JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
LE
N° 3,877.
Samedi, 25 Novembre, 1854.
38me année.
7?î.SS, 25 Novembre.
PROPAGATEUR,
VÉRITÉ ET JTISTICE.
Ou s'aliouue Yjires, rue de Lille, io, près la Graud
Place, et chez 'es Percepteurs dés P««tes du Royaume.
Pltl\ Il F. LMBO.VlEnKlT, pur trinimtre,
Yp.es fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° a5 6.
Le Propagateur parait le HRItCREDI et le NI VKDI
de chaque seuiaiiie. (insertions lî rentlmes la llxa*».)
Comme on l'a fort bien dit la Chambre
des Représentants, le projet de loi sur les
denrées alimentaires présente un carac
tère d'urgence que personne ne peut mé
connaître.
Qu'on se hâte: car il s'agit d'arrêter le
progrès d'une crise qui menace de devenir
fatale.
Four peu que les discussions doivent
traîner en longueur dans les Chambres,
l'on peut avoir |a parfaite assurance que
le mal qu'on aura voulu prévenir par la
prohibition sera fait en grande partie.
Eh! mon Dieu, quoi lion de discuter
longuement sur les mérites équivoques de
tel ou tel système, lorsque les faits sont là
qui parlent avec une éloquente énergie?
Que nos législateurs se rappellent qu'ils
sont réunis Bruxelles pour soigner les in
térêts du pays, et non pas pour se donner
des leçons d'économie politique.
De toutes parts on signale des faits qui
devraient faire ouvrir les yeux aux plus
obstinés. A Anvers, il s'exporte chaque
jour versla Hollandedesquaniilésénormes
de seigle; A Bruges, des ordres viennent
d'être donnés pour l'achat de cent mille
hectolitres de grains pour compte de l'An
gleterre; dans un grand nombre d'autres
localités, il se fait aussi de fortes com
mandes pour l'étranger. Ce n'est pas tout:
plus d'une fois il arrive que les marchés
sont envahis par une nuée d'agents, qui
enlèvent tout prix les grains peine ex
posés en venle.au point que les boulangers
se trouvent dans l'impossibilité de s'appro
visionner.
Voilà des faits, sans doute, qui disent
assez qu'il n'y a pas de temps perdre, si
l'on veut que la prohibition devienne une
mesure utile. Que l'on veuille bien ne pas
perdre de vue que c'est surtout partir de
ce moment que les exportations vont de
venir plus considérab!es;dans la prévision
que bientôt nos frontières seront fermées,
lecotnmerceétranger tâchera, entre temps,
de nous enlever autant de céréales qu'il
lui sera possible.
Celle fois ou jamais, nos législateurs
doivent se souvenir que le temps perdu ne
revient plus.
Nous sommes heureux de le constater,
il paraît que le beau temps des luttes sté
riles est passé. Sauf quelques discoureurs
incorrigibles de la gauche libérale, tout le
monde, la Chambre des Représentants,
commen e comprendre que, dans les
circonstances difficiles où se trouve la pa
trie, il y a autre chose faire que des
phrases sonores sur la dignité et l'indépen
dance du pouvoir civil.
En vain M. Frère a sonné la charge et
s'est évertué passionner les débats sur
l'Adresse ses paroles sont tombées dans
le vide, et l'honorable orateur en a été
pour ses frais d'éloquence. Il a même eu
la douleur de voir M. Uevaux se séparer
de lui et promettre au cabinet l'assenti
ment de son vote.
Four ce qui en est du programme poli
tique du cabinet, celui ci a déclaré qu'il
est aujourd'hui ce qu'il a été dès l'origine,
et que la ligne de conduite qu'il a suivie
dans le passé, il compte la suivre pour l'a
venir. Nous ne dirons rien, ni pour criti
quer ni pour appiouver ce programme.
Nous désirons une chose, c'est que le mi
nistère se fasse une idée nette et précise
de la situation. De l'aveu de tout le monde,
le libéralisme extravagant des clubs n'est
plus de saison une majorité nouvelle s'est
formée dans les Chambres, quelque peu
indécise, il est vrai, mais qui, pour se des
siner nettement, ne demande qu'une main
habile pour la diriger. Cette majorité,
composée des éléments modérés des deux
partis qui divisent la Chambre et le pays,
semble vouloir relever le vieux drapeau
de l'union, et reprendre les traditions de
notre Congrès Constituant.
Eh! bien, c'est là et nulle part ailleurs,
c'est cette majorité nouvelle, que le Mi
nistère doit demander appui et assistance.
La section centrale a été saisie d'un
projet de loi sur les Eaux de-vie,"qui peut
se résumer ainsi: l'exportation des esprits
trois-six est subordonnée l'importation
proportionnelle du seigle étranger. La dé
charge sera réduite de 24 21 fr, 50 e. La
distillation des fruits secs et d'autres pro
duits sera permise également pour l'ex
portation. Le droit d'accises pour celle
fabrication sera fixé d'après e rendement,
tel qu'il résultera des expériences laites
sous la surveillance de l'administration.
La section centrale a conclu l'adoption
de ce projet de loi.
Nous avons déjà fait connaître ce qui a
été décidé en section centrale au sujet de
la question desdenrées alimentaires. Voici
maintenant une analyse partielle du rap
port fait par M. Verineire au nom de la
section centrale. Après avoir constaté que
des mesures promptes et efficaces sont re
connues urgentes et nécessaires pour as
surer l'alimentation de nos populations,
l'honorable rapporteur trace le tableau
suivant de la situation de l'Europe, au
point de vue de l'alimentation publique:
Les greniers d'abondance du Nord
sont fermés; l'Europe occidentale, qui y
puisait pour combler l'insuffisance de ses
besoins, voit, de ce côté, tarir la source de
ses approvisionnements indispensables;
La Russie n'exporte plus;
La France a prohibé ses céréales la
sortie
La Prusse et l'Allemagne qui, autre
fois, s'approvisionnaient en Pologne, ne
reçoivent rien de ce côté; les prix des cé
réales y étant plus élevés qu'en France ou
en Angleterre;
La Turquie restreint ses exportations
cause de ses besoins nombreux pour
nourrir les armées alliées;
L'Egypte déclare qu'elle se réserve le
droit de prohibition
L'Italie ne pourra rien expédier l'é
tranger; Trieste, le marché manquera
bientôt de froment"; et Gênes, la récolte
du blé, du seigle, des fèves et d'autres den-
rëesalimenlaires, nesuffira pas sa propre
consommation pour deux mois;
En ce qui concerne les Etats-Unis, les
avis se contredisent; toutefois, il paraît
que dans les Etals du Nord, la récolte sera
peine suffisante pour la consommation
intérieure; et que, dans ceux de l'Ouest,
où elle est plus abondante, les fi ais pour
conduire les céréales sur les côtes de l'At
lantique sont trop considérables, pour que
l'on puisse sérieusement songer faire
venir des grains de ces parages.
Constatons encore que, d'après les cal
culs opposés par M. Verxnoire ceux du
gouvernement, le déficit de nos céréales
n'atteindrait pas beaucoup près le chiffre
présumé de 750,000 hectolitres. Au con
traire il croit fermement que l'ensemble
de notre récolte suffit et au delà, pour faire
face tous les bespins de l'année courante.
Nous avons vu avec plaisir que M.
Alphonsè Vanden Feereboom, qui fait
partie de la section centrale pour l'exa
men du projet de loi sur les denrées ali
mentaires, a également donné son vote
pour la prohibition des pommes de terre,
du seigle et surtout du froment la sortie
du pays. C'est même sa voix qui a fait
pencher la balance en faveur du système
que nous avons toujours défendu.
Nous le disons sans la moindre diffi
culté, c'est un honneur pour l'arrondisse
ment d'Ypres d'avoir pour représentants
des hommes qui comprennent si bien les
intérêts de la patrie dans la situation
difficile où elle se trouve.
Depuis jeudi, les séances de la Chambre
des Représentants ont lieu en partie dou
ble séances du jour et séances du soir.
Dans la séance du jour, on s'est occupé
de l'instruction religieuse. A celle occa
sion, M. Verhaegen a soulevé quelques
mauvaises chicanes, puis, Yhionorable ora
teur a fini par se perdre dans le vaste
domaine du pouvoir occulte. On peut espé
rer juste titre que les discussions sur
l'enseignement aboutiront enfin une
solution satisfaisante.
Dans la séance du soir, la Chambre a
abordé le projet de loi relatif aux denrées