JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. No 3,871. 38me année. 7??.SS, 4 Novembre. L'Election communale du 31 Octobre dernier peut être appelée bon droit I'a- vant-dernier acte delacélèbre comédie qui attira si vivement l'attention du public au mois de novembre 1833. Tous les anciens titulaires, tous ces pré tendus démissionnaires, qui se déclaraient dans l'impossibilitédecontinuer l'adminis tration de la ville cause du retrait de la garnison et du démantèlement de nos rem parts,ont repris leurs sièges eurules,grâce aux suffrages de leurs administrés. Tel est, et tel devait être le résultat des comices En présence de l'intention bien connue des anciens titulaires de rester en place, nonobstant leur déclaration de ne pouvoir continuer la gestion des affaires de la cité, l'association libérale ne pouvait refuser ces héros l'appui de ses mem bres, ni le concours des dupes qui sont toujours sa disposition. Ajoutons qu'eu égard aux circonstances, l'opinion conser vatrice ne pouvait de son côté prendre un plus sage parti que de s'abstenir et de protester, par l'absence de ses membres, contre les dilapidations dont la bour geoisie oublie trop facilement les tristes conséquences, et contre le système d'ad ministration partiale et exclusive suivi avec une si déplorable opiniâtreté l'é gard du public. Après ce résultat, quel sera dorénavant l'attitude que prendront nos Ediles? Se rappelant seulement les votes qui leur ont été dévolus, comme autant d'hommages rendus leurs actes passés, continueront- ils puiser pleines mains dans la bourse des contribuables, dont l'appétit libéral ne parait point encore rassassié, la suite dessaignées financières qui leur ont été suc cessivement pratiquées? ou bien ouvrant les yeux l'évidence, et tenant compte des 502 voix sur 588 électeurs qui leur ont fait défaut, accepteront-ils la signification de la journée du 51 Octobre, et adopte ront-ils dans la suite un système d'admi nistration qui permette de leur rallier les sympathies générales? L'avenir ne tardera point nous instruire sur ce point im portant. Enlretemps,qu'il nous soit permis de dire que le parti dont nous sommes l'organe n'aura aucun reproche se faire, et que si la gestion administrative des élus soulève plus tard du mécontentement, ce sera ceux qui ont contribué de leurs suffrages au triomphe des candidats de l'Association libérale, s'en faire un juste reproche. L'omnipotence libérale dont notre ville subit depuis si longtemps les tristes étrein tes et dont nous espérons de voir un jour la fin, s'est vue brisée d'un seul coup dans l'une de nos principales cités du pays. A Gand, où les meneurs clubistes avaient l'habitude de trôner, comme ils trônent Ypres, les électeurs ont secoué le joug du servilisme et de l'esclavage. Aucun des can didats palronés par les Clubs n'est parvenu se faire nommer; le Bourgmestre même, M. le comte de Kerkhove a échoué devant l'union des électeurs indépendanlsqui vien nent de confier le soin de la défense de leurs intérêts communaux des hommes qui ne relèvent que de leur devoir et de leur conscience. Malheureusement, ce que nous venons de constater Gand, ne s'est point vu ac complir Gourtrai. Là, l'esprit de parti est parvenu atteindre son but. L'hono rable chevalier de Belhune, que tant de titres recommandent l'estime générale, a échoué devant les perfides attaques de ses adversaires. Cet échec, aucun homme de bien ne saurait le nier, constitue une honte et une flétrissure dont la ville de Gourtrai aura de la peine se laver. En effet ils sont rares les chefs de communes qui poussent le désintéressement et l'atta chement aux intérêts de la cité, aussi loin que l'a fait M. le chevalier de Belhune. Ils sont rares les premiers fonctionnairesd'une ville qui abandonnent spontanément et dé finitivement la caisse communale les ap pointements auxquels ils avaient droit, et ouvrent leurs caisses privées pour mettre la disposition du trésor communal, les sommes nécessaires pour l'achat de grains et de farine. Ils sont rares ces adminis trateurs bienfaisants qui, pour venir au secours de la bourgeoisie souffrante, em ploient leur fortune personnelle pour faire des distributions de 2,500 pains aux indi gents. Ils sont rares ces cœurs généreux qui ne laissent échapper aucune occasion de soulager les souffrances des pauvres, et d'adoucir les misères publiques. Or tel était M. le chevalier de Betliune que la proscription clubisle vient de frap per. Qu'un tel fait se fût passé Dixmude ou Liège, où le noin de catholique est un litre la malédiction des électeurs, cela pourrait s'expliquer aisément. Mais que les braves Coui traisiens se soient rendus cou pables, d'un écart aussi déplorable, c'est une bévue dont le pays leur fera Constam ment un sévère reproche. 11 est de notoriété publique que cer tain négociant de VYaereghem, passé 8 jours a acheté sur notre marché 65 sacs de blé, étant dépourvu de fonds, la dite marchandise a été déposée la Cour de Cassel, pendant une huitaine de jours. La police devrait avoir l'œil sévère sur de tels individus, pour éviter la hausse, d'au tant plus qu'il n'en est point son premier essai, ayant déjà eu des poursuites sa charge. CÉRÉALES. PROPAGATEUR, VÉRITÉ ET J18TICE. On s'abonne Y près, rue de Lille, io, près la Grand Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre, Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. tJu n° 25 c. Le Propagateur paraît le MERCREDI et le fi.ttlDDI de chaque semaine, (Insertions 12 centimes la ligne.) - TiPlMfrQrM— La question des céréales occupe vivement le pays. Quelle peut-être, se demande-1 on la cause de ta hausse continuelle en présence de cette année d'abondance? Le but des législateurs lors du vote de la loi, que la libre exportation devait faire accroître l importation et ainsi pourvoir aux besoins du pays ne s'est-il pas réalisé?... Pour répondre ces différentes questions d'une manière péremptoire, il nous paraît de voir examiner le résultat que nous avons ob tenu par la nouvelle législation. Une année d'expérience peut nous démontrer si le pays a intérêt la conserver ou la révoquer Nous voyons que la libre exportation appelle le commerce étranger sur nos marchés, crée la concurrence au commerce intérieur amène par conséquent deux acheteurs en présencel'é tranger et l'indigène. Les limites de leurs achats étant inconnues de peur que l'étranger lui enlève ses céréales, l'indigène se presse pour faire ses achats. Le fermier voit cette concurrence il ne diminue pas son prix, au contraire il l'élève une seconde vente, que les deux concurrents, se méjiant l'un de l'autre, lui accordent aussitôt même qu'ils lui offrent parfois d'avance. FoiCci comment dans un pays où on cultive la meilleure qualité la hausse se produit. Si nos grains ne possédaient pas ces qualités supérieures nous n'aurions pas craindre cette grande concurrence. Depuis deux trois ans pourquoi la France et surtout Angleterre achètent-elles tout notre beurre N'est ce pas pour sa qualité supérieure? Cette exportation ne prend t elle pas de plus grande en plus grande proportion N'est-ce pas là la cause de ces prix exhorbitants Foi/à l'effet que produit journellement sous nos yeux, la libre exportation. Examinons maintenant le système de la prohibition et nous aurons de suite un autre résultat. L'étranger disparaîtra de. nos marchés et avec lui toute concurrence étrangère. L'indigène ne crai gnant plus l'exportation ne se pressera plus pour faire ses achats. Ze fermier n'aura plus devant lui que l'acheteur indigène, il traitera avec moins de ténacité ses prétentions ne seront pas aussi élevées et la baisse se fera sentir immédiatement. On nous répondra peut-être, lorsque vous écarterez l'étranger de votre marché, la concurrer ce, se fera entre vos indigènes et vous payerez toujours le prix de vos grains, comme on les paie chez vos voisins. Cela se peut en effet, mais on peut victorieusement répondre cette assertion: soit, que nous payons aussi cher que nos voisins, pourvu que nous conservons le nôtre, nous sommes encore beaucoup en dessous des au tres parce que notre qualité est meilleure, et quelle dépasse d'après les plus expérimentés, de 2 0 °/0 tout ce que nous avons vu dans le pays en fait de grain arrivé de l'étranger nous ne verrons plus remplacer ainsi notre beau froment par d autre et de très médiocre qualité voilà pour l'exportation. Mainte nant examinons si réellement nous avons tant besoin de fétranger, pour tolérer a ce qu'il nous enlève noire qualité supérieure pour l'é changer contre une qualité de beaucoup infé rieure donnons nous la peine de consulter les colonnes du Mouiteur et nous y découvrirons de

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1854 | | pagina 1