JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. LE No 3,857. 38me annëe CHARITÉ PRIVÉE. PROPAGATEUR, YÉHITÉ ET JUSTICE. Ou s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Graud Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PltlX DE L'ABONNEMENT, pur trimestre, Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Uu u° a5 c. Le Propagateur paraît le SAMEDI et le NERCUEDI de chaque semaine. (Insertions lî centimes la ligne.) m m m m mtm NJ IG Septembre. DE LA BIENFAISANCE LÉGALE ET DE LA Dans un rapport présenté sur l'établissement de médecins cantonnaux en France, M. le vicomte de Melun a combattu cette institution, et cette occasion, dit la Pairie de Bruges, il a parfaite ment bien établi le vrai caractère de la bienfaisance légale et de la charité privée. Voici du reste d'après le même journal, les paroles de l'honorable rapporteur, qui ont trait a l'un et l'autre système Il y a deux manières de secourir l'une libre, spontanée, comptant sur les sacrifices volontaires, sur les dévouements personnels, où l'âme se donne avec le paiD, où le cœur inspire la main et la con duit, qui honore Dieu dans le pauvre, aime le malheureux comme un frère, et établit entre tous les hotumes cet échange de sacrifices et de prières, de bienfaits et de reconnaissance où le moins obligé n'est pas toujours celui qui donne; cette méthode enseignée h la terre par l'Évangile, sortie toute céleste du sermon sur la montagne et de la parabole du samaritain, a enrichi l'humanité de la plus belle, de la plus aimable, de la plus douce des vertus, la charité; c'est elle qui, depuis le chris tianisme^ peuplé le monde d'hôpitaux, d'hospices, d'écoles, de refuges; qui aujourd'hui encore, sous mille noms, sous mille formes, veille au chevet de tant de malades, recueille tant d'infirmes, adopte tant d'orphelius, et arrache aux joies de la vie, aux douceurs de la famille, a la liberté et au repos du foyer domestiqne, tant d'âmes dont elle fait les servantes des pauvres. L'autre système, se défiant de la générosité de chacuns'impose tous au nom de la loiva chercher ses ressources dans les budgets, fait de l'indigence un droit, des secours une dette, de la bienfaisance une fonctionsupprime la fois le sacrifice et la reconnaissance, et substitue les exigences inflexibles de l'État la liberté de l'action individuelle- L'Angleterre a appliqué en grand cette théorie; elle lui a élevé de superbes monuments, l'a soutenue d'une armée de fonction naires et d'agents, a poussé la taxe son profit jusqu'à la ruine de ceux qui la payaient, et la misère a grandi avec les dépenses, le flot du paupérisme a grandi avec les digues qu'on lui opposait, et aujourd'hui tout le génie des hommes d'État de ce grand pays, toute la science de ses économistes s'use chercher les moyens, moins de lutter contre la misère que d'atténuer les déplora bles effets du système employé pour la combattre. La France n'a jamais hésité entre ces deux systèmes par cet instinct du bien qui la protège au milieu de ses plus grandes erreurs, sauf un projet mort avec le déplorable régime de g3, qui n'avait pas même su l'essayer, elle a toujours fermé ses portes la bienfaisance légale et la taxe des pauvres. C'est la charité religieuse et privée que sout dus, dans nuire pays, tous les établissements du passé et toutes les œuvres actuelles. L'assistance publique elle-même n'a été que sou héritière et son élève; elle lui a emprunté ses habitudes, ses règlemeuts et ses ressources, et si elle a échappé tous les dangers d'un pays voisin, c'est qu'en agissant au nom de l'État, elle a conservé le carac tère de son origine; il y a dans son organisation actuelle une large part faite au désintéressement. Comme dans les œuvres libres, son trésor se remplit de doos particuliers, ses administrateurs lui appor tent gratuitement leur temps, leur aptitude et leur expérience, et elle a confié aux Sœurs ses maisons d'hospitalité et de secours. Le médecin cantonal n'appartient pas cette manière de faire le bien quel que soit son zèle, il paraîtrait toujours parmi uous comme l'agent salarié du gouvernement, le représentant de la bienfaisance forcée. Il introduirait dans nos cam pagnes un élément étranger nos habitudes et contraire nos instincts. Je conçois qu'on l'envoie dans un pays" où il n'y a personne pour visiter, soigneraimer les pauvres! Grâce au Ciel, notre département n'en est pas là, ses habitants n'ont pas besoin que l'État se charge de remplir leurs devoirs; comme par le pas^é, ils suffiront leur tâche avec leur foi et leur charité. Les vues si sages, si vraiment chrétiennes de M. de Melun ont prévalu daus le conseil général de Maine-et-Loire, qui les a consacrées dans la réso lution suivante Conformément l'avis de la 4° commission Le conseil-géuéral, considérant que, grâce la charité des médecins, la plupart des pauvres malades de nos campagnes sout déjà traités gratui tement, s'en remet M. le préfet du soin d'encou rager et de généraliser ce service si nécessaire, d'après les principes qui ont jusqu'ici guidé son administration, et ne croit pas utile l'établissement de médecins cantonnaux daus le département. NOUVELLES LOCALES. M. Jules Lameere, étudiant du collège com munal d'Ypres, vient de subir son examen, et a été admis élève universitaire, par le jury de la Flandre occidentale. M. Alfred Vanwaesberghe, élève du collège S' Vincent de Paul, d'Ypres, vient de passer son examen d'élève universitaire devant le jury de la Flandre-Occidentale. M. Auguste Froidure, d'Ypres, élève du collège de Courtrai, vient de passer son examen d'élève universitaire, devant le jury de la Flandre-Occi dentale, avec mention honorable. Le marché aux grains d'aujourd'hui a été ap provisionné de 5a4 hect. de froment, cotés de a4-4o fr. a5 fr. l'hect. Tout s'est passé dans l'ordre le plus parfait. C'est demaio, 17 de ce mois, qu'arriveront en notre ville, deux escadrons du am' des Lanciers, venant du camp de Beverloo. BEVUE POLITIQUE. Une dépêche de Vienne annonce que l'expé dition avait quitté Varna le 4 septembre et que le 8 les flottes étaient la hauteur de Sébastopol. L'annonce officielle du départ de l'expédition de la Crimée anéantit tous les bruits absurdes qui s'étaient répandus récemment Paris et Londres que l'expédition était contremandée. Le Journal des Débats publie un article très- intéressant sur les difficultés et les facilités que présente la côte de Crimée pour un débarquement. Le gouverneur d'Odessa a adressé aux habitants de cette ville une proclamation dans laquelle il est dit que si les flottes anglo françaises s'approchaient d'Odessa et menaçaient de s'en emparer, les habi tants devraient immédiatement mettre le feu leurs habitations et se retirer vers Thiriapol; que ceux qui ne s'empresseraient pas d'obéir cet ordre, ou tenteraient d'éteindre l'iDcendie, seraient punis selon toute la sévérité des lois militaires. Toute la presse française se-récrie contre cet ordre du Czar, qui veut recommencer la campagne de 1812 en biùlant et ravageant toutes les villes et les routes qu'il croit susceptibles d'être attaquées par l'en- Deini. La Patrie dit que les lauriers de Rostop- chin, le héros de l'incendie de Moscou, empêchent le général Krusenstern de dormir; lui aussi aspire écrire son nom daus l'histoire de la Russie avec un tison charhonné et encore fumant. Les nouvelles télégraphiques de Vienne, nous apprennent que Schamyl a remporté une nouvelle victoire sur les Russes dans les environs de Tiflis. Cette nouvelle victoire des Cirrassiens, si elle se confirme, compensera en partie les échecs subis par l'armée turque d'Asie. En quelques jours Schamyl et ses redoutables montagnards ont fait abandonner aux années moscovites les principales positions qu'elles avaient conquises au prix d'immenses sa crifices sur les forces ottomanes. Aussi on ne peut se le dissimuler, dans l'état actuel des choses, les avantages obtenus par les Circassiens constituent une diversion des plus favorables aux Turcs, en permettant ainsi leur armée de Kars de se réor ganiser; Schamyl en chassant les troupes du prince Bébutoff, qui menaçaient les débris de l'armée turque, laisse celle-ci le temps de se reconnaître et de pourvoir tous ses besoins. La Russie, en présence du danger qui la menace, se prépare une vigoureuse résistance. Un nouvel ukase impérial ordoune un douzième recrutement de 10 hommes par 1,000 âmes de la population pour la formation définitive du corps de réserve. Ou estime que cette mesure donnera la Russie une réserve de 200,000 hommes. La France ne restera pas inaclive. Le Moniteur publie ce matin même un décret impérial, qui ap pelle sous les drapeaux les hommes encore dispo nibles de la classe 1853Le journal officiel dit que cet appel n'a pour but que de combler les vides résultant de la libération de la classe de 1847. Les nouvelles d'Espagne sont toujours peu sa tisfaisantes. Le Ministre de l'intérieur a adressé aux gouverneurs des provinces une circulaire qui rappelle la presse l'observation de la loi de 1837 et i842. Un décret ordonne la suppression immé diate des juntes de gouvernement établies près les tribunaux. Le tribunal suprême et les tribunaux ordinaires seront saisis des attributions des juntes. Les nouvelles de Barcelone sont des plus af fligeantes. L'épidémie y fait d'affreux ravages, joignez cela la désertion des habitants, et vous autez de celle riche et importante cité un véritable

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Le Propagateur (1818-1871) | 1854 | | pagina 1