JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
V 3,835.
37me année.
PROPAGATEUR,
TÉR1TÊ ET JUSTICE.
On s'altonue Yprès, rue de Lille, 10, près la Grand
Place, et chez, les Percepteurs des Postes du Royaume.
l'HIV UE L'AllOWEtlEUT, par trimestre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Uu n° a5 c.
Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine. (Insertions lî centimes la ligne.)
7??.S5, 1" Juillet.
DU RÉTABLISSEMENT DE L'ENION.
Nous l'avons mainte fois constaté, l'opi
nion publique est lasse de ces luttes enve
nimées où le parti exclusif s'obstine
renfermer les ressorts de sa politique.
Hommes d'ordre et de conciliation, les
conservateurs, restés fidèles au pacte unio
niste de 1830, avaient constamment sou
tenu qu'au sein d'un pays, où deux puis
santes opinions se partagent les esprits, il
est de la dignité et du devoir du gouver
nement de concilier autant que possible
les prétentions ou les vœux contradictoires
des uns et des autres. De là le système des
ministères mixtes, qui prévalut aussi long
temps que l'opinion modérée et unioniste
resta au limon des affaires.
Mais un jour enfin, le besoin du change
ment et ce malaise social, qui nait sou
vent au sein d'une profonde paix et d'une
grande prospérité matérielle et qui prépare
les bouleversements révolutionnaires, se
firent sentir chez noUs et amenèrent la
chute de la politique unioniste.
Fidèles leurs antécédents et leurs
principes, les hommes d'Etal du parti mo
déré ne cherchèrent point donner le
change sur le véritable état de l'opinion,
ni fausser le verdict du scrutin électoral.
Le flot des passions populaires, qui, trop
longtemps comprimé, devait ailleurs se
changer en torrent et balayer uu trône,
passa donc ici sans, obstacle, renversant,
il est vrai, mainte position acquise au prix
des plus loyaux services, mais laissant de
bout au moins les bases de nos institu
tions nationales.
Ce fut alors que le ministère du 12 août
proclama l'inauguration A'une politique nou
velle et la mise en pratique du régime des
gouvernements de parti. Alors le libéra
lisme se vit appelé traduire en actes cet
axiome favori de sa politique qu'il fallait
que le pouvoir fut homogène, c'est dire,
qu'une seule opinion devait présider ex
clusivement la gestion des affaires.
Cette odieuse théorie, apothéose de la
discorde et de la haine, dont la nouveauté
fil un moment la fortune, indisposa bientôt
tout le monde, du jour où la pratique en
eut fait ressortir la crudité révoltante.
Quatre fois depuis lors le scrutin électoral
a fait appel au pays, et quatre fois le pays
par l'organe du corps électoral a passé
condamnation sur l'exclusivisme de la po
litique nouvelle et renforcé dans les deux
chambres les rangs des amis de l'union.
En vain, les sicaires du libéralisme ou
trance s'ingéuient-ils ranimer les pas
sions éteintes; en vain, [Observateur, la
Nation et les roquets qu'ils mènent en
laisse, aboient et jappent l'unisson;
tantôt, par d'amers reproches stimulant
l'ardeur de leurs anciens amis; tantôt, par
des insultes et des diatribes, s'efforça nt
d'aiguillonner l'indignation ou la suscep
tibilité de leurs adversaires. Vains efforts:
le mépris des uns, l'indifférence et le dé
goût des autres les surplombent et chaque
effort nouveau les dégrade davantage dans
l'opinion publique.
Battus sur le terrain de la liberté, parce
qu'ils n'ont point pour eux les sympathies
de la nation, ils n'ont pas craint, reniant
sans vergogne leurs principes de parade et
leurs promesses vantardes, de se faire les
hommes-liges du monopole de l'Etat et de
l'absolutisme du pouvoir civil. Tous les
jours la liberté de l'enseignement est eu
butte de nouvelles attaques, et leur mau
vais vouloir que jadis ils s'efforçaient de
pallier, s'affiche maintenant au grand jour
et se démasque sans pudeur. Ils ont osé
entreprendrel'auéaniissementde la liberté
des bonnes œuvres. Ils en sont venus jus
qu'à frapperd'ostracisiue, jusqu'à assimiler
formellement au rang de parias le corps
sacerdotal tout entier. On n'attendra
plus longtemps, disait, il y a trois
jours, une feuille de celle ville, avant
que le public ne s'occupe mûrement des
mesures prendre pour empêcher les
ministres du culte d'intervenir dans les
luttes électorales, soit comme citoyen, soit
comme prêtre. Citoyen, il ne l'est pas;
par sa mission, il se dit lui-même cos-
mopolite, mais membre actif de la milice
romaine avant tout. Comme prêtre, la
gestion des intérêts publics ne le con-
o cerne en rien.
Ainsi se démènent dans leur aveugle et
impuissant délire les exclusifs que l'opi
nion publique a repoussés du faîte du pou
voir. S'accrochait l d'une étreinte désespé
rée au despotisme, leur dernier appui,
ils s'épuisent en infructueux efforts pour
resaisir la position elevée qu'ils oui per
due, mais chaque soubresaut rend leur
chute plus imminente et les éloigne d'un
cran des hauteurs où ils s'efforçeut de re
monter.
Nous, cependant, ayons foi dans l'avenir,
et rappelons nous ces paroles que M. Jules
Malou adressait M. De Decker, dans une
lettre en date du 31 octobre 1832
Les nationalités se raniment eu se retrempant
daus leur principe, et le principe, de l'existence
de la Belgique c'est l'union.
L'uttiou nouvelle, maigre'les fauleset les mal
heurs de ce temps, malgré les clameurs des passions
ameutées, n'est pas uue impossibilité, une géné
reuse utopie c'est un besoin qui chaque jour se
relève avec plus d'énergie. Pour aborder immédia
tement et de front les deux problèmes qui louchent
la fibre la plus frémissante des partis, ne pour
rait-on Iraustger, dans l'ordre moral, sur l'ensei
gnement et sur la charité? Est-il raisonnable, par
exemple, de créer partout et de maintenir a grand
renfort de subsides tant d'établissements où l'on
paie des professeurs sous prétexte d'avoir des élèves,
où l'on paie des élèves pour avoir des professeurs.
Le tout aux frais de l'État et probablement pour
les menus plaisirs de ceux qui disaient L'État
c'est tuoi
Est-il raisonnable de sosciter a la bienfaisance
ces milles entraves, toutes ces chicanes de procu
reur madré, que nous avons vu naître et renaître
sous toutes les formes, au préjudice des pauvres,
eu haine de l'influence sociale du clergé?
Et si, pour ces intérêts comme pour tant d'au
tres, abordant de bonne fois de sérieuses difficultés,
mais se dépouillant aussi de préoccupatioos mes
quines et égoïstes, les vieux partis concluaient des
transactions honorables pour tous, utiles pour le
pays, nos luttes n'auraienl-elles pas en grande
partie perdu leur raison d'être?
a Nous sommes sur un beau navire qui renferme
dans ses flancs tous nos bieus; plus d'uoe fois il a
bravé les tempêtes; aujourd'hui, une bonne brise
enfle ses vuiles; le courant le pousse vers le port;
matelots et passagers sont pleins de courage, et le
pilote, c'est Dieu.
NOTRE DAME DE LA TREILLE.
L'ouverture du jubilé de Notre-Dame de la
Treille s'est faite samedi b Lille, dans l'église de
Sainte-Catherine, avec toute la solennité que com
portait cette importante cérémonie. A 4 heures, le
son des cloches de toutes les églises de la ville et
des communautés s'est fait entendre pendant un
quart-d'heure.
Au moment de l'ouverture des portes de Sainte-
Catherine, la foule qui stationnait depuis une heure
autour de cette église, s'y est précipitée, chacun
voulait assister a cette première cérémonie et ad
mirer les magnifiques décorations qui depuis huit
jours avaient nécessité la fermeture de l'église.
L'élégance et le bon goût ont présidé la dé
coration de S" Catherine. On admire surtout la
magnifique châsse de Notre-Dame de la Treille,
ainsi que le trône des évêques orné de riches dra
peries.
Le plafond de la grande nef est enjolivé d'une
treille «le guirlandes de roses, et les colonnes, re
vêtues de velours bleu, sont surmontées d'anges
que couronnent des inscriptions de tous les titres
de gloire de la sainte Vierge.
Dimanche malin, les cérémonies et prédications
ont continué a Sainte-Catherine, Saint- Maurice et
Saint-André; la grand'messe, dite par Mgr. l'ar
chevêque de Cambrai, a été chantée dans l'église
jubilaire.
On annonce que vi'ngt-cinq prélats, dont quatre
ou cinq cardinaux, assisteront la grande proces
sion, fixée au dimanche 2 juillet.
Demain, dimanche, le jubilé séculaire de Notre
Dame de la Treille, patronne de Lille, y sera
célébré avec la plus grande pompe. Des préparatifs
immenses ont été faits pour celle fêle religieuse
que rehaussera la présence de quinze vingt
Caidiuaux, Archevêques et Évêques. La grand'