résoudre par l'application de principes ab
solus, et qu'en ces matières surtout, il faut
se prémunir contre le danger de réformes
systématiques. Cependant, l'honorable dé
puté de Termonde déclare que la révision
de noire législation douanière sera complétée
par le nouveau ministère, sinon dans le sens
d'une liberté entière, immédiate et isolée de
toute mesure analogue prise dans d'autres
pays, du moins dans le sens dune constante
tendance vers des droits de plus en plus mo
dérés, d'une prudente préparation au régime
de la liberté.
Voilà en raccourci le programme minis
tériel M. De Decker le résume en quelques
mots
La médiation entre les diverses opi
nions, la transaction entre les divers in-
térèts, tel est, dit il, le but que nous ne
cesserons de poursuivre et que la nécessité
d'aillears finit par imposer tout gouver
nement. Cette politique de bon sens et de
Lonhe foi, nous semble la seule qui soit en
rapport avec les mœurs et les traditions
du pays, la seule qui soit conforme l'es
prit de nos institutions.
REVUE POLITIQUE.
M. Delfnsse D'à plus «onlo êire président de la
Chambre des Représentants. On a élu M- Delehaye
h sa place.
t.a Chambre a ensuite nommé MM. De Nayer et
Calineyu, le premier comme vice-président en
remplacement de M. Vilain XIIII, Ministre des
affaires étrangères, le second comme secrétaire
en remplacement de M. Dinuon, Ministre des tra
vaux publics.
Une correspondance de Brnxelles b la Patrie
de Bruges, annonce que jeudi passé il y a eu dans
la Capitale une réunion de membres de la gauche
parlementaire. Il a été décidé que ces membres
garderaient envers le ministère une attitude bien
veillante, qu'ils voulaient maioteoir intacts les
principes qui ont servi de base la loi sur l'en
seignement primaire et la Convention d'Anvers:
et qu'ils appuieraient le Cabinet s'il restait fidèle
h son programme.
Celle réunion, ajoute le correspondant, a été
assez nombreuse, et l'ou peut conclure des déci
sions qui y ont été prises que la grande majorité
de la Chambre n'est pas disposée b suivre les oltrb
dans leurs extravagances.
des mulets, tl l'on se met eu marche. Il y a quelque
chose de touchant voir cette longue file d'bom-
ntes, jeunes encore, aux traits altérés par la souf
france, enveloppés dans la couverture et chemi
nant pas lents travers la campague aride et nue
sur laquelle nous sommes campés.
Quelquefois de tristes épisodes rendent cette
inarche horriblement péuible. Autant que possible,
oo choisit de beaux jours pour organiser Jes cara
vanes; mais ici le temps est changeant, et, au
moment ou l'on s'y attend le moins, une affreuse
bourrasque vient assaillir le convoi la neige tombe,
et le vent la fait tourbillonner avec une sorte de
fureur. Alors le froid et l'humidité gagnent nos
pauvres malades, et, si la tempête continue, leurs
souffrances deviennent bien dures. Arrivés sur le
port, ils n'ont pas metue le moyen de parvenir
jusqu'au vaisseau préparé pour les recevoir. La
mer est trop forte, et l'embarquement serait dan
gereux. Alors oo les dépose sous des tentes dres
sées sur le rivage, on les enveloppe de couvertures,
et chacun s'efforce de leur faire oublier par de
boDS soins la mauvaise fortune de la matinée.
Un jour qu'au milieu des tourbilloos d'une neige
glaciale j'aidais les infirmiers de Kaiuiesch des-
LÉOPOLD, Roi des Belges,
A tous présents et venir, Salut.
Vu la loi du a4 mai i858;
Attendu qu'il importe de fixer, d'une ma
nière définitive, la limite d'dge que les ojficiers
de (armée peuvent atteindre dans leur grade
respectif
Sur la proposition de notre ministre de la
guerre
Nous avons arrêté et arrêtons
Art. i". Les officiers de (armée sont admis
faire valoir leurs droits la retraite, lors
qu'ils auront atteint (âge fixé ci - dessous
savoir, tn r ..m :„n
Les lieutenants-généraux, 65 ans les gé-t
néraux-majors63 ans; les colonels, 6o ans
les lieutenants-colonels et majors, 58 ansles
capitaines, lieutenants et sous - lieutenants, 55
ans.
Art. 2. Nonobstant la disposition contenue
dans (article i" du présent arrêté, nous nous
réservons la faculté de faire (application ex
acte de la loi sur les pensions aux officiers
(égard desquels leurs infirmités ou d'autres
circonstances particulières rendraient cette me
sure nécessaire.
Art. 3. Notre Ministre de la guerre nous fera
un rapport particulier sur les officiers qu'il
pourrait avoir lieu de maintenir exceptionnel
lement dans les cadres d'activité, au delà du
terme fixé par (art. i", en nous soumettant les
propositions auxquelles ces circonstances pour
raient donner lieu.
I
Donné a Laekenle »8 avril 1855k
LÊOPOLD.
Par le Roi
Le Ministre de la guerre,
grk1ndl. 'm i
A Sébastopol, les choses n'avancent guère, si
tant est qu'elles avancent. A la date du 19, les
alliés avaient déjà ouvert leur feu contre la place
depuis 11 jours, et cependant les dépêches des
généraux en chef s'accordent en ceci, qu'elles
o'aorjoncent pas encore de résultat notable. Mais
sur d'autres points, on rencontre dans ces dépêches
des différences qui méritent d'être signalées. D'un
côté, le géuéral Canrobert dit que le siège avance,
que les assiégeants se rapprochent toujours de la
place, qu'ils ont enlevé aux russes une série d'em
buscades qui se troovent maintenant comprises
cendre un malade de dessus sa litièrele naïf
troupier me regarde, et reconnaissant un prêtre:
Tiens, dit-il, les aumôniers sont donc bonsb
tout Cette saillie originale m'amusa, et je me
promis de vous la rapporter.
Une autre lois je descendais de dessus sa litière
un jeune sergent transi de froid. Il avait peine
l'usage de ses membres, et il était tellement enve
loppé dans son capuchon, qu'il ne voyait rien de
ce qui se passait autour de lui. Il se laissait faire
comme uo homme mort. Je l'élendis sous la tente,
je le frottai et le réchauffai de mon mieux. Enfin,
il sortit de sa torpeur, et de dessous sa couverture
j'entendis partir cette exclamation Ohl qui
est-ce qui me soigne? c'est sans doute uo, prêtre.
Dites moi, êtes vous prêtre? et snr ma ré
ponse affirmative, il continua Ohl qu'oo est
heureux de trouver un prêtre lorsqu'on souffre Je
m'en moquais lorsque j'étais bien portant; mais
aujourd'hui, snr la terre étrangère, dans ce moment
d'angoisseil me semble que j'ai retrouvé mon
pays et les soins de ma famille en tombant entre
les maios d'un prêtre!
Je De veux pas m'arrêter b des faits particuliers;
continuons noire marche. Aussi bien les mauvais
dans la ligne des opérations alliées, enfin que dans
la nuit du 18 au 19, les Français ont repoussé
prnmplement une forte sortie de la garnison. Mais
d'autre part, il y a le prince Gortscbakoff qui lient
un langage tout différent. Ses nouvelles sont du
19 avril. Il prétend que depuis trois jours le fea
de 1 ennemi s'était ralenti, que les assiégés répon
dent avec sucées aui assiégeants, que les dégâts
causés durant le jour sont réparés la nuit, que la
sortie du 18 au 19 a été heureuse. Où est la vé
rité? C'est ce qui est fort difficile de dire.
Après avoir lu et relu dans les journaux les di
verses correspondances qui ont Irait aux opérations
militaires èti Crimee pendant ces derniers jours,
nous croyons pouvoir constater les résultats sui
vants
t° Le bombardement a occasionné très peu
de dégâts b la ville de Sébastopol elle-même;
2° Les ouvrages accessoires destinés b protéger
les principaux bastions, ont beaucoup souffert.
Mais il ne paraît pas que ces bastions eux-mêmes,
tgls que la Tour Malakoff, le bastion central, ni
nieme celui do Mât aient été sérieusement en-
tauié*.r: 'j ri SftHGO Mit: ii fcltllj £»ï|610 D
3' S'il est vrai qu'une ou deux brèches aient
été pratiquées, rien n'indique pourtant que dans
l'étal actuel des choses, un assaut puisse être tenté
avec des chances de succès.
4° Tous les ouvrages extérieurs exposés b l'as
saut sont mines. Les Russes semblent résolus b les
faire sauter, en cas de besoin.
Voici maintenant une nouvelle étrange si elle
se confirme, on peut considérer l'expédition de la
Crimée compte définitivement inanquée Ou an
nonce que les alliés ont suspendu leur feu contre
Sébastopol et que, selon toute apparence, celte
suspension a lieu par suite du manque de muni
tions. En soi, ce fait n'a rien d'invraisemblable.
Quand le bombardement a Commencé, la quantité
de munitions, d'après les calculs les plus proba
bles, ne pouvait suffire que pour cinq ou six jours,
et déjà b la date des dernières nouvelles, le feu
durait depuis une dizaine de jours avec des inter
valles d'interruption plus ou moins longs.
Rien d'important ne s'est passé sur les autres
points de la Crimée:
En fait de nouvelles diplomatiques, rien ou b
peu près rien. Les Conférences de Vienne restent
suspendues. Quant aux espérances de paix, les uns
continuent d'en avoir, les autres n'en ont plus.
Lord John Russell a quitté Vieone; M. Drouyn de
Lbuys n'est pas encore parti. Toujours est-il que
tout ne semble pas tendue, que la porte reste ou-
jours ne sont pas nombreux, et lors même qu'ils
l'eussent été pendant l'hiver, dous touchons b la
belle saisoD, et bientôt, j'espère, nous jouirons du
beau soleil que nous avons trouvé ici en arrivant,
il y a six mois. Les malades sont placés sur de
grandes barques appelées chalands. Une chaloupe
les a remorquées. Des matelots intelligents sont
desceodus dans le chaland. Ils ont pris les blessés
un b un, et les ont bissés avec précaution sur le
navire.
Et si maintenant vous descendez dans les bat
teries de devant et de derrière du bâtiment, vous
verrez une infirmerie flottante improvisée comme
par enchantement. Les plus malades sont sur des
lits. Les moins souffrants sont étendus b terre, sur
des paillasses 011 des inatelats. Les officiers trouvent
un lit dans des cabines b part. Levez l'ancre,
matelots charitables, sortons de la baie. Trente ou
quaràuie heures suffisent pour traverser la mer
Noire. Et puis nous verrons les côtes de l'Europe
et celles de l'Asie; et nous glisserons légèrement
entre elles,b travers les magnificences du Bosphore,
et nous nous reposerons doucement au milieu des
soins empressés des médecins habiles et des bonnes
Sœurs de la Charité. Pour être continué.)