JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3,865.
38me année.
PROPAGATEUR,
VÉRITÉ ET JCSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, io, près la Grand
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PlilX DE L'ABOIEMENT, par trlmeatre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un u° a5 c.
Le Propa^ateiir paraît le SAMEDI et le MEItCTIEDI
de chaque semaine* (InnertIon» 13 centime* la ligne.)
7??. S S 5 14 Octobre.
Puisque le Progrèsdevenu depuis quel
que temps le servi le écho de la Gazette de
Mons, se met parler des ordres religieux
pour les décrier et les traîner dans la boue,
nous ne pouvons mieux faire que de mettre
sous les yeux de nos lecteurs quelques
extraits de la partie du travail où M. De
Decker traite celte matière. Les voici: ils
serviront faire apprécier leur juste va
leur toutes les calomnies débitées par les
feuilles maçonniques:
Mais arrivons aux couvents et aux moines, h
cette lèpreh ces fainéants mangeant le pain des
pauvres, etc. Voyons ce qu'ils sont en Belgique et
quoi ils servent
Ou peut les diviser en quatre catégories
Les ordres de charité,
Les ordres enseignants,
Les ordres actifs pour le ministère évangélique,
Les ordres contemplatifs pour la prière et la
pénitence.
Parmi les établissements religieux qui couvrent
la Belgiquecomme dit l'orateur effrayé du
Grand-Orient on feint d'ignorer que la plus
grande partie, les trois quarts au moins sont
compris dans les deux premières catégories, les
communautés pour la charité et pour Vensei
gnement^ que l'autre quart est composé en majeure
partie des ordres actifs pour le sacerdoce et l'apos
tolat, et que les ordres contemplatifs nes'y trouvent
qu'en très-petite minorité. Voilà la vérité que les
uns oublient, que les autres cachent et qui renverse
bien des déclamations.
Voyons donc quoi sert la première catégorie
de ces moiues inutiles et fainéants. Ce sont les
hospitalières qui peuplent vos hospices, les infir
mières que vous appelez au chevet de vos malades,
les frères et les sœurs de charité de Saint-Vinceut-
de-Paul, les saintes filles de notre chanoine Triest
qui, dans tou'es nos cités, ont ouvert des maisons,
des asiles pour les aveugles, pour les sourds-muets,
pour les orphelins, pour les aliénés, pour les
enfants rachitiques, pour les filles repenties, pour
les incurables, pour toutes les infirmités, tous les
malheurs et toutes les misères; ce sont toutes ces
femmes admirables qui courent, se prodiguent et
meurent là où les épidémies sévissent, où les fléaux
éclatent. Ce sont les frères des Bonnes- OEuvres
qui travaillent l'extinction du paupérisme par le
travail des fermes-modèles; ce sont les Petites
Sœurs des Pauvres qui soignent les vieillards c'est
cette armée de la Charité que le XVIIIe siècle lui-
même, par la bouche de Voltaire, a saluée de son
admiration et laquelle vous avez déclaré uue
guerre insensée.
Il y a encore d'autres moines laïques dont l'œu
vre a été appelée duperie par le frère Verhaegen
ce sont les enfants de Saint-Vincent de Paul et de
Saint-François Régis, les Dames de la Miséri
corde, ces jeuDes gens dévoués, ces femmes dé
vouées, des classes élevées de la société, qui, tous
les jours, dans les mes étroites de nos villes, dans
les caves infectes et habitées, dans les mansardes
où la pauvreté honteuse se cache, dans les prisons,
partout où vous n'allez pas, parleurs hypocrites
d'humanité et de progrès, portent le pain, le feu,
le vêlement, la bonne parole évangélique qui mo
ralise, encourage, relève et réhabilite.
Voilà la première catégorie, de beaucoup la
plus nombreuse, de ces couvefits inutiles, de ces
moines mangeant le pain des pauvres. Ne dites pas
que vous les exceptez, car vous excepteriez la
moitié de ces couvents dont le nombre vous effraie,
et que deviendrait votre grief? Vous les exceptez
si peu, que c'est contre ces établissements de cha
rité que MM. Frère et de Huussy oDt prêché leur
dernière croisade, et ne sont-ce pas les Hospita
lières et les Sœurs de Charité que vous entendez
nommer, lorsque vous parlez de ces mains in
dignes auxquelles vous craignez de voir passer
iadministration de la bienjaisance
Arrivons la seconde catégorie, aux ordres
enseignants. Ce sont les sœurs qui soignent et élè
vent les petits enfauts dans les crèches et dans les
asiles, ce sont les frères de la Doctrine chrétienne
et les sœurs de la Providence qui instruisent gra
tuitement .les enfants pauvres dans de nombreuses
écoles primaires, ce sont les Jésuites où vous en
voyez vos fils, les dames du Sacré-Cœur où vous
envoyez vos filles. Vous n'aimez pas cette éduca
tion chrélienoe, vous voudriez que la parole évan
gélique et la robe du prêtre fussent exilées de
l'euseigneiiient sécularisé ou plutôt déchristia
nisé nous en sommes fâchés pour vous, mais les
familles ne pensent pas comme les loges, et la
prospérité de ces établissements, de ces couvents
inutilestémoigne de la confiance qu'ils inspirent.
En tout cas, ce n'est pas de la fainéantise de ces
ordres que vous vous plaignez, nous semble-t-il
on ne se fâche pas si fort coutre des choses ioutiles
et l'on ne poursuit pas d'autant de haiue de pauvres
fainéants.
La troisième catégorie comprend les ordres insti
tués pour le ministère évangélique; ce sont les Ré-
dempioristes, les Passionnistes, les Franciscains,
les Dominicains ce sont les auxiliaires actifs du
sacerdoce séculier. Demander quoi ils servent,
c'est demander quoi sert le prêtre; ils ptêohent,
ils évangélisent le peuple qui accourt en fouie
leurs missions, ils dispensent les sacrements, ils
exercent l'apostolat.
Ces moines fainéants sont aussi les soldats des
missions étrangères, ces hommes héroïques qui
vont, comme notre père Desmet, passer quarante
ans de leur vie parmi les Peaux-Rouges des Mon
tagnes Rocheuses, que vous retrouvez partout, sous
toutes les latitudes, là où il y a des âmes sauver,
portant, dans leur robe noire, aux sauvages de
l'Amérique ou de l'Océanie, aux barbares de la
Chine, de l'Inde ou du Japon, cette civilisation et
ce progrès qui servent de texte vide vos beaux
discours.
Ces religieux, actifs et dévoués, sout pauvres,
et c'est pour cela que le peuple les aime. Il sait
que leur couche est plus dure que la sienne, que
leur pain est plus noir que le sien, qu'ils se fati
guent et vieillissent vite son service, que ce sont
des frères de l'ouvrier, en travail et en privations.
Il vous semble digne et beau, dans vos fêtes
solsliciales, au milieu de vos banquets splendides,
lorsqu'entourés de fleurs et de parfums, vous
portez vos toastes l'humanité et la fraternité
universelle, il vous semble digne et beau de pour
suivre de vos rires et de vos sarcasmes ces pauvres
capucins, ces récollets qui prient, qui jeûuent, qui
travaillent et qui évangélisent! mais le peuple les
vénère, parce qu'ils sont plus près du peuple que
vous ne l'êtes. Ne comprenez-vous pas combiea
leur exemple est puissant pour vaincre les passious
socialistes dans le cœur des classes souffrantes?
Ces religieux ont reçu une éducation brillante,
ils auraient pu partager les jouissances des hautes
classes sociales; ils descendent volontairement vers
le peuple, se font plus pauvres que lui, dorment
sur des planches froides, mangent le pain noir des
meudiants, marchent les pieds nus et la tête nue.
Les socialistes disent aux classes ouvrières Montez
au premier rang; égalité de jouissance par la
révolution! Les ordres religieux leur disent Nous
venons vous, nous vous donnons la main,
égalité de pauvretéd'abnégatiou courageuse et
de travail I C'est là notre démocratie chrétienne.
Et puis, ces religieux, que vous accusez de
manger le pain des pauvres, ignorez-vous quel
point ils sont l'iutermédiaire entre les riches qui
donnent et les malheureux qui reçoivent? ne
sauriez vous pas que ces religieux des couvents
pauvres trouvent moyen pourtant, en doublant
leurs privations, de verser dans les mains de ceux
qui ont faim plus d'aumônes coup sûr que celles
que distribuent les loges, au son des trompettes et
des réclames. Voilà comment ils mangent, sans
rien fairele pain de nos bons et honnêtes ou
vriers
Jusqu'ici nous n'avons rencontré nulle part les
couvents inutiles et les moines fainéants.
Restent les ordres contemplatifs, les quelques
rares couvents cloîtrés où des anges élèvent nuit
et jour leurs mains entre le ciel et la terre, pYient
pour ceux qui ne prient pas, expient, par la
pénitence, pour ceux qui ont besoin d'expiation.
Ce sont les Carmélites, les pauvres Claires, les
filles de Saint-François d'Assise.
Serait-ce contre ces maisons de la prière et du
silence que vous dirigez cette croisade piêchée au
sein du Grand-Orient, que vous excitez tant de
passions et de haine et que vous menacez de re-
courirà la force, pour guérir le pays de cette lèpre
Évidemment non. Mais ces rares couvents inuffen-
sifs de l'ordre comtemplatif sont-ils aussi inutiles
que vous le pensez et quoi servent-ils?
C'est comme si vous demandiez quoi servent
la prière et l'expiation Nous nous ferons difficile
ment comprendre de ceux qui ne croient pas la
prière, son efficacité, sa toute-puissance. Mais
le genre humain prie, et nous croyons, avec lui,
que les prières, les expiations et les bonnes œuvres
des saiots, comme disent nos Écritures, niouteut