JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
SIÈGE D'YPRES,
]>o 3.815.
37me année.
Nous avons appris avec plaisir que Mr
Van Grave, vient de passer, devant le jury
combiné de Gand-Louvain, son premier
examen de Doctorat en Droit, avec distinc
tion.
Feuilleton du Propagateur.
par les vlnglais et les (Pantois, en l'an 1383
y
PROPAGATEUR,
VilRITÎ: ET JUSTICE.
Ou s'abonne Yprèsrue de Lille, 10, près la Grand
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
I»HIY ni: l/%BO USERENT, par IriniCMtre
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. "Un n° 25 c.
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine, (insertions f 3 centime» la ligne.)
7??3S, 22 Avril.
Mr Hector Dossaert, de Langemarck,
élève de l'université de Louvain, vient de
passer devant le jury combiné de Gand-
Louvain, son second examen de Docteur
en Droit, avec distinction.
Comme nous l'avons annoncé dans noire dernier
numéroM. le ministre des travaux publics est ar
rivé dans notre villeaprès avoir fait une course a
Poperinghe. Il a assisté un dîner splendide que
lui a offert M. Vandenpeereboora.
Dans la séance du 18 courant, le Conseil Com
munal de cette ville a reçu communication de
diverses pièces se rapportant d'une façon plus ou
moins directe l'affaire du déinautélemeut de
nos murs.
En conséquence de la cession faite la ville de
la partie des remparts située en face de la station,
il avait été convenu que la ville en opérerait le
nivellement depuis le front derrière le magasin
poudre sur l'esplauade jusqu'au cavalier au bout
de la rue au Beurre. L'honorable bourgmestre-
I président a fait connaître h ce sujet qu'il entrait
daDS les intentions du conseil de remettre l'exécu
tion de cet engagement h l'hiver prochain et d'ad
juger ces travaux des ouvriers sans ouvrage.
Ainsi nos édiles en sont réduits a prendre part
eux-mêmes cette œuvre le dévastation contre
laquelle ils ont si justement protesté naguère.
Il est donné ensuite connaissance d'une dépêche
du colonel du génie, directeur des fortifications,
qui se fondant sur ce que le rempart sera conservé
commeocer de la fausse porte de Thourout jus
qu'à la porte de Lille, en infère qu'il serait inutile
que l'Etat cédât de ce côté de l'enceinte conser
vée les terrains nécessaires pour établir un chemin
de ronde.
Une autre dépêche émanant du gouvernement
concerne l'appropriation des locaux qu'exige l'é
cole des enfants de troupe. La grande caserne
aussi bien que les bâtiments de l'arsenal seront
affectés l'usage de cette institution mais on de
mande l'administration communale la suppres
sion de la ruelle dite du Zaelhof afin d'établir une
communication directe entre les deux locaux men
tionnés. Tout en accueillant avec faveur celte com
munication, le Couseil, avant que d'y faire droit,
fera préalablement procéder une enquête et aura a
remplir les formalités qu'exige la suppression d'une
voie publique.
Vers la fin de la séance le Conseil a abordé la
question de l'indemnité laquelle là ville a droit
eu vertu de la loi du i4 mars et du chef du tort
matériel que lui a valu le démantèlement de nos
fortifications. Une dépêche de M. le gouverneur
met l'admiiiislraliou communale en demeure de
formuler ses prétentions cet égard. Avant qne
d'entrer eu discussion sur cette affaire importante,
qu'il faut attribuer la délivrance de la cité, malgré
les intrigues de quelques mauvais citoyens, qui dé
voués au parti rebelle voulaient lui livrer la place.
Qui pourrait ne pas admirer la noble conduite
qu'ils ont déployée durant les neuf semaines qu'a
duré le siège Qui pourrait ne pas admirer le cou
rage avec lequel ils ont résisté aux horreurs de la
famine et aux attaques réitérées de leurs ennemis
Il circulait des bruits différents touchant les rai
sons qui ont déterminé les assiégeants lever le
siège. Les Anglais de même que les Gantois eo
attribuaient la cause l'abondance de mouches
vertes qui les tourmentaient. Les Français l'attri
buaient l'arrivée devant la place de l'armée
Royale; les Bourguignons motivaient cette retraite
par l'influence qu'exerçait leur Duc 'a la Cour de
Charles V'I. Les Flamands et les Wallons croyaient
qu'il fallait l'attribuer l'union qui ne cessa de
réguer entr'eux et leur Comte.
Quoique nous ayons pu déterminer avec préci
sion toutes les forces de l'année de la Grande-
Bretagne et des Gantois rebelles, il nous a été
impossible cependant de découvrir quelles ont été
les forces dont la bourgeoisie armée a pu disposer.
Quand on songe l'immense population que la
ville renfermait dans son sein, l'époque de ce
siège, il faudrait conclure que les forces des Yprois
étaient imposantes sinon formidables. Ajoutez
cela les bras de tant de milliers d'habitants des
faubourgs, qui s'étaient réfugiés dans la place et
avaient secondé les Yprois de tous leurs efforts.
Du reste, on combattit de part et d'autre avec un
l'assemblée décide qne les pièces qui s'y rappor
tent seront communiquées domicile tous ses
membres.
Une autre question qui intéresse vivement grand
nombre d'habitants, se trouvait l'ordre du jour
du conseil et n'a également point été résolue. Nous
voulons parler de la demande adressée par le di
recteur du gaz, tendant obtenir poor son usine
une prolongation d'octroi. La position de cet éta
blissement situé au centre de la ville, dans un
quartier populeux et une rue étroite, a soulevé
depuis longtemps de nombreuses réclamations. Il y a
déjà quelque temps aussi, que cette question, portée
une première fois l'ordre du jour du conseil, fut
renvoyée l'examen d'une commission. Aujour
d'hui elle se trouve de nouveau écartée et remise
une séance prochaine. Nous ne pouvons point
quant nous approuver cette façon d'agir qui
ressemble une tergiversation systématique; nous
croyons qu'il importe qu'une décision intervienne
au plus tôt. Si en effet la demande eu autorisation
est fondée, si rien n'empêche qu'on y fasse droit,
pourquoi laisser le travail d'un estimable industriel
végéter dans le provisoire? Si, au contraire, l'op-
posiiion qu'il rencontre est raisonnable, si notam
ment les dangers permanents que signalent les
réclamants sont réels, incontestables, il est urgent,
ce nous semble, sans biaiser davantage, de mettre
fin a cet état de choses.
Pour terminer celte revue sommaire de ce que
l'ordre du jour de l'assemblée, a offert de remar
quable il ne nous reste mentionner que la sou
mission faite au Conseil du compte du collège
communal pour l'exercice 1855. Il présente en
recette une somme de fr. 19.959-98; eu dépense
celle de fr. 19,671-81 excédant fr. 298-19.
acharnement impossible décrire. Pendant le
dernier jour du siège, les femmes mêmes des habi
tants de la ville, animées de la même ardeur que
leurs maris, s'emparaient des lances qui leur tom
baient sous la main et allaient se poster au-dessus
des portes pour y combattre les ennemis. Elles
aimaient mieux, si la place tombait au pouvoir des
ennemis, de mourir les armes la main, que de
voir leurs enfants devenir la proie des assiégeants.
Durant ce dernier assaut, duquel dépendait le
sort de la cité, les habitants hors d'état de se dé
fendre, nommément les vieillards, les blessés, les
femmes et les enfants, allèrent se prosterner au
pied des autels et y conjurer le Dieu tout-puissant
de délivrer la ville qui les avait vu naître. Ces
pauvres gens craignaient d'être exposées tout
moment l'insatiable vengeance de l'armée de
l'évêque de Norwicb et de celle d'Ackerman. Et,
dans leurs ferventes prières, ces bonnes gens
n'oublièrent point d'implorer la protection de la
Mère de Dieu. Ce fut par sa puissante intercession
auprès de son divin Fils, que la cité triompha de
la fureur des rebelles.
Des millions de traits, en croire Sauvage, ont
été décochés sur la ville. Mais loin d'v occasionner
le moindre dégât, ils ne firent qu'augmenter les
moyens de défense dont pouvait disposer la ville.
Nous eussions volontiers publié les Doms de ceux
qui sont morts pour la défense d'noe aussi noble
cause, mais malheureusement, leurs noms et leurs
exploits sont plongés dans les ténèbres d'un éter
nel oubli.
et origine de la kermesse dite
LA TUINDAG,
Traduit d'après l'ouvrage de feu Jean-Jacques I. M RI Y.
en son vivant Archiviste de la ville d'Y près, membre de
plusieurs sociétés savantes, Chevalier de l'Ordre de Léo-
pold, etc., etc.
Suite et fin.)
Les Anglais pour se veoger des Y prois, incen-
dièreot avant leur départ toutes les maisonsqu'ils
avaient épargnées jusqu'alors- Ils fureDt inquiétés
dans leur marche par l'artillerie des Yprois qui les
foudroyait sans cesse et par les Yprois eux-mêmes
qui s'étaient acharnés leur poursuite. Dans ces
escarmouches les enuemis perdirent beaucoup des
leurs, les uns furent tués, les autres amenés pri
sonniers et décapités sur la Grand'Place. Les Yprois
y firent aussi beaucoup de butin. Les magnanimes
habitants de la ville, ne purent contenir leur joie
en voyant leur cité sauvée de la furie Anglo-
Gantoise, toutes les cloches furent roisesen mouve
ment pour fêter cette heureuse délivrance. (1)
C'est indubitablement la vigoureuse et infa-
tiguable résistance de nos magnanimes et illustres
ancêtres qu'est dû d'avoir conservé la ville qui
les avait vu naître. C'est leur indissoluble union
(1) Archives de la ^ille d'Y près.