de la Russie aux notes de l'Autriche et de la Prusse.
Le Czar rejette catégoriquement les quatre poiots
établis par les puissances occidentales comme bases
indispensables de la paix future. De plus, il s'est
abstenu de poser d'autres conditions mais il dé
clare qu'il va faire retirer ses troupes dans ses
états que désormais il se tiendra sur la défensive.
Quant l'attitude des deux grandes puissances
allemandes dans le conflit oriental, elle est loin de
répondre aux désirs et aux intentions des puissances
occidentales. Ni la Prusse ni même l'Autriche ne
voient dans le refus de la Russie d'accepter les
conditions posées par la France et l'Angleterre
aucune cause immédiate de guerre. C'est ce qui
résulte clairement d'une note circulaire que les
cabinets de Berlin et de Vienne ont adressée, il y
a peu de jours, h tous leurs agents diplomatiques
près des cours allemandes.
Il y a plus le gouvernement prussien considère
que par l'évacuatiou des principautés, par l'aban
don exclusif du protectorat, et par l'engagement de
s'en tenir sur la défensive, la Russie a répondue
tout ce que l'Allemagne pouvait attendre d'elle.
En Espagne, il règne toujours beaucoup d'agi
tation dans les provinces. Des lettres de Badajoz
parlent de nombreux excès commis dans cette
province. Un grand nombre de localités refusent h
main armée de payer les impôts les choses en sont
venues k tel point que le peuple a incendié des
vignobles et des plantations d'oliviers. Dans d'au
tres localités, on procède k la répartition des biens
commuuaux et même de ceux de quelques parti
culiers. Il y d'autres excès k Val de Torres 5o
hommes armés se sont présentés et ont fusillé ou
parent du célèbre Donoso Cortes.
Cependant on espère qu'avec un peu de fer
meté, le gouvernement pourrait ramener l'ordre
partout où il est menacé.
Les journaux Anglais et Français publient une
foule de détails intéressants sur les préparatifs
qui ont été faits par les alliés pour assurer le succès
de l'expédition de la Crimée.
Les troupes qui composent l'expédition, dit
une correspondance de Constantinoplesont des
troupes d'élite, parfaitement équipées et armées,
avec tous les moyeos nouveaux et perfectionnés
pour l'attaque et pour la défense; elles sont com
mandées par des généraux et des officiers animés
de la plus noble émulation, et qui savent que
l'Europe a les yeux fixés sur eux.
Tous les vaisseaux de ligne k hélice et les plus
grosses frégates k vapeur des escadres alliées blo
queront l'entrée du port de Sébastopol pour atten
dre la flotte russe, au cas où elle serait forcée de
sortir par suite des opérations du siège. On dit
même qu'ils attaqueront les premiers forts, en
même temps que l'on assiégera la ville par terre,
afin d'opérer une diversion et d'occuper une bonne
partie de la garnison. Quaot aux mauvais temps, ils
ne sont pas k craindre maintenant. La saison de
l'aonée la plus douce et la plus saine commence
k présent dans ces contrées, et dure jusqu'k la
mi-novembre au moins et souvent jusqu'au com
mencement de décembre.
Mais les correspondances varient beancoup sur
le chiffre exact des forces qui feront partie de
l'armée expéditionnaire. Les uns parlent de 60,000
hommes seulement; d'autres, de 90,000; d'autres
encore, de 80,000; enfin, il y en a qui portent ce
chiffre k 100,000 hommes, dans lequel ils com
prennent, il est vrai, 25,000 matelots des flottes
combinées. Voici, d'après une correspondance de
Constantinople, publiée par le Sémaphore de
Marseille, comment il faut répartir ce dernier
chiffre: 5o,ooo Français; i5,ooo Anglais; 10,000
Turcs, et 25,000 matelots des flottes alliées.
A part toutes ces forces réunies, il restera encore
k Varna une réserve composée de 4o,ooo Français
et de 10,000 Turcs, plus l'armée d'Omer-Pacha
qui pourrait faire une diversion utile en Bessarabie,
et même contre la presqu'île de Perecop.
De leur côté, les Russes se préparent k nne ré
sistance énergique k Sébastopol. Ils élèvent des
forts sur la côte jusqu'k une distance de quatre
milles. Outre la garnison ordiuaire, dit nne lettre
d'Odessa, il y a 60,000 hommes dans le camp près
de Sébastopol et l'on équippe aussi la flotte, qui
semble destinée k ne pas rester iuaclive pendant
les opérations. C'est le prince Mentscbikoff lui-
même qui dirige avec la plus grande activité ses
préparatifs de défense.
D'après une correspondance publiée par le
Globe de Londres, le débarquement de l'armée
expéditionnaire a dû avoir lieu le 5 ou 6 septem
bre.
Mais il ne faut pas se le dissimuler, l'entreprise
des alliées est eutourée des plus grandes difficultés:
c'est ce que reconnaît le Moniteur français lui-
même.
Quanta l'état sanitaire de l'armée et des équipa
ges alliés, de nouvelles de Thérapia du 5o août,
annoncent qu'il continuait k s'améliorer, que la
période épidémique était k son terme et que les cas
de choléra devenaient rares.
Quelques journaux ont avancé que des billets,
contenant des menaces coutre le Roi et la repté-
seutatiou nationale, avaient été trouvés la semaine
dernière sur la voie publique eu notre ville et
remis k la police. Cecik certains égards du
moius, n'est pas exact. Nous avons été aux infor
mations; nous avons vu nous-mêmes des billets
du genre de ceux auxquels on fait allusion ils
renferment des menaces contre des niarcbauds de
grains, comme cela est arrivé dans d'autres loca
lités mais nous pouvons affirmer qu'aucune me
nace D'y est faite contre le Roi ou contre le
gouvernement.
Il est plus que probable d'ailleurs que ces bil
lets out été semés sur la voie publique par des
personnes étrangères k la ville: dans la matinée
même du jour où ils out été ramassés, ou a vu
rôder dans les rues de notre cité des individus k
figure sinistre qui u'apparliennerit pas a la localité,
mais qui sont bien connus pour être des émissaires
de l'anarchie.
Du reste ces provocations sont restées sans ré
sultat le marché de samedi passé a été parfaite
ment paisible et nous pouvons assurer que le plus
grand calme coniiuue de régner ici.
Quant k la classe ouvrière, il n'est malheureu
sement que trop vrai qu'elle souffre beaucoup; et
beaucoup plus qu'on rie pense, par suite de la
stagnation peisistante du commerce des dentelles.
La dentellière a beau travailler du matin au soir,
elle peut k peine gagner quelques centimes daus
toute une journée. Si cette situation, qui déjà dure
depuis plus d'une année, ne vient pas k s'améliorer
sous peu, nous ne savons réellement ce que nous
deviendrons ici. Heureusement que dans notre
ville la charité est aussi immense que la misère.
FÊTES DE COURTRAI.
La famille royale est arrivée en cette ville le 10
k 1 heure de l'après-midi.
Le duc et la duchesse de Brabant qui ont ho
noré de leur présence les fêtes de Courtrai étaient
accompagnés du comte de Flandre et de la prin
cesse Charlotte, et des personnes qui composent
ordinairement leur suite. M. de Marnix, grand
maréchal du palais, M. Delannoy, grand maître de
la maison du duc de Brabant, M. de Moerkerke,
aide de camp, et MM. Bruneels et l'Olivier, offi
ciers d'ordonnance; de MMn" de Lannoy et d'Y
ves, dames d'honneur de la duchesse de Brabant et
de M"* de Bavée, gouvernante de la princesse
Charlotte.
Tontes les autorités civiles et militaires de la
ville et de la province se trouvaient dans la station.
La famille royale s'est rendue k la maison du
bourgmestre, où elle a reçu les autorités.
Avant le banquet, LL. AA. RR. sont allées vi
siter les principaux monuments de la ville le
Beffroi, d'où le géant Jacquemart a été enlevé de
puis longtemps au profit de la cathédrale de
Dijon; le pont militaire sur la Lys, flanqué de
deux grosses tours; les halles avec leurs cinq tou
relles, etc.
Dans la visite que LL. AA. RR. sont allées
faire des monnraents de la ville, elles se sont ar
rêtées assez longtemps a la cathédrale et k l'église
de St-Martin dont tes honneurs leur ont été faits
par le clergé de la ville.
On conserve précieusement dans l'église prin
cipale la chasuble laissée k Courtrai par Thomas
Becket, l'infortuné arehevêqne de Cartorbéry en
1170. On voit k Saint-Martin une fort belle toile
de VaB Dycfe, représentant nne érection de la
croix.
A 6 heures le banquet royal a eu lieu k la salle
du nouveau Casino.
Après le banquet, la famille royale est allé
prendre quelque temps de repos avant de se ren
dre an bal donné k Fhôtel-de-ville, et qui a été
fort brillant.
La famille royale est arrivée k 10 heures, et a
été reçue par l'administration communale et nne
députation de trente demoiselles d'honneur choi
sies parmi les premières familles de Courtrai et
vêtues uniformément de blanc et de rose. LL.
AA. RR. ont ouvert le bal par un quadrille com
posé de Mgr. le dnc de Brabant dansant avec M11*
Sydonie de Betbune, ayant en vis k vis M. le gé
néral Pleltrnckx, dansant avec Mm" deWylge,
femme du président du tribunal de première
instance. MM la duchesse de Brabant a dansé avec
M. de Vrière, M. le comte de Flandre avec la
priucesse Charlotte.
A onze heures et demie la famille royale s'est
retirée.
Le bal a continué assez longtemps encore.
Toute la ville a été illuminée jusqu'au matin.
NOUVELLES DIVERSES.
Le 7 de ce mois, la ferme du sieur Auguste
Turpin, située k Neuve-Église, près de Warnêton,
a été détruite par le feu avec tout ce qu'elle con
tenait. On évalue le dommage k plus de 3,000 fr.
Un enfant de la Flandre, M. Désiré Mergaert,
de Cortemarck, élève de l'Académie royale d'An
vers, vient d'être proclamé k l'unanimité des voix,
lauréat du grand concours de peinture (dit prix
de Rome) de t854.
Le 2° prix a été décerné en partage k MM. Lonis
Hendrikx, de Peer et Antoine Goeyers, de Malines,
également tous deux élèves de l'Académie royale
d'Anvers.
La commune de Cortemarcq se pre'pare
recevoir dignement son lauréat. M. Désiré Mer
gaert est un jeune homme de beaucoup de talents,
il est sans faste et sans orgueil. Son tableau avec
lequel il a remporté le premier prix de Rome re
présente la prédication de St-Paul dans l a-
réopage a Athènes. Le jury chargé de juger le
concours était composé de sept membres nommés
par le gouvernement.
Le lauréat reçoit pendant quatre années une
pension de 25oo fr. pour aller se perfectionner
dans son art en Allemagne, en France ou en Italie.