JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3,849.
38me année.
PROPAGATEUR,
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Graud
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° a5 c.
Le Propagateur parait le AAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine. (Insertions 19 centimes la ligne.)
7FB.ES, 19 AOÛT.
REVUE POLITIQUE.
L'opinion générale est que la Russie, obligée
la retraite, a jugé d'emblée la position du
Pruth préférable celle du Sereth, et qu'elle a
voulu se faire un mérite auprès de V Autriche
d'une concession qui n'était qu'apparente pour
obtenir encore de nouveaux délais.
Le Journal de Constanlinople dit que lors de
la dernière reconnaissance faite par les ami
raux, une grêle de boulets est tombée sur Sébas-
lopol, des obus ont même atteint la ville. Le
même journal annonce qu'un combat a eu lieu
Babadagh (Asie) entre un détachement com
mandé par le général Jussuf et des Cosaques
ces derniers ont été repoussés. Le colonel Du-
preuil, dans cet engagement, a reçu sept coups
de lance mais ses blessures n'ont rien de grave.
Le général hongrois h la pi a a été envoyé
Kars.
On dit aussi que l'armée turque d'Asie pré
lude une bataille générale par des engage
ments partiels près de Kars.
Les opérations militaires de la Baltique
offrent de l'intérêt. Les dépêches nous appren
nent que la grande tour de Bomarsund est
tombée au pouvoir des Français vingt- quatre
heures seulement après l'ouverture des travaux
d'attaque. Le 16, l'assaut a du avoir lieu. Le
i5, déjà la plus grande partie de Bomarsund
était occupée par les alliés; le général Bara-
guay d'Hilliers avait fait proclamer dans toutes
les églises dAland la délivrance de cette île de
la domination russe.
On a aussi des nouvelles de la mer Boire,
mais elles sont moins précises que celles de la
Baltique; il résulte cependant des derniers
renseignements que le siège de Sébastopol est
résolu, et que c'est sur ce point que vont se por
ter les efforts des armées et des flottes alliées.
On ne désigne pas encore cependant le point
choisi pour le débarquement.
On sait que la Conférence de Uienne a repris
ses séances le 1 a du courant. Les ambassadeurs
des quatre puissances avaient reçu les pouvoirs
nécessaires pour dresser un nouveau protocole.
Il a été question d'abord, dit le Nouvelliste de
Hambourg, de savoir jusqu'à quel point Téva
cuation des principautés pouvait servir de
point de départ a de nouvelles négociations. La
Prusse ne s est pas trouvée d'accord sur ce
point avec les autres puissances, et l'on craint
que les délibérations ne traînent en longueur.
L mteret des nouvelles d Espagne d'aujour-
d hui est dans le programme présenté la
Reine avec le décret pour la convocation des
Cortès constituantes. On y remarquera qu'en
effet le ministère y a bien inséré la déclaration
dont on a parlé, sur l'inviolabilité du trône;
mais comme le fait remarquer un journal fran
çais. peut être trouvera-1-on qu'il passe là-
dessus un peu légèrement.
La Reine-mère est toujours étroitement gar
dée. Les recherches continuent pour découvrir
ceux des anciens Ministres qu'on croit cachés
Madrid; Buceta commande toujours les ban
des, c'est dire assez que le calme apparent qui
règne dans la capitale ne peut pas être consi
déré comme l'indice d'une amélioration de la
situation.
Le nouveau gouverneur de Cuba se trouvera
placé dans des circonstances de plus en plus
difficiles. On a reçu par le Nicaragua, parti le 3
août de Neu>- York, un message du Président
Franklin Pierce au Sénat, relatif Cuba. Tout
en blâmant formellement les entreprises diri
gées par des particuliers contre celte colonie,
le Président rappelle ce passage significatif
d'un de ses précédents messages: Lorsque
Ton considère la position de l'île de Cuba, voi
sine de nous, et qui touche d'une manière si
intime nos rapports commerciaux et politi
ques, on ne peut espérer qu'une suite d'actes
hostiles contraires nos intérêts commerciaux,
et l'adoption d'une politique contraire l'hon
neur et la sécurité des Etats Unis, puissent
durer longtemps sans amener la guerre.
Le Président pense que le moment est venu
de prendre des mesures provisoires.
Encore un pays que les loges maçonni
ques viennent de précipiter dans le goulfre
de l'anarchie. Car grâce une correspon
dance remarquable, publiée il y a environ
trois semaines, par ['Observateur belge, per
sonne n'ignore plus maintenant que c'est
la franc-maçonnerie qui a préparé et fait
éclore l'insurrection espagnole. C'est elle
qui a donné le signal de la révolte armée
Madrid, Barcelone, Saragosse, dans
le royaume de Valence. A l'heure qu'il est,
elletienlen échec les hommesqui affichent,
ou qui voudraient afficher encore quelques
sentiments de modération; et elle menace
de faire disparaître le trône de la Heine
Isabelle, pour inaugurer peut-être le règne
de la République une et indivisible la
façon de France. Qu'y u t il d'étonnant? La
chute du trône de Louis-Philippe; les ré
volutions qui se sont accomplies en Suisse,
en Prusse, en Autriche, dans l'Italie, tout
celan'est-il pas, engrandepartie du moins,
l'œuvre de la franc-maçonnerie? L'histoire
la main, on peutaffinner que depuis plus
de soixante-dix ans, il ne s'est pas machiné
dans toute l'Europe une seule entreprise
sinistre, attentoire la sûreté des Etats,
dont les loges n'aient été les fauteurs ou
les complices. Cela n'empêche pas cepen
dant que cent fois on est venu dire que la
franc-maçonnerie ne se mêle en aucune
manière des affaires politiques; que c'est
une association instituée uniquement dans
un but de bienfaisance etc., etc.: Comme
si les événements, et les aveux consignés
dans des pièces qui émanent des loges mê
mes, ne parlaient pas plus haut que ces
protestations hypocrites.
Et dans notre pays même, qui a aussi
l'honneur de posséder des frères du grand
et du petit Orient, n'y a-t-il rien redouter
du côté des associations maçonniques? ou
la franc-maçonnerie belge vaudrait-elle
mieux peut-être que celle du reste de l'Eu
rope? O11 pourrait lesoutenir avec quelque
apparence déraison, s'il n'était de fait qu'il
y a une cominunautéd'idées, de tendances,
d'efforts entre les frères de tous les pays; si
les frères de Belgique n'étaient allés offrir
une médaille d'or M. Eugène Sue, l'écri
vain socialiste par excellence, l'auteur des
productions ordurières le Juif-Errant et les
Mystères de Paris, et si en retour de cette
démonstration fraternelle, celui-ci n'avait
pas félicité les franc-maçons belges d elre
dans leur pays la tête du. parti libéral-
socialiste:si enfin dans les documents que
nous avons sous les yeux et qui émanent
de nos loges, nous 11e trouvions pas que les
frères, les vénérables frères applaudissent
sans réserve tons les bouleversements,
toutes les menées socialistes, tous les at
tentats contre l'ordre, contre le trône et
l'autel, qui se sont successivement produits
dans les divers pays de l'Europe.
O11 le voit, tout ceci n'est pas fort ras
surant; et ce qui l'est bien moins encore
pour l'avenir de notre patrie, c'est que de
puis une dizaine d'années nos franc-maçons
se mêlent très-activement des affaires pu
bliques, et mettent tout en œuvre pour
s'emparer du pouvoir en se couvrant du
masque du libéralisme. Car si le Iibéralisme
exclusif et les loges sont un seul et même
parti; il y a entre eux une subordination
complète, et le premier n'est qu'une éma
nation des seconds: de telle sorte, que les
clubs et toute la presse libérale ne sont
que des instruments serviles, des machines
inertes que les frères maçons font mouvoir
au gré de leurs vues. Pour être édifié sur
ce point, il n'y a qu'à comparer le langage
tenu par les organes du parti clubiste, avec
le contenu des circulaires qui émanent de
temps en temps des loges maçonniques:
De part et d'autre vous rencontrez inva
riablement les iuèmesprincipes,les mêmes
vues, jusqu'aux mêmes formules. Du reste
celle solidarité d'intérêts, celte commu
nauté de principes et de tendances, c'est
ce que les Vénérables eux-mêmes ont pris
soin de constater en termes précis: de sorte
que là-dessus il ne doit pas y avoir le
moindre doute.
Répétons donc ici ce que disait il y a
deux ans le Journal de Bruxelles: Le li
béralisme c'est la maçonnerie; la franc-
çonnerie, c'est la révolution avec toutes
ses conséquences démocratiques, sociales,
socialistes. Seulement, parmi les frères,
les uns s'arrêtent ici, les autres là d'autres
vont plus loin. Mais, obéissant tous, dans