 c. par hectolitre.
Le montant de la recette, pour 1850, a
été de 5,000 francs, ce qui donne une ex
portation annuelle de 100,000 hectolitres
d'engrais divers.
C'est beaucoup sans doute pour une po
pulation de 17, 18,000 âmes, et cepen
dant ce n'est pas tout, car d'une part, les
Feuilleton du Propagateur.
par Us Anglais et les (Pantois, en l'an 1383
LA TULNDAG,
gt>e.
pauvres qui exportent par brouettes (et le
nombre en est grand,) sont exempts du
payement de la taxe; et de l'autre il se fait
des pertes d'engrais assez fortes dans la
ville même.
Environ i/e des maisons d'Ypres éva
cuent les matières slercorales dans les
égouls. Il en est de même du sang et des
résidus des boucheries.
Le balayage, qui a lieu trois fois par se
maine, est charge des habitants. L'enlè
vement des immondices, mis en ferme,
coûte la ville de 000 700 francs. Il est
vrai qu'un très grand nombre de pauvres
ramassent les engrais de rue et viennent
ainsi en aide au fermier de la ville.
Ces pauvres, qui jouissent de la faculté
d'exporter gratuitement, par brouettes, les
engrais ramassés, en font des tas deux
dépôts désignés. Ils obtiennent de 9 10 fr.
pour une charge deux colliers.
Nul part, peut être, le pauvre n'est plus
actif et plus industrieux qu'à Ypres, dit le
rapport. A l'appui de cet hommage rendu
notre classe indigente, le dit rapport con
tient une déclaration de M. le Commis
saire de Police, citant un portefaix qui,
dès 3 heures du malin, en été, jusqu'à 9
heures du soir, parcourt les rues avec sa
brouette, dans les intervalles que lui lais-
sentlesoccupalionsde son étal. Sa brouette
est deux roues. Il prend les rues princi
pales; tandis que ses enfants, encore en
bas âge, munis de paniers, ramassent les
ordures des rues et ruelles latérales, et
viennentsuccessivemenllesdécliargerdans
le véhicule de leur père.
Beaucoup de vieillards peuvent ainsi
pourvoir leur existence; tel est l'exposé
fait, par cette pièce, relativement notre
ville.
Suit un aveu du degré d'indigence de
nos cités flamandes, d'autres, dit le rap
port, dedévoiler toute l'horreur, qu'éprouve
le visiteur de maisons pauvres, la vue de
l'extrême misère qui y règne. Sans aucun
doute cette remarque, n'est que trop juste,
et. sans mesurer le degré de misère de
mainte autre ville de nos Flandres, nous
pouvons affirmer que la ville d'Ypres, dé
sormais, peut être rangée parmi les cités
les plus malheureuses, et les plus dignes
de la bienveillante sollicitude du gouver
nement. Le rapport dont nous venons de
parler en fait loi; les indigents de la ville
d'Ypres, ne laissent rien désirer, sous le
rapport de l'activité et du courage indus
trieux, mais le défaut absolu de ressources
dans lequel notre cité se trouve, depuis le
retrait de notre garnison, a plongé une
foule de familles dans la plus extrême mi
sère, en leur enlevant les bénéfices natu
rels que comporte la garnison dans une
ville. En ajoutant aux tristes effets de celte
privation, les rudes atteintes de la crise
alimentaire, et l'on conviendra avec nous,
que ce n'est point sans motif ni raison, que
nous appelons l'attention bienveillante du
gouvernement, sur notre ville déchue de
son ancienne splendeur et de son antique
opulence.
Dimanche, un nombre considérable d'en
fants des deux sexes, ont fait leur première
communion dans les quatre églises de
notre ville.
TÉItlTl: ET JISTICE.
On s'abonue Ypres, rue rte Lille, 10, près la Grand
Place, et chet les Percepteurs des Postes du Royaume.
PHIX UK LUBOSXEMEIT, par trtmratre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. lin n° a5 c.
Le Propagateur parait le KIHKItl et le MERCREDI
de chaque semaine. (Inxerllons 13 rrntlmea la ligne.)
et origine de la kermesse dite
Traduit d'après l'ouvrage de feu Jcan-Jncqiics 1.4 VI II I
en son vivant Archiviste de la ville d'Ypres, membre de
plusieurs sociétés savantes, Chevalier de l'Ordre de Léo-
pold, etc., etc.
Siège.
Les assiégeants renforcés par vingt mille Gan
tois poussèrent le siège avec vigueur. Ils dirigèrent
surtout leurs attaques enire les portes d'Elverdin-
ghe (v) et de Boesinghe (w) où ils avaient élevé
plusieurs tranchées. Les prois s'inquiétèrent en
voyant les pionniers ennemis dessécher les fossés
de ces portes, pareequ'ils craignirent que les assié
geants ne troublassent les eaux.
Pendant ce temps l'armée des alliés envoya des
(v) Dans le i-»' sic le, le canal é'.ait où est -ciuellemml le
prtil marché. Ou pouvait voir couler l'Vp. rlée qui était alors
"avi-uable depuis la rue des Halles jusqu'à la purie de Boesiu-
(w) La j>orte d'ElverdiDgbe existait encore quand Vaubaû
améliora considérable!!! ut les furliticaliuus de la ville.
émissaires dans tome la Châtellenie d'Ypres et
dans le Franc de Bruges pour forcer les habitants
'a leur procurer deux claies pour la construction
des pools destinés entrer dans la place, sinon
que leurs maisons deviendraient la proie des flam
mes.
Les Yprois ayant appris que les Maréchaux de
Beaumont et de Windsor, éiaieut prêts 'a descen
dre en Flandre avec deux mille cavaliers et autant
d'archers, avertirent leur Comte qui se trouvait
alors Lille.
Celui-ci en informa le Duc de Bourgogne, et
obtint du roi, par son intermédiaire, qu'une
armée Française vint délivrer la place. En atten
dant l'arrivée de ces secours, les Yprois mirent
tout en œuvre pour gagner du temps. Leurs
Magistrats chargèrent Jean van der Zype et Denis
Paelding d'abord moine et eusuite pré ôi de
Saint-Martin d'aller parlementer avec Henri
Spencer. Ils lui firent comprendre qu'ils tenaient
le parti du pape Urbain, que c'était tort qu'il
les prenait pour des partisans de Clément, et qu'en
conséquence ils le conjuraient d'avoir plus d'égards
pour eux, que s'il voulait lever le siège de leur
ville, ils étaient prêts, lui payer une forte somme
pour l'entretien de son armée.
Les infanticides se succèdent d'une manière
effrayante: Dans la journée du 3 avril, l'autorité
Le général évêque se moqua de ces propositions,
et les renvoya eu leur déclarant qu'il ne quitterait
la place que quand elle serait tombée en son pou
voir.
Le 19 juin, les Anglais et leurs alliés les Gantois
renouvelèrent leurs attaques contre la ville, mais
ce fut en vain. Il fallut renoncer l'entreprise. On
apprit que Louis de Mâle et son beau-fils appro
chaient.
Les campagnards de la Châtellenie d'Ypres et
du Franc de Bruges, intimidés par les menaces des
assiégeants apportèrent le 21 juin leurs claies
devant la cité. Les Anglais s'emparèrent de tons
les roseaux et de tous les joncs qu'ils trouvèrent
dans les fossés de la ville et s'en servirent l'aide
des claies 'a construire des ponts pour assaillir la
place du côté de la porte de Boesinghe et du côté
de la porte de Dixmude.
Les Yprois ne négligèrent pas non plus de se
fortifier autant que possible. Pendant la nuit du
at juin ils firent une sortie et détruisirent tons les
travaux des assiégeants et parvinrent'a faire écouler
les eaux dans les fossés desséchés. Les ennemis
pour inquiéter davantage les assiégés bouchèrent
les tuyaux qui conduisaient les eaux des viviers de