JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3,914.
38me annce
7FS.ES, 4 Avril.
Après s'être débattue longtemps contre
le courant de l'opinion publique, propos
des lois sur les successions, sur l'enseigne
ment, sur la charité après avoir passé par
tous les replâlrages exigés par les clubs et
les loges, la politique libérale exclusive
s'est vue contrainte enfin de disparaître
de l'horizon des affaires. Des promesses
outrées, des vanleries ridicples avaient
conduit le libéralisme au pouvoir; sa con*
duite étourdie, l'extravagance de ses actes
l'en ont précipité et l'ont forcé de battre
en retraite.
Tout le monde en convient: c'est ses
propres folies que le parti libéral doit im
puter sa dissolution et sa décadence; et la
désunion qui règne parmi les derniers ad
hérents au 12 Août 1847, prouve toute
évidence qu'en Belgique, comme dans tout
pays sage, le libéralisme intolérant est des
tiné mourir par suite de ses propres
excès.
En présence de ce revirement; en pré
sence surtout du ministère éminemment
conservateur que le Roi, dans sa sagesse,
vient d'appeler aux affaires, diverses con
sidérations se présentent naturellement
l'esprit. On se demande quelle sera do
rénavant l'attitude que prendront la plu
part des fonctionnaires, attachés au char
détraqué des vainqueurs du 12 Août d'il
lustre mémoire? Plus qu'à tout autre, nous
avons le droit de faire celte demande par
rapport M. Carton, notre commissaire
de district. Le public se rappelle, qu'en
acceptant ses fonctions, M. Carton dut se
faire violence lui-même. On peut con
sulter cet égard sa première circulaire
officielle. Confirmant celte idée, M. Carton
déclara hautement, dans une lettre in
sérée dans notre numérodu 29 Avril 1848,
n'avoir accepté le commissariat que dans
l'unique but de servir les intérêts du parti
libéral. Citons ses paroles: Lorsque j'ai
accepté les fonctions de commissaire d'arron~
dissement, je n'ai point eu en vue de me cram
ponner celle place, mais bien de servir les
intérêts du parti libéral auquel je suis sincè
rement attaché.
Depuis, mes sentiments n'ont point varié, et
je suis disposé comme le premier jour sacri
fier ma position administrative mes prin
cipes politiques.
C'est ainsi que nous écrivait M. Carton,
le 27 Avril 1848.
Voilà certes une déclaration empreinte
du plus profond dévouement au.... libéra
lisme. Les aveux de M. Carlonsont fermes,
francs, décidés, positifs. Il a voulu être
commissaire d'arrondissement, non point
pour jouir de quelque chose comme 6,000
francs d'appointements, mais uniquement
dans le but de servir les intérêts du parti
libéral. Quel noble désintéressement que
d'avoir consenti se rendre utile au libé
ralisme exclusif, pendant huit années con
sécutives, et tout cela pour si peu de chose,
pour la simple bagatelle de 6,000 francs
par an! On ne peut trouver étrange néan
moins un pareil sacrifice chez un homme
de la trempe de M. Carton; comme on ne
saurait trouver étrange, qu'une adminis
tration cléricale (c'est ainsi que le Progrès
appelle le ministèré DeDecker-VilainXIIII)
ayant surgi tout-à-coup, l'honorable com
missaire sedétachâtaujourd'hui de la glèbe
d'une fonction qu'il n'a acceptée que pour
servir les intérêts du parti libéral.
Quel parti prendra dès-lors M. Carton?
Le choix cette fois-ci n'est ni si difficile ni
si important. Il ne s'agit plus de servir les
intérêts du parti libéral. L'option doit se
faire uniquement entre le désir d'une vie
indépendante et les pénibles travaux du
commissariat. Nous verrons bientôt quel
parti l'honorable M. Carton trouvera bon
de se décider.
LE PROPAGATEUR
1 - y vé*ité et justice-
la liberté libérale en espagne.
Le Congrès espagnol a abordé la discussion sur
la vente des biens du clergé d'une façoo inat
tendue, la fin de la séance du 21 mars. Le Mi
nistre de grâce et justice, M. Aguirre, a dit que
la Commission chargée du rapport sur le projet de
loi de désainortissemeut avait reçu des pétitions
que le gouvernement regardait comme offensantes
pour son honneur et pour l'honneur des Cortès;
qu'en conséquence il demandait que ces pétitions
fussent remises au gouvernement pour procéder
conformément aux lois contre les pétitionnaires.
Qu'on lise la célèbre Exposition de l'Évêque
d'Osma, s'est alors écrié le député démocrate, M;
Ruiz-Pons.
Après cette lecture, faite au milieu des ricane
ments les plus iudéceuls, M. Escosura éprouva uu
invincible besoin de parler...
Et M. Escosura a parlé Il a parlé pour appeler
factieux le vénérable d'Osuia, pour l'accuser d'ê
tre devenu un pasteur bourreau. Il a ajouté qu'il
s'abstenait de qualifier la conduite du prélat, et a
déclaré, avec une superbe arrogance parlemen
taire, qu't/ n'y avait pas discuter avec un
Évêque. M. Escosura a néanmoins essayé d'ex*
pliquer la doctrine canonique sur l'excommuni-
caliou, afin d'ôter aux fidèles, par l'autoiité de sa
parole et sa science, la crainte des censures portées
par les princes de l'Église. Il a déclaré qu'il fal
lait prendre une détermination gouvernementale
prompte, rapide, inflexible, contre les prélats pé
titionnaires. Il n'en a pas dit davaulage, parceque
les ennemis de la situatiou ue sont pas encore
descendus sur le champ de bataille; lorsqu'ils s'y
présenteront, il demandera qu'on jette uu voile sur
la statue de la loi.
M. Corradi a ensuite occupé la tribune; seloo
lui, ou doit disputer et voter le projet de loi de
désamoriisseineot sans perdre un instant. Le Mi
nistre des finances, partageant cette opiuion, a
manifesté le désir que les Cortès prolongeassent
tous les jours leurs séances jusqu'au vote de cette
loi. Ses paroles ont été fort applaudies. Le Ministre
de gtâce et justice a terminé ;le débat en déclarant
aux Corlés que le gouvernement est résolu d'agir
avec énergie contre les Evêques pétitionnaires, h
les soumettre la répression gouvernementale et
judiciaire, et k faire tomber la rigueur des lois sur
ceux qui commettent un délit (le délit de péti
tion), a quelque degré de la hiérarchie qu'ils
soient placés.
La proposition de M. Aguirre a été approuvée
k l'unanimité des Députés présents.
Voila où en sont les choses dans l'Espagne libé
rale. Journal de Bruxelles
La Chambre des Représentants est convoquée
pour le 2± avril prochain. L'intention du ministère
est, paraît-il, de prolonger la session législative
jusqu'à la fin du mois de mai.
REVUE POLITIQUE.
Il y a plus d'incertitude que jamais sur la ques
tion de savoir quoi aboutiront en définitive les
Couféieoces de Vienne. C'est le troisième point,
relatif la limitation de la puissance de la Russie
dans la mer Noire, qui menace de devenir la pierre
d'achoppement pour le rétablissement de la paix.
Lorsqu'il s'est agi de discuter ce troisième point,
il paraît que les plénipotentiaires, après avoir émis
leurs opiuions cet égard, ont trouvé nécessaire
d'en référer a leurs gouvernements respectifs. En
attendant, on dit que les Conférences.continuent,
mais que le troisième point reste en suspens. Toute
fois, comme la destruction de Sébastopol n'entre
pas dans les exigences diplomatiques des puis-
sauces occidentales, beaucoup de journaux, no
tamment ceux d'outre-Rhin conservent encore
l'espoir d'un arrangement pacifique.
Des nouvelles de Vienne du 2 avril annoncent
que les délibérations de la Conférence sout sus
pendues jusqu'après Pâques. M. Dronin de Lhuys
est attendu dans cette ville pour le 16.
Quant a la Prusse, elle fait des efforts pour ar
river h un arrangement qui lui permette l'entrée
des Conférences. C'est du moins ce qu'affirme po
sitivement la Gazette de Cologne et la Gazette
d'Elberjeld ajoute qu'il se confirme qu'on rap
prochement s'est opéré entre la Prusse et l'Au
triche. D'autre part néanmoins, la Volkshalle fait
entrevoir que la scission entre la Cour de Berlin
et celle de Vienne a toujours les mêmes motifs
d'exister que par le passé.
Les nouvelles de Sébastopol témoignent des
nouveaux efforts auxquels se livrent, autour de
cette ville, assiégeants et assiégés. Dans la nuit du
22 au 23 mars, les Russes ont opéré une nouvelle
sortie dans le but de détruire les travaux d'ap
proche des alliés. D'après le général Osteo-Sacken
qui en donne la nouvelle dans un sommaire télé
graphique, cette sortie a eu des résultats favo
rables pour les Russes. Si les perles, dit-il, out
été considérables des deux côtés, celles des fran
çais ont surpassé celles des Russes, et leurs travaux
ont été détruits.
Il y a six semaines que les journaux annoncent
chaque matin que les alliés von rouvrir le feu
contre Sébastopol. Ils fixent maintenant la reprise
du bombardement général entre le 22 et le 25