JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. No 3,906. 38me année 7PS.SS, 7 Mars. En étudiant l'histoire du soi-disant libé ralisme, en observant d'un œil impartial la marche et les tendances de cette faction politique, on se convainc aisément que les hommes les plus foncièrement révolution naires, les ennemis les plus décidés de tout principe de liberté, s'agitent au sein de ce parti et s'efforcent, par tous les moyens, de faire prévaloir leurs systèmes dissolvants. A défaut d'au 1res témoignages, on pourrait se borner invoquer la révol tante devise politique du Journal de Liège qui, sans aucun doute, n'exprimait pas une pensée individuelle lorsque, dans le temps, il écrivait que la Constitution serait changée légalement ou quelle serait abattue révolulionnairement. Examinez le pro gramme dicté par le congrès libéral de récente mémoire; jetez un regard sur les manifestes émanant des clubs et des loges; reportez-vous tous ces discours, toutes ces discussions dans les journaux et dans les clubs, où les intérêts de la patrie, le sort de nos libertés politiques et religieuses sont mis en jeu et chaque phrase, chaque ligne, chaque parole, vous ver rez se dévoiler dans toute leur laideur les projets anarchiques des sectaires du libé ralisme exalté. Inutile d'insister longuement le libéra lisme maçonnique est un parti haineux, intolérant, ennemi de toute idée religieuse. C'est sous l'inspiration de cette haine du christianisme et de sa morale divine, que nous l'avons vu, que nous lé voyons tous les jours combattre outrance les admi rables institutions du catholicisme et pro pager, en matière d'éducation et de charité, des doctrines contraires aux principes de l'Eglise. Sans la pratique des croyances reli gieuses, sans l'éducation religieuse, sans les institutions dont l'humanité est rede vable la charité chrétienne, la société devient impossible; le libéralisme sait cela il sait qu'en s'allaquant ces bases de l'édifice social, il travaille au triomphe des doctrines révolutionnaires mais c'est l'unique but qu'il sè propose, c'est le mo bile de toute sa conduite. A tant d'autres preuves tendant établir cette vérité, une preuve nouvelle se pro duit dans les allures dé la presse libérale exaltée par rapport au conflit qui agile l'Europe. Parcourez les journaux de la gauche, et voyez de quel œil complaisant ils envisagent les difficultés qui s'amon cellent autour de nous. Dans la grave situation où se trouve l'Europe, une seule chose a l'air d'embarrasser les publicistes libéraux, c'est le danger que courent les armées moscovites d'être vaincues par les troupes coalisées des puissances occiden tales. Toutes leurs sympathies sont pour la cause russe les puissances alliées ne sont quen fort médiocre estime auprès d'eux ils voudraient les voir battues platte couture: et ne croyez pas qu'ils sont dominés en cela par quelque senti ment de patriotisme bien ou mal entendu non. Car ainsi que l'observe le savant rédacteur de Y ÉmancipationCes jour- naux n'expriment pas leur véritable pensée..,. Le maintien de l'ordre et de la prospérité publique sont leurs moindres soucis. Ils ont assez montré en d'autres circonstances qu'ils sacrifieraient avec empressement les plus grands intérêts de notre patrie au triomphe de leurs passions politiques. Ils haïssent les gou- vernements de France, d'Angleterre et d'Autriche, et leur unique but est de favoriser l'avènement des doctrines ré- volutionnaires. Us savent aussi bien que nous, que les succès des armes occiden- taies serait la consolidation de l'ordre européen, l'ajournement indéfini des projets des citoyens Mazzini, Kossulh et Ledru Roi lin. Voilà pourquoi ils ont voué toutes leurs sympathies au puissant monarque qui trouble aujourd'hui le mondecivilisé; voilà pourquoi ils spuhai- tenl la durée d'une lutte qui peut amener dans leur manière de voir, l'humiliation de la France, l'affaiblissement de l'An- glelerre et la défaite de l'Autriche. Que leur importe le sort de la Belgique dans le cours de ces catastrophes? L'Indépendance annonce que M. H. de Brouc- kere a été reçu dimanche par le Roi; qu'il y a eu une longue conférence, que iVl. de Brouckere aurait persisté dans sa démission et décliné la mission qui lui aurait été offerte de recomposer un cabinet avec quelques-uns des ministres actuels, etc. L'événement qui occupe, pour le mo ment, la première place dans la presse européenne, c'est la mort presque subite de l'Empereur iNicolas. Le Czar a succombé vendredi 2 mars, soit aux suites d'une attaque d'apoplexie nerveusecomme le veulent les uns, soit une paralysie du poumon, suivant que disent les autres. Depuis quelques jours déjà, l'Empereur était malade et l'on remarquait sur les traits de S. M. les ravages du mal qu'elle ressentait. Mais c'est surtout dans les journées de mercredi 28 février et de jeudi i" mars que le mal s'est considéra blement aggravé. Vendredi il avait pris des proportions effrayantes; l'état de S. M. était désespéré. Dans la matinée, elle a reçu les derniers sacrements, et a fait ensuite ses adieux la famille impériale. Quelques instants après, l'auguste malade a rendu le dernier soupir. L'Empereur Nicolas I" était né le 6 juillet 1796, et avait succédé son frère Alexandre, le premier décembre 182b, eu vertu, de l'acte par lequel le grand-duc Constantin renonçait ses droits au trône. 11 avait épousé, le 13 juillet 1817, la princesse Charlotte de Prusse, née le 13 juillet 1798, fille du feu Roi Frédéric- Guillaume III de Prusse et sœur du Roi régnant. De celte union sont issus six enfants, dont l'aîné Alexandre-Nicolaewitchqui succède son père sous le nom d'Alexan dre II, est né le 29 avril 1818. Il a épousé, le 28 avril 1841, la princesse Marie de Hesse, née le 8 août 1828, sœur du grand-duc régnant. Le grand-duc héritier a annoncé, dans une proclamation, son avènement au trône impérial, le jour même de la mort de son auguste père. Il a convoqué immédiate ment tous les généraux la citadelle, et a eu une ongue conférence avec eux, au sujet de laquelle rien n'a transpiré. On dit que le nouveau souverain de la Russie a d'excellentes qualités. De bonne heure, dit te Journal des Débals, il a été initié aux affaires de l'empire par l'empe reur son père il assistait tous les con seils; il était investi de charges qui lui donnaient de fréquentes occasions de se rendre utile l'armée et de plaire la jeunesse des écoles. Lorsque l'empereur Nicolas s'éloignait de S'-Pélersbourg, il laissait son fils la direction suprême du gouvernement, enfin il avait préparé avec un soin particulier l'avènement de son successeur. Le grand-duc Alexandre, héritier de la couronne, est populaire en Russie; le peuple l'aime et l'estime; il n'aura point la grande autorité de son père, dont il n'a ni la hauteur ni le caractère inflexible; il plaira plutôt comme plaisait Alexandre Lr, par sa douceur et son affabilité. Il y a de nombreux rapports de caractère entre l'empereur- Alexandre II et l'empereur Alexandre I"', son oncle. On dit aussi beaucoup de bien de la nouvelle impéra trice on loue son jugement droit et élevé, ses manières conciliantes; on pense qu'elle exercera sur l'empereur une salutaire influence. L'opinion publique en Russie attri buait au grand-duc héritier une politique différente de celle de l'empereur,et surtout plus pacifique. On affirme, tort ou raison, que le prince n'a pas toujours approuvé la conduite que le cabinet de Sl-Pélersbourg a tenue depuis deux ans dans la question d'Orient; que, par exem ple, il a vu avec regret la mission du prince ..Mentschikoff et l'envahissement des principautés. Aussi tous les journaux croient-ils que la morlde l'emperepr Nicolas va augmenter les chances du rétablissement de la paix générale. LE PROPAGATEUR r.i:W» <1 VÉH1TÉ ET JUSTICE. On s'occupe fort pen dans le public de la démis sion que vient de donner notre ministère; peine les journaux y consacrent-ils quelques lignes. D'après ce journal un grand personnage libéral serait incessamment appelé au palais. M. Louis Veuillot écrit dans l'Univers le bel article que voici sur la mort de l'Empereur Ni colas La mort de l'Empereur de Russie est sans doute un grand événement, niais surtout uoe

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1855 | | pagina 1