JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N« 3,880.
3Sme année.
PROPAGATEUR,
VÉRITÉ ET JUSTICE.
Ou s'ahouue Ypies, rue de Lille, 10, près la Graud
Place, et cbei les Percepteurs des Postes du Royaume.
Pltl\ ni: I." IU»\1I:MI:XT pur trlmeMtre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° tl5 c.
Le Prupu^nteur paraît le Ml'.RCRi:III et le SAIIE»!
de chaque semaine. (ln*crlloii* 17 centimes la ligne.)
7?2\3S, 6 Décembre.
Depuis longtemps les adeptes du faux-
libéralisme consacrent tous leurs efforts,
toute leur influence, au triomphe de leurs
doctrines dissolvantes. Trompés sur les
tendances secrètes, et les intentions réelles
de ce parti exclusif et remuant, bien des
gens, d'un caractèreessenliellement libéral,
se laissèrent aller la remorque de quel
ques impélueuxcorypbéesqui n'avaient du
vrai libéralisme que le masque et le vain
nom.
Avec.ce cortège grandissant d'amis et
de dupes, les faiseurs libéraux, ou pour
mieux dire, les apôtres exaltés des clubs et
des loges maçonniques, s'affranchissant de
toute crainte, résolurent de mettre au grand
jour, leurs projets de réforme politique et
sociale.
L'impôt sur les successions paternelles,
impôt si antipathique aux vœux et au ca
ractère de la nation, fut un des premiers
actes par lesquels la politique nouvelle et
libérale inaugura son avènement au pou
voir.
Les tracasseries iniques suscitées la
charité chrétienne; les arrêtés destructifs
de la liberté de fairele bien; la proscription
du prêtre, et de la morale dont il est le
gardien, en matière d'éducation, telle fut
la continuation du régime clubisle pour
lequel le corps électoral venait de se pro
noncer avec tant d'élourderie.
Etaient-ce là des actes propres fortifier
la confiance et l'estime générale que le soi-
disant libéralisme semblait vouloir obte
nir? ou plutôt, ces actes ne devaient-ils
pas avoir pour résultat inévitable de désil
lusionner les esprits et défaire tomber bien
des erreurs? Celte dernière manière d'en
visager les choses a toujours été la nôtre.
Du jour où nous avons vu le libéralisme
porter une main sacrilège sur nos libertés
les plus précieuses, sur la religion de nos
pères, nous avons pris acte de ses faits et
gestes; et pleins de foi dans la sagesse de
nos populations, dans leur dévouaient tra
ditionnel nos institutions, nous nous som
mes dit: C'est un orage qui passe, cela
ne durera pas. Ce libéralisme-là n'est pas
bâti pour faire fortune chez nous; bientôt
au contraire, comme toutes les factions
hostiles aux intérêts de la nation Belge, il
deviendra pour le pays entier un objet de
mépris; ensuite il sera enseveli jamais
dans un profond oubli.
Et en effet; ce que nous nous disions
alors, et ce que bien des personnes disaient
avec nous, tend déjà se vérifier et s'ac
complir. La dissolution du parti libéral est
manifeste, et comme l'observe fort judi-
cieusementM. De Decker dansson discours
du 22 novembre, la Chambre, ce qui dis
sout l'opinion libérale, ce sont les exagé
rations d'une fraction de l'opinion libérale
elle-même. Le pays se sépare visiblement
de quelques hommes qui, sous prétexte de
libéralisme, veulent détruire les vieilles
traditions religieuses delà Belgique; il s'en
séparera davantage mesure qu'il par
viendra démêler mieux leurs sinistres
projets.
Combien de libéraux déjà s'éloignent de
certaines doctrines et se révoltent contre
certaines tendances qui, depuis quelque
temps, se produisent au grand jour! Et
pourquoi ce mouvement de séparation?
Parce que parmi ceux qui font profession
d'appartenir l'opinion libérale, les uns
ne voient dans le libéralisme qu'une éter
nelle guerre de religion les autres, coin pre
nant lelibéralismecommeon lecomprenait
en 1830, entendent se montrer tolérants et
respecter les convictions religieuses de
leurs concitoyens.
Ainsi que le continue observer M. De
Decker, le jour n'est pas éloigné où celte
séparation aura lieu d'une manière plus
éclatante encore. Les élections déjà l'ont
prouvé, et nous voyons dans les Chambres
tous les libéraux qui se respectent, se
couer le joug humiliant qu'- des influences
mystérieuses veulent faire peser sur l'o-
piuion libérale. Ouestfatigué de ce régime
tyrannique, contre lequel on se révolte au
nom de la liberté et delà dignité humaines
également méconnues.
Telle est l'opinion de M. De Decker l'un
des hommes les plus éminents qui siègent
dans le parlement; et cette opinion sera
partagée par toute personne de bon sens
et de raison. On se lasse de toutes ces pré
tentions extravagantes, despotiques d'une
coterie qui ne vise qu'à servir ses propres
intérêts aux dépens des intérêts de la pa
trie; et tous les vœux sont désormais pour
un gouvernement qui, au lieu d'être le vil
instrument des clubs et des loges,ose enfin
franchement s'appuyer sur la nation en
tière.
Lundi 4 courant, a été chantée en l'é
glise de S1 Martin une messe que le corps
des Sapeurs-Pompiers a faitcélébrer l'oc
casion de la Sainte-Barbe. Cette solennité
a été fort belle. Durant le Saint-Sacrilice la
inusiqueducorps a exéculédeuxmorceaux
d'une beauté remarquable.
Le Receveur des contributions directes
de la ville d'Ypres invite les contribuables
qui sont en retard de payer les termes
échus de leurs contributions, les acquit
ter dans la huitaine, faute de quoi il se
verra dans l'obligation d'envoyer des som
mations officielles.
On lit dans la Pairie de Bruges:
Un ami nous communique les extraits suivants
d'une lettre qui lui est adresse'e de Rome
Vendredi, 24 novembre.
Les travaux desévêques se poursuivent au Va
tican avec le plus parfait accord. Ils eu sont au
jourd'hui a leur quatrième session, et ce sera
probablement la dernière. Rien de plus solennel
que cette assemblée, qui est présidée par trois car
dinaux, Brunelli, Catarini et Santucci. Le bureau
des présidents est au fond de la grande salle ducale,
où se tiennent les réunions, au-dessous du trône.
A côté du bureau, h droite et gauche les théolo
giens de la commission du pape sont leur poste
pour donner b l'assemblée les explications qu'elle
désire. Longitudinalement sont placés devant la
présidence sur six rangs de bancs, les cent vingt,
ou environ, évêques arrivés de tous les points de la
catholicité. Parmi ces illustres prélats il s'en trouve
qui sont âgés de plus de quatre vingts ans, tel que
l'évêque de Lodi; il y a des Espagnols, des Hon
grois, des Anglais, des Américains, des Portugais,
des Française! des Belges, et même des Grecs. Un
évêque grec a pris la parole, daus la session d'hier,
pour donner l'explication d'un texte grec de l'É
criture Sainte. Les évêques prennent la parole avec
une entière liberté, celui de Bruges surtout a inté
ressé beaucoup l'assemblée par la lucidité et la
justesse de ses observations. Tout le monde est
d'accord pour assurer que la bulle de l'Immaculée
Conception sera un chef-d'œuvre de précision et
d'éloges conglobés de la Sainte Vierge.
Les prélats qui oui été invités personnellement
par le Souverain Pontife sont logés royalement
dans les différents palais pontificaux. Le Souverain
Pontife a eu l'attention de leur faire servir les repas
dans leurs appartements et de mettre le personnel
des palais leur service; il est déjà hors de doute
que la proclamation de l'Immaculée Conception se
fera le 8 décembre par le Pape lui-même; et ou
assure que la consécration de l'église de St. Paul est
fixée au 12 suivant. Rome, qui est la ville des
grandes solennités religieuses, n'aura vu depuis des
siècles deux cérémonies aussi magnifiques, et re
levées par la présence de tant de princes de l'É
glise, et de tant d'évêques, se célébrer dans son
sein. Aussi le Saint Père seipble-t-il en jouir beau
coup. Ce sei a pour lui uue compensa lion en retour
des peiues et des angoisses qu'il a traversées. Puisse
la Sainte Vierge, a laquelle l'Eglise décernera avec
le plus d'éclat un privilège que les fidèles lui recon
naissent avec tant de bonheur, reudreen bénédic
tion et eu protection au Saiul Père et la sainte
Eglise, le tribut de gloire qui lui sera payé
Encore no mot. Lundi uue séance littéraire des
plus intéressantes a eu lieu au collège romain. Uu
jeuue élève du collège germanique, natif de
Munster, a défendu une thèse philosophique en
présence de plusieurs cardinaux et évêques et d'une
assemblée très nombreuse. Il s'est tiré d'affaire
avec uu talent et un aplomb admirables. La prin
cipale thèse qu'il a défendue était posée contre le
système des traditionalistes. On prit plaisir le
harceler en présentant les objections les plus fortes,
avec une insistance inaccoutumée. Le jeune bomme
y répondit d'une manière tellement supérieure
qu'il fut couvert d'applaudissements. S. E. le car-