JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
38me année
N» 3,889.
PROPAGATEUR,
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Grand
Place, el chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX RR l'ABOSNEMENT, par trimestre,
Ypres fr. 3.Les autres localités fr. 3-5o. Un n» a5 e.
Le Propagateur paraît le MERCREDI et le SAMEDI
de chaque semaine. (Insertions I» centimes la ligne.)
7PRES, 6 Janvier.
Entre toutes les institutions créées par
le catholicisme, ce sont principalement les
ordres monastiques qui ont le privilège
d'être un objet de haine pour la presse
libérale.
Afin de les discréditer et de les perdre
plus sûrement dans l'opinion du peuple,
on commence par travestir leur histoire
etparlescalomnier dans leur passé. Depuis
l'époque de Luther et des prétendus réfor
mateurs au XVIe siècle, il se traîne dans le
monde toute une liste de griefs dressée
charge des couvents d'autrefois; tous les
ennemis de l'Eglise jusqu'à ce jour, se la
sont transmise soigneusement de père en
fils, en y ajoutant des commentaires et des
annotations plus ou moins importants.
Qu'est-ce qu'on n'a pas dit sur la cor
ruption, sur la profondeignorance des anciens
moines? On a tant el si bien déclamé sur
ce sujet qu'à la fin des hommes de cœur
et de savoir parmi les protestants, en
ont été indignés, et qu'ils n'ont pu s'em
pêcher de démontrer qu'il n'y avait en cela
de réellement ignorants que les adversaires
des moines eux mêmes. Grâceaux travaux
historiques de tout genre publiés de divers
côtés dans ces trente dernières années, il
ne reste plus permis personne d'ignorer
ce que c'est qu'un monastère du Moyen-
Age.
Comme de nos jours, un monastère en
ce temps là, c'était un lieu où des chrétiens
réunis sous une règle commune menaient
une vie austère et pénitente; c'était une
maison de prière et de travail; c'était un
refuge pour les lettres, les sciences et les
arts; c'était, enfin, un asile de charité où
l'on se dévouait au soulagement de toutes
les misères, de toutes les infirmités. Les
villes et les campagnes se couvraient de
monastères, et partout avec les monastères
s'élevaient des écoles, des universités, des
hôpitaux, des manufactures, des ateliers
de travail. Dans les uns, on voit les moines
défricher les forêts, fertiliser de vastes dé
serts et des landes incultes, arrêter les
torrents, dessécher les marais, enseigner
et transmettre les principes de la science
agricole. Bien des contrées de l'Europe se
trouvent aujourd'hui livrées la culture,
qui, sans les moines, seraient maintenant
encore l'état de stérilité.
D'autres comme les Bénédictins, s'occu
paient transcrireetà déchiffrer les vieilles
chartes, commenter et traduire les
Grecs et les Latins. On sait que durant la
première moitié du Moyen-Age, les cloî-
l Voyez: Fr. Aug. Sohueider, Erinnerungen, elc. i83a
Betlschueiiler, Der Simonismus Cobbett, Okeii
Herder Drake Gibbon, et une foule d'autres.
très furent les seuls lieux où les lettres, les
sciences et les arts trouvèrent un refuge
assuré contre les envahissements de la
barbarie. Sans les cloîtres, tous ces riches
trésors de la littérature classique, grecque
et latine, eurent infailliblement péri dans
le naufrage de la civilisation ancienne.
Mais c'est surtout l'humanité souffrante
qui est redevable aux ordres religieux.
D'abord, tous les couvents, peu près
tous du moins, étaient comme des espèces
de greniers publics toujours ouverts pour
le pauvre, où il était toujours sûr de trou
ver de quoi subvenir ses besoins.
Et voulez-vous savoir ce que le pauvre
a gagné la suppression des cloîtres dans
les pays réformés? Écoulez le protestant
Cobbett: Lorsque les réformateurs, dit-il,
eurent saccagé les couvents et les églises;
lorsque ces grandsbiensqui appartenaient
de droit aux classes les plus indigentes
leur eurent été enlevés: alors les pauvres
se trouvèrent sans moyen d'existence. Ils
furent réduits vivre de leurs quêtes, de
leurs larcins et de leurs vols. Pour les
empêcher de mourir de faim, on fut obligé
d'avoir recours au système de la taxe des
pauvres, qui est l'une des plus grandes
plaies de l'Angleterre.
Voilà pour les couvents en général
faire des actes d'hospitaiilé et de charité
était l'une des principales obligations des
moines. Mais de plus, il y avait dans tous
les pays de l'Europe des couvents d'hom
mes ou de femmes eu grand nombre qui
s'étaient donné pour mission toute spé
ciale de se dévouer au soulagement de
toutes les misères humaines. Ainsi, il y
avait des corporations religieuses pour
soigner les malades; d'autres, pour se
courir les pestiférés; d'autres, pour re
cueillir les lépreux, qui, rejelés du sein de
leurs familles, languissaientauxcarrefours
des cités et étaient un objet d'effroi et
d'horreur pour les hommes. Certains Or
dres se vouaient la sublime fonction de
délivrer des fers des barbares les chrétiens
qui gémissaient dans l'esclavage. Pour
comprendre l'utilité des Instituts de celte
dernière catégorie, il suffira de se rappeler
que par suite des guerres continuelles
avec les infidèles, une multitude infinie
de chrétiens étaient chaque jour faits pri
sonniers et se trouvaient réduits en escla
vage. Savez-vous ce que les Pères de la
Ilédemption faisaient pour parvenir la
délivrance de leurs frères? Ils entrepre
naient de longs voyages par terre et par
mer; ils bravaient les climats insalubres,
la férocité des infidèles, l'esclavage et la
mort.
Nous venons" de rappeler quelques-uns
des services rendus par les Ordres reli
gieux au Moyen-Age, el ce sont les moins
importants: Seuls, iis suffiraient pourtant
déjà, ce semble, pour leur concilier ja
mais le respect et l'admiration de l'Europe
moderne.
On parle de la corruption des Moines;
on argumente de la décadence et des mé
faits de quelques monastères. Admettons
que les faits que l'on cite soient parfaite
ment exacts, quoique la plupart aient été
controuvés de nos jours: Qu'en résulte-
t il? Rien. Les adversaires des Moines ou
blient que les institutions accusées ne
forment pas la millième partie des mo
nastères qui sont restés irréprochables;
ils oublient encore, dit un écrivain élo
quent, les services sans nombre qu'avant
de vieillir et de tomber ces Ordres décriés
ont rendus, l'époque de leur faveur et
durant leur longue et'puissante virilité:
les terres défrichées, les barbares assou
plis, les lumières conservées et répandues,
les mœurs rétablies. Que sont des abus
isolés lorsqu'on met en regard la multi
tude infinie de bienfaits répandus par les
Ordres religieux?
NOUVELLES LOCALES.
Nous apprenons avec peine que MM. J.-B.
Vandenpeereboom el L. Mulle se sont démis, le
premier, de ses fonctions de président de la Cham
bre de Commerce de noire ville, le second, de ses
fondions de membre de la dite chambre. MM,
Greodl, négociant Poperinghe, et, Navez-Joye,
négociant en notre ville, les remplacent en qualité
de membres.
Le mouvement de l'État-Civil de notre ville
pendant l'année i854, a constaté 4go naissances,
43o décès et 78 mariages.
Le marché aux céréales d'aujourd'hui a été
approvisionné de 446 hectolitres de froment, coté
en moyenne fr. 28-5o de 28 hect. de seigle,
fr. 18-70 de 71 hect. de fèves, b fr. 18-20;
de t4 hect. d'avoine, fr. 9-62.
Au marché aux pommes de terre il y avait 38
hect. Ces tubercules ont été vendus au prix de
fr. 6-34 l'hectolitre.
NOUVELLES D'ÛRIENT.
D'après une dépêche du général Canroberf,
datée du 25 décembre, les généranx commandants
des forces alliées en Crimée espéraient être très
prochainement en mesure de reprendre l'offensive.
Une antre dépêche antérieure annonce que
malgré le mauvais temps, les tranchées enlacent la
place et que les travaux du siège se consolident.
Elle fait mention en outre d'un mouvement opéré
par l'armée russe par suite du débarquement des
troupes turques 'a Eupatoria. II ne resterait plus
que quelques postes avaucés de Russes sur la rive
gauche de la Tchernaïa.
Le prince Menîsohikoff a adressé a son gouver
nement une dépêche qui rend compte de l'état
des choses a Sébastopol du 20 au 26 décembre. Il
y signale deux sorties dont l'une aurait coûté aux
troupes alliées un nombre assez considérable de
morts et quarante-quatre prisonniers. Le temps
continue être mauvais en Crimée et est Un
obstacle sérieux aux travaux du siège.