JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3,918.
Mercredi, 18 Avril, 1855.
38me année.
revue politique.
jean-baptiste malou,
LE PROPAGATEUR
VÉRITÉ ET JUSTICE*
TPE3S, 18 Avril.
On se rappelle, qu'avant de quitter le départe
ment des travaux publics, M. Vauhoorebeke émit
une circulaire concernant les facteurs ruraux de la
poste, par laquelle il fut défendu ces employés,
de se charger des lettres et de l'argent que des per
sonnes éloignées des bureaux de perception leur
confiaient d'ordinaire. Cette mesure comme il était
aisé de le prévoir, rencontre une désapprobation
générale et soulève partout les plaintes les plus
fondées. Depuis loogues années, les facteurs ru
raux acceptaient les lettres destinées au bureau de
poste voisin, et se chargeaient de déposer au bu
reau de perception des petites sommes d'argent, h
la demande des habitants de la campagne. Chacun
se louait de ce moyen de communication facile,
quand tout h coup, l'administration, saDS motifs
connus, a défendu sévèrement aux facteurs ruraux
de la poste de continuer rendre aux habitants de
la campagne ces utiles services. Par celte défense,
les personnes éloignées de plusieurs lieues d'un
bureau de perception, ou demeurant h une grande
distance d'une boîte aux lettres, sont obligées de
faire des déplacements letplus désagréables, pour
déposer soit une lettre, quelques francs. En
vain l'on se demande lé but de celte-mesure; en
vain l'on s'enquiert des motifs qui l'onTtWter-
minée. Craint-on parfois des infidélités de la part
des facteurs? avec la Gazette de Bruxelles nous
répondons que ce serait leur faire injure; car ces
braves gens, quoique fort mal payés, jouissent
d'une réputation très honorable. Sur 700 une
demi-douzaine tout au plus ont été convaincus
d'infidélité, dans le cours de plus de dix années.
D'ailleurs, les facteurs étant chargés de la levée
des boîtes et du trausport des dépêches, la défense
dont il s'agit, ne saurait les empêcher de commettre
des soustractions, s'ils en étaient capables. Espé
rons que le nouveau ministre des travaux publics
lie tardera point a lever la défense qui vient d'être
faite, et qne, rendant aux facteurs, la faculté dont
ils ont joui si longtemps, il fera droit aux plaintes
nombrebses que cette mesure a provoquées.
Partout dans nos provinces les fêtes et céré
monies en l'honneur de la célébration de l'Imma
culée Conception de la Vierge, s'annoncent comme
devant être des plus brillantes et des plus pom
peuses. Entre autres villes, on cite Bruges et Gand,
où les préparatifs les plus vastes se font ce sujet.
Nous sommes persuadés que la sympathie qu'excite
partout ces belles fêtes, se manifestera aussi de la
manière la plus vive dans notre ville. Ypres depuis
des siècles est la cité de la Vierge; toujours le nom
de Marie fit vibrer le cœur de ses habitants. Dans
cette circonstance, comme dans toute autre la ville
entière s'empressera de fournir une preuve nou
velle de celte glorieuse réputation si justement
acquise.
Des avis de Crimée portent qu'Omer-Pacha a
reçu 10,000 fusils anglais et qu'Eupatoria est
fortifié formidablement.
Les détails donnés sur la dispersion des révolté&_
kurdes portent qu'Elmi-Pacha ayant attaqué
Darban les deux beys qui se trouvaient la tête de
10,000 insurgés, enleva leurs retranchements a
la baïonnette, leur mit 1,800 hotqmes hors de
combat, fié prisonniers, en ^emparant
de â,ooo fusils et d'autant de sabres. Le lendemain
de ce combalfjla ville de Djézireh fut occupée par
Elmi-Pacha. Les deux beys, réfugiés au delà du
Tigre, avec quelques faibles détachements, ont
demandé une amnistie pour eux et leurs compa
gnons, se déclarant prêts se soumettre. La Porte
leur promet la vie sauve, mais exige la restitution
des valeurs énormes enlevées par les révoltés
l'aide du pillage.
Ou lit dans la Gazette militaire de Vienne
D'après une lettre d'Eupatoria, Omer-Pacha
a porté sa cavalerie en avant jusqu'aux lacs salés.
Il lui est arrivé, du 30 mars au 4 avril, 9,000 hom
mes, 8 batteries et 3,000 chevaux. S'il était chargé
d'opérer contre Simphéropol, il aurait des forces
suffisantes, mais les moyens de transport lui man
queraient, car son armée devrait transporter avec
elle le bois et l'eau, outre les provisions de bouche
et les munitions.
Il n'est plus possible de marcher sur la vallée
d'InkermaDU en passant par le point du partage
des eaux de l'Aima et du Belbec, car le gros de
l'armée russe occupe cette position et y est tiès-
bien retranché.
Dans les ports de Balaklava et de Kamiescb,
deux escadres sout prêtes entreprendre, sous les
ordres des amiraux Bruat et Lyons, des opérations
maritimes. Il s'y joint tous les jours des bâtiments
venant du Bosphore, de Bourgas et de Baltschik.
Dans une lettre d'Odessa, on exprime l'appré
hension que celte ville et d'autres ports de la mer
Noire ne soient menacés d'un bombardement. Le
3 avril, le bruit courait même Odessa qu'on avait
déjà bombardé Auapa.
Plusieurs officiers de la mariue française sont
occupés lever le plan des ports de Trébizonde,
Siuope et Bourgas. C'est ce qui a motivé le bruit
que les alliés avaient l'intention d'établir une
forteresse sur un de ces points. D'autre part, on
assure qu'aucun de ces points ne serait convenable
pour uu port militaire. Il n'y a qu'un établissement
formé Galiipoli qui pourrait faire contrepoids au
grand établissement de Sébastopol.
Dans uu numéro postérieur, \a Gazette mili
taire fait ressortir que le général Niel dirige contre
Sébastopol un siège méthodique et que, puisque
les travaux de tranchée avancent et que les Russes
élèvent activement des ouvrages pour s'opposer
ceux-là, le point le plus faible de Sébastopol est
découvert. Elle ne veut pas dire par là, ajoute la
Gazelle militaire, que la chute de cette forteresse
soit prochaine.
La Gazette des Postes de Francfort publie la
dépêche suivante de Vienne du 14 avril
On attend lundi un courrier de Saint-Péters
bourg qui doit être porteur de propositions pour le
règlement du troisième point. On a de grandes
espérauces d'arriver un arrangement pacifique.»
Le Mandement suivant a été In dimanche en
chaire de toutes les églises du diocèse
Par la miséricorde de Dieu et la grâce du
Saint-Siège apostolique, évêque de Bruges,
au clergé et aux fidèles de notre diocèse,
salut et bénédiction.
Nos très chers frères,
Depuis que nous vous avons annoncé que la
grande fête destinée manifester la joie qu'a pro
duite daos nos cœurs le décret prononcé par le
Saint-Père, le 8 décembre dernier, et inaugurer
avec un nouvel éclat parmi nons, la dévotion
envers Marie Immaculée, serait célébrée dans ce
diocèsele premier dimanche du mois de mai
prochain, des préparatifs considérables ont été
faits, et une louable émulation se manifeste entre
les paroisses et les pieuses associations de ce
diocèse.
Ce n'est donc point pour exciter votre zèle, que
nous nous adressons aujourd'hui vous, N. T. C. F.,
mais pour le diriger vous n'avez pas besoin de
stimulant, mais vous désirez, comme Nous, que les
manifestations de votre amour envers Marie aient
lieu avec un concert et un ensemble qui ajoutent
leur signification et leur éclat.
Pour satisfaire ce vœu, qui est le nôtrenous
venons vous déclarerN. T. C. F., que notre
intention est d'abord que la fête de l'Immaculée
Conception de Marie, soit célébrée avec toute la
pompe possible dans l'enceinte de nos temples.
Qne les églises soient ornées comme au jour des
plus grandes fêtes que la statue de Marie y occupe,
après celle de son divin Fils, la place la plus
distinguée et la plus remarquable; que le jour de
la fêle, les chants de piété et de triomphe attes
tent l'affection des fidèles envers leur mère; que
la musique relève par ses accents la splendeur des
cérémonies saintes; que l'harmonie de nos cloches
fasse retentir jusque daos les airs l'expressioD de la
joie publique que tout en un mot, daos nos saints
temples respire et l'amour et la gloire de Marie.
Il ne convient point cependant, N. T. C. F.,
que cette fête soit concentrée dans nos églises. Il
fant que nos habitations, nos rues, nos places
publiques attestent aussi les sentiments dont nous
sommes animés envers la mère de Dieu. Nous
désirons donc que dans toutes les localités impor
tantes du diocèse, il y ait, le 6 mai prochain, une
illumination générale, et que par le nombre et
l'éclat des lumières qui brilleront en l'honneur de
Marie, l'on figure le nombre et l'importance des
grâces que nous espérons obtenir par sa puissante
protection. Nous en sommes convaincus, N. T.
C. F., dans cette manifestation commune, personne
ne voudra faire défaut.
De plus, que dans les paroisses où la chose est
possible, on organise une procession en l'honneur
de l'Immaculée Conception, et nous applaudirons
ce témoignage éclatant de dévotion envers notre
bonne Mère.
Ce n'est point assez, N. T. C. F.; cette fêle ne
répondrait ni l'attente de la bienheureuse Vierge
Marie, ni la pensée de l'église, si elle n'était
célébrée aussi dans nos cœurs. Ces manifestatio ns