JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
TVo 3.817.
37me année.
7PB,33S, 29 AVRIL.
L'intérêt si généra! et si soutenu f), que
le livre de M1' l'évèque de Bruges sur la
liberté de la charité en Belgique a provoqué
dès le jour de son apparition, témoigne de
tout le prix que l'opinion publique attache
aux importantes questions que cet écrit
soulève. D'ailleurs, le dépit mal déguisé,
les plates injures des folliculaires libéra-
listes, en trahissant leur iinpuissanlecolère,
constatent que le vénérable Prélat n'a point
failli sa tâche et que son livre frappant
juste et fort a mortellement atteint les
adversaires de la liberlédes bonnesœuvres.
C'est ainsi qu'il démontre successivement
que la sécularisation et la centralisation de
la bienfaisance sont contraires nos lois,
nos institutions constitutionnelles, aux
traditions nationales, aux intérêts du pays
et ceux du pauvre. Vaste et intéressant
sujet que l'éminent écrivain traite avec
une hauteur de vues, une élévation de
sentiments bien dignes de la cause qu'il a
entreprise de défendre. Au surplus, une
exposition nette et luicide, un style sim
ple, naturel et sans prétentions, une
dialectique serrée jointe l'onction du
cœur, telles sont quelques-unes des quali
tés que présente cette production si remar
quable tant de titres. Ce n'est point ici
une théorie priori, une utopie sans por
tée que le vénérable Prélat a mise au jour,
l'instar des creuses rêveries de ses ad
versaires, qui dégageant la charité de ses
motifs déterminants et de sa raison d'être,
n'ont fait qu'imaginer l'impossible. Au
contraire, c'est sur des faits constatants
et reconnus que Mgr de Bruges appuie ses
opinions et base son système. En définitive,
ce que demande Mgr Malou, au nom du
droit et de l'intérêt général, c'est pour la
charité chrétienne la liberté d'expansion
sous le contrôle bienveillant de l'autorité
civile.
SITUATION FINANCIÈRE DU PAYS
PROPAGATEUR,
VÉRITÉ ET JTST1CE.
On s'ahouiie Y près, rue de Lille, 10, près la Grand
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
Plia* DE L'A BOISEMENT} par triniewtre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Uu n° a5 c.
Le Propagateur parait le Hitltllll et le nFRCRFItl
de chaque semaine. (InNertlonm <3 centime* la ligne.)
Nous annonçâmes, il y a huit jours, que notre
Conseil communal se trouvait invite' faire con
naître l'autorité supérieure les indemnisations
auxquelles il croyait que la ville eut droit du chef
des torts graves dont l'avait frappée le démantèle
ment de la place. L'organe officieux du Conseil
nous apprend ce sujet que l'autorité communale
s'est unanimement décidée solliciter en consé
quence la cession de quelques terrains et bâtiments.
Certes il appartient l'administration commu
nale, plus qu'à tout autre, de déterminer la somme
et l'espèce d'indemnités auxquelles elle croit
prétendre. Toutefois nous avions espéré que nos
édiles stipuleraient autre chose que ces quelques
avantages qui nous paraissent purement fiscaux;
La première édition a été enlevée eu quelques jours j
la seconde s'épuise rapidement.
nous avions cru que les propositions gouverne
mentales ouvraient la voie des stipulations plus
directement avantageuses notre population et
tendaient indemniser les habitants plutôt que le
trésor de la commune.
Dans la séance du Conseil communal du 24
avril il a été donné communication d'un plan pour
l'abattoir construire la plaine d'amour ou au
nord du marché aux bestiaux.
M. Iweins-Fonteyne récemment nommé aux
fonctions de juge près le tribunal de première
instance de cette ville et dont la démission d'éche-
vin a été en couséquence acceptée par le Roi,
vient de déposer son mandat de conseiller com
munal. Par la modération de son caractère et de ses
principes, M. Iweius avait su durant sa carrière
administrative se concilier lessympathies générales.
Le général Duroy de fflicqtiy est venu passer en
cette ville l'inspection de notre garuisou de cava
lerie.
AVANT ET DEPUIS
L'AVÉNEMENT DE LA POLITIQUE NOUVELLE.
Nous appelons l'attention spéciale de nos lec
teurs sur le discours ci-après de M. J. Malou.
Provoqué par les maladroites sorties de M. Frère,
notie honorable Représentant y fait bonne justice
des pitoyables attaques dont la gestion finaucièie
des cabinets conservateurs est l'objet habituel de
la part des meneurs du pseudo-libéralisme.
m. malou. Messieurs, je ne me proposais pas de
prendre part ce débat, et je me serais abstenu de
prendre la parole, si l'honorable M. Frère n'avait
pas cru devoir récriminer, au lieu de se défendre.
Nous avons en 1847 et en i85i deux grandes et
solenuelles discussions sur la situation et notam
ment sur la gestion de nos finances de i83o
1847, car 1847 paraissait être une ère entière
ment nouvelle, où le pays sortait en quelque sorte
de la barbarie. Ces discussions ont fixé l'opinion
publique sur les résultats de la gestion de nos
finances pendant cette première période de notre
existence nationale.
Je croirais abuser des moments de la Chambre,
si je renouvelais ces débats devant elle, bien que
je pusse m'y croire autorisé par les erreurs que
l'honorable M. Frère vient de répéter.
En 1847, on n'a pas consolidé une partie de la
dette flottante, parce qu'on se trouvait au milieu
d'une crise alimentaire l'on n'a pas, parle même
motif, cherché augmenter l'impôt je le dirai fran
chement, et ce n'est pas la première fois que je
tiens ici ce langage, je crois qu'avec nos institu
tions, avec l'entraînement qui existe dans le pays
pour les dépenses, il est bon, salutaire de conserver
une certaine dette flottante, même une dette flot
tante assez élevée, parce qu'elle est un frein pour
nous, et parce qu'elle est une force pour le Mi
nistre des finances.
Il me suffirait, cet égard, de rappeler un seul
fait.
Lorsque nous nous trouvions, au milieu de la
crise alimentaire de 184y, lorsque nous avions,
non pas 43 millions, mais 20 25 millions de
dette flottante, que voulait l'opposition? L'oppo
sition voulait créer, avant les élections, 25 millions
de dépenses nouvelles sans faire les fonds l'é
chéance. Or, c'est principalement par des consi
dérations puisées dans les chiffres de la dette
flottante, que j'ai réussi épargner au pays une
dépense considérable dont les fonds n'étaient pas
faits.
Comment, lorsqu'on veut une discussion sé
rieuse, peut-on apprécier une situation financière?
On dit, par exemple: J'ai réduit, sons mon ad
ministration, le découvert de 45 millions i5.
Cela peut être vrai. Je ne l'admets pas dans les
circonstances actuelles. Mais cela fut-il exact de
tout point, en résulterait-il que la situation finan
cière soit améliorée de toute la différence Il sem
blerait, entendre l'honorable membre, qu'il n'y
ait de dette pour l'État que la dette flottante et
que, lorsqu'il n'y a plus de dette flottante, la si
tuation financière soit magnifique.
Mais pour l'État comme pour un particulier, il
ne s'agit pas de savoir si c'est sous le nom de dette
flottante ou de dette consolidée que sa situation
s'améliore ou s'empire; la question est desavoir
s'il augmente ses dépenses sans augmenter ses re
cettes. C'est dans ces termes que le calcul, pour
être sérieux, pour être digne de cette assemblée,
doit être présenté.
Eh bien, faisons ce calcul, demandons-nous si,
depuis 1847, notre situation financière générale
s'est améliorée. C'est bien là la question dégagée
de tout élément étranger. Il ne s'agit pas de savoir
si tel ou tel Ministre a fait telle ou telle dépense,
il s'agit de savoir si dans l'intérêt du pays, si notre
situation financière générale est meilleure qu'elle
ne l'était en 1847. Eh bien, les chiffres et les lois
en main, je suis forcé de dire qu'elle est beaucoup
plus mauvaise.
En effet, depuis 1847, nous avons créé par la
loi de i8t8, 87 millions de dette constituée en
plus; par la loi de 1852nous avons crée 26
millions de dette de plus; enfin, pendant la même
époque, nous avons réalisé des valeurs qui se trou
vaient dans le trésor pour une somme de plus de
17 millions. En d'autres temps, on avait com
mencé par dire que les valeurs acquises an trésor
étaient des joujoux financiers; on a converti ces
joujoux en bons millions qui sont entrés dans le
trésor. Il est donc juste que j'en tienne compte.
Additionnant ces trois sommes, savoir les 87
millions de l'emprunt de i848, les 26 millions de
l'emprunt de 1862 et les 17 millions provenant
des valeurs réalisées, je trouve que nous devons
80 millions de plus qu'en 1847.
Nous avions, de l'aveu de l'honorable M. Frère,
1 époque où il est sorti des affaires, un découvert
de i5 millions de dette flottante. Je suis en droit
avant de rien déduire d'ajouter ces i5 millions
aux 80 millions il en résulte que nous avons ag
gravé notre situation de g5 millions.