JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3,903.
38me année.
??RSS, 24 Février.
LETTRE DU R. P. DE DAMAS,
Au Directeur des Précis historiques.
(suite.)
LE PROPAGATEUR
I - VÉRITÉ ET JUSTICE. -
Il y a quelques mois, un honorable industriel
de cette ville, M. Barbier-Mulier, adressa h la
Chambre de Commerce nne requête dans laquelle
il exposa son de'sir, vu l'hiver difficile que nous
allions traverser, d'occuper un certain nombre
d'ouvriers-tisserands, maintenant sans ouvrage ou
employés loin de leurs familles dans les départe
ments limitrophes en France.
Les maisons d'ouvriers Ypres n'étant géné
ralement pas propres recevoir des métiers, M.
Barbier pria la Chambre de Commerce de vouloir
servir d'intermédiaire auprès de l'administration
communale,afin d'obtenir uo local convenable, la
ville disposant de plusieurs bâtiments inoccupés
par suite du retrait de la garnison.
La Chambre de Commerce n'hésita pas b émettre
un avis favorable, et la requête fut envoyée au
Conseil Communal. De sa nature, elle présentait
un incontestable caractère d'urgence, et l'on de
vait croire qu'une question aussi simple allait se
résoudre dans la quinzaine. Or voici qu'après trois
mois d'attente nous trouvons dans le compte rendu,
par le Progrès, de la séance du Conseil Com
munal du i5 c', le paragraphe qui suit.:
Il est donné lecture d'une lettre de la Cham-
bre de Commerce, qui demande au Conseil, au
nom du Sieur Barbier-Mulier, fabricant, l'usage
d'un local séparé pour y établir un atelier de
tissage. La Commission de l'Atelier-Modèle con-
sultée,est d'avis que cette requête ne peut être
accueillie pour divers molijs longuement dé-
duila dans un rapport, et ensuite parce qu'il
y a encore des Salles disponibles b l'Atelier-
Modèle.
Nous ne relèverons ici que l'argument des
Salles disponibles l'Alelier-Modèle, le'seul que
le compte-rendu nous fasse connaître. A notre
avis, un Atelier-Modèle doit être une école d'ap
prentissage; nous pensons qu'une fabrication ré
gulière y serait un élément hétérogène, et égale
ment incompatible, parce qu'il y aurait de fait
plusieurs fabricants installés dans un même local.
Le fabricant expose ses produits au grand jour,
mais il n'aime pas exposer l'intérieur de son ate-
FSTJIIalsSTOlT.
Aumônier de l'armée cTOrtent,
C'est surtout au moment de la mort que la foi
paraît dans tout son éclat et s'échappe étincelanie
de ces poitrines traversées par la balle ennemie.
Oh! vous êtes le bon Dieu, criait un petit
soldat breton au prêtre qui entrait dans sa tente.
Maintenant que je vous ai vu et que vous m'avez
béni, je meurs content. En vous voyant, je crois
voir mon père, ma mère, mes frères, mes sœurs,
toute ma famille et le bon Dieu aussi. Que me
faut-il encore? Oh! rien de plus; je puis mourir.
lier. La demande d'un local séparé était donc par
faitement naturelle.
Quant aux motifs longuement déduits dans
un rapport, nous regrettons que le Progrès n'ait
pas jugé propos d'en publier un aperçu nous
aurions su du moins pourquoi la Commission de
l'At lier-Modèle refuse de mettre un local la
disposition des ouvriers de M. Barbier-Mulier. Et
d'ailleurs, comme ce n'est pas un atelier d'appren
tissage que cet industriel a l'intention d'établir, il
ne semble pas que la Commission de l'Atelier-
Modèle dût être consultée, puisque sa mission est
seulement de s'occuper de faire des apprentis pour
être employés plus tard par les fabricants de la
ville. Dans tous les cas, nous croyons que la Ré
gence ne perdrait rien laisser occuper ses bâti
ments vides par des ouvriers, plutôt que de les
voir habités par les rats et les souris qui ne font
que les détériorer.
Si M. barbier avait demandé des sacrifices pé
cuniaires, nous aurions été des premiers pour en
gager la Régence 'a ne rien accorder Car nons
sommes convaincus que c'est l'industrie privée qui
doit faire de notre ville une ville industrielle; les
subsides n'y peuvent pas grande chose.
Eu résumé, il nous semble que le Conseil Com
munal aurait dû accueillir favorablement la de
mande faite par M. Barbier-Mulier et qui était
toute dans l'intérêt de ta classe ouvrière. Nous ne
trouvons au rejet de sa requête d'autres explica
tions, si ce n'est dans cette manie de tous les pou
voirs, grands et petits, de s'immiscer partout et
toujours. Sous prétexte d'encourager, d'enseigner
l'industrie, ils créent des établissements où ils pè
sent de leur influence, et emploient ainsi les de
niers de l'État, de la Province et de la Commune
pour faire concurrence l'industrie privée.
Heureusement on commence h comprendre où
tout cela mène. Nous engageons vivement M.
Barbier-Mulier ne pas se désister de son projet
d'extension donner sa fabrication de tissus.
Pour notre part, nous sommes convaincus que c'est
par les efforts, et seulement par les efforts d'in
dustriels entreprenants et courageux que notre cité
devra se relever et se placer au niveau d'une ville
industrielle.
a Commentc'est vous qui m'appelez
s'écriait uu prêtre qu'on venait de conduire auprès
du lit d'un malade; vous, l'esprit fort du régiment,
le docteur en impiété Oui, M. l'aumônier,
c'est moi. Je veux me confesser très-sérieusement
et de tout mon cœur; car, voyez-vous, l'impiété,
les airs de protestant et de païen, c'est bon pour
vivre, mais c'est le diable pour mourir. Et le
brave garçon fit ses devoirs de son mieux, et il
ne rougit pas d'avouer b ses camarades qu'il avait
toujours cherché leur en imposer, en affichant
des principes qui n'étaient pas dans son cœur.
Après cet aveu, arraché une foi sincère, il mourut
en priant Dieu.
Le jeune comte dearrive de France. Dès le
jour de son débarquement, il demanda b son frère,
plus âgé que lui. Où faut-il que j'aille pour
me confesser? Son frère lui indique la tente de
l'aumônier. Le jeune sous lieutenant y court.
On sait que dans notre province plusieurs inspec
teurs cantonaux de l'enseignement primaire n'ont
pas obtenu le renouvellement de leur mandat.
Nous voyons avec plaisir que de toutes parts les
instituteurs tiennent b donner des témoignages de
leur gratitude b leurs anciens supérieurs mis de
côté.
En tête, nous placerons les instituteurs du res
sort deThielt qui ont voulu souscrire b leur ancien
inspecteur, M. Vansteeukiste, une superbe mé
daille en or.
Ceux des quatorze communes distraites du res
sort desservi jadis par M. Tanghe. lui ont offert
uo splendide banquet et un service en argeot.
Enfin, les instituteurs du ressort d'Ypres ont
également prié M. Coelenbier d'agréer de leur
part un souvenir de reconnaissance. Mais non
obslaut des instances réitérées, M. Coelenbier n'a
rien voulu accepter. Seulemeut, si nos renseigne
ments sont exacts, il a voulu conserver un discours
d'adieux signé par tous les instituteurs du ressort,
et dont voici les passages saillants
Au moment où vous allez vous séparer du
corps des instituteurs de votre ressort, ceux-ci
éprouvent le besoin de venir vous témoigner les
regrets que cette séparation leur cause.
Ils se rappelleront toujours avec bonheur le
n temps de votre administration l'intérêt que vous
preniez b leur bien être moral et matériel ne s'est
pas démenti un seul instant duraot votre trop
courte carrière pour l'un, vous fûtes toujours
un solide soutien de ses intérêts menacés; pour
l'autre, un sage conseiller dans les circonstances
critiques; pour tous, un fonctionnaire impar-
liai, un excellent fi ère. Emportez donc nos re-
grets, personne ne les méritera jamais mieux.
Puissent nos vœux sincères qui vous suivront
dans votre retraite contribuer b vous y faire
trouver la paix et le bonheur!
Ces divers témoignages de gratitude honorent b
la fois ceux qui les dounent et ceux qui en sont
l'objet.
Mais il paraît que la reconnaissance est nne
vertu qui offusque les adeptes du libéralisme des
loges. C'est b peine croyable: mais on va jusqu'à
Lorsqu'il a reçu l'absolution, il presse la main de
son confesseur, en lui disant: Je puis donc
être tranquille? Allez eo paix, cher enfant,
lui dis-je, allez en paix. Eh bien puisque
je suis en paix avec Dieu, je puis être brave. Et
quelques jours après,il se faisait tuer intrépidement
b son poste sur le champ d'honneur.
Un jour, je fus chargé d'aller annoncer b un
malheureux soldat, arrêté dans l'acte même de la
désertion, que son pourvoi en grâce était rejeté et
qu'il fallait se préparer b mourir. «Ah! je le
mérite, s'écria -1-ilJe suis un infâme; j'ai commis
un crime; je ne suis plus digne de vivre; je n'oserais
pas supporter les regards de mes camarades. Mais
j'ai un regret j'ai encore nn père. El mon pète a
été si bon pour moi! Et moi, je vais le plonger dans
la doul.eur I Alors il pleura. Je le consolai, je lui
dis que j'écrirais b son père, que je lui dirais que
son fils était mort en chrétien, qu'il avait pensé k