JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
LE
No 3.840.
37me année.
PROPAGATEUR,
ViilUTi; ET JCSTfCE.
On s'ahonue Yprès, rue de Lille, 10, près la Graud
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
Pltl\ IIR L'ABO.llElHKBT, par trlincwtre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Uu n° 2D c.
Le Propagateur parait le f*.4MEDI et le .HF.lt«'lKi:i»l
de disque semaine. (Insertion* 19 centime» la ligne.)
I
7??.îS, 19 Juillet.
La portée nationale et patriotique de la
fête du 9 août est comprise de tout le
monde. Restaurer les vieilles illustrations
de la province et de la Cité, rappeler la
mémoire des hauts faits de nos Pères, tel
est le sens que dans une missive récente
l'autorité communale rattache celte fêle
civique; telle est la signification du cortège
religieux et historique qui s'organise avec
un entrain aussi unanime; tel le est la portée
de la réintégration des statues de Notre-
Dame de Tttyne et des anciens comtes de
Flandre daDs leurs niches séculaires.
Certes nous ne pouvons qu'applaudir
vivement cette œuvre de réparation ainsi
qu'à la fête qui la consacre. Toutefois nous
croyons qu'il est un point par où cette
belle œuvre prêle la critique, et que nous
nous proposons de signaler ici en peu de
mots.
Personne n'ignore qu'à la suite des six
souverains et souveraines dont la façade
des Halles doit recevoir, le 9 août, les effi
gies, viendront s'adjoindresuccessivement,
mais avec moins de pompe, celles des au
tres souverains du Comté. Ainsi la façade
principale du bâtiment, du côté de la
Crand'Place, recevrait vingt-six comtes de
Flandre et autant de comtesses; la façade
latérale qui longe la rue de la Halle, en re
cevrait dix, et la façade postérieure, du
côté de l'église S'-Martin, onze si l'on y
ajoute les sept forestiers dont l'existence
parait le plus authentique.
Or, nous avons remarqué avec surprise
que les six souverains, objets de la grande
ovation du 9, ne sont pointà beaucoup près
ceux qui méritent le mieux cet honneur.
Ce sont des princes des maisons de Bour
gogne et d'Autriche, tous étrangers au pays,
sauf unscul, et, malgré leurs qualités guer
rières ou administratives, peu dignes, au
jugement de plusieurs historiens, des sym
pathies sans réserve du peuple flamand.
Aussi nous semble-t-il coup sûr que la
place d'honneur ne leur revenait pas.
Auxcôtésdu beffroi d'autreshérosavaient
leur rang désigné d'avance; c'étaient des
princes, flamands par le sang et par le
cœur, des princes dont les nobles vertus
jettent encore un éclat si pur sur nos
vieilles annales. C'était un Baudouin bras-
de-fer, le sauveur de la Flandre, un Bau-
douin-le-chauve qui fortifia la ville, un
Ce côté des Halles représenterait donc les ejjigies des
forestiers et comtes depuis Lgderick de Buck jusqu'à Baudouin
3 ,6il-g6a'; latéralement t iendraient se grouper nos princes i
partir tl Anoul i jusqu'à Guillaume t liton (tfiài-1 ia8t; du côte
de la Grand Place, l'occident du beffroi. se rangeraient
Ihterrg d Alsace et ses successeurs jusqu'à Philippc-le-bon
,- T orient enfin de ladite tour, seraient représen
tées les images de nos comtes partir de Charles-Is-hjrdi
jusqu'à rempereur d Allemagne français 1 467-179;).
Robert-le-Frison qui la délivra du despo
tisme sanglant de Richilde, et fut le fon
dateur des églises de S'-Martin et de S'-
Pierre; c'étaient et Robert-de-Jérusalem et
Thierry d'Alsace qui conduisirent nos hé
roïques ancêtres la délivrance des Saints-
Lieux; c'était un Baudouin-à-la-hâche, si
justement célèbre dans les chroniques lo
cales, un Charles-le-bon qui en temps de
famine nourrit les pauvres d'Ypres de ses
propres deniers et qui périt martyr de sa
charité et de sa justice; c'était un Bau-
douin-de-Constanlinople qui posa la pre
mière pierre de la tour des Halles; c'était
en un mot cette héroïque phalange, cette
forte race d'Inghelrain.qui depuisl'origine
du comté jusqu'à ce qu'elle allât s'éteindre
la funeste journée d'Andrinople, offre
une chaîne non-interrompue de grands
hommes et de grandes actions; c'était
eux que revenait la place d'honneur la
façade antérieure des Halles. Cependant
chose étrange, si, comme il est croire,
l'ordre chronologique est observé dans le
placement des nouvelles statues, les plus
illustres de nos comtes se verront relégués
du côté latéral et postérieur du bâtiment,
tandis que la face principale et antérieure
en est destinée aux dynasties espagnoles
et autrichiennesdes personnages tel
que Charles 2 d'Espagne, ou tel que Jo
seph 2 d'Allemagne, des rois étrangers,
pour qui le litre de Comte de Flandre ne
fut qu'un nom, ou qui trop souvent même
achetèrent la paix d'un voisin puissant au
prix de la prospérité ou de l'intégrité du
territoire de la vieille Flandre.
Ainsi encore, par une autre bizarrerie,
les plus anciens d'entre nos Comtes-Sou
verains occuperont les parties les plus mo
dernes de l'édifice, tandis que les derniers
venus d'entr'eux en occuperont la partie
la plus antique.
il eut été facile pourtant d'éviter ces
anomalies, si au lieu de ranger la série des
princes flamands en allant de gauche
droite, on eut pris l'ordre inverse de
droite gauche; plaçant ainsi la statue du
premier forestier de Flandre côté du
Nieuwwerk, là où figurera sans doute celle
du dernier de nos comtes.
Il y a quelques jours, bous rapportâmes qu'il
entrait dans Jes intentions de nos autorités, de
voir réunis dans le brillant cortège qui s'organise
l'occasion de l'inauguration de la statue de
Notre Dame de Tbuynetous les ecclésiastiques
qui appartiennent par leur naissance notre ville.
Nous appreoons avec un sensible plaisir que celle
intention sera réalisée; et que notre administration
communale vient d'adresser de ce chef une lettre
notre respectable Doyenpour prier ce haut
dignitaire d'inviter, au nom des représentants de
la commune, a vouloir faire acte de présence dans
la solennité du 9 Août prochain, tous les membres
du clergé qui par leur naissance, ou par les fonc
tions qu'ils ont desservies appartiennent a jjotre
ville. Nul doute que cet appel ne soit entendu, et
que tout prêtre Yprois, ne s'empressera de venir
s'acquitter de son tribut de vénération envers la
Vierge de Thuyneet ne se montrera fier de
se grouper autour du trône de la libératrice et la
céleste patronne de son antique Cité natale.
Voici, sauf omission, la liste des honorables
ecclésiastiques originaires de notre ville.
Ms1 Malou, Evêqne de Bruges.
Msr Morel, chanoine du chapitre de S1 Bavon
Gand.
M. Vanderghote, ancien professeur de théologie,
membre de la Compagnie de Jésus.
M. Dehaerne, membre de la Chambre des repré
sentants et inspecteur des collèges ecclésiasti
ques de la province.
M. Beesau,curé Bossuyt.
M. Ameloot, curé Bavichove.
M. Gervosnn, curé Dadizeele.
M. Hennion, curé a Dickebusch.
M. f.ejeune, curé Machelen.
M. Dehaerne, curé a Moorsel.
M. Cappoen, curé h Oost-Eecloo.
M. Slruye, directeur des Sœurs de S' Vincent k
Ypres.
M. Vanneste, directeur des Sœurs de Charité h
Wetteren.
M. Vanneste, id. id. a S* Denis.
M. Terrier, directeur du Collège de S' Louis a
Bruges.
M. Vaubeule, supérieur des Jésuites k Tronchien-
nes.
M. Deneckere, au collège belge k Rome.
M. Debruyne, vicaire a Anseghem.
M. Derycke, vicaire k Anseghem.
M. Terrier, vicaire k Dickebusch.
M. Angillis, vicaire k Wynkel S' Eloi.
M. Vanderghote, vicaire k Passchendaele.
M. Dekeerle, professeur au Collège de Meuin.
M. Debreyneprofesseur au Collège de Pope-
ringhe.
M. Bierre, professeur au petit séminaire de Roulers.
M. Hamelis, prêtre au Séminaire de Bruges.
M. Bierre, id. id.
Le R. P. Lehouck, provincial des Carmes dé
chaussés.
Le R. P. Boudry, religieux du même ordre.
Le R. P. Verhagen id. id.
Le R. P. Vetleure, id. id.
Si ce qu'on dit est exactla grande procession
du 9 Août suivrait l'itinéraire habituel de la
procession de la Tuyndag, sauf les deux modifica
tions suivantes, dont tout le monde appréciera
l'opportunité i" Au lieu de la rue de Tourhout,
elle prendrait la rue de Menin de cette manière
elle éviterait de passer devant les barraques des
saltimbanques qui se trouvent d'ordinaire installées
sur la place k cette époque. 2° L'autre modifi
cation est celle-ci arrivée an milieu de la rue des
Chiens, la procession rejoindrait la rue de Lille par
la rue de Wertinck, et non par la rue des Plats.
Cette deuxième modification serait basée sur les
difficultés et les embarras qu'on ne manquerait pas
d'éprouver si l'on allait s'engager avec des chevaux
et des chars dans la partie fort étroite de la rue
des Chiens qui mène au cimetière de S'-Pierre.