FRANCE. Paris, 18 avril.
A«ant-bier, a onze heures et demie, une ef
froyable détonation s'est fait entendre dans le
quartier du temple h Bruges c'était le gazomètre
de la rue de Malte qui venait de faire explosion.
Par boobeur il était isolé, entouré de murs élevés,
et il ne s'y trouvait eu ce nvrment que deux ou
vriers, dont uo seul n'a reçu que de légères conto-
sioos.
Un crime a été commis dimanche dernier b
Herslaldans les circonstances suivantes: Deux
individus, après s'être pris de querelle daus un
cabaret de la localité, s'étaient donné rendez-vous
sur le punt de l'écluse du canal latéral qui fait face
a l'église. L'un d'eux, arrivé le premier au lieu
indiqué, entre minuit et une heure du matin,
attendait son adversaire, lorsqu'un jeune homme,
nommé H..., qui s'en retournait chez lui, vint h
traverser le pont pour rentrer dans sa demeure qui
est a quelque pas de là. Croyaot voir la personnel
qui il avait affaire, cet individu se jette sur l'arri
vant et le terrasse, malgré les dénégations de la
victime de celte fatale méprise, il redouble encore
ses coups.
Cependant, après de grands efforts, H... parvient
enfin s'échapper des mains de ce forcéné et s'en
fuit. L'assaillant court a sa poursuite, et, plus agile,
l'atteint malheureusement. Alors eut lieu une
nouvelle lutte dans laquelle le malheureux jeune
homme fut précipité dans le canal, malgré ses cris
déchirants, entendus par des voisins qui arrivèrent,
mais trop lard, sur le lieu où cette scène venait de
se passer. Le corps de la victime a été retiré de
l'eau le lendemain; horriblement défiguré par
l'hélice du bateau vapeur.
La casquette du préveou, restée sur les bords du
canal et retrouvée le lendemain matin par la police
de Herstal, a servi le reconnaître.
Cet homme, doul l'incooduite est notoire, a été
arrêté lundi. Le coupable a tout avoué et a été
amené 'a Liège, où il a été écroué.
Les barbiers de Bossu se sont mis en grève,
il y a une quinzaine de jours. Le fait semble
incroyable mais il en est ainsi. Des affiches im
primées portant la signature des Figaros de la
localité, ont informé un beau jour les barbes de
Bossu, que le secours du rasoir deor serait re
fusé, moins d'une augmentation de salaire. Les
barbes n'y ont pas consenti et les barbiers ont tenu
bon. Cet événement produit une grande sensation
dans tout le Borinage. On nous assure que les gens
de Bossu vont se faire raser Elouges.
On écrit d'Anvers, 18 avril
Une partie de la somme dérobée, dans la
caisse de la douane, a été découverte, ce matin.
Dès le premier moment, on avait bien pensé que
le coupable n'avait pu emporter l'argent qu'il avait
soustrait, qu'il avait du le cacher dans un endroit
quelconque de l'hôtel; avant-hier et hier des re
cherches actives ont été faites, mais elles ont été
infructueuses. Aujourd'hui, M. le directeur a fait
effectuer une nouvelle visite, en déplaçant les
meubles, et sous l'nn d'eux on a trouvé 6,200
francsen pièces de cinq francscachés avec
beaucoup de soin, près de la mnraille. On pour
suit les investigations, dans l'espoir de parvenir
la découverte des billets de banque.
Lundi après-midi, M.Tvérificateur des
douanes, a été écroué a la maison de sûreté civile
et militaire, la justice ayant cooçu des soupçons
en ce qui le concerne, relativement au vol commis
dans le bnrean de M. le receveur. Le détenu se
trouve an secret. J
Une scène assez plaisante s'est passée mer
credi, sur la place du Palais de Justice Bruxelles.
Un sieur Verliuden, terrassier au chemin de fer de
Bruxelles Gand, venait d'être acquitté, par ver
dict du jury, d'une accusation d'incendie volon
taire qui l'avait, pendant deux audiences, tenu
morne et haletant d'anxiété sur les bancs de la v
cour d'assises.
Cet homme, saisi d'une joie folle, après son
élargissement, s'est livré aux démonstrations les
plus désordonnées; il s'est jeté sur son défenseur
qui passait, et l'a forcé de recevoir son accolade.
Eufin, monté dans une vigilante, il a disparn aux
yeux de la foule de ses ancieus camarade» qui
craigoaient pour sa raison.
On écrit de Liège, 18 avril
Un malheur bieu déplorable, qui a fait beau
coup trop de victimes, a eu lieu hier soir, pendant
la traversée du nouveau lit de la Meuse, traversée
que la disposition des lieux impose nécessairement
aux ouvriers terrassiers qui travaillent sur l'île
Renoz, en face des Augustins.
La Boverie étant aujourd'hui séparée de cette
île par un large bras de la rivière, les ouvriers sont
conduits leurs travaux et en sont ramenés sur uo
grand bac dont la direction est confiée h un bate
lier et a un aide.
Outre ce grand bac, une nacelle de service est
exclusivement destinée au transport des ingénieurs,
des entrepreneurs et de leurs préposés respectifs.
Par une triste imprudence, hier, la fio de la
journée, tandis que le grand bac faisait le service
de la traversée, vingt et un ouvriers, sans respecter
les défenses faites et malgré divers avertissements
des employés de l'administration, ne vouluren pas
attendre le retour du bac et se jetèrent daus la na
celle. Leur impéritie dans la manœuvre la pous
sant vers le bec du bac, elle alla sombrer et s'abîmer
sous la grande embarcation.
Des 21 ouvriers qu'elle portait, six purent s'ac
crocher aux bords du bac et être recueillis. Sept
autres parvinrent a être également sauvés, par les
efforts de deux agents de l'administration aidés du
batelier.
Mais, hélas! huit de ces imprudents ouvriers,
entraînés par le couraut, ont disparu et perdu
la vie.
La profondeur de l'eau en cet endroit est d'en
viron deux mètres.
11 vient de mourir Londres, dit un journal
anglais, un individu du nom de Rogestone, qui a
mangé en dix ans une fortune de i5o,ooo liv. st.
(3 millions 760,000 fr.), mais ce qui s'appelle lit
téralement maogé. Cet iudividu, dont les plaisirs
de la table étaient la passion dominante, a par
couru l'Europe uniquement occupé de gastro
nomie.
Après un certain nombre d'années passées b
satisfaire, b des prix quelquefois fabuleux, ses
caprices gastronomiques, il est arrivé au i5 mars
dernier, ne possédant plus qu'une seule guinée,
une seule chemise et uu seul chapeau tout cras
seux.
Il a employé la guinée a l'achat d'une bécasse
qu'il a mangée, préparée selon toutes les règles de
l'art culioaire; il a passé deux heures b la digérer
dans une douce quiétude, puis il s'est jeté dans la
Tamise du haut pont de Westminster, d'où on au
rait pu le sauver, si b l'instant même il ne se serait
pas ouvert des paris entre quelques gentlemen sur
la question de savoir, s'il se noierait ou ne se noie-
rail pas. Les bateliers sauveteurs n'ont point passé
outre; c'est un usage immémorial.
L'arrestation d'une jeune femme russe dans
les tranchées, b Sébastopol, a beaucoup préoccupé,
daus les derniers jours de mars, les esprits et a
défrayé toutes les conversations sous la tente.
Plusieurs fois déjà on l'avait aperçue dans nos
travaux où elle se promenait de préféreoce; les
francs-tireurs l'avaient même vue un fanal b la
main, et on n'y avait pas fait grande attention.
Mais quand le bruit de cette apparition se fut
répandu et que le général en chef en fut informé,
il ordouna de redoubler de surveillance, car ce ne
pouvait être qu'un espion déguisé en femme. Mais
pourquoi ce déguisement?
Le 28, b six heures du matin, dit le correspon
dant de la Sentinelle toulonnaise, où nous lisons
ces détails, la même femme apparaît en face de
nos tirailleurs. Belle et d'une taille majestueuse,
elle avait un faual éteint et semblait observer avec
soiu tous nos travaux. L'on s'aperçut qu'elle tenait
un cahier entr'ouvert où elle inscrivait probable
ment ses observations. A la vue des soldats et des
officiers, elle double le pas et s'enfonce dans une
espèce de ravin, b l'extrémité des tranchées fran
çaises. Là elle hâte encore plus sa marche pour
s'esquiver. Le commandant envoya b sa poursuite
deux zouaves qui ne tardèrent pas b l'atteindre.
Deux heures après elle comparaissait devant le
général Canrohert.
Soo interrogatoire n'a pas été long elle a
toujours répondu que c'était pour le bien de sa
patrie et pour se venger de la mort de son mari
Boninoff, tué b Aima, qu'elle agissait ainsi et que,
do reste, elle n'avait aucun regret. Après l'inter
rogatoire, elle a été fouillée; on a trouvé dans une
de ses poches uo cahier, contenant plusieurs détails
sur la situation de nos batteries, le nombre d'hom
mes employés, le nombre de pièces mises en batte
rie; daus une autre poche, un pistolet b deux coups
et une lettre adressée au prince Mentschihoff.
Après la visite, on l'a enfermée dans un appar
tement du quartier-général, sous la surveillance
de deux factionnaires, en attendant qu'elle puisse
être envoyée b Malle.
NÉCROLOGIE.
Plusieurs journaux ont annoncé la mort de M.
Cools, curé de Beveren, qui aurait été frappé,
d'apoplexie, vendredi i3 courant, daus un convoi
du chemin de fer du pays de Waes. C'est une
erreur. La nouvelle toutefois n'est pas entièrement
erronnée, et l'on n'aura qu'à substituer au nom de
M. Cools celui de M. Araand De Stuetpour
rentrer dans la vérité.
Nous apprenons, en effet, que cet ecclésiastique
est mort subitement b Beveren le vendredi i3 de
ce mois. Bien public
On s'entretient beaucoup, dans la Charente
et la Dordogne, d'une erreur judiciaire qui
aurait été commise par le tribunal correctionnel
d'Angmuléme, et qui aurait eu pour résultat,
comme dans l'affaire Lesnier, la condamna
tion d'un innocent. Foici les faits
Le 1" novembre t854, un vol de 9,800 fr.
fut commis dans l'hôtel de M. Fallantin,
Angoulême. Cette somme était adressée par le
receveur particulier de Confolens, au receveur
général de la Charente, et se trouvait contenue
dans des sacs que Tort avait éventrés.
Les soupçons de la justice se portèrent natu
rellement sur le facteur de la voiture de Con
folens, nommé Raymond, et ce malheureux
dut comparaître devant le tribunal correc
tionnel d'Angoulême, qui malgré ses protesta
tions d'innocence, le. condamna deux années
d'emprisonnement pour abus de confiance.
Il paraît aujourd'hui démontré que Ray
mond serait innocent. Un individu, qu'on croit
être le véritable coupable, vient d'être arrêté
par le commissaire de police d'Angoulêmeet
le chef du parquet de celte ville s'est empressé
d'en donner avis par le télégraphe au procu
reur général de Bordeaux. Foici quelles se
raient les nouvelles informations recueillies
par la justice
Le coupable serait un domestique de M. Fal
lantin qui aurait quitté l'hôtel après le vol et se
serait livré depuis de folles dépenses, peu en
rapport avec son état, voisin de la misère.
Cet individu, qui se trouvait dans le dénu-
ment le plus absolu et s'estimait fort heureux
d'être employé comme valet d'écurie chez M.
Fallanlin, avait tout coup changé ses al
lures modestes: il se donnait le confortable de
l'aisance, achetait des chevaux et parlait d'en
trer comme intéressé dans une entreprise de
voiture s.
Celle transformation subite et étrange de
situation éveilla lattention du maître d'hôtel