JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
LE
N« 3.831.
Samedi, 17 Juin 1854.
37me annee.
7î?.2S, 17 Juin.
LES ÉLECTIONS DU TREIZE JUIN.
La signification réelle de la journée élec
torale du 13 juin est facile saisir.
L'avènement de la politique nouvelle et
du système libéralisle s'était faite au nom
des principes exclusifs. Nos adversaires ne
s'en cachaient pas. Il fallait un ministère
homogène; il fallait qu'un seul parti pré
sidât en maître au gouvernement du pays.
Les comices de 47 et celles de 48 firent
un instant prévaloir ce triste régime. Mais
au scrutin de 1850 une réaction énergique
se manifesta dans un grand nombre de
collèges électoraux. L'année suivante, la
dissolution du Sénat affaiblit encore les
forces du parti exclusif, et les comices de
1852 prononcèrent l'encontre du sys
tème anti-unioniste l'éclatante condamna
tion que les dernièresélectionssont venues
confirmer.
En dépit des adeptes du libéralisme, la
nation ne veut plus de ces principes d'ex
clusion et de haine où quelques meneurs
croyaient trouver le secret de perpétuer
leur pouvoir; au rebours des maximes de
la politique nouvelle, les Belges exigent
dans les régions gouvernementales un re
tour franc et efficace aux principes natio
naux d'union et de conciliation.
Il est vrai, les comices de mardi n'en
verront point au Parlement une imposante
majorité conservatrice ou catholique. Au
sortir de l'agitation révolutionnaire et au
début des graves complications qui sur
gissent par toute l'Europe, l'esprit public
aspire trop ardemment au calme, au repos,
pour rendre faciles ces bouleversements
soudains et complets sous l'irrésistible
pression de la volonté populaire.
Toutefois le résultat a été beau et dé
cisif. Si nous perdons M. Orban Neuf-
château, si nous avons le regret de voir
éliminés de la Chambre deux libéraux sin
cères (on sait comme ils sont rares) MM.
Roussel et Jacques. En revanche nous
gagnons M. Délia Faille, M. Tack, M. Was-
seige, M. Lambin, tandis qu'au Sénat
viennent s'adjoindre la phalange conser
vatrice, MM. Cogels, Vergauwen et Corbi-
sier. Si Bruges, Marche et Neufchàleau
n'ont pas répondu notre attente; par
contre, une éclatante victoire a couronné
les efforts de nos amis Anvers, Louvain,
Namur,à Bastogne, àCourtrai, àRoulers.
Anvers était l'arène où la lutte devait
être plus ardente; le champ clos où, sem
blait-il, d'un accord commun et tacite la
querelle des partis devait se décider; An
vers, qui en 1850 envoya la Chambre les
candidats libéraux avec une majorité de
800 voix, et qui en 1851 encore se déclara
ouvertement pour MM. Frère et Rogier,
lors de la dissolution du Sénat. Or, le
verdict des électeurs Anversois est écra
sant pour nos adversaires. Non seulement
M. Osy, député sortant, et M. Cogels, can
didat de l'opinion modérée pour le Sénat,
l'emportent une immense majorité sur
leurs compétiteurs, MM. Calteaux-Wattel
et David; mais le chef-de-file du libéra
lisme exclusif, M. Rogier, que les con
servateurs au pouvoir ne surent jamais
éliminer, succombe et fait place M.
Délia Faille.
A Louvain, rien n'avait été oublié par
le parti exclusif pour remettre flots la
barque de MM. De Luesemans et Chris-
liaens, qui aux comices de 1850 avait
sombré sous le poids de 300 suffrages
de majorité contraire, et voici cependant
que le flot montant d'une majorité double
entraine de rechef MM. De Luesemans et
Christiaens au fond des eaux.
A Namur, une éclatante défaite attend
M. Moxhon, humble satellite de la poli
tique nouvelle;
A Bastogne, M. d'IIoffschmidt, ancien
collègue et doublure de M. Rogier aux af
faires étrangères, partage le sort de son
malencontreux patron;
A Courtrai, les électeurs de la ville aussi
bien que ceux des campagnes, envoient
M. Tack la Chambre, et apprennent
M. Ern. Vandenpeerebooin le tort qu'il a
eu de prendre la modération des conser
vateurs pour de la faiblesse, et de ne cor
respondre aux dispositions conciliantes de
sesadversaires que par des défis et unehos-
tilité plus franche de jour en jour et plus
déclarée;
A Roulers enfin, le corps électoral, bien
que surpris au dernier moment par l'a
gression inopinée de quelques brouillons,
réélit M. Dumortierà la piesqu'unanimité
des suffrages, et ne laisse au jeune ambi
tieux qui convoilaitsa place que le ridicule
de sa folle équipée.
Il nous reste dire un mot de Bru
xelles; car là aussi lerésultat de la journée
du 13 est éloquent et significatif. A la vé
rité, la liste des candidats de l'Association
libérale a passé toute entière au premier
ou au deuxième tour du scrutin. Mais il
importe de remarquer que les candidats
communs aux vieux libéraux de l'/lssoc/a-
tion et aux catholiques l'ont emporté de
beaucoup sur les candidats communs aux
libéraux de toute nuance; que, d'autre
part, un candidat des jeunes libéraux, M.
deGronckel, grâce au patronage du parti
modéré obtint au premier tour du scrutin
la majorité des votes, et n'éprouva un
échec au ballotage que par suite de la re
traite des électeurs des campagnes; tandis
qu'un second candidat du jeune libéra
lisme, M. Bartels, n'échoua également, que
pour avoir par un calcul maladroit re
poussé le concours du parti conservateur.
Il sera aisé ainsi de se rendre compte de
la réaction qui là aussi s'est produite, pour
quiconque se rappelle que MM. Yerhaegen,
Orts et consorts recueillirent en 1850 plus
des deux tiers des suffrages, et qu'il y a
peu de temps encore, VAssociation présidait
en souveraine aux comices de la capitale.
Nous nous réservonsde revenir ultérieu
rement sur les élections du 13.
SÉAAT.
PROPAGATEUR,
VÉRITÉ ET JUSTICE.
Ou s'abonne Yprès, rue de Lille, 10, près la Grand
Place, et chex les Percepteurs des Postes du Royaume.
PIIII DE L'ABOVNEMEKT, par trlme«tre,
Y près fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° a5 c.
I.e Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCRESI
de oliaque semaine. (Insertions 11 centime» la ligne.)
Les clubistes se remuent déjà en tout sens afin de
trouver un de'puté assez complaisant pour céder sa
place k M. Rogier.
Il est question dit-on de la démission de M.
Sinave; et pourquoi pas? L'honorable député
doit cette déférence k M. Rogier, qui l'a traité eu
pleine Chambre d'homme excentrique?
[Patrie de Bruges.)
Le club de M. Verbaegen a siégé mardi en per
manence. Vers 4 heures, on y a lu de fausses
dépêches, annonçant l'échec de tous les conser
vateurs k Anvers. Dans la soirée, quand le club a
appris l'élimination de M. Rogier, il a fermé les
portes, éteint les lumières, et la plus grande con
sternation a régné dans son sein.
Voici, k la suite des élections les forces respec
tives des partis dans les deux chambres
CONSERVATEURS.
MM.
De Pelichy.
D'Ursel.
De Bethuue.
Dutrieu.
Vergauwen.
Gillis.
Deneckere
De Wouters.
D'Auethau.
De Ryckman.
M al ou.
Corbisier.
D'Hane.
De Ligne.
De la Faille.
Pollet.
De Rhodes.
De Robiario.
De Ribeaucourt.
Éloi de Burdinne.
D'Hoop.
D'Omalius.
De Munck.
De Cesves.
Cassiers.
Desmanet de Biesme.
Cogels.
Spilaels.
LIBÉRAUX MODÉRÉS.
MM.
De Renesse.
De Pitteurs.
De Dorlodot.
LIBÉRAUX PURS
OU EXCLUSIFS.
MM.
Buisseret.
Van Woumen.
Savart.
Pecsteen-Devrière.
Dameuet.
Grenier.
De Bergh.
Herry.
De Favereau.
De KerVove.
Jatnar.
Michiels.
Forgeur.
Lauwers.
Robert.
Van Schoor.
Laouseux.
Coppin.
De Thuin.
Seutin.
De Tornaco.
Mosselman.
YVyns.
RÉCAPITULATION.
Conservateurs 28
Libéraux modérés 3
Libéraux purs 20
5i