JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Ko 3,873.
3Sme année
PROPAGATEUR,
VÉRITÉ ET JldTlCE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, lo, près la Grand
Place, et chei les Percepteurs des Postes du Royaume.
1*111 V DE L'ABOWEtlEST, pur trlmcNtre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° î5 c.
Le Propagateur parait le flEnC'RF.Dl et le MNRDI
de chaque semaine» (Insertions lî centimes la ligne.)
7PS.23, 11 Novembre.
Les Chambres ont commencé leurs tra
vaux celle semaine. Espérons que la ses
sion qui vient de s'ouvrir sera féconde en
heureux résultats; espérons surtout que
l'Esprit de sagesse éclairera nos législa
teurs dans les circonstances difficiles qui
nous entourent et nous pressent de toutes
parts. Depuis 1851, jamais la situation n'a
été plus tendue. A l'extérieur, la guerre
d'Orient qui menace d'entraîner sa suite
le bouleversement de l'Europe entière. A
l'intérieur, nous avons, pour la Belgique,
l'anarchie qui lève sa tète hideuse et qui,
après avoir compté ses forces, se croit
déjà assez forte pour ne plus devoir faire
un mystère de ses sinistres projets.
Puissent les mandataires de la nation, sem
blables des pilotes expérimentés, aper
cevoir temps et éviter les écueils qui
menacent d'abîmer le vaisseau de l'État!
Quant au discours du Trône, nousavons
peu de chose dire là-dessus. Comme d'or
dinaire, il est pâle, décoloré et plein de
mystère. Pas un seul mot qui laisse entre
voir seulement la marche que compte sui
vre le gouvernement dans la direction des
affaires. Toutefois, nous comptons que les
Ministres donneront bientôt devant les
Chambres toutes les explications désira
bles. Car il faut bien que le pays sache
nettement où l'on veut le conduire. Si le
Ministère actuel est prêt briser avec l'es
prit de parti, s'il entend rompre de bonne
foi avec le libéralisme des sociétés secrètes,
intolérant, haineux, anti social et anti-
chrétien, qui jour et nuit travaille avec
une persévérante énergie la destruction
de toute religion positive et au renverse
ment de nos institutions libérales; s'il
veut, en un mot, laisser là toutes ces tra
ditions liberticides qui nous viennent des
clubs et des loges, et reprendre les tradi
tions larges et vraiment nationales du
Congrès constituant, pour en faire désor
mais la base de sa politique: oh! alors nos
Ministres peuventètreassurés du concours
et des sympathies de tous les amis de l'or
dre, quelque nuance d'opinion politique
qu'ils appartiennent d'ailleurs. Car il n'est
certes pas un homme de cœur qui, dans
les circonstances périlleuses où nous som
mes, ne soit disposé imposer silence
ses répugnances personnelles pour n'avoir
égard qu'à ce qu'exigel'intérêt de la patrie.
Mais si au contraire le cabinet, conti
nuant marcher dans les errements qu'il
a suivis jusqu'ici, se met tendre la main
tantôt gauche, tantôt droite; si aujour
d'hui il est du parti conservateur, pour
être demain au service de la Franc-ma
çonnerie; s'il veut faire un peu les affaires
du pays, et un peu celles de la révolution
au moyen de cet odieux système de bas
cule, qui n'est au fond qu'une alliance
monstrueuse entre l'ordre et l'anarchie:
Comment,dans ce cas-là, les conservateurs
pourraient ils pousser l'aveuglement jus
qu'à vouloir maintenir la tête des af
faires, des hommes qui trahiraient aussi
indignement les intérêts de la nation?
Mais avant de rien préjuger, il faut at
tendre les explications qui seront données
dans les Chambres.
o«f>—
La presse nationale a été unanime pour applau
dir aux premières paroles sorties de la bouche du
Roi lors de l'ouverture du Parlement. Au milieu
des graves événements qui tiennent l'Europe en
suspeus, et nous menacent de complications dont
nul ne prévoit la fio, c'est sans doute un bonheur
pour la Belgique que d'entendre de la bouche du
souverain que notre neutralité se fortifie de la con
fiance et des sympathies de toutes les puissances.
Fasse le Ciel, qui veille sur notre belle patrie,
que celte heureuse situatiou se maintienne et se
consolide chaque jour davantage! Mais il importe
que nous-mêmes nous apprécions les premiers ce
qu'une telle position nous cominaude en effet,
quand des puissances plus importantes que nous ne
le sommes, envient la belle part que la Providence
nous a faite, quand l'Europe entière se porte garaDt
de cet état prospère qui permet a un peuple in
dustrieux de se livrer avec sécurité aux travaux de
la paix, ne serions-nous pas coupables devant Dieu
qui nous protège, devant l'Europe qui nons re
garde, devant nos eufanls qui nous en demande
raient compte un jour, si par de misérables luttes
de parti nous allumions au milieu de nous une
guerre intérieure plus fatale que toutes les luttes
du dehors? Et ces travaux de la paix, qu'est-ce
qui pourra les féconder mieux, que l'uuion de tous
les bous citoyens? Qu'est-ce qui pourra faire le
meilleur complément de la belle position que nous
avons vis-'a-vis de l'Europe, que notre calme,
notre dignité, notre modération l'intérieur?
Quand serons-nous plus dignes de cette part pri
vilégiée qui nous est faite que lorsque nous saurons
en user pour assurer, au milieu d'une entente
commune, les conquêtes pacifiques du travail et du
génie
Quel dommage que ces vérités élémentaires ne
soient pas mieux comprises! Et cependant ce ne
sont pas les têves d'un abbé de S1-Pierre; c'est
pour nous une nécessité urgente, ce sera, dès
que dous le voudrons une heureuse réalité. Nous
le disions il y a quelques jours, et nous le répétons
avec uue profonde conviction toutes ces divisions
malheureuses, qui déchirent la Belgique en deux,
d'ont aucun but, tant que la Constitution est de
bout elles font les affaires des ambitieux, des
intrigants, des médiocrités, des enfants perdus de
la presse; mais pour le pays elles sout stériles,
pour le peuple elles u'ont aucun intérêt, pour la
nationalité elles sont un péril, pour le progrès
véritable un fatal empêchement.
Lorsque le 3 novembre x852 le ministère De
Brouckere se présenta pour la première fois devant
la Chambre, le chef du cabinet fit un patriotique
appel a la modération, k la prudence, la conci
liation il rappelait alors les nobles et généreuses
traditions du Congrès national il conviait tous les
mandataires de la nation s'entendre, k s'unir, afiu
de maintenir la Belgique un rang élevé dans la
considération de l'Europe. Les circonstances étaient
moins graves qu'elles ne le sont aujourd'hui, et
plus que jamais il est besoin que nous offrions de
bons exemples aux peuples étrangers.
Nous regrettons que le ministère, depuis deux
ans qu'il est aux affaires, n'ait pas toujours été le
premier a donner ces bons exemples, qu'il ne se
soit pas senti le courage de secouer résolument le
joug d'un parti intraitable et de pratiquer le pre
mier, sans peur comme sans remords, les vraies
traditions nationales qu'il semblait invoquer avec
tant de confiance. Mais ce que nous regrettons da
vantage, c'est que mardi dernier il n'ait pas réitéré
cet appel, il n'ait pas arboré au-dessus de tous les
partis le drapeau de la Constitution, le seul dra
peau vraiment belge, celui de i83o. Croit-il
désarmer ainsi les hommes qu'il redoute? Et ne se
sentira-1-il jamais assez fort pour rompre avec ces
chefs audacieux, dont le libéralisme lui-même
serait heureux de répudier la tutelle, si le ministère
lui en donnait l'exemple? Le cabinet demande le
concours bienveillant et efficace de la Chambre il
l'aura dès qu'il le voudra,; il l'aura plus décidé
que ne l'eût peut-être aucun de ses devancieis, du
moment que repoussant d'une main le libéralisme
maçonnique, il tendra l'autre au libéralisme consti
tutionnel ce seul libéralisme qui puisse se
concevoir en Belgique, 'a celui qui nous a faits ce
que nous sommes, et qui seul pourra maintenir une
position acquise au prix de tant de sacrifices Qu'il
veuille, il a le salut de la patrie entre ses mains 1
S'il n'a pas le courage de vouloir, qu'il se relire et
laisse d'autres le travail h faire, et la gloire
conquérir
NOUVELLES LOCALES.
Le marché aux céréales d'aujourd'hui a été
approvisionné de 620 hectolitres de froment, coté
en moyenne fr. 28-4o de 89 hect. de seigle,
fr. 19-80de 32 hect. de fèves, a fr. 18-80;
de 8 hect. d'avoine, fr. 9-62.
Au marché aux pommes de terre il y avait 80
hect. Ces tubercules ont été vendus au prix de
fr. 6-47 l'hectolitre.
Nous apprenons avec une bien vive sa
tisfaction que la société du cercle philan-
tropique du café du Saumoncommencera
la série de ses soirées musicales dater de
mercredi prochain.
Ces soirées doivent nous rappeler celles
données l'hiver dernier dans le Lut de ve
nir en aide aux pauvres par des quêtes
faites au public qui y assistait. Tout le
monde se rappelle le succès qu'obtinrent
ces intéressantes soirées, car, deux mois