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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
SIÈGE D'YPRES,
No 3811.
Samedi, 8 Avril 1854.
37me année.
Nous avons dit dans l'un de nos derniers
n#' que, lorsque le ministère conservateur
s'est retiré des affaires en i847, il y avait
dans nos finances un découvert total d'en
viron 10 millionset non pas de 43 ou 44
millions, comme on se plaît le soutenir
de temps en temps. A l'appui de notre as
sertion nous avons cité un travail publié
par M. Hubert, conseiller la cour des
comptes, sur la situation du trésor public
en 1847, et dans lequel le déficit est évalué
10 millions. Ajoutons que ce travail de
l'honorable magistrat n'est pas du tout une
de ces pièces écrites la hâte comme un
article de journal; c'est une œuvre labo
rieusement exécutée, dont tous les élé
ments, tous les chiffres sont puisés dans
les documents officiels. Ajoutons encore
que M. Hubert, raison de sa position de
conseiller la cour des comptes, doit être
même apparemment de connaître fond
l'étal de nos finances. Et toutefois le con
frère du Marché au Beurre nous donne
entendre que cette autorité de M. Hubert
n'est point de son goût. Pourquoi cela?
Quels sont ses griefs? C'est ce qu'il n'a pas
encore daigné nous apprendre.
Quoiqu'il en soit, laissons donc en paix
M. Hubert, puisqu'on ne veut pas de lui.
Mais voici maintenant une autre autorité:
lors de la discussion générale et appro-
Feuilleton du Propagateur.
par les ^Inglûtâ et les ©antois, en l'an 1383
LA TU1NDAG,
fondie qui eut lieu en décembre 1847 sur
la situation du trésor public, M. Veydt,
alors ministre des finances, a loyalement
reconnu que le découvert ne s'élevait qu'à
la somme de 20,898,233 fr., dont il restait
déduire l'encaisse, évaluée 10 millions;
de sorte que d'après M. Veydt le déficit
réel n'aurait été que de 8 9 millions. Ce
dernier chiffre est aussi celui qu'a adopté
M. Malou. Nous sommes curieux desavoir
ce que les grognards du l'ror/rès auront
objecter contre l'autorité de M. Veydt: est-
elle peut être aussi suspecte de clérica
lisme?
Mais M. Frère donc! Il évalue, lui, le
déficit 44 millions! que dites-vous de
cela? Rien, si ce n'est qu'il est vrai
qu'au mois de Novembre 1848, M. Frère
évaluait le découvert imputer aux ad
ministrations précédentes 44.533,153 fr.
plus des centimes; et qu'il est également
vrai qu'au mois d'Avril de la même année
1848, le même M. Frère, avait évalué le
même découvert 36.931,211 fr. plus des
centimes aussi c'est-à-dire qu'à six mois
de distance, les calculs de ce ministre sur
le montant du déficit présentent line va
riation de 8 millions peu près! Comme
on le voit, il y a M. Frère et M. Frère: au
quel des deux faut il maintenant se tenir,
M. Frère du mois d'Avril, ou bien
M. Frère du mois de Novembre? Nous
attendons sur cette question délicate les
lumières de Messieurs du l'royrès. En
suite, il y a observer ceci: c'est que le
trésor public était propriétaire de valeurs
importantes, dont l'émission devait ré
duire considérablement la dette flottante,
et sans qu'il dût en résulter aucun sacrifice
nouveau pour le pays: pourquoi donc M.
Frère ne tient-il aucun compte de ces va
leurs dans ses évaluations sur le déficit?
On insiste: MM. Frère et Rogier sont
peine arrivés au pouvoir depuis quelques
mois, et voilà que pour faire honneur la
situation, ils se voient obligés d'avoir re
cours l'emprunt forcé! Preuve évidente,
dit-on, de l'obération de nos finances.
Eh! bien voyez: deux emprunts forcés ont
été décrétés, il est vrai; l'un, au 26 février
1848; l'autre, au 6 mai de la même année;
ils ont produit ensemble une somme glo
bale de 37.768.000 fr. Mais pourquoi cet
argent fut il réclamé parle gouvernement?
C'était pour faire faee la situation diffi
cile dans laquelle se trouvait le pays par
suite de la commotion de Février; c'était
pour subvenir aux dépenses extraordi
naires du déparlement de ia guerre, qu'on
évaluait une somme de 18 milions; c'é
tait encore pour mettre le cabinet même
de faire exécuter des travaux extraordi
naires, pour une dizaine de millions au
moins, afin de procurer la classe ou
vrière du travail et du pain, et de main
tenir ainsi l'ordre par le travail. En outre
on attribuait au département de l'intérieur
des crédits supplémentaires jusqu'à con
currence de plusieurs m il lions... et le reste.
Dans tout ceci il ne s'agit pas le moins du
monde de découvert combler. Quand
bien même il n'y aurait pas eu un centime
de déficit, on ne s'en serait pas moins vu
forcé d'avoir recours l'emprunt forcé, par
la raison toute simple qu'on avait besoin
de sommes considérables pour traverser
heureusement la crise qui pesait sur le
pays, et que, vu les circonstances d'a
lors, l'emprunt forcé paraissait le meilleur
moyen de se procurer de l'argent.
VÉRITÉ ET JCSTICE.
On •'•bonue Y près, rue de Lille, 10, près la Grand
Place, et ches 'es Percepteurs des Postes du Royaume.
PIIIV DE L'ABOIIF.NRIT) par trlmeatre,
Ypres fr. 3, Les autres localités fr. 3-'jo. Un n° î5 c.
Le Propagateur paraît le WIUI IM et le .flERCRERI
de chaque semaine, (litNcrtluii* 17 centime* la ligne.)
T?Bi2G, B Avril.
ET ORIGINE DE LA KERMESSE DITE
Traduit d'après l'ouvrage de feu Jean-Jacques I. VIIII.V,
en son vivaut Archiviste de la ville d'Ypres, membre de
plusieurs sociétés savautes, Chevalier de l'Ordre de Léo-
pold, etc., etc.
Siège.
Comme la ville d'Ypres, durant le siège qu'elle
avait soutenir, renfermait dans son sein, outre le
grand nombre de ses habitants, une multitude
iunombrable d'étrangers, et que les vivres qu'elle
s'était procurés, diminuaient sensiblement, la faim
s'y fil sentir. Les Yprois, craignant de voir renou
veler les horreurs de la famine qui s'étaient fait
sentir dans les précédeuls sièges, songèrent se
procurer des moyens de subsistance. Les bourgeois
tout armés firent une sortie, et s'élant rendus
maîtres d'une position des ennemis, enlevèrent
toutes les provisions qu'ils purem emporter. Les
assiégeauts craignant que les Yprois ne reuouvel-
lasset.t ces excursions, conduisirent leurs bestiaux
et leurs provisions au delà des remparts des fau
bourgs, et, voulant en outre éviter les fréquentes
sorties des assiégés, les ennemis se resserrèrent
dans leurs tranchées: ils mirent des sentinelles sur
les tours des églises de Notre-Dame de Srielen et
de Saiut-Jean, et, leur intimèrent l'ordre de mettre
les cloches en branle on de sonner du cor, toutes
les fois que les assiégés feraient semblant de sortir
de la ville. Mais cela n'empêcha les Yprois de
prévenir les avant-gardes et de repousser les
assiégeants jusque dans leurs tranchées, ces excur
sions leur valureut beaucoup de butin.
Les assiégeants pour se mettre l'abri des traits
des bourgeois quand ceux-ci allaient les attaquer
se gardaient bien de se montrer, ils avaieot la
précaution de se barricader derriète les ruines des
maisons qu'ils avaient incendiées dans les fau
bourgs, sans cela ils auraient perdu bien plus de
inonde.
Les chefs de l'armée ennemie voyant qu'ils ne
pouvaient s'emparer de la ville par la force des
armes, s'imaginèient de s'eo rendre maîtres d'une
autre manièie; ils firent répandre dans la place
des proclamations tendantes jeter la désunion
parmi les citoyens. A s'en rapporter au récit de
Sauvage il faudrait croire que ce fureut les liabi-
tanls eux-mêmes qui, découragés par la longueur
du siège semèrent ces billets dans la place. Quoi
qu'il en suit, il est avéré que l'évêqtie de Norwich
ordonna de lancer dates la place une lettre, qu'on
lut en présence de tous les Yprois, mais elle
n'atteignit pas le but qu'il s'était proposé en la
lançant dans la ville. Voyant que la fidélité des
assiégés était aussi inébranlable que leur intrépide
bravoure, le général Anglais envoya un courrier
vers la ville pour demander ses habitants qu'ils
se rendissent en toute confiance sous promesse de
donner aux Yprois tout ce que les ennemis possé
daient et ce qu'ils pouvaient attendre de leur
général. Sinon que Henri Spencer léduirait la cité
en cendres et ferait passer les assiégés au fil de
l'épée. Un grand uourbre d'Yprois furent terrifiés
par les menaces du général-évèquemais les
Magistrats (bb) ne laissèrent pas cependant de
(bb) Les Magistrats île ce temps étaient les suivant*Chré-
tieu Lutin, tuteur; Barthélémy Damman, G. Goussin, Pierre
Ruggevoet, Pierre Marchant, Jean Coppiii, Jean Vau Werhem,
Jeau Fierin, drapier, Jeau Cabelliau, Jeau Bodery, Lambert
L)e Bneicligrave, Jacques Moeuin, Jacques Flori*uene, Phi
lippe De Yachtekooper, échevins; les Conseillers de chambre,
élaieut Nicolas Van Ackere, tuteur d'orphelins; André De
Maets et Guillaume Moeuiu, trésoriers Barthélémy DeVisch,
Jeau De Valuwe, Pierre Sensar, Michel Bourgois, JeanFierin,
boulanger, Jean Tristram, Jeau Rudsaert, Jeau Hasaert et
Jean Vau Provyo. (Archives.)