JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3,888.
38me année.
Y PRES, 3 Janvier.
On dirait depuis quelques semaines que
toutes les feuilles libérales de la Belgique!
se sont donné le mot pour jeter l'outrage
la religion catholique. Jamais, pas même
au temps de Voltaire et des Encyclopé
distes, les ennemis de l'Église n'ont v
ployé dans l'attaque un pareil acharnemi
11 y a peu d'années, quand la presse, ce .-
servatrice avait le malheur quelquefois
de signaler les tendances antichrétiennes
du libéralisme; lorsqu'elle démontrait que
le libéralisme avait pour but, pour plan
tracé de ruiner en détail l'action de l'É
glise, et de pârvenir airisi, par une marche
lente, détournée, l'anéantissement com
plet du catholicisme; alors les organes du
parti libéral jetaient des cris de fureur:
e On les calomniait d'une manière atroce;
ils étaientsincèrement catholiques; dans
tous les cas, ils respectaient la religion
de leurs pères; ils n'en voulaient qu'à
l'influence politique du clergé. S'il leur
arrivait de prendre quelque fois le Ion
de l'aigreur, qu'y avait-il' d'étonnant?
Des influences occultes pesaient sur le
pouvoir; toutes nos libertésétaient mises
en péril; le clergé et les catholiques voU-
laient ressusciter les abus d'autrefois et
nous ramener l'ancien régime.
Aujourd'hui, le temps des protestations
hypocrites est passé. Le libéralisme c'est-
à-dire le libéralisme anlichrélien a été
forcé de déposer le masque dont il se cou
vrait, et de se montrer au grand jour tel
qu'il est. Tout le monde peut l'apprécier
maintenant sa juste valeur et le juger
d'après ce qu'il est en réalité. Ce libéra
lisme est chez nous ce qu'il était naguère
en France, ce qu'il est encore en Piémont:
il résume les idées, les instincts de quel
ques bourgeois repus qui voudraient con
cilier l'ordredanslasociété avec le bénéfice
des passions satisfaites.
Les adeptes de ce parti libéral là ne
sont donc ni communistes, ni socialistes,
ni anarchistes de profession. Au contraire,
ils proclament très-haut quelques prin
cipes de conservation sociale jusqu'à un
certain point, ils aiment l'ordre ou plutôt
le repos, parce qu'ils ont une fortune, une
position conserver; parce qu'ils ont tout
perdre une révolution; parce que la
révolution viendrait les troubler dans leur
digestion et dans leur sommeil.
Mais, la religion catholique, ils la détes
tent, ils voudraient l'étouffer. Quoi d'é
trange? Cette religion les importune parce
qu'elle a des préceptes qui ne s'açcomo-
dent pas leurs goûts faciles; parce qu'elle
vient les déranger dans la manière dont
ils entendent jouir de cette vie; parce
qu'elle possède une morale qui ne transige
pas avec leurs louches maximes d'honnête
homme. Inde irœ: jamais, ils ne lui par
donneront cela. 1
Aussi parcourez les gazettes libérales.
Comme elles traitent la religion catho
lique! Comme ellês l'insultent et l'abreu
vent d'outrages! Comme ses ministres sont
bafoués et traînés dans ia boue! Comme
on assaille le catholicisme de tous côtés
la fois, et comme on l'accuse avec une
rage stupide qui tient du délire:
Dans son auguste Chef, qu'on signale
comme vendu aux jésuites;
Dans ses Évêques, qu'on dépeint comme
des intriguants avides et ambitieux;» b! ol»
Dans son Clergé entier,dont on dénonce
sans cesse l'ignorance; Tesprit d'envahis
sement et de domination
Dans ses ordres moitastiques, qu'on re
présente sous les couleurs lesplosodieuses,
comme des associations de fainéants éta
blies dans le but d'exploiter le peuple;
Dans ses pratiques, dans ses cérémonies,
dans tout son culte; jusque dans ses priè
res, qu'on appelle des momeries ressuscilées
dçs siècles d'ignorance!
Non! rien n'est respecté; on parle des
choses les plus saintes.,M«s plus vénérées,
avec uu cyuisme qui fait horreur. Comme
au temps de Judas et des juifs, le Fils de
l'Homme n'a plus où reposer la tête!
Mais Dieu est plus fort que tous les im
pies, et il a promis de défendre son œuvre
Ceux qui aujourd'hui insultent la reli
gion catholique et pervertissent le peuple,
seront peut-être ensevelis les premiers
sous les ruines qu'ils auront amoncelées.
D'epuis dix-huit siècles, l'impiété sous tou
tes leS formes est venue se briser contre
le" roc qui porte l'Église: Quelle raison
pourrait-elle avoir de mieux réussir de
nos jours? »i toi râBiuo» «h biibkjRi «1
Ce qur s'est passé b Vienne ces jours derniers
forme toujours le sujet principal des préoccupa
tions publiques. Les journaux dissertent beaucoup
sur les points accessoires de la Conférence. L'im
portant cependant n'est pas de savoir chez qni l'on
s'est réuni, quand le prince GortschakofT a été
introduit si uoe communication lui a été
faite par les trois représentants d'Angleterre, de
France et d'Autricheou bien par le comte BuoI
seul.
PROPAGATEUR,
VÉRITÉ ET JKSTICE.
On s'abonuè Ypres, rue de Lille, 10, près la Grand
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
HBIX dF. L'ABONNEMENT, par trimestre,
Ypres fr. 3.Les autres localités fr. 3-5o. TJu n° a5 c.
_,i propa^atenr parait le MERCREDI et le SAMEDI
de chaque semaine, (insertions I» centimes la ligne.)
Le gouvernement piéinouiais De s'est pas borné
a supprimer les traitements des curés de campagne,
qui meurent littéralement de faiiu aujourd'hui, il
propose, par l'organe de M. de Cavour, d'abolir
les couvents. Il promet de rétablir les traitements
des cuiés de campagne (un millioo de francs)
pourvu qu'on lui accorde les ±0,000,000 de revenus
que donneraient lesbiens ecclésiastiquess'ils étaient
financièrement exploités. Le calcul peut paraître
habile, il est même quelque peu machiavélique et
fait honneur au génie des soi-disaul libéraux qui
médisent de l'intelligence d'Eseobar. La vérité est
que maître Escobar ne fut jamais capable d'ima
giner une si be|le combinaison
M. de Cavour ne paraît pas douter du succès de
l'entreprise. Il se vante d'avoir répondu aux exi
gences de l'opinion publique, tout en pourvoyant
aux besoius du trésor national. Lb dessus il y a
distinguer. Le trésor prémonlais est sec, la chose
n'est que trop sûre. Mais b qui la faute? West ce
pas b M. de Cavour et a ses amis qui l'ont épuisé
par de folles libéralités? D'ailleurs la pénurie du
trésor justifie-t-elle la spoliation du clergé, la
ruine du principe social de la propriété Et quand
les libéraux piémontais auront dévoré le fruit des
rapines qu'ils méditent; quand le trésor sé trou-/
vera de recbef vide, auront-ils le droit de dé
pouiller la noblesse et la bourgeoisie Ils ne man
queront pas de le prétendre, ou, tout au moins,
leurs amis et alliée de l'extrême gauche le préten-
droot. Mais n'avons-nous pas raison de dire que de
tels actes et de telles théories mènent droit b la
dissolution sociale
Les partisans des économies dans les dépenses
publiques peuvent invoquer l'exemple dn Piémont/
comme un uouvel argument b l'appui de leur
thèse. Ils savent de quoi sont capables des gardiens
soi-disant libéraux d'une caisse vide, et ils veulent
prévenir de pareilles extrémités. Si le trésor belge
était aussi pauvre que celui du Piémont, MM.
Bourlard et Verbaegen trouveraient plus de geos
qu'aujourd'hui pour ctier avec eux Guérissons
nous par la fofce de la lèpre des couvents.
Quant b l'opinion publique que M. de Cavour
a la prétention de satisfaire en prenant le bien
d'autrui, nous reconnaissons qne son parti -tout/
entier applaudit son projet et que la presse dite
libérale d'Espagne, de Suisse et de Belgique l'en
courage vivement. Mais nous aimons a croire que
cette presse n'est pas l'organe de la véritable opi
nion publique, et des voix- sévères, éloquentes,
protesteront dans les deux Chambres contre un
acte sauvage. Émancipation
REVUE POLITIQUE.
Ce qu'il importe de savoir, c'est le contenu de
celte communication. Or il paraît, d'après les
nombreuses correspondances qne nous avons sous
les yeux, qne le comte Buol, le baron Bourqueney
et lord Westmoreland, après avoir déposé dans un
protocole l'interprétation des quatre points, en ont
communiqué le sens b l'ambassadeur russe, que
celui-ci a déclaré vouloir s'en référer b son gou
vernement et qu'un délai de quinze jours lui a été
accordé pour qu'il se pourvût d'instructions.
Quoique la Prusse oit offert b la France et b
l'Angleterre des arrangements particuliers on dit
cependant avec pins d'assurance qne jamais qu'elle
a échoué dans ses démarches. On attribue cet échec
b ce qu'elle subordonnait son adhésion b l'obliga
tion pour les puissances occidentales de ne pas
dépasser certaines limites dans leurs propositions
d'arrangement b la cour de S'-Pétersbourg.
De Crimée, rien de particulier jusqu'à la date
du a3 décembre. On élève des doutes maintenant
sur le nouveau plan de campagne attribué, il y a
deux jours, aux armées alliées. D'après les bruits
qui ont cours aujourd'hui, elles ne renonceraient
pas b tenter d'abord l'assaut de Sébastopol.
Le Times trace de l'armée anglaise d'Orient le
tableau le plus affligeant, et son article est concu
de manière a faire retomber sur le général en chef
la responsabilité de celte situation.
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